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La CGT : un débat incontournable, l’audace d’une Re-naissance

Bernard Thibault vient de faire savoir qu’il ne briguait pas de nouveau mandat comme secrétaire général de la CGT.

13 ans après son arrivée à la tête de la CGT, un bilan de l’orientation réformiste engagée par Louis Viannet, concrétisé à l’international par l’adhésion à la CES et le départ de la Fédération Syndicale Mondiale, reste à faire.

L’effondrement du socialisme en Europe, au lieu de donner lieu à une analyse en profondeur de ses causes à partir des principes de justice et d’égalité et de combat qui ont inspiré les peuples et les millions de militants attelés à changer le monde, a ouvert la voie au renoncement de trop de dirigeants !

Le syndicalisme devait s’adapter à la nouvelle donne, se faire bien davantage force de proposition, signataire d’accords d’entreprise et de branches, rejoignant l’acquiescement à une politique contractuelle avec le patronat si chère aux dirigeants de la CFDT !

D’où la profonde modification des statuts de l’organisation au 45econgrès de Montreuil en décembre 1995, le retrait de la FSM puis l’adhésion à la Confédération Européenne des Syndicats (CES) en 1999 !

La modification des statuts de ce 45econgrès a ainsi notamment procédé à la suppression du passage suivant : "S’inspirant dans son orientation et son action des principes du syndicalisme démocratique de masse et de classe qui dominent l’histoire du mouvement syndical français, la CGT s’assigne pour but la suppression de l’exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d’échange." !

De fait, l’adhésion de la CGT à la CES et à la Confédération Syndicale Internationale (CSI) a conduit à cautionner des positions réactionnaires et d’adhésion au capitalisme, comme celle qui a abouti au cours du dernier G20 à Cannes à une déclaration commune syndicats/représentants patronaux (dite L20/B20), dont le MEDEF, demandant aux gouvernements de bien vouloir faire des questions sociales une priorité avec l’objectif avoué que les populations ne perdent pas confiance dans "l’économie mondiale". En clair de peur que les populations ne perdent confiance dans le système capitaliste !

Sous couvert d’adaptation, de modernisation c’est en fait de soumission à la loi du marché et à la domination des oligarchies dont il est question !

Un bilan s’impose donc

 :

Sur le plan « comptable », la confédération, retraités compris, atteint péniblement les 600 000 adhérents malgré toutes les déclarations de congrès sur l’objectif du million d’adhérents. L’affaiblissement réel du tissu industriel n’explique pas tout dans la mesure où il reste en France plus de 20 millions de salariés du privé et du public.

Parallèlement, depuis des années et pour la première fois de son histoire la classe ouvrière française n’engrange aucun acquis sur les questions aussi décisives que le pouvoir d’achat, la précarité, la santé, la retraite, l’enseignement... Pire : les reculs succèdent aux défaites cuisantes pour le monde du travail malgré des mobilisations d’ampleur historique : 2003, 2005, 2007, 2009, 2010...

Durant la même période, sans même revenir sur les déclarations de Bernard Thibault affirmant en 2007 ne pas vouloir faire de procès d’intention à Sarkozy, la direction confédérale a donné des signes clairs de soumission au grand patronat et aux gouvernements : refus de la lutte de classe et priorité absolue au syndicalisme rassemblé au sommet, chasse aux militants et aux organisations de lutte dans la CGT (Dalkia, Forclum, Douai, Fédé du commerce...), marche forcée pour intégrer la CES et engagement dans la construction de la CSI (héritière de la CISL chère à la CIA et à la CMT vaticane), tentative de faire approuver la Constitution européenne instituant le dumping social en 2005.

Une situation fondamentalement nouvelle

La crise du système a fait voler en éclat les illusions sur un capitalisme et un patronat prêts au dialogue et au compromis et à partager les fruits du travail.

L’aggravation de la crise, la volonté des classes dirigeantes d’en faire payer les conséquences aux peuples et aux travailleurs, soulignent sans appel l’échec flagrant du soit-disant "dialogue social" entre "partenaires sociaux", celui de la collaboration de classes et du réformisme.

Devant cet échec patent, on assiste à un certain gauchissement de l’expression revendicative aussi bien à la direction confédérale qu’à la CES.

La nécessité d’un changement crucial

Mais le véritable bilan et les véritables enseignements de cette période néfaste ne sont toujours pas tirés, ni même évoqués, tandis qu’à l’intérieur de la CGT grandit la contestation de ces orientations !

Ceux-là même qui ont mené la « Grande Dame » où elle en est aujourd’hui prétendent à présent désigner le futur Secrétaire Général en dehors de tout débat de fonds, de toute appréciation du bilan des quinze dernières années et à partir d’un choix réduit à l’appareil de direction. En vase clos, en une espèce de cooptation au sommet et sans que l’appréciation de l’ensemble de l’organisation soit sollicitée, ni que le cercle des possibles postulants au poste de premier responsable de la CGT soit élargi, le choix devant être réduits aux seuls gestionnaires de l’appareil !

Déjà lors du dernier congrès, les règles statutaires ont été brandies pour empêcher par exemple la candidature de Jean-Pierre Delannoy et principalement pour éviter tout véritable débat sur les orientations suivies par la confédération.

Rien ne serait plus préjudiciable au rôle que la CGT doit tenir et à son avenir que de reproduire la même opération !

Des militants à la fois jeunes et chevronnés émergent des luttes sur le terrain, responsables de syndicats d’entreprise comme chez Goodyear à Amiens Nord qui depuis 5 ans à travers une lutte à la fois déterminée, inventive et intelligente, mettent en échec un géant industriel mondial pressé de délocaliser et de procéder à la fermeture pure et simple de l’entreprise. D’autres conflits comme celui des "Conti" ont montré la capacité d’hommes et de femmes capables d’assurer des fonctions dirigeantes, d’animer le travail collectif et de faire émerger avec force des paroles de dignité face à l’arrogance des puissants et à leurs "nouveaux Chiens de garde" !

N’est-ce pas de cette expérience et de cette détermination dont notre CGT a besoin pour s’affirmer comme le défenseur intransigeant de la classe ouvrière et des travailleurs en général face à une offensive considérable contre le droit du travail, contre le droit au travail et contre toutes les conquêtes issues des combats de classe antérieurs ?

Le capitalisme qui règne sans partage sur la plus grande partie de la planète et notamment sur l’Europe ne promet aux peuples que « des pleurs et du sang » : la CGT doit placer à sa tête des militants formés par le combat, prêts à relever le défi, à renouer avec le syndicalisme de classe et de masse, celui qui a tant apporté aux travailleurs de France, et à sortir de la fausse unité que représente le syndicalisme rassemblé pour revenir à la seule unité qui vaille : celle réalisée en bas et surtout dans la lutte.

Démocratie vraie !

Dans sa lettre annonçant son souhait de ne pas solliciter sa reconduction, Bernard Thibault, considère comme acquis que le Comité Confédéral National (CCN) du mois de mai prochain débattra de la conception de la future direction confédérale, et "qu’il soit en mesure de valider une proposition nominative concernant le ou la future(e) secrétaire général(e) qui sera élu(e) formellement au congrès". Cela de manière à ce que le (ou la) nouveau (nouvelle) dirigeant(e) soit identifié(e) et " pleinement acteur… notamment pour la construction de la direction confédérale ".

Pratique caractéristique d’une démarche de sommet laissant peu de chance à l’émergence de dirigeants issus des luttes en bas et privilégiant l’intervention d’en haut au détriment des militants mandatés par les organisations de base et bénéficiant de la totale confiance des travailleurs avec les dénis de démocratie qu’on a pu constater dans un certain nombre de congrès comme dans celui de la fédération du commerce !

Démocratie syndicale et affirmation des orientations de lutte de classes sont profondément liées dans la CGT et ce n’est pas un hasard si en maints endroits dans l’organisation au quotidien comme dans les congrès, ceux qui sont restés fidèles à ces valeurs se sont trouvés en butte à des pratiques indignes afin de les écarter de toute responsabilité, voire à les pousser en dehors de l’organisation !

La démocratie d’en bas doit à nouveau souffler puissamment dans la CGT de même que doit cesser l’attitude consistant à désigner tous ceux qui exigent un débat de fond et d’orientation comme des diviseurs !

Les enseignements des luttes, le bilan de l’orientation suivi, la confrontation loyale des idées ont depuis longtemps accompagné la vie de la CGT et contribué à son rayonnement, à sa force de première organisation nationale et à son efficacité dans la défense des travailleurs.

Le moment est donc venu d’un véritable appel à candidatures dans l’ensemble de la CGT, pour l’élection d’un (d’une) nouveau (nouvelle) dirigeant(e) à partir d’un véritable débat démocratique sur les orientations de la confédération.

Le Front Syndical de Classe

7 février 2012

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