Curieux qu’on cherche, chaque fois qu’il est question des Etats-Unis à détourner l’attention et à les dédouaner de leurs actes en mettant en avant d’autres pays.
Aucun d’entre ces pays, pourtant, ne pourrait agir sans l’aval des Etats-Unis, qui les fournissent en armes, en argent ou leur donnent les ordres, sans s’attirer leurs foudres.
Laisser entendre qu’ils commettent des "dégâts considérables" en toute indépendance des Etats-Unis est ignare ou volontairement fallacieux.
Dans les deux cas, c’est inadmissible.
La meilleure preuve, c’est que Hollande n’est pas allé tout seul bombarder la Syrie. Pourquoi donc ? Il était pourtant bien chaud.
Personne d’autre non plus, d’ailleurs, ne l’a joué freelance. Une explication à cela ? Ils auraient eu peur de faire des "dégâts considérables " supplémentaires ?
D’autre part, ce n’est pas parce qu’on n’entend pas parler des crimes commis par les Etats-Unis qu’ils n’existent pas. Et si Obama n’avait pas été obligé de reculer, on serait en plein dans les bombardements en Syrie.
Qui a décidé des limites à ne pas franchir en matière d’armes, quel secrétaire d’état a fait le tour des popotes occidentales pour vendre ses salades ?
Il y a, certes, une "accalmie" dans les guerres d’invasion (puisque celle de Syrie, qui devait prendre la place d’honneur qu’avaient les précédentes, n’a pas eu lieu), mais pas dans les ingérences par procuration.
Ainsi, Obama a déclaré être "indigné" par la mort de 62 personnes lors du siège du centre commercial Westgate à Nairobi, perpétrée par un commando d’al-Shabaab Pourtant, cette attaque avait été menée en représailles à l’agression menée contre eux en Somalie par les troupes kényanes en 2011.
Troupes kényanes qui avaient été envoyées en Somalie à la suite des pressions de Washington.
D’autre part, les populations concernées par les invasions précédentes en subissent encore les conséquences dramatiques, et c’est loin d’être fini.
En Libye, un rapport des Nations Unies, publié ce mois-ci, indique que les tortures et les violences sont aujourd’hui endémiques dans les prisons libyennes.
Environ 8.000 prisonniers sont détenus actuellement sans jugement, soupçonnés d’avoir combattu pour Kadhafi. Les crimes se multiplient dans le pays à la suite de l’"intervention humanitaire" de l’Otan, menée par les US, quoi qu’on le démente bêtement.
Là encore, minimiser le rôle des Etats-Unis, c’est de la désinformation délibérée.
Ne se souvient-on pas du cri de joie de Rodham-Clinton à l’annonce de la mort de Kadhafi, comme s’il s’agissait du résultat d’un match de base-ball ?
Pas impliqués les US ? De qui se moque-t-on ? D’ailleurs, Obama avait clairement annoncé son intention de mener une action militaire et de faire "partir" Kadhafi et ce ne sont pas les rodomontades de sarkozy et de Cameron qui auraient suffi.
De même, en Irak, à la fin du mois dernier, 30 bombes ont éclaté à Bagdad le même jour, tuant au moins 47 personnes. Selon l’ONU, plus de 5.000 personnes ont été tuées depuis le début de l’année et 1000 au cours du seul mois de juillet.
Les épurations sectaires se multiplient et, comme des millions d’autres avant eux, des familles fuient également leur maison. Et qui s’en lave les mains et dit que la guerre est finie ?
En Afghanistan, alors que les troupes de l’Otan sont censées de retirer progressivement, les crimes se poursuivent, les "frappes chirurgicales" de drones tuent toujours les populations civiles. Et les combats entre Afghans sont en augmentation.
Quant à la production d’opium, elle était de 250 tonnes en 1979, puis s’était élevée à 3400 tonnes au début de l’occupation US et elle est aujourd’hui à peine en dessous des 5000 tonnes, après un pic de 8200 tonnes en 2007. Dès 2012, l’Afghanistan fournissait 74% de l’opium mondial et les prévisions annoncent que celle-ci atteindra 90%.
Ce qui signifie que cette guerre sans fin s’est soldée, non pas par la "libération des femmes afghanes", disparues du paysage depuis longtemps, mais par la création du premier état narcotrafiquant.
Quant aux "élections démocratiques" promises par les US, elles devraient avoir lieu en avril 2014.
Karzaï ne pouvant plus se présenter à l’issue de son second mandat, 27 personnes ont récemment déposé officiellement leur candidature.
Parmi eux, des hommes forts, des chefs de clan et d’ex-seigneurs de la guerre. Dont Abdul Rab Rasoul Sayyaf, ami de longue date d’Oussama ben Laden et "mentor" du chef militaire d’Al-Qaeda Khalid Sheikh Mohammed, et qui a probablement participé à l’assassinat de Massoud. Exactement ce qu’il faut pour l’émancipation des Afghans, et surtout des Afghanes.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, dans ce pays où les US voulaient instaurer la liberté et la démocratie, le nombre de cartes d’électeurs dépasse de loin le nombre d’électeurs effectifs et des millions d’autres sont remises aux nouveaux inscrits.
Merci qui ?
Et laisser croire que les US n’ont pas agi en connaissance de cause, c’est stupide. Dire qu’ils "foirent leurs guerres", comme cela a été dit ailleurs, aussi. Ils n’ont JAMAIS tenté de faire ce pour quoi ils avaient prétendu vouloir envahir le pays.
Parce que, comme par hasard, c’est toujours le même scénario. Il doit bien y avoir parmi les 600 millions d’habitants des gens brillants et de fins stratèges pour dire que, non, ce n’est pas comme ça qu’il faut faire si on veut instaurer la démocratie. Non ?
Ou alors, c’est qu’on prend tous les USaméricains pour des imbéciles.
Mais, malgré cette prétendue "accalmie", Obama trouve, heureusement, à s’occuper : par ex, il décide toutes les semaines de ceux qui doivent être assassinés par ses drones.
Ces quatre dernières années, au Pakistan, 800 civils innocents et à peine 22 responsables d’Al-Qaeda ont été tués. C’est-à-dire en moyenne 36 civils par frappe.
Mais on nous explique avec aplomb que "Les Ricains ne sont pas des monstres sadiques", omettant également qu’ils ont fait enlever de prétendus "terroristes", et les ont fait torturer dans leurs "black sites", à Guantanamo et ailleurs.
C’est cela, ce sont juste des frappadingues qui "foirent" tout ce qu’ils font.
Quelqu’un peut m’expliquer comment des idiots ont réussi à dominer le monde aussi longtemps à ce compte-là ?
Quant à William Blum, c’est un historien et un chercheur à part entière, et s’il tient des propos qui s’approchent de ceux de Chomsky ou Zinn (et de bien d’autres), même s’ils ont chacun leur personnalité, c’est que ce sont tous des intellectuels de gauche. Et qu’ils réfléchissent et analysent.
Alors, un peu de respect.On n’est pas dans la même catégorie.
Nous aimerions avoir en France des gens aussi éclairés que William Blum et les autres, seulement, voilà, nous, ici, nous avons des BHL à tous les niveaux.