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Jacob Cohen à Algérie54 : lorsque l’intérêt d’Israël est en jeu, les États-Unis oublient tous leurs principes

Proposition d’interview (DIFF. libre avec l’assentiment du site)
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Le Proche-Orient est tout près d’un embrasement général, suite à cette nouvelle agression sioniste visant l’Iran, l’une des puissances régionales et qui refuse le diktat américano-sioniste. Une agression qui survient en pleine négociation entre Téhéran et Washington, et en plein génocide des Palestiniens par l’armée sioniste. Pour en savoir plus sur ce dangereux développement, Algérie 54 est allée poser quelques questions au journaliste et auteur du Printemps des Sayanim et de La Vingt-Sixième Tribu, Jacob Cohen, connu pour ses analyses pertinentes sur les sujets de cette région.

Algérie54 : On assiste à un nouvel embrasement de la région proche-orientale, après l’attaque menée par l’entité sioniste contre l’Iran, suivie d’une riposte de ce dernier. Quelle lecture faites-vous de cette nouvelle escalade ?

Jacob Cohen : Il semble que le régime sioniste, en accord avec son allié et protecteur étasunien, ait pensé que le moment était opportun pour donner un coup sinon fatal du moins décisif contre l’Iran. Cette attaque ne s’est pas faite sur un coup de tête. Elle a été longuement et minutieusement préparée, à preuve les drones installés dans divers coins du pays et qui ont fonctionné en même temps que les attaques aériennes pour détruire des sites spécifiques comme les bases de lancement de missiles ou les lieux de résidences des principaux responsables militaires et/ou de l’industrie nucléaire.

On ne saura probablement jamais pourquoi l’attaque a été déclenchée cette nuit-là, peut-être était-ce la fin d’une espèce d’ultimatum des EU à l’Iran d’accepter un accord défavorable, notamment de l’abandon total du nucléaire même civil, ou que le mécanisme ultra-sophistiqué installé par le Mossad ne pouvait pas attendre. On ne sait pas pas si l’Iran a été totalement pris par surprise, d’autant plus que les négociations allaient bon train avec les Etats-Unis à Oman, avec même une réunion prévue ce dimanche, probablement pour endormir les Iraniens. Moralité : on ne se méfie jamais assez de l’ennemi yankee.

Algérie54 : La réaction de Donald Trump à l’agression sioniste contre l’Iran est interprétée comme un message clair visant la reddition de Téhéran. Qu’en pensez-vous ?

Jacob Cohen : Tout à fait. J’ai publié son texte dont l’idée principale se résume ainsi : « On vous a dit de signer un accord. Vous avez hésité. Dommage ! Vous avez reçu des coups. Mais il n’est pas trop tard. Signez l’accord que je vous propose sinon vous allez le payer encore plus cher ». Le chantage est à peine déguisé. On peut se poser des questions sur ses intentions « pacifiques » exprimées au début de son mandat. Il semble qu’il n’ait pas voulu ce conflit, mais Israël l’y a poussé. Finalement l’Etat profond yankee a des ramifications puissantes et irrésistibles, et il en fait les frais, malgré les nominations de fidèles aux postes-clé. Le président Kennedy a même payé de sa vie cette réalité. Et en fin de compte, lorsque l’intérêt d’Israël est en jeu, les EU oublient tous leurs principes et pèsent de tout leur poids dans la balance pour le défendre.

Algérie54 : Les capitales occidentales n’ont pas tardé à soutenir l’entité sioniste et lui proposer de l’aide, au moment ou elles observent un silence complice et coupable à l’égard du génocide des Palestiniens de la bande de Gaza. Quel rôle pourrait jouer l’opinion publique occidentale pour réveiller les consciences et contraindre ses dirigeants à plus d’actions pour faire cesser cette extermination de tout un peuple ?

Jacob Cohen : Les capitales occidentales, dont Paris, ont repris à leur compte le récit israélien : « Nous sommes menacés par le nucléaire iranien, on doit donc se défendre ». Or l’Iran a montré, toutes les enquêtes l’ont prouvé, qu’il avait scrupuleusement respecté l’accord de 2015 sur son absention de construire une bombe nucléaire. C’est dire si l’Occident a pris fait et cause pour le régime sioniste, et ne critique ses actions génocidaires que du bout des lèvres. Le problème avec les opinions publiques, c’est le rapport de forces monstrueusement inégal. D’un côté le gouvernement, ses institutions politiques, policières et judiciaires, ses relais médiatiques ; de l’autre des gens qui ont peur de publier une opinion ou de manifester même pour un cessez-le-feu (considéré comme une « apologie du terrorisme »). Et puis il faut se rendre à l’évidence : l’Occident n’est plus ce havre démocratique qu’il fut. Les répressions sont féroces et sournoises contre toutes les opinions dissidentes.

Algérie54 : La flottille de la liberté Madleen a été arraisonnée par l’armée sioniste dans les eaux internationales et ses militants détenus plusieurs heures avant d’être relâchés. Que dites-vous de ce nouvel acte de piraterie des temps modernes ?

Jacob Cohen : Certes, c’est un acte de piraterie. Venant du régime sioniste c’est presque une banalité. Je dirais cependant que l’équipage s’en tire bien. Rappelons que la flottille turque qui avait essayé de forcer le blocus de Gaza en 2010 avait été attaquée par les militaires, il y a eu 9 morts et une centaine de blessés. Et l’équipage du Madleen a été libéré au bout de deux-trois jours. Je crains que le prochain équipage ne bénéficie d’une telle « mansuétude ». Les sionistes nous ont malheureusement habitués à agir comme bon leur semble.

Algérie54 : L’Egypte a interdit aux militants de la caravane maghrébine l’accès à son territoire, et d’atteindre le poste frontalier de Rafah. Cette interdiction est- elle justifiée, selon vous ?

Jacob Cohen : Juridiquement, politiquement, moralement, humainement, elle n’est pas justifiée. Elle est d’un cynisme monstrueux. Mais c’est l’illustration du nouveau rapport de forces au Moyen-Orient. Les Etats arabes de la région ont renoncé à toute forme de souveraineté lorsqu’elle va à l’encontre des intérêts américano-israéliens. Leurs dirigeants ont peur de connaître le même sort que celui de Kaddhafi, de Bachar El-Assad ou de Saddam Hussein. Et enfin, que serait l’Égypte sans le soutien financier des « alliés » américano-arabo-sionistes ?

Source : Algérie54
(Proposé par A. Djerrad)

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