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La tentation nationaliste

Voici revenu le temps des nationalismes… ce temps que l’on aurait pu croire révolu,… à une époque de mondialisation généralisée, de brassages de populations, d’échanges internationaux, de « réduction des distances » et de l’explosion de la communication.

Ce phénomène terrifiant, qui a mis le monde à feu et à sang, deux fois au 20e siècle, refait son apparition.

NATION ET CAPITAL

Le capitalisme n’a pas toujours été ce que nous le voyons aujourd’hui. Même si très tôt, il a su s’affranchir relativement des frontières étatiques, par les circuits commerciaux qu’il a tissés, le noyau dur de la révolution industrielle a eu un caractère essentiellement national. C’est au sein des « états nation » que se sont forgés les appareils industriels et financiers qui constituent aujourd’hui le capitalisme mondialisé.

Etat nation et Capital, sont, à l’origine, étroitement liés. Il n’en demeure pas moins que leur évolution ne s’est pas faite au même rythme. La distorsion existante entre les deux crée aujourd’hui un malaise porteur de crises.

L’Etat nation a forgé une « identité nationale », c’est-à -dire un sentiment d’appartenance à une communauté. Ce processus ne s’est pas fait sans mal, et au prix de la destruction des particularités locales (culturelles, politiques, linguistiques… ). Cette identité a profondément imprégné les esprits et même, et surtout, l’inconscient collectif. Ce sentiment a été aussi, à son époque, largement exploité par les « capitalismes nationaux » afin de défendre leurs intérêts respectifs… Repeint aux couleurs du patriotisme, il a jeté dans la guerre des millions d’individus… et ce, aux plus grands bénéfices des fabricants d’armes et autres industriels et financiers.

Le Capital, quant à lui, a su à la fois profiter de la protection des frontières de l’Etat-nation,… et s’en affranchir lorsque ses intérêts l’ont fait se diriger vers d’autres horizons.

Nation et Capital n’ont fait « bon ménage » qu’un temps,… Le temps que le Capital trouve des opportunités en dehors des frontières pour se mondialiser. Les entreprises nationales sont devenues multinatinales, transnationales et la vieille période coloniale a laissé la place à un pillage autrement plus organisé, quoique sur d’autres bases, des richesses de la planète (hommes et ressources).

Cette distorsion, qui nous paraît évidente aujourd’hui, c’est faite progressivement, sans que nul n’en imagine les conséquences,… Surtout que l’attention était « plombée » par une conception politique qui s’est avérée catastrophique.

DE L’INTERNATIONALISME PROLÉTARIEN A….

En effet, pendant que le Capital se développait suivant sa propre logique, les professionnels du changement social développaient le modèle standard issu tout droit du 19e siècle et qui consiste à voir dans la classe ouvrière, exploitée par le capital, le vecteur essentiel de la transformation sociale. Très tôt, le slogan « Prolétaires de tous les pays unissez vous ! » répondait par avance à ce qui allait devenir la mondialisation du Capital. Or, et beaucoup ont encore aujourd’hui du mal à l’admettre, cette classe ouvrière ne s’est pas du tout comportée comme « théoriquement » elle devait se comporter : au lieu de se renforcer comme instrument révolutionnaire, elle a tout fait pour s’intégrer et profiter des miettes que pouvait lui accorder le Capital. Elle a même, dans sa majorité, joué le jeu des impérialismes, dans une ferveur patriotique dont était bien incapable le capital… servant de « chair à canon » dans des conflits où elle avait tout à perdre.

Bien sûr les discours, manifestations, organisations… n’ont pas manqué. La constitution d’un « mouvement communiste international », suite à la « révolution bolchévique » a fait croire à la réalisation d’un monde nouveau… L’expérience du stalinisme, des schismes internes, l’effondrement du « soviétisme »… ont dissipé tous ces espoirs moins d’un siècle après la première expérience.

Qui peut aujourd’hui parler d’un mouvement international des prolétaires, des salariés ? Qui peut identifier ce que l’on appelait au 19e et même au 20e siècle, la « classe ouvrière industrielle, fer²de lance de la révolution » ? Qui peut aujourd’hui affirmer que le système du salariat est le « grand unificateur » des luttes ?

On peut, bien sûr, l’affirmer, dans des « déclarations de principes »… Mais la réalité est toute autre ! La méthode Coué a rarement accouché d’une stratégie révolutionnaire !!

Le capital a façonné la société suivant ses stricts intérêts… Il a même fait mieux, il a su quand cela lui paraissait utile « lâcher du lest » aux salariés, leur accorder des acquis, que ces deniers croyaient définitifs, pour, quelques générations plus tard,… leur reprendre en faisant croire qu’il y était obligé !

… LA MONDIALISATION DU CAPITAL

C’est donc bien le Capital qui a imposé sa vision de l’organisation du monde,… et non ses adversaires. Après avoir utilisé au maximum la force de travail dans les pays de sa naissance, il est allé exploiter au-delà de ses frontières originelles une force de travail beaucoup plus rentable au regard de ses intérêts. Il a su s’affranchir, par la souplesse de son fonctionnement, des contraintes légales que lui imposait les Etats,… rendant en cela obsolètes et dérisoires les politiques économiques nationales.

Profitant de la baisse de l’autorité et de la portée des politiques nationales il a réussi à imposer une déréglementation généralisée des mécanismes de la finance mondialisée (taux de change et taux d’intérêt). Il a ainsi permis, en développant la spéculation financière, de dépasser le cadre de l’économie réelle, faisant de l’économie financière l’axe essentiel des processus d’enrichissement de quelques uns et de l’asservissement du plus grand nombre.

Les organisations de sauvegarde des intérêts du capital (FMI, OCDE, OMC,…) alliés aux grandes banques sont devenues les acteurs essentiels de l’organisation économique de la planète.

L’effondrement de l’empire soviétique a fait tomber les dernières illusions, sans pour cela ouvrir les yeux, sur une stratégie absurde qui devait ouvrir sur des lendemains qui chantent.

RETOUR A LA NATION

Devant un tel gâchis, la perte des repères traditionnels et l’absence de stratégie politique, le vieux réflexe nationaliste a fait un retour en force.

L’extérieur, l’étranger, l’autre redevient l’ennemi…Le repliement sur soi est redevenu d’actualité.

Les apôtres de la haine, de l’intolérance et du racisme après quelques décennies de silence reviennent sur le devant de la scène, se drapant comme d’habitude dans les habits de la « défense du pauvre, de la veuve et de l’orphelin ». Ils espèrent retrouver une virginité politique au détriment d’une classe politique parasite et complice de la faillite sociale, politique, économique et même morale, généralisée.

Surfant sur les inquiétudes, les scandales, les inégalités et le manque de perspective, ils misent sur le repli nationaliste. La démagogie, alliée au simplisme affligeant de leur raisonnement, supplée aujourd’hui l’indigence généralisée de la réflexion politique et citoyenne.

Les vieux démons qui avaient ensanglantés le 20e siècle sont en passe de redevenir tendance.

On est loin de la « solidarité prolétarienne » d’antan !

Cette tendance nationaliste n’a rien de surprenant. Devant la puissance monolithique et apparemment inattaquable du capitalisme mondialisé, la débandade généralisée des forces progressistes, la complicité des politiciens avec le système, la désagrégation du lien social, le réflexe classique et primaire est le repli sur soi, la défense de son immédiat environnement social. Il y a, dans ces conditions, une partie frustrée de la classe politique, qui n’a pas encore accès au pouvoir, qui n’hésite pas à surfer sur la misère, le désarroi et les rancoeurs en se donnant des airs de « Robin des Bois ». Le processus est classique et a parfaitement fonctionné au 20e siècle en temps de crise. Le fumier de la crise du système décadent est propice à cette évolution. Il peut à la limite permettre au Capital de « sauver les meubles » en instaurant des pouvoirs forts qui préviendront les conflits sociaux et logiques de déstabilisation sociales et politiques.

Ainsi donc, l’improbable, ce que l’on croyait impossible, est en passe de se réaliser. Pour le moment, aucun mouvement, aucune organisation, aucun parti, aucune mobilisation n’est capable d’offrir une alternative. Le piège dans lequel nous enferme le système, et dans lequel nous nous sommes aussi enfermés, va nécessiter autre chose que les solutions dérisoires qui nous sont proposées : « bien voter » aux prochaines élections.

Patrick MIGNARD

Février 2012

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