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Il y a plus d’une vérité à raconter dans la terrible histoire d’Alep (The Independent)

Les politiciens, les « experts » et les journalistes occidentaux vont devoir reprendre à zéro leur copie au cours des prochains jours, maintenant que l’armée de Bashar al-Assad a repris le contrôle de l’est d’Alep.

Nous allons savoir si les 250 000 civils « prisonniers » dans la ville étaient effectivement aussi nombreux. Nous allons en apprendre beaucoup sur le fait ils n’avaient pas la possibilité de partir quand le gouvernement syrien et l’armée de l’air russe ont lancé leur bombardement féroce de la partie orientale de la ville.

Et nous allons en apprendre encore davantage sur les « rebelles » que nous – les Occidentaux, les États-Unis, la Grande-Bretagne et nos coéquipiers du Golfe – avons soutenu.

Il y avait après tout parmi eux, al-Qaïda (alias Jabhat al-Sham), le « peuple » – comme les appelait George W. Bush – qui ont commis les crimes contre l’humanité à New York, à Washington et en Pennsylvanie le 11 septembre 2001. Rappelez-vous la guerre contre le terrorisme ? Rappelez-vous le « mal à l’état pur » qu’était al-Qaïda. Rappelez-vous tous les avertissements de nos services de sécurité bien-aimés au Royaume-Uni sur la façon dont al-Qaïda pouvait semer la terreur à Londres ?

Mais quand les rebelles, y compris al-Qaïda, se battaient dans l’est d’Alep, il n’en était plus question – car un conte d’héroïsme, de démocratie et de souffrance avait été mis au point pour nous, un récit avec des bons contre des méchants, du même acabit que celui explosif et malhonnête sur les « armes de destruction massive » en Irak.

À l’époque de Saddam Hussein, lorsque quelques-uns d’entre nous soutenions que l’invasion illégale de l’Irak mènerait à des catastrophes et à des souffrances incalculables, et que Tony Blair et George Bush nous poussaient dans la voie de la perdition, il nous incombait de constamment rappeler notre répugnance à l’égard de Saddam et de son régime. On nous rappelait inévitablement que Saddam était l’un des trois piliers de l’Axe du Mal.

Alors voici le mantra habituel que nous devons répéter ad nauseam pour éviter les habituels courrier haineux et les habituelles injures qui seront aujourd’hui versés sur quiconque se détournera de la version dominante et profondément biaisée de la tragédie syrienne.

Oui, Bashar al-Assad a brutalement détruit de vastes étendues de ses villes dans sa lutte contre ceux qui veulent renverser son régime. Oui, ce régime a une multitude de péchés accrochés à son nom : la torture, les exécutions, les prisons secrètes, le meurtre de civils et – si nous incluons les miliciens syriens sous le contrôle effectif du régime – une version effrayante de nettoyage ethnique.

Oui, nous devrions craindre pour la vie des médecins courageux de l’est d’Alep et des gens qu’ils ont soignés. Quiconque a vu les images du jeune homme sorti de la ligne des réfugiés fuyant Alep la semaine dernière, par les hommes du renseignement du régime devrait craindre pour tous ceux qui n’ont pas été autorisés à traverser les lignes du gouvernement. Et rappelez-vous comment l’ONU a dit avoir appris que 82 civils ont été « massacrés » dans leurs maisons dans les dernières 24 heures.

Mais il est temps de dire l’autre vérité : que nombre des « rebelles » que nous, les Occidentaux, avons soutenus – et que notre absurde premier ministre Theresa May a indirectement bénis lorsqu’elle a fait acte d’allégeance devant les acheteurs d’hélicoptères [saoudiens] la semaine dernière – sont les plus cruels et les plus impitoyables des combattants au Moyen-Orient. Et tandis que nous avons été abreuvés des horreurs d’Isis pendant le siège de Mossoul (un événement trop semblable à Alep, bien que vous ne le penseriez pas en lisant notre version de l’histoire), nous avons volontairement ignoré le comportement des rebelles d’Alep.

Il y a seulement quelques semaines, j’ai interviewé l’une des premières familles musulmanes à fuir l’est d’Alep à l’occasion d’un cessez-le-feu. Le père venait d’être informé que son frère devait en représailles être exécuté par les rebelles parce qu’il avait traversé la ligne de front avec sa femme et son fils. Il a condamné les rebelles pour avoir fermé les écoles et avoir placé des armes à proximité des hôpitaux. Et il n’était pas un maréchal pro-régime… Il avait même eu de l’admiration pour Isis pour leur bonne conduite dans les premiers jours du siège.

Environ à la même époque, les soldats syriens exprimaient en privé leur conviction que les Américains permettraient à Isis de quitter Mossoul pour attaquer à nouveau le régime en Syrie. Un général américain avait réellement exprimé sa crainte que les miliciens chiites irakiens puissent empêcher Isis de fuir à travers la frontière irakienne vers la Syrie.

Eh bien, c’est arrivé. En trois colonnes de camions-suicides et de milliers de partisans armés, Isis vient de se frayer un chemin à travers le désert depuis Mossoul en Irak et Raqqa et Deir ez-Zour dans l’est de la Syrie, pour reprendre la belle ville de Palmyre.

Il est très instructif d’examiner nos rapports sur ces deux événements parallèles. Presque tous les manchettes parlent aujourd’hui de la « chute » d’Alep face à l’armée syrienne – alors qu’en toute autre circonstance, nous aurions certainement dit que l’armée avait « repris » la ville aux « rebelles » – tandis qu’Isis aurait « recapturé » Palmyre quand (étant donné leur propre comportement meurtrier) nous aurions certainement annoncé que la ville romaine était « tombée » une fois de plus sous leur domination grotesque.

Les mots importent. Ce sont les mêmes hommes que ceux qui, après leur première occupation de la ville l’année dernière, ont décapité le savant de 82 ans qui a essayé de protéger les trésors romains, puis ont ensuite placé ses lunettes sur sa tête décapitée.

De leur propre aveu, les Russes ont effectué 64 bombardements contre les attaquants d’Isis à l’extérieur de Palmyre. Mais étant donné les énormes colonnes de poussière soulevées par les convois d’Isis, pourquoi l’armée de l’air américaine n’a-t-elle pas participé au bombardement de leur plus grand ennemi ? Mais non : pour une raison ou une autre, les satellites américains et les drones et les services de renseignements ne les ont pas repérés – pas plus que lorsque Isis a conduit des convois identiques de camions-suicides pour capturer Palmyre en mai 2015.

Il ne fait aucun doute que Palmyre représente un revers pour à la fois pour l’armée syrienne et les Russes – revers plus symbolique que militaire. Des officiers syriens m’ont dit à Palmyre plus tôt cette année qu’Isis ne serait jamais autorisé à revenir. Il y avait une base militaire russe dans la ville. Un avion russe nous survolait. Un orchestre russe venait de jouer dans les ruines romaines pour célébrer la libération de la ville.

Alors, que s’est-il passé ? Le plus probable est que l’armée syrienne n’a tout simplement pas le nombre de soldats nécessaire pour défendre Palmyre tout en reprenant l’est d’Alep.

Ils devront reprendre Palmyre rapidement. Mais pour Bashar al-Assad, la fin du siège d’Alep signifie qu’Isis, al-Nusra, al-Qaïda et tous les autres groupes salafistes et leurs alliés ne peuvent plus revendiquer une base ou créer une capitale dans la longue lignée des grandes villes qui forment la colonne vertébrale de la Syrie : Damas, Homs, Hama et Alep.

Revenons à Alep. Le récit familier et lassant de la politique et du journalisme a besoin d’être rafraîchi. La preuve est claire depuis quelques jours. Après des mois de condamnation des iniquités du régime syrien tout en occultant l’identité et la brutalité de ses adversaires à Alep, les organisations de défense des droits de l’homme – reniflant la défaite des rebelles – ont commencé il y a quelques jours à diffuser leurs critiques à l’égard de ces mêmes défenseurs.

Prenez le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. La semaine dernière, après les craintes tout à fait compréhensibles pour la population civile de l’est d’Alep et ses médecins et infirmiers, comme pour les civils soumis aux représailles du gouvernement et les « centaines d’hommes » qui ont disparu après avoir traversé la ligne de front, l’ONU a soudainement exprimé d’autres préoccupations.

« Au cours des deux dernières semaines, le Front Fatah al-Sham [en d’autres termes, al-Qaïda] et le Bataillon Abu Amara auraient enlevé et tué un nombre inconnu de civils qui avaient demandé aux groupes armés de quitter leurs quartiers afin d’épargner la vie des civils … « , a-t-il déclaré.

« Nous avons également reçu des informations selon lesquelles entre le 30 novembre et le 1er décembre, des groupes armés d’opposition ont tiré sur des civils qui tentaient de partir ». De plus, des « attaques aveugles » ont été menées sur des zones gouvernementales et densément peuplées à l’ouest d’Alep.

Je soupçonne que nous entendrons plus de choses dans les prochains jours. Le mois prochain, nous lirons également un nouveau livre effrayant, Merchants of Men, par la journaliste italienne Loretta Napoleoni, sur le financement de la guerre en Syrie. Elle a documenté les enlèvements-pour-argent par le gouvernement et les forces rebelles en Syrie, mais a également des mots durs pour notre propre profession de journalisme.

Les journalistes qui ont été enlevés par des gardes armés dans l’est de la Syrie, écrit-elle, « sont tombés victimes d’une sorte de syndrome d’Hemingway : les correspondants de guerre qui soutiennent l’insurrection font confiance aux rebelles et mettent leur vie entre leurs mains parce qu’ils sont de mèche avec eux. » Mais l »insurrection n’est qu’une variante du djihadisme criminel, un phénomène moderne qui n’a qu’un Dieu : l’argent. »

Est-ce trop dur pour ma profession ? Sommes-nous vraiment « de mèche » avec les rebelles ?

Certes, nos maîtres politiques sont – et pour la même raison que les rebelles enlèvent leurs victimes – inféodés à l’argent. D’où la disgrâce de Brexit May et sa bouffonnerie de ministres qui se sont prosternés la semaine dernière devant les autocrates sunnites qui financent les jihadistes en Syrie, dans l’espoir de gagner des milliards de livres dans les ventes d’armes post-Brexit au Golfe.

Dans quelques heures, le Parlement britannique doit débattre du sort des médecins, des infirmières, des enfants blessés et des civils d’Alep et d’autres régions en Syrie. Le comportement grotesque du gouvernement britannique a fait en sorte que ni les Syriens ni les Russes ne prêteront la moindre attention à nos lamentations pitoyables. Cela aussi doit être dit.

Robert Fisk

Robert Fisk est le correspondant du journal The Independent pour le Moyen Orient. Il a écrit de nombreux livres sur cette région dont : La grande guerre pour la civilisation : L’Occident à la conquête du Moyen-Orient.

Originale : http://www.independent.co.uk/voices/aleppo-falls-to-syrian-regime-bashar-al-assad-rebels-uk-government-more-than-one-story-robert-fisk-a7471576.html

Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

 http://chroniquepalestine.com/verite-raconter-alep/
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COMMENTAIRES  

16/12/2016 07:27 par Edouard

"Nous allons savoir si les 250 000 civils « prisonniers » dans la ville étaient effectivement aussi nombreux."

J’en doute sincèrement. Je pense au contraire que c’était assez futé, considérant l’objet principal de la propagande : ils se font massacrer. Même chose pour le nombre d’hôpitaux détruits, et je parie qu’ils ont été inventés dans la même proportion.

C’est quand même bien plus commode que les ADM en Irak, pour lesquelles il fallut prétendre, après coup, qu’elles avaient été cachées. Cela aurait d’ailleurs été plutôt insensé de tenter convaincre le public que l’Irak s’en débarrassait pendant la guerre.

Bref, si le public est convaincu d’un massacre à grande échelle, le fait de ne dénombrer qu’une dizaine de milliers de survivant n’y changera rien. Ajoutons encore que les USA, occupant l’Irak, avaient toute latitude pour "chercher" les ADM, alors qu’on pourra facilement prétendre que la Syrie empêche l’ONU ou autre de trouver des charniers.

16/12/2016 08:59 par Maxime Vivas

Sur cette guerre, les médias et les politiciens ont produit un tel lot de mensonges éhontés, fabriqué tant de faux documents, servi avec une incroyable servilité le camp anti-syrien, que le risque est grand pour un esprit honnête de tomber en sympathie avec Bachar Al Assad en oubliant comment il gouvernait, gouverne et gouvernera.
Assad n’est pas Fidel Castro.
Robert Fisk nous le rappelle ici. On doit pouvoir l’entendre sans se tromper sur les combats et leur issue souhaitable : la défaite des fous de dieu (même déguisés en "rebelles") et donc celle des troupes de la coalition.
Je rappelle qu’au temps ou Bachar Al Assad était ami des puissances occidentales, LGS avait dénoncé l’existence en Syrie de prisons secrètes de l’Armée US où se pratiquait la torture.
Puis, nous avions publié des articles où il était dit que la guerre en Syrie avait été fomentée de l’extérieur. C’est pourquoi Charlie Hebdo, journal qui a approuvé toutes les guerres de l’OTAN avait collé LGS, Viktor Dedaj et moi sur le tableau des "rouges-bruns qui soutiennent Assad".

16/12/2016 13:44 par Peu importe

« que le risque est grand pour un esprit honnête de tomber en sympathie avec Bachar Al Assad en oubliant comment il gouvernait, gouverne et gouvernera ».
Donc selon vous, la grande majorité de Syriens qui approuve leur Président depuis le début de cette guerre sont des esprits malhonnêtes ? Et toute cette misère se réduit, pour vous, à éviter de tomber en sympathie avec un Bachar al-Assad qui n’est pas Fidel Castro, dont il était pourtant l’ami. Pour dire ce que vous dites, vous ne devez pas connaître la Syrie et peut-être même que vous n’y avez jamais mis les pieds.
Mais rassurez-vous, votre mise en garde est superflue à la suite de cet article, car M. Fisk s’en est chargé : « Oui, Bashar al-Assad a brutalement détruit… (il aurait dû les pouponner comme son MI6 l’a fait et les laisser continuer à détruire encore sept fois plus d’habitants que ceux qu’ils ont pris en otage, affamés, exploités…)… Oui, nous devrions craindre pour la vie des médecins courageux de l’est d’Alep et des gens qu’ils ont soignés (lesquels ? Ceux des Casques blancs ou ceux des premières années de la guerre qui ont vite détalé après avoir compris que la propagande humanitaire sur leur dos avait des limites)… ». Des prémisses qui vous confortent dans votre honnêteté dont nous ne doutons pas. Quant à votre sympathie… bref.

16/12/2016 17:37 par Maxime Vivas

Il n’y a jamais eu de centres de torture de l’US Army à Cuba, sauf à Guantanamo. Et les Cubains dénonçaient ça. Là est une différence de taille.

16/12/2016 15:57 par rouge de honte

Sur cette guerre, les médias et les politiciens ont produit un tel lot de mensonges éhontés, fabriqué tant de faux documents, servi avec une incroyable servilité le camp anti-syrien, que le risque est grand pour un esprit honnête de tomber en sympathie avec Bachar Al Assad en oubliant comment il gouvernait, gouverne et gouvernera.
Assad n’est pas Fidel Castro.
Je rappelle qu’au temps ou Bachar Al Assad était ami des puissances occidentales, LGS avait dénoncé l’existence en Syrie de prisons secrètes de l’Armée US où se pratiquait la torture.

Bonjour Maxime,
Sur ces sujets, je dois dire que je manque cruellement d’informations fiable. J’ai le même sentiment en ce qui concerne M. Kadhafi.
Un brassage énorme et une confusion totale. Comme la plupart de vos lecteurs je pense.

16/12/2016 19:58 par mandrin

"Bachar Al Assad était ami des puissances occidentales"... jusqu’au moment ou il leur dis non pour le pipeline qui devait traverser la Syrie, on connait la suite, des centaines de millier de mort et un pays détruit...perso je trouve la critique plus que limite...
Sinon que faire accepter un centre de torture pour épargné le pays alors que l’Irak subi destruction et l’allier Russie est en proie a une désintégration l’Iran sortait tout juste de la guerre avec l’Irak le Hezbollah a peine asse fort pour contenir Israel etc... ...je ne pense pas que la question de la gouvernance ASSAD puisse se poser comme cela car dans le contexte la situation de la Syrie était en grand danger (El assad accusé de l’attentat contre Hariri pression de toute sorte...retrait de L’armée Arabe Syrienne du Liban etc...) et faire profil bas permis de gagner du temps et de faire une comparaison avec Castro n’a pas de sens qu’il soit ami est une autre chose et tout autant de la position de Cuba qui a cette période avait L’URSS a ses cotés, pour Bachar el ASSAD la Russie arrive seulement depuis 1 ans,Septembre 2015 alors que l’armée de mercenaire occidental était au porte de DAMAS prête a faire un génocide avec le silence complice de l’occident et La France en particulier ou toute la honte Criminel de se pays manifeste en ce moment même devant l’ ambassade de Russie a Paris rien que pour faire de l’affiche médiatique..tout cela est très grave !

17/12/2016 04:16 par depassage

Je pense que dans tout, il faut faire la part des choses. Les hommes sont ce qu’ils sont, et les chefs d’états ne sont pas les seuls à commander ou à gouverner dans un état donné.

La personnalisation des problèmes et des situations rend aveugles les contingences qui induisent les faits. Certaines personnalités, personnages et personnes peuvent se présenter comme marqueurs d’une situation, d’une époque, d’un pan de l’histoire, de faits importants… mais cela ne peut jamais être de leur propre fait uniquement. Si la représentation engage la responsabilité du représentant, cela se fait toujours par excès ou par défaut

Bush s’est engagé dans la guerre de l’Irak en tant que représentant d’un état, il est donc blâmable, mais dans les faits sont plus blâmables ceux qui l’ont poussé et soutenu pour faire cette guerre. C’est facile d’incriminer un représentant alors que dernière il y a toute une poussée d’intérêts plus ou moins fardés par des prétextes, de belliqueux et autres intrigants qui aiment le sang qui n’est pas de leurs mains pour se sentir innocents.

Maintenant soyons clairs et situons les guerres qui ont été instiguées contre le monde arabe en particulier puisque le sujet, ici, concerne la Syrie. Pendant la guerre froide qui n’est pas aussi froide qu’on le dit. Cela dépend de qui. Tous les pays arabes qui voulaient conforter leurs indépendances nouvellement acquises, se sont rapprochés du pôle socialiste ou des pays de l’Est. Évidement que cela n’allait pas de soi, ils y avaient des résistances internes qui s’y opposaient, plus particulièrement :
1) La mouvance islamiste pour des raisons historiques et idéologiques. Sur le plan historique, la Russie était considéré comme un résidu de l’empire Byzantin contre lequel les empires musulmans se sont battus. Sur le plan idéologique, le pôle socialiste était athée et prêchait l’athéisme selon eux et la propagande occidentale. Pays de l’effroi absolu.
2) Les collaborateurs des anciens pays colonisateurs secondaient par les admirateurs du système capitaliste et de son aisance matérielle qu’ils pensaient avoir d’une baguette magique seulement en copiant leur modèle.

Parmi ces pays, il y avait l’Egypte, la Lybie, la Syrie, l’Algérie, le Yémen qui s’était divisé en deux (une partie dans un camp et une autre dans un autre camp) la Somalie, l’Irak.

Après la chute de l’ex-URSS et ses satellites, tous les pays qui n’étaient pas dans l’escarcelle déjà par coups fomentés dans le camp occidental, se sont retrouvés orphelins ou sans alliés sur qui compter.
Comme dans la logique de tout empire, l’occident avait gagné, il n’avait qu’à récupérer son butin de guerre, entres autres les pays satellitaires et les pays alliées de l’Ex-URSS. C’est ce qu’il a fait. Tout le reste est littérature.

Faisons un peu de littérature pour en remettre une couche. Trois pays : deux pays arabes et un autre européen, ont été attaqués au même temps ou avec des minces intervalles. L’Irak et la Yougoslavie d’une manière frontale avec l’intervention militaire de l’occident. L’Algérie, par mercenaires interposés, et premier pays sur lequel s’est expérimenté la méthode de la révolution colorée et les manifestations pacifiques avec bains de sang attribués au pouvoir officiel. Après la guerre d’Irak, les pays comme la Syrie et la Lybie ont essayé de s’ouvrir à l’occident pour ne pas subir le sort des pays nommés ci-dessus et à accepter de répondre à leur besoins plus ou moins acceptables.

Bien sur, j’ai laissé de côté d’autres pays arabes comme le Yémen et la Somalie.

Maintenant que l’on juge qui est monstre et qui ne l’est pas. Est-ce celui qui se trouve contraint et même forcé de recevoir les prisonniers pour ne pas être dévasté comme ses voisins ou celui qui le lui impose ? Le puissant est toujours beau, gentil, et le faible, imbécile et laid par-dessus le marché. Heureusement que pour le cas de la Syrie, la Russie et la chine sont là.

Ce n’est pas pour vous contredire cher Maxime Vivas, une opinion reste une opinion. Il vaut mieux qu’elle soit modérément différente qu’elle soit unanime. Si une opinion se trompe une autre la corrige en espérant que le milieu l’emporte sur les extrêmes. D’ailleurs le fait même que LGS ait pu résister au rouleau compresseur de la propagande quasi-totalitaire qui nous entoure est un fait d’armes incontestable.

Le choix de Guantanamo n’est pas aussi innocent qu’on puisse le croire comme d’ailleurs les choix des pays où on a installé des prisons secrètes. Ils relevaient plutôt d’une stratégie bien orchestrée. L’association Guantanamo-Cuba suffit elle-même à salir Cuba, alors qu’elle n’en est pour rien. Pour les autres pays comme le Syrie et la Lybie, les prisonniers reçus se sont transformés en fer de lance dans les soulèvements qui sont survenus par la suite. Les cas le plus connu est celui d’Abdelkrim Belhadj en Lybie. Les vrais tortionnaires ne sont jamais inquiétés, ils s’offrent au plus offrant.

17/12/2016 23:04 par Arovane

Que pensez vous de l’interprétation suivante :
L’intervention russe en Syrie a pour but de maintenir Assad en place afin qu’il permette aux russes et au qataris de développer leur projet de gazoduc passant par des zones de guerres.syriennes.

La russie soutient Trump et est intervenue dans l’élection américaine afin de mettre Clinton hors-jeu et d’avoir le champ libre en Syrie.

 Suite à se rapprochement, la Qatar Investment Authority (QIA) detient 19,5% des actions de Rosfnet (l’exploitant russe du gazoduc). Le Qatar est désormais le second actionnaire de Rosneft après l’Etat russe.

 Poutine à pour projet de casser les acccords commerciaux entre la Chine et les USA. Trump a bien compris le message en protégeant l’exploitation des énergies fossiles en niant leur influence sur le climat.

17/12/2016 23:54 par vagabond

Assad ? Il y a confusion délibérée entre les méfaits du père et le règne du fils. Bashar Al Assad n’est pas seul à diriger le pays.
Je ne sais que penser de ces "lieux de torture" ? C’est un médecin après tout, on ne lui a même pas laissé le temps de faire ses réformes.
Personnellement, j’ai surtout entendu parler du père.

18/12/2016 07:15 par alain harrison

Bonjour.

Nous pouvons constater qu’il n’y a aucune démocratie, mais des pays progressistes comme le Vénézuéla et ci. qui sont mis à mal.
La France pas plus que le Québec ne sont des pays démocratiques, mais des états pus ou moins de droit "monarchique" derrière lesquels le grand patronat a la main mise sur les orientations plus ou moins directes, les détours sont tolérés dépendamment du rapport de force. La Grèce n’en n’a aucun, le Canada une vitrine, il faut se garder des mirages, de l’espoir, comme le rêve américain qui fait toujours rêvé.
Et comme toujours, la pièce maîtresse du libéralisme sauvage, plus c’est compliqué et plus le système s’ épanoui, la finance.
Alors oui, tous les troubles au Moyen-Orient depuis la conquête est et demeure un lieu de tensions internes exacerbé par l’extérieur.
Bien, nous ne démêlerons pas cet imbroglio.
ce que nous pouvons faire c’est nous concentré sur les potentiels de changement, c’est ainsi que nous aiderons le rest du monde.
Développé la puissance citoyenne travailleur.
Et amener la population sur les prises de conscience urgente et de fond.

Un bond vers l’avant
Manifeste pour un Canada fondé sur le souci de la planète et la sollicitude des uns envers les autres
Nous partons du constat que le Canada et le Québec traversent aujourd’hui la crise la plus grave de leur histoire récente.

La Commission de vérité et réconciliation a permis de prendre acte d’épisodes révoltants de notre passé récent. La pauvreté et les inégalités qui s’accentuent creusent une cicatrice qui défigure notre présent. Et la performance canadienne dans le dossier des changements climatiques est un véritable crime contre l’avenir de l’humanité.
Ces faits sont d’autant plus alarmants qu’ils contreviennent à nos valeurs déclarées : respect des droits des autochtones, internationalisme, droits humains, diversité et développement durable.
Aujourd’hui, nous ne vivons pas en accord avec ces valeurs, mais nous pourrions le faire.
Nous pourrions vivre dans un pays entièrement alimenté par des énergies réellement renouvelables et justes, traversé de réseaux de transport public accessible, où les emplois et autres possibilités qu’offre une telle transition sont aussi conçus pour éliminer systématiquement les inégalités raciales et entre les genres. Prendre soin de la planète et les uns des autres pourrait créer de nouveaux secteurs économiques très dynamiques. Beaucoup plus de personnes auraient accès à des emplois mieux payés et travailleraient moins longtemps, ce qui nous laisserait amplement le temps de profiter de la présence de nos proches et de nous épanouir dans nos communautés.
Nous savons que le temps presse pour effectuer cette grande transition. Les climatologues nous ont annoncé que les actions décisives pour éviter un réchauffement catastrophique de la planète doivent être menées au cours de cette décennie. Ce qui veut dire que les petits pas ne peuvent plus nous mener là où nous devons aller.
https://leapmanifesto.org/fr/un-bond-vers-lavant/#manifesto-content

Voilà un constat. Vous me direz, il y a plein de constat.

Et bien, il faut travailler avec ce que nous avons. Et la prise de conscience citoyenne travailleur (la classe moyenne) est importante.
Et il faut répéter, mais intelligemment, pas comme un perroquet.
La machine libérale a gagné les esprits, il ne lui reste qu’à répéter la cassette.
Sinon, d’autres sons de cloche pourront être entendu.
Un conditionnement a ses limites. Et lorsque l’esprit voit le processus du conditionnement, il peut s’en défendre.
Je répète, lire le chapitre 1 du livre de Jean-Marie Abgrall, tous manipulés tous manipulateurs.
Nous avons des solutions, si oui, répétons les, expliquons les. Faisons-en la promotion.
Critiquer, faire des bonnes analyses c’est mieux, mais sans montrer les solutions.....ON VA OÙ ?!?

18/12/2016 19:02 par mandrin

pour revenir sur Bachar El Assad le boucher de Damas, le doigt sur la Gazeuse chimique, dictateur et bourreau hébergeur de prison a torture etc etc... bref un Bachar fourre tout qui fait l’unanimité des allégations de media français et français alternatif me pose question,... surtout du coté alternatif qui fait consensus avec le média mainstrean sur ce point.
Est-ce là un reflex réactionnaire d’une influence collective post colonial au demeurant de la société française...? ; car a y regarder de plus près l’environnement immédiat militaire et politique de Bachar El Assad était des plus corrompu a commencé par le Général Tlass exfiltré par le renseignement Français et fils de l’ancien Ministre de la défense Mustafa Tlass des gens au coeur même de l’appareil militaire Syrien et renseignement inclus par qui les centres de torture ne peuvent pas passer inaperçu et qui sont des pistes d’information considérables plutôt que d’en remettre systématiquement a la culture de bouc émissaire bien occidental, n’y a t’ il pas là matière a évolution pour information plus objective ?
ps : je ne suis pas Ami avec Mr Bachar El Assad que je n’ai jamais rencontré auquel d’ailleurs je ne porte aucun jugement.

18/12/2016 22:43 par latitude zero

Pour contextualiser les centres de tortures de la CIA en Syrie ( sous quelles pressions ?) il faut rappeler que 54 pays dans le monde ( sous quelles pressions ?) ont participé à ce « programme » des black sites de l’US army ou aux « extraordinary renditions » ( enlèvement de personnes « suspectées » et transportées avec l’accord de ces pays ). En Europe de l’ouest c’est la Pologne , la Roumanie, l’Italie , la Suède, l’Allemagne , le Royaume-Uni pour ne citer que les plus connus et qui ont participé d’une façon ou d’une autre.
La France, elle , a toléré donc accepté le survol de son espace aérien pour le transport de ces malheureux et 2 avions ont même transité par l’aéroport de Brest pour refueling .

C’ était la période post 11 septembre et refuser un "service" aux états-uniens pouvait potentiellement s’avérer très dangereux !
Je pense aussi que certains pays ont dû accepter de rendre ces services en toute connaissance et sans pression , dans le cadre de la "lutte contre le terrorisme" ( ex Pologne...)

19/12/2016 06:30 par depassage

@mandrin

Est-ce là un reflex réactionnaire d’une influence collective post colonial au demeurant de la société française...?

La question mérite une réponse comme celle de Vagabond qui parle des méfaits du père de Bashar Al Assad.

Le problème est en fait celui de l’histoire. L’histoire se raconte à l’aide de récits lénifiants le plus souvent dans lesquels les esprits se perdent à souhait, une fois qu’ils sont devenus la proie de nos sensibilités qui les travaillent pour les intérioriser et en faire des légende ou des mythes qui peuvent se perpétuer tels et loin de leurs contextes tant que rien ne vient pour les remettre en cause. En fait, on confond l’histoire avec son récit, alors que le récit de l’histoire n’est pas l’histoire. La conception de Karl Marx et non des marxistes de l’histoire est l’une des plus audacieuses par ses subtilités et ses principes, mais elle n’est pas la conception qui peut se répandre aisément comme tout ce qui nécessite de la rigueur.

Tout ça reste insuffisant s’il n’est pas éclairé par le culte de la puissance ou le culte qu’on porte à la puissance presque naturellement. Les Etats-Unis sont peut être le pays au système qui s’est le plus défendu contre ses opposants internes ou externes et qui a commis une multitude de crimes, de méfaits et d’exactions sans en reconnaître aucune et quand il (système) les reconnait c’est toujours pour les lisser et les rendre justifiables. Seule une minorité de gens les lui rappelle pendant que la majorité dort dessus. En fait, il n’existe pas d’états qui ne commet pas de méfaits, à raison ou à tort parce qu’il a comme mission de défendre son unité et en premier lieu son unité territoriale. Pourquoi les puissants trouvent légitime de se défendre sans lésiner sur aucun moyen et conteste cette légitimité aux faibles quand ce n’est pas eux-mêmes qui les agressent ? Si la seule question qui méritent qu’on se pose parce qu’elle rend caduque toutes les valeurs et les aspirations humaines et les transforment en simples faits religieux, c’est à dire en croyances aux volontés désorientées. Conscient de cela, on ne peut pas croire à la lutte contre le réchauffement climatique ou bien au développement durable. Ils sont déjà récupérés par le marketing.

Dit d’une autre façon. Un esclave n’est pas un esclave tant qu’il n’a pas intériorisé son statut. Comme tout se passe dans un bouillon culturel et un environnement social, je vais en faire fi pour ne pas m’attarder sur les genèses des choses. L’esclave intériorise son statut plus par le fait des esclaves comme lui que par le fait de son maître à qui les autres porte un culte. Car le maitre peut se réserver les bonnes actions puisqu’il en a les moyens et sous-traiter ses mauvaises actions sans que cela ne se voit du fait que c’est dans l’ordre des choses.

@latitude zero
Tous les pays que vous avez cités, ont des bases militaires américaines sur leurs sols, en quelque sorte, les américains sont chez eux. Par contre, l’éparpillement de ces prisons sécrète doit bien obéir à des objectifs militaires que je ne connais pas. Mais je sais à quoi ses prisons ont servi dans les pays comme la Lybie et la Syrie. C’est l’histoire du gentil policier et du méchant policier dont le but de discréditer le pouvoir d’une manière sélective par des faits avérés et de la propagande, car aucun pouvoir n’est monocéphale surtout si ce pouvoir est faible car tout homme a son prix. Un pouvoir monocéphale est une légende bien utile pour les pouvoirs puissants qui, eux réellement tendent vers des pouvoirs monocéphale.

PS : Dans mon commentaire précédent, s’il m’arrive d’emprunter des expressions à d’autres langues ou de sauter des mots, en écrivant « … rend aveugles les contingences… c’est en faire des murs aveugles, sans portes ou fenêtres pouvant nous permettre accès ou vue sur ce qu’ils cachent. Parfois, c’est en voulant simplifier les choses qu’on les rend plus compliquées.

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