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La crise… la crise… la crise !

« Toute bulle spéculative finit inévitablement par éclater en menaçant le système bancaire de faillite et l’économie réelle de banqueroutes en chaîne - à moins qu’une bulle plus grande encore ne puisse être gonflée à temps. » Propos d’André Gorz, extrait de « Penser l’exode du travail et de la marchandise », paragraphe : la crise.

Certes, on peut penser alors que les éclatements successifs des bulles spéculatives conduiront vers l’autodestruction du capitalisme. On peut donc supposer que les crises actuelles sont les prémices de l’éclatement du système. Crises appelées d’ailleurs systémiques pour les différencier des crises voulues, car là est la question : s’agit-il d’une déstructuration incontrôlable du système ou d’une restructuration voulue à l’échelon planétaire ?

Beaucoup ont tendance à penser qu’il s’agit bien d’une crise du système, mal contrôlée, que l’on essaierait de maîtriser en faisant payer le lampiste des pays développés. Ce raisonnement peut paraître évident mais il lui manque une donnée, la « finitude » de la terre.

Incontestablement les capitalistes savent que malgré des recherches incessantes en énergies nouvelles (comme le gaz de schiste dont on estime d’ailleurs les réserves autour d’une cinquantaine d’années), en matières premières, en technologies de substitutions, on ne pourra pas éternellement développer les productions pour l’hyperconsommation sur toute la terre, celle-ci est un produit fini et ses ressources ne sont pas expansives. Le pic pétrolier, maintenant passé, est là pour nous rappeler à l’ordre, ce qui se confirmera par une augmentation constante du prix du pétrole dans les années à venir, nous avons aussi comme exemple la guerre du cuivre qui est l’annonce de la raréfaction de cette matière première, etc. Ne rêvons pas trop dans le recyclage qui si l’on surconsomme, et avec une augmentation importante de la population mondiale, ne sera qu’un palliatif momentané car en plus on ne peut pas recycler indéfiniment certaines matières.

Compte tenu de cette donnée incontournable en un premier temps est lancée la fumeuse croissance verte dans laquelle ont plongé à pieds joints les bobos et gogos de toutes sortes qui se gargarisent de trouver du bio à toutes les sauces. Ce leurre écologique consumériste est une arnaque et, qui plus, est un danger pour l’équilibre alimentaire de la planète, les agro-carburants (faussement appelés bios) liés à l’agriculture intensive en sont le meilleur exemple. N’oublions pas non plus que ces méthodes culturales à grandes échelles sont tout à fait nocives pour la préservation de la biodiversité (déforestations, arrosage intempestifs, et surtout l’ouverture du marché des céréales à la spéculation).

En parallèle est faite une recherche accélérée dans les techno-sciences pour des seuls buts mercantiles afin de permettre un consumérisme débridé à partir d’éléments non naturels, ou d’éléments naturels modifiés comme les OGM, ou tout simplement les nanoparticules, prétendues avancées scientifiques dont on ne connaît nullement les retombées pour la santé de l’humain. Seulement, voilà , ces recherches, la mise en oeuvre de la croissance verte prennent du temps, alors que l’épuisement des ressources s’accélère puisque qu’en 2010 la consommation du pétrole a été la plus forte jamais enregistrée.

Donc, pour éviter d’arriver trop vite à la pénurie qui serait alors une véritable catastrophe pour le capital qui ne pourrait alors faire que des profits moindres, on tente de maîtriser le potentiel terrestre en freinant la croissance des pays développés on les amène de façon délibérée vers la récession permettant ainsi une croissance des pays en voie de développement où le capital y trouve plus de rentabilité. Il s’agit bien de prospective quand on voit la fondation à Rockfeller stocker des graines, ce n’est pas par philanthropie mais dans le but de préparer de nouveaux marchés en régénérant un marché épuisé, la gestion des ressources fait donc partie des préoccupations des capitalistes contrairement à ce que l’on aurait tendance à croire.

Tout en maitrisant un épuisement trop rapide du patrimoine terrestre cela a aussi plusieurs autres avantages pour les capitalistes spéculateurs.

D’abord d’augmenter les bénéfices en se tournant vers des pays ou les salaires sont moins élevés et où les avantages sociaux n’existent que très peu, ce qui va permettre des gains de productivité importants dans des conditions souvent esclavagistes, par conséquent, profit maximum pour les actionnaires.

Ensuite, comme les pays développés ont vécu au-dessus de leurs moyens en favorisant le crédit pour surconsommer, en freinant la croissance on va les obliger, par des mesures drastiques, à éponger cette dette qui commençait à inquiéter la haute finance. Comme on a déplacé, favorisé la croissance vers les pays émergeants pour les raisons que nous venons d’évoquer, dans les pays développés on va volontairement créer du chômage de masse pour finir de faire tomber tout les acquits sociaux ; car même si l’on baisse la consommation les capitalistes souhaiteront quand même faire des profits, ce qu’il feront sur la variable d’ajustement qu’est le travail. Il faut s’attendre à plus de flexibilité, des emplois précaires sous payés et à un panel de mesures antisociales que permettra la peur du manque emploi.

Comme la terre est un produit fini, il est évident que nous devons la ménager. Nous devons décroitre, cela sera incontournable rapidement, mais dans quelles conditions ?

Une récession voulue par les capitalistes ne résout aucun problème puisqu’elle augmente les inégalités au sein des pays développés et aussi dans les pays en développement. C’est donc une décroissance voulue et maitrisé par le peuple qu’il faut commencer à mettre en place à l’échelon local en favorisant l’usage plutôt que le consumérisme à tout crin. Créons le maximum de contre-pouvoirs constructifs avec une vraie démocratie horizontale (petites unités de fabrication autogérées, monnaies locales fondantes, Service d’Echange Libre -SEL-, AMAP, gestion citoyenne de l’eau et des déchets, etc.).

On peut rêver de révolution, de révolte comme dans les pays arabe. Certes, cette prise apparente de pouvoir par les citoyens est encourageante, mais cela va-t-il bousculer le système, c’est moins sûr lorsque l’on voit la prise en mains sous-jacente de la pensée unique qui tente de gérer à son profit la révolte de ces peuples. Pour le constater il suffit de regarder de regarder ARTE où l’on peut voir de petit spot présentant des pseudos révolutionnaires des pays arabes, il est évident que lorsque le système ultralibéral encadre de soi-disant révolutions c’est pour les diriger dans le sens de la pensée unique.

Que dire des élections, là c’est probablement à l’heure actuelle la solution la moins efficace pour basculer le système ; on a l’expérience de 1981 qui a basculé vers l’ultralibéralisme en 1983 faute de remise en cause véritable du système.

Reste alors le travail quotidien et formateur de « déformatage » des esprits, donnant la priorité à des initiatives locales et plus générales permettant d’atteindre la masse critique qui nous fera sortir du système. C’est un travail à long terme, mais qui sera le seul pérenne.

Une décroissance voulue des pays développés permettra aussi aux pays émergeants d’évoluer à condition qu’ils tiennent aussi compte qu’une croissance inconsciente les mènera aussi vers un stade de récession que connaissent leurs homologues développés.

Il faut sortir du capitalisme et ce sera alors au peuple de décider comment il veut ménager la planète afin d’y vivre en harmonie !

Michel Mengneau

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

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