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S’efforcer de distinguer la « rumeur » et les faits véritables et vérifiables.

La Libye : Est-ce la révolution comme partout ailleurs ?

La dernière « RUMEUR » : Kadhafi en coulisse "tenterait" de négocier son départ !

Il faut bien observer, le conditionnel "aurait" négocié. Depuis le début nous n’avons que du conditionnel pour bien nous conditionner.

Trois semaines déjà , et nous ne savons à peu près rien de ce qui se passe véritablement en Libye. Chose sûre cependant, comme je le disais dès le tout début : NON, ce n’est pas la révolution comme partout.

Premièrement en trois semaines nous n’avons à peu près pas vu de vaste manifestation contre Kadhafi. On a bien vu, au tout début, à Benghazi des rassemblements, mais à peu près rien par la suite. Vendredi dernier les médias ont utilisé le jour de la prière pour nous faire quelques images de foule à Benghazi. Une foule qui écoutait un iman et qui pleurait ses morts. Il y a bien eu quelques "témoignages" d’opposants (dans toutes les sociétés, on peut facilement trouver des opposants, même ici contre Charest et Harper, même en France contre Sarkozy et même aux États-Unis contre Obama !).

Non, aucune foule importante depuis le début qui manifeste âprement contre celui que l’on décrit comme étant leur dictateur « sanguinaire » rien de moins.

Il n’y a pratiquement aucun journaliste à Tripoli, chose plus qu’étrange alors que le régime les invite (Raymond St-Pierre (SRC) n’a été que quelques heures à Tripoli, chose inadmissible et inexplicable).

On dit que St-Pierre ne voulait pas se faire "manipuler" par le régime ! Qui donc peut réussir à "manipuler" un journaliste « professionnel » ??

En quittant rapidement Tripoli après avoir été rencontrer le "sanguinaire" (sic) fils Kadhafi, M. St-Pierre mettait de côté son devoir de bien nous informer. Kadhafi lui offrait de se balader où il voulait en ville. Il aurait pu saisir l’offre et aller voir les lieux « que l’on dit » (rumeur) avoir été bombardés. Et s’il en était empêché, de nous le rapporter clairement, avec preuve à l’appui. Des caméras cachées ont fréquemment été utilisées (La SRC a même déjà utilisé une caméra cachée dans une monture de lunettes) alors pourquoi pas cette foi-ci ?

Le travail du journaliste, c’est d’être sur place et non de rapporter des « rumeurs ». « Rumeurs » qui aiguillent allègrement le jugement.

Malgré le peu de journalistes à Tripoli, nous avons vu la place Verte et ce qui s’y déroulait dans les 5 minutes précédant le discours de Kadhafi, http://www.rtbf.be/video/v_libye-mouammar-kadhafi-harangue-ses-partisa... C’était le 25 février.

Nous avons aussi vu : http://www.rtbf.be/video/v_libye-manifestations-pro-kadhafi-a-tripoli?... C’était dimanche dernier le 6 mars. A Tripoli.

Une image vaut mille mots.

Ces images de Tripoli parlent d’elles-mêmes et ces autres images qui illustrent ce qui se passe en Libye sont tout aussi révélatrices.

Sur nos nombreux reportages, aucune photo de foule manifestant contre son "sanguinaire". Que des photos de "braves" opposants armés jusqu’aux dents et hurlant de cris guerriers contre le président. Ou des photos de blessés de guerre (eh ! oui ! La guerre tue et blesse ! )

Des photos, des images de la foule…

Souvenez-vous de l’Égypte, de la Tunisie, de Bahreïn, du Yémen, de l’Algérie, bref de partout où les populations se soulèvent, ON LES VOIT. On les voit clairement, très clairement. Que se passe-t-il en Libye ? On ne les voit pas !

Pourquoi nous ne les voit-on pas ? Parce que Kadhafi, le caricaturé "sanguinaire", ne laisse pas passer l’information ? Et toutes ces villes "libérées" sont-elles sous le contrôle de Kadhafi ou sont-elles libérées ? Kadhafi « aurait » réussi le tour de force de couper toutes les communications ? Il aurait réussi là où l’Iran a échoué et où partout on échoue à étouffer le fameux Twitter et les fameux médias "sociaux" ? Et pourquoi donc ne voit-on pas de grands rassemblements de gens en liesse après avoir été "libérés" ? Ces villes sont libérées ou non ? Et pourquoi donc si peu de journalistes avec la population dans toutes ces villes "libérées" ?

Les journalistes, on les tient à l’hôpital de Benghazi (on n’a pas eu beaucoup de journalistes dans les hôpitaux d’Irak ou d’Afghanistan) ou encore à la frontière pour nous émouvoir des gens qui "fuient".

Des gens qui fuient ! Ca vous rappelle l’Égypte lorsque les tueurs sont sortis avec leurs chameaux ? NON, les manifestants ne fuient jamais. Surtout lorsqu’ils sont déterminés. Les Égyptiens sont restés dans la rue et ont redoublé de détermination devant les tueurs.

Vous vous dites : « oui mais, Kadhafi a tiré avec des avions de chasse sur la foule ». Il faut dire : Kadhafi « aurait » tiré avec des avions de chasse. Ce n’est qu’une vulgaire « rumeur » non vérifiée par personne. Et de plus, personne ne sait qui a donné ces ordres si ce geste a été posé.

Nous ne savons rien de ce qui se passe véritablement en Libye.

Ce que nous savons, c’est que depuis des années on cherche à se débarrasser de Kadhafi. Kadhafi est nationaliste et ne partage pas suffisamment le pétrole libyen avec les Exxons de la planète.

Ce que nous savons, c’est que des groupes bien armés et passablement bien organisés tentent un coup d’État qui n’a rien à voir avec un soulèvement populaire.

Nulle par ailleurs, la foule qui sortait massivement dans les rues n’était armée et partout ailleurs, cette foule massive et désarmée est parvenue à faire changer (ou bouger) les choses. En Libye, les mercenaires contre Kadhafi sont lourdement armés et une imposante armada les appuie au large des côtes, prête à faire feu dès que l’occasion se présente. Un nouveau carnage en perspective pour "sauver" la planète d’une autre « caricature » "sanguinaire".

Ce que l’on sait c’est que l’arme médiatique nous conditionne à applaudir cette invasion barbare. On nous fait haïr. Haïr au point de ne plus voir clairement la réalité des choses.

Nous sommes soudainement tous devenus plus libyens que le Libyen lui-même. Nous sommes tous persuadés de connaître ses pensées et son coeur. Mais nous ne sommes pas libyens et nous ne sommes pas en Libye. Nous ne savons pas ce qui s’y passe vraiment. Malgré ce constat, nous sommes tous convaincus de savoir avec plus de précision ce qui se passe à Tripoli que le Tripolien. Étrange n’est-ce pas ?

C’est le conditionnement médiatique. Il est d’une efficacité redoutable ! Avec de la « rumeur », avec des « aurait », on nous fait juger catégoriquement et nous sommes tous prêts à guillotiner le "sanguinaire" (sic) sur la place publique.

Il faut être conscient qu’on alimente beaucoup plus notre « jugement » que notre « réflexion ». Il faut être conscient qu’on nous sert de la « rumeur » pleine page et que par ces « rumeurs » on attise notre « émotion ». On contrôle notre cerveau par l’émotion.

Il faut bien vérifier les plateaux de notre balance. Si celui de l’émotion pèse plus lourd que celui de la connaissance des faits véritables et vérifiables, il faut se poser des questions.

Pour réfléchir, je vous invite à lire

Maurizio MATTEUZZI, journaliste italien (il manifesto) présent depuis quelques semaines à Tripoli. « Issue de secours pour Kadhafi » http://www.legrandsoir.info/Issue-de-secours-pour-Kadhafi-Il-Manifesto.html

« LIBYE : Les fantômes de la frontière » http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23513

Aussi Monsieur Rodrigue Komla KPOGLI, Togolais et dirigeant de l’organisation : Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) Une organisation de jeunesse créée au Togo en 2003 pour promouvoir les droits humains et le panafricanisme. Son article de samedi dernier s’intitule : « Libye : vers une nouvelle "guerre juste et humanitaire" pour s’emparer des richesses d’un peuple. » http://lajuda.blogspot.com/

Il faut voir aussi Hugo Chávez, cette bête noire qu’on accusait en avril 2002 d’avoir tiré sur son peuple du pont Llaguno. Un odieux mensonge clairement démontré par une caméra amateur sur les lieux. http://www.youtube.com/watch?v=5umYBMucRPg&feature=player_embedded

Il faut être conscient de notre émotion et de nos jugements radicaux sans même connaître ce qui se passe vraiment.

Il faut se souvenir de tous ces mensonges ayant servi à nous faire accepter les guerres. Pensons au mensonge des ADM. Pensons au mensonge des couveuses du Koweït. Pensons au mensonge des tirs du pont Llaguno.

Mentir, calomnier sont des façons efficaces pour susciter la haine. La haine qui conduit à la guerre et à l’assassinat.

Il faut s’efforcer de calmer nos émotions et réfléchir et analyser ce que l’on sait. Il faut s’efforcer de distinguer la rumeur et les faits.

Serge Charbonneau
Québec

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