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Dimanche soir, 20 heures...

La télévision inapte au changement ?

Il est 20 heures et l’image de François Hollande envahit l’écran de mon poste de télévision ; ça n’est pas une nouvelle nouvelle, car ce triomphe est un plat réchauffé déjà servi avant l’heure constitutionnelle sur d’autres réseaux. Mais, très vite, j’ai l’impression que quelque chose s’est cassé, s’est enrayé. Je zappe du privé au public, mais rien ne varie, la lumière des plateaux me paraît morne et le visage des animateurs blafard.

Ca ne rayonne plus comme au moment de la pub d’avant 20 heures où le réalisme libéral nous a gratifié d’une dose de modes d’emplois sans lesquels la vie ne serait qu’un long fleuve pollué. C’est un peu comme si le centre de gravité de ce petit monde écranique arrogant venait de se désaxer en entraînant la voix de chaque commentateur dans une couleur en berne. J’avais devant moi des gensdetélé orphelins de leur maître à paraître, celui-là même qui ne se gênait pas de les piétiner et de les traiter de tous les noms, jusqu’à se faire passer pour une de leurs victimes. C’est bien connu et le refrain de fin de campagne nous l’a suffisamment rabâché : Nicolas Sarkozy aurait été l’objet d’un lynchage médiatique pendant tout son mandat. D’ailleurs, il suffit de voir la tenue des entretiens télévisés du quinquennat pour le vérifier, non ?

En vérité, durant ces cinq années du candidat sortant, c’est progressivement, mais sûrement, que la plupart de ces gensdetélé sont devenus des larbins serviles passés maîtres dans l’art de manier la prose à reluire.

Des gens, véritables prêtres du nouveau culte du marché, qui avaient intériorisé l’idée que la page était tournée et qu’il était de leur devoir de faire table rase du passé, par conséquent de la fraternité, de l’égalité et de la liberté, de la liberté d’expression pour tous notamment. Ils baignaient dans une exigence de transparence dévoyée par la recherche de poux dans la vie pour exhiber toujours plus, sans limite, le dérisoire, le factice, dans la suture du manque à dire, jusqu’au vertige de l’emballement du Petit Journal de Canal + où triomphe le vide absolu.

En fait, dans un instant, l’image de François Hollande agissait comme l’annonce d’une nouvelle donne où ces gensdetélé ne seraient plus mauvais en tout, mais plutôt bons à rien. J’ai même senti le frisson de la fin d’une exhibition de la jouissance par la puissance de l’argent, avec l’émergence d’une exigence réelle de la représentation et non plus de la présentation. Les plateaux privés et publics n’étaient plus qu’un spectacle de l’absence ; ça sentait la vacance du pouvoir médiatique avec un programme d’une vacuité complète.

C’est vrai, après le discours de Tulle c’est, au centre de l’écran, un cortège de voitures et de motos sur la route de Brive-la-Gaillarde, avec sur les côtés du cadre des vignettes d’invités totalement minorées et leurs paroles souvent masquées par le son d’un concert d’attente sur la place de la Bastille ou surtout par celui des propos d’approche des journalistes à la recherche d’images sur les motos ou autres véhicules intempestifs.

«  Je suis à quelques mètres de la voiture du nouveau Président »… «  je me rapproche »… «  nous arrivons à l’aéroport de Brive »… «  il monte dans son avion »…

Bref une kyrielle de formules creuses au service d’un suspense de pacotille, au coeur d’une fausse course poursuite qui n’était en réalité que la figure d’une défaite de journalistes en quête de pas grand chose. Plus que jamais se vérifiait la formule : si vous fermez le son il n’y a plus d’image. Car c’est un truisme, à vouloir coller à la surface sensible des choses, on finit par ne plus rien voir et oublier de faire image, c’est-à -dire de penser un peu.

Où étais-je ? Sur la route, entre Tulle et Brive ? Non plutôt dans un voyage au coeur du vide dans le plus grand irrespect de ceux qui ont voulu un changement en choisissant le candidat derrière lequel couraient vainement une meute de prédateurs affamés, pour quelques miettes d’Histoire. Alors, histoire d’en parler, pour rire ou en pleurer, le cortège n’en finissait pas d’avancer dans un immobilisme visuel issu de la répétition du même à l’excès, pour laisser émerger un interlude, un trou de programme ou plutôt un trou de la pensée politique, comme un aveu de l’incapacité journalistique à parler de la nouvelle donne qui pourtant réclamait de manière évidente que les invités sur le plateau aient du temps et de l’espace pour parler, argumenter, controverser… Certes, des gensdetélé figés au centre pour séparer la gauche de la droite invitaient à des tours de table au pas cadencé, avec l’inélégance récurrente de couper la parole pour des urgences souvent peu prioritaires ; mais des tours de table comme des tours de manège où ça tourne en rond, avec un rythme et un temps auxquels il n’est jamais facile de s’adapter et par conséquent où jamais rien ne se creuse. A un moment de la soirée, dans le coin gauche de l’écran de la 2, Jean-Luc Mélenchon parle et tente avec un humour certain et quelques vérités qui fâchent, de recentrer l’image, en vain.

Et toujours, au centre de l’écran, le trou d’une course en temps réel propice aux descriptions les plus vaines, accompagné de lucarnes où la parole politique déclassée tente vainement de murmurer que nous venons de vivre une rupture.
Oui, pour faire honneur à la Nation, cette élection méritait un débat voir un déballage démocratique, car le peuple a répondu présent dans sa diversité. Un peuple au jugement fin et délicat qui a prouvé qu’il n’était pas la camisole de force de la politique, contrairement aux médias qui n’ont cessé d’annoncer en amont qu’il fallait s’attendre à une très grande abstention. C’est à une fête du bulletin de vote qu’il nous a invité, à un arrachement qui prouve à quel point il a la force de tordre le cours des choses et de montrer que le plus difficile est une tâche digne des femmes et des hommes libres, prêts à la fête.

Soudain, le hublot de ma machine à laver à la place de l’écran s’arrête de tourner pour laisser la place à des témoignages plein écran choisis dans la foule de la place de la Bastille ; d’emblée je comprends la pertinence des choix puisque de grands acteurs de la vie politique française me font découvrir l’horizon de leur nombril incandescent ou plutôt indécent : Josiane Balasco, Guy Bedos, Clémentine Célarié volent au peuple le temps de ses paroles, mais rassurent les gensdetélé, ils sont un peu de la famille. A ce moment là , j’ai la rage, car il s’agit bien de la peur, de la haine du peuple ou bien de quelque chose d’approchant. Le peuple vu comme un vulgum pecus, incapable d’être autre chose qu’une foule anonyme, sans diversité de pensée. Alors que le plus souvent son érudition politique, son bon sens, se composent de souvenirs antérieurement éprouvés dans sa vie publique et privé, dans ses engagements, ses souffrances, ses désirs et sa confiance dans le génie politique du pays. La télévision a manqué le rendez-vous, elle a été une nouvelle fois sourde et aveugle, avec un people-tropisme décadent qui a cherché à faire du fils de François Hollande une nouvelle figure glacée de Gala, cette autre feuille merdiatique.

C’était pourtant le soir d’un renouveau et l’occasion de faire autrement. Mais ces gensdetélé-là peuvent-ils faire autrement ? Savent-ils faire autrement que de répéter à l’infini des modèles d’arrogance et de suffisance, chiens de garde d’une pensée unique, jamais calibrée, contraire à l’idée même de pensée, cette qualité en mouvement et en perpétuel changement. Savent-il que la parole est un ensemble de choses mises en scène et non l’exclusion du corps, l’oubli de la situation et que pour se résoudre pleinement elle a besoin de tout autre chose que du cadre d’une vignette au bas de l’écran, masqué, dominé par la béance d’une caravane de journalistes collée au cul de François Hollande.

Alors, si le changement c’est maintenant, pour la télévision il y a une urgence.

Anatole Bernard

COMMENTAIRES  

09/05/2012 07:21 par babelouest

La télévision. Pour bien connaître quelqu’un qui y travaillait, non comme journaliste, mais dans l’ombre, quelqu’un parmi les très nombreux qui font le boulot, je peux apporter ces précisions. Le journaliste, trop souvent, n’est que celui qui arrive au dernier moment, ne sait même pas de quoi l’on parle, les documents sont calés, les textes prêts, les notes écrites, il n’a plus qu’à bredouiller ce qu’on lui a préparé, quand ne lui vient pas à l’idée de changer ceci ou cela sans savoir que son apport est inadéquat. Voilà la télévision, vue par ceux qui tentent de la faire vivre.

Bien sûr, il y a eu, et sans doute y a-t-il encore, de bons journalistes : ceux-là ne font pas parler d’eux. Ils s’intéressent non à eux-mêmes, mais à l’information. On n’apprend leur existence que quand ils renâclent à s’abaisser à servir la soupe, et que le Haut Maître quel qu’il soit les fait virer. Le journalisme d’investigation, jusqu’à avant-hier, était devenu un métier à haut risque. Espérons que, là au moins, du changement interviendra.

09/05/2012 07:50 par calame julia

Il était temps ! que quelqu’un ose tirer le portrait de la "boîte à grimaces" selon la formule d’un de mes
proches. La place de la bagnole et des yaourts dans la société règle tout, décide de tout et il serait temps
d’arrêter le vol du temps de vie du cerveau pour faire montre d’esprit de créativité.
F. Hollande est aussi "un enfant de la télé" et il va sans doute falloir qu’il se fasse violence pour laisser
cet espace redevenir un espace de liberté, d’échanges et de création.
A trop vouloir être proche des citoyens on les rend dépendants et le genre de presentations accompagnés
des "qu’est ce que vous avez ressenti lorsque vous avez vu votre maison brûler ?" devient le comble du
cynisme...

09/05/2012 09:34 par pilhaouer

Très bien vu !
Quand on en arrive à ce point de vide sidéral, ça ne peut que changer.
Le journalisme de télévision consiste effectivement à filmer des bagnoles, à pencher dans le sens du vent si on le trouve et surtout à ne rien exprimer de compliqué, d’intelligent et de compromettant.

Les écoles de journaleux ayant formaté les mêmes, pas de relève possible.
Ils sont inutiles et coûteux . Donc ... économies !

Enfin, inutiles, ça dépend pour qui : actuellement, ils nous racontent l’histoire admirable du nouveau président, très présentable, très honnête, très futé, très consensuel, très pragmatique, très "normal" (mon oeil !) par rapport à son prédécesseur malade, etc ... .

Sur "l’ idéologie", rien naturellement, on n’est pas là pour réfléchir, quand même !
Pour le reste, "ayez confiance !" Nous avons un Président et toute une équipe de serviteurs désintéressés du peuple : Valls, Mosco, Lamy, Strauss (oh ! pardon !), etc ... les pauvres seront bien gardés et sécurisés et consolés surtout avant les législatives. (Tiens, au Ministère de l’Empathie et de la Compassion, Chérèque ?)

Allez, retournons au boulot ou au chomdu ! A la prochaine soirée électorale :

"nous suivons actuellement la charrette à cheval de François Bayrou qui se dirige vers l’inconnu .... mais on nous appelle de Meaux où nos reporters suivent le cortège de Jean-François Copé battu ce soir ( ( ;-)) ) ... On nous signale aussi un accident ... la voiture de l’avocat Connard (c’est pas une injure et de toutes façons impossible de deviner !Ha !) a glissé sur la route merdoyante de ... ...

09/05/2012 11:31 par Michail

Pourquoi la TV devrait-elle changer ?

Elle fait son job, c’est une machine à décérébrer, elle le fait très bien !

J’avoue être toujours sidéré par le si peu de gens ayant compris ce truisme élémentaire, à croire que personne n’a lu George Orwell gamin ou que pire ce serait devenu une affection génétique ?

La TV c’est comme l’Héroïne, il n’y a pas 36 alternatives, hors du strict boycott on est cuit...

09/05/2012 12:17 par vm

Bien d’accord avec cet article et avec la déclaration du SNJ récemment publiée sur le GS.

Sauf que la médiotélécratie ici décrite me semble de nature à parfaitement supporter le changement qui consiste à passer de l’adulation du clan dirigeant à l’adulation du clan dirigeant..

Il me semble qu’il faudrait que le FdG porte plainte officiellement auprès du CSA pour censure, manipulation des sondages et truquage des temps de parole, notamment avant le premier tour des élections, mais aussi pendant et depuis. Les faits précis ne manquent pas.

Ou bien un appel SNJ et Acrimed sur le même sujet, c’est-à -dire à propos des mêmes faits, soutenu par le public le plus large possible.

Des amis l’ont déjà rappelé (et pour moi c’est un souvenir d’enfance !) :
"Radio-paris ment ,/ Radio-Paris ment,/Radio-Paris est allemand-and,
Radio-Paris-ment, / radio-Paris ment,/ Radio-Paris est allemand".

Refrain bien d’actualité en Europe...

09/05/2012 12:23 par babelouest

Michail, c’est tout-à -fait vrai. De la télévision, il faut se sevrer au plus vite. Voilà plus de dix ans que je l’ai effacée de mon univers, à mon grand bénéfice. En revanche, la personne dont je donne le témoignage continue à pratiquer cette drogue, au (prétexte ?) d’en analyser tares et manipulations. Pourquoi s’y adonner encore, si c’est si mauvais ? Ou alors, se cantonner, comme le fait mon fils, à des chaînes bien précises comme Arte, Histoire, qui justement ne sont pas des chaînes dites "d’infos".

Eh non, le Front de Gauche ne possède pas de chaîne de télé, lui. Seuls ceux qui peuvent s’offrir à la fois ce gadget et les officines de propagande* qui vont avec, osent émettre. Y compris les États.

* la pub n’est qu’une des formes les moins nocives de cette manipulation, c’est tout dire !

09/05/2012 12:29 par babelouest

@ VM
L’enregistrement existe encore.

Merci, Jean Oberlé (auteur) et Pierre Dac (chanteur) !

09/05/2012 13:57 par Michail

@09/05/2012 à 12:23, par babelouest

Ah c’est clair ! D’autant qu’objectivement ça ne présente que des désagréments majeurs et vraiment aucun intérêt !

On a la chance d’avoir aujourd’hui de supers outils de distraction, de culture et d’information et ce pour pour une bouchée de pain. On peut partager des données en famille et/ou entre amis, accéder à ce qui nous intéresse à l’autre bout de la planète pour pas une tune...

A l’heure des réseaux perso multimédia il faudrait être débile pour regarder la TV comme un veau !

D’ailleurs les toxicos de la TV n’arrêtent pas de geindre, (Tout comme les héroïnomanes...) c’est tragique.............................

09/05/2012 15:41 par Anonyme

" Vous regardez toujours l’ancêtre d’internet, bonsoir ..."
Cette ancienne introduction des guignols de l’info avait vu juste. Dans son inaptitude aux transformations essentielles d’une société qui désire progresser, le petit écran se vend encore grace à l’illusion du "contenant" face au contenu. Une fois les populations blasées des écrans plats, elles s’ interrèsseront de nouveaux au choix des textes et images proposées ... Et la, Internet est imbattable. Dans dix années la télévision est une Simca 1000 ...

Le Fou D’ubu

09/05/2012 17:38 par vm

Merci babelouest pour le lien, et je reconnais plus ou moins notre vieille TSF ( en 1944 j’avais 6 ans, maman était toute maigre et on essayait de se chauffer avec un poêle à sciure de bois...)
Occasion de rappeler l’existence du Musée de l’occupation et de la Résistance, très intéressant, situé dans le parc de la citadelle à Besançon.

Oui, il y a heureusement autre chose sur d’autres chaînes (notamment les vieux films en noir et blanc)...
La télévision pourrait être un magnifique outil culturel, et au lieu de ça, entre animateurs hilares barbotant dans le pipole débile, les jeux de c..., les débats insipides et autres experts, quel gâchis, et pour le public, et pour les créateurs ! Depuis le temps qu’on s’accorde à le dire, on ne pourrait pas tenter l’aventure ?

A Besançon aussi, le 31 mai, Denis Sieffert vient parler des médias, et je l’attends avec impatience, car difficile de se remettre de cette campagne, même ou surtout quand on s’y est activé !
S’il était possible de regrouper plusieurs organismes de diverses sortes, entre gauche de gauche et professionnels du métier, pour créer une chaîne alternative indépendante, ce serait un puissant atout pour la suite des opérations.

Et pour conclure, ne laissons pas passer inaperçu (entre autres sujets d’actualité) le tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau !

09/05/2012 18:36 par pilhaouer

Michail : "J’avoue être toujours sidéré par le si peu de gens ayant compris ce truisme élémentaire, à croire que personne n’a lu George Orwell gamin ou que pire ce serait devenu une affection génétique ?"

Babelouest : "On a la chance d’avoir aujourd’hui de supers outils de distraction, de culture et d’information et ce pour pour une bouchée de pain. On peut partager des données en famille et/ou entre amis, accéder à ce qui nous intéresse à l’autre bout de la planète pour pas une tune...

A l’heure des réseaux perso multimédia il faudrait être débile pour regarder la TV comme un veau !"

Désolé, Messieurs de sentir dans ces réflexions un certain mépris de classe et une méconnaissance possible de l’utilisation du Web dans la France profonde !
A votre avis, Orwell est-il lu aussi dans la France rurale, dans les quartiers populaires, qu’à Neuilly ou au Vésinet ?
Où est-on le mieux équipé pour profiter d’Internet ?
Parce qu’ un grand nombre s’abrutit devant la TV, conclure que la masse est naturellement débile peut être valorisant pour ceux qui croient s’extraire de la masse mais n’offre guère de perspectives .
Le lavage de cerveau télévisuel et publicitaire est un levier considérable pour maintenir une société de consommateurs isolés et non de citoyens solidaires. Il faut le combattre activement et en permanence et non en rejeter la responsabilité sur ses victimes.
"Tas de crétins, ne regardez plus le hublot !" est contre-productif et plus facile que de s’emmerder à regarder Calvi et ses zexperts pour en discuter et prouver à ceux qu’il a pu convaincre qu’il y a arnaque.

09/05/2012 21:18 par Michail

09/05/2012 à 18:36, par pilhaouer
....
Désolé, Messieurs de sentir dans ces réflexions un certain mépris de classe et une méconnaissance possible de l’utilisation du Web dans la France profonde !
A votre avis, Orwell est-il lu aussi dans la France rurale, dans les quartiers populaires, qu’à Neuilly ou au Vésinet ?

S’agissant de George Orwell, ça c’est gratuit toujours :

La Ferme des Animaux
1984

(Si voulez les mêmes en vo anglaise, il n’y a qu’à demander)

S’agissant du mépris de classe, de Neuilly et du Vésinet je trouve la plaisanterie vraiment excellente !

09/05/2012 23:33 par Yannik

@ 09/05/2012 à 18:36, par pilhaouer

Désolé camarade, mais je pense que ce n’est pas vrai ce que vous dites.

Est-ce que vous ne connaissez pas des gens - des jeunes plutôt - qui n’ont pas un rond mais qui ont un smartphone dernier cri, avec un abonnement épouvantable, une TV chez eux, une bagnole achetée à crédit, (quand ce n’est pas un modèle made in Germany pour frimer) etc. ? Moi j’en connais plein !

A côté de ça vous avez des gens qui préfèrent prendre les transports en commun ou rouler en VTT, qui ne veulent pas être fliqués par un téléphone cellulaire au coût de revient prohibitif, qui ne veulent pas dépenser du fric dans une télévision qu’ils savent faite pour les abrutir, etc…

Vous avez aussi des gens qui font les poubelles des grosses entreprises, ou demandent aux gens qui y travaillent de se renseigner, sachant qu’ils foutent en l’air régulièrement des cargaisons complètes de matériel informatique encore tout à fait fonctionnel et pas forcément obsolète, et qui prennent le temps et la peine de les monter les vérifier, et les configurer aux petits oignons pour eux, leur assoc, leur famille, leurs potes et se montent de chouettes réseaux pour que d’al, si ce n’est du temps passé et quelques migraines. Une connexion DSL, ça ne coute pas cher et ça peut se partager à plusieurs.

Vous n’en connaissez pas des gens comme ça ?

10/05/2012 00:20 par anonyme X

En effet, Pilhaouer : les outils audiovisuels en sont ce qu’on en fait. Et la propagande n’atteint pas que ceux qui ignorent qu’il s’agit de propagande. Nul ne peut prétendre qu’il n’est jamais passé à côté de l’info.
D’autre part, ceux qui utilisent mal la télévision utilisent probablement aussi mal internet. Et pour le second, les parents ont bien moins la possibilité de contrôle sur leurs enfants.
Et puis, il est vrai, la majorité des enfants ne vivent pas dans des milieux propices à l’instruction. Pour diverses raisons. Rares sont ceux qui ont les moyens de s’instruire, et pas seulement par les livres : en voyageant, en allant dans les musées, dans les bibliothèques, au cinéma, au théâtre, etc.
Et dire que nous avons aujourd’hui accès à la culture facilement et à moindre frais, c’est limiter la culture à sa plus simple expression.
Quant à Internet, Il ne suffit pas d’avoir l’outil (ce qui, contrairement à ce qui est dit n’est pas "gratuit", loin de là ) mais aussi avoir la volonté de s’informer, et savoir où chercher et quoi, et , donc, avoir un guide. Si quelqu’un ne connaît pas Orwell, il est évident, qu’il n’aura pas l’idée d’aller chercher ce qu’il a écrit, même si c’est à sa portée.
D’autre part, avoir lu Orwell ne signifie pas pour autant qu’on a accumulé des connaissances. Pour cela, il faut avoir lu des tonnes d’auteurs et avoir su exercer son sens critique, qui plus est. Et les livres ne sont pas tous, loin de là , en accès libre sur Internet. Ni à portée de main et/ou de bourse.
Et puis, pourquoi Orwell serait-il incontournable et pas tous les autres, ceux qu’on n’a pas lus, par exemple ?
Alors, il en faut des paramètres pour s’instruire.
Et beaucoup de modestie, aussi.
Les intellectuels, sachant combien encore il leur reste à apprendre, expriment leurs doutes, les pédants assènent leurs certitudes.

10/05/2012 10:08 par pilhaouer

@ Yannick

"Désolé camarade, mais je pense que ce n’est pas vrai ce que vous dites. Est-ce que vous ne connaissez pas des gens - des jeunes plutôt - qui ... etc "

Bien sûr que j’en connais, et ça prouve quoi ? (... des jeunes plutôt... Ah ! comment va-t-on convaincre les " vieux")
Qu’est-ce qui n’est pas vrai ?
J’ai dit deux choses : 1. le mépris est contre-productif et 2. la TV, il faut non pas la jeter mais l’investir
On ne se débarrasse pas du capitalisme en élevant des chèvres et en plaisantant sur les esclaves qui gardent leur boulot. Ce qui ne signifie pas que l’élevage de chèvres et les solutions alternatives soient inutiles.

Imaginez qu’Internet soit bien contrôlé et tende à devenir un instrument de propagande (c’est exclu ?), que ferez vous ? Les internautes seront des veaux, vous jetterez votre ordinateur et imaginerez autre chose ?

@ Michail

Merci ! Je vais pouvoir lire un peu ! Mais vous n’auriez pas des BD plutôt ? Et je cherche aussi le æº æ° ç‰©èªž .

"S’agissant du mépris de classe, de Neuilly et du Vésinet je trouve la plaisanterie vraiment excellente !"

Vous avez raison de vous remettre en question . Rire de soi est une des clefs de la sagesse . (J’ai lu ça dans les 108 perles du Dalaï-Lama, que Maxime Vivas m’avait prêté par pitié. ( ;-))

10/05/2012 13:31 par Yannik

10/05/2012 à 10:08, par pilhaouer
@ Yannick

Bien sûr que j’en connais, et ça prouve quoi ? (... des jeunes plutôt... Ah ! comment va-t-on convaincre les " vieux")
Qu’est-ce qui n’est pas vrai ?
J’ai dit deux choses : 1. le mépris est contre-productif et 2. la TV, il faut non pas la jeter mais l’investir
On ne se débarrasse pas du capitalisme en élevant des chèvres et en plaisantant sur les esclaves qui gardent leur boulot. Ce qui ne signifie pas que l’élevage de chèvres et les solutions alternatives soient inutiles.

Ca n’a rien à prouver, on n’est pas dans un procès de Moscou, ni dans un débat théologique de fondamentalistes que je sache ! Ca montre jusque que votre attaque ad hominem sur vos deux contradicteurs outre être inélégante n’a aucune pertinence, pouvoir se débarrasser de ce vecteur de coercition de masse n’a rien d’un luxe de privilégiés. On peut avoir de très faibles moyens pécuniaires, mais les utiliser judicieusement a fortiori si l’on s’organise collectivement même à une échelle très locale et réduite. Vous connaissez peut-être aussi comme moi-même des couples qui malgré deux assez gros salaires qui devraient leur permettre de vivre sans soucis, se démerdent tellement mal en surconsommant des trucs parfaitement inutiles, se retrouvent écroulés de crédits et aux bout du compte se retrouvent avec un pouvoir d’achat utile bien moindre que d’autres ayant des revenus beaucoup plus modestes. Ils ont une grosse baraque, trois bagnoles, prennent régulièrement des vacances sous les tropiques, mais n’ont pas une tune en fait et sont pourris de dettes !

Imaginez qu’Internet soit bien contrôlé et tende à devenir un instrument de propagande (c’est exclu ?), que ferez vous ? Les internautes seront des veaux, vous jetterez votre ordinateur et imaginerez autre chose ?

Il s’avère que l’hypothèse que vous envisagez est un cas d’école absurde, car ce qui précisément a fait le succès du web est qu’il soit incontrôlable de facto. S’il venait à ce que ce ne soit plus le cas Internet disparaitrait aussi vite qu’il est apparu. Tout le monde a pu voir que les régimes qui ont tenté de contrôler ou filtrer Internet ont échoué partout sur la planète.

Quoi qu’il en soit la question de fond ne me semble pas là , la télévision se distingue fondamentalement d’autres vecteurs de communication et/ou de propagation/partage de l’information quelle qu’elle soit par le fait fondamental qu’il s’agit d’un vecteur passif. Partant de là vos contradicteurs me semblent avoir tout à fait raison de souligner que l’accepter relève de la servitude volontaire.

Je trouve d’autre part les autres attaques contre ces deux contradicteurs assez cocasses, car elles démontrent bien à quel niveau de débat se situent ceux qui se sentent personnellement visés par une critique d’un système intellectuellement répressif. Reprocher à Michail une évocation de lecture qui lui revient en tête est tout à fait désopilant, le qualifier d’inculte et de pédant, n’en parlons pas. Certainement aurait-il dû plutôt citer extensivement la bibliothèque de la pléiade ou le dernier animateur TV de prime time vedette n’y aurait-on vu aucun inconvénient ? Cela montre en outre que ceux qui consomment la télévision et la défendent reproduisent le même type de débats que l’on peut y voir ad nauseam à longueur de soirées… Ca me semble donc parfaitement illustrer ce que soutenaient ces deux intervenants !

10/05/2012 14:58 par Michail

10/05/2012 à 10:08, par pilhaouer
@ Michail

Merci ! Je vais pouvoir lire un peu ! (...)

N’oubliez pas surtout de les faire circuler dans la France rurale et les quartiers populaires, hein !

A votre avis, Orwell est-il lu aussi dans la France rurale, dans les quartiers populaires, qu’à Neuilly ou au Vésinet ?

A vous de jouer !

@09/05/2012 à 23:33, par Yannik

Quand on n’est pas du cru on fait parfois l’erreur d’évoquer des sujets qui fâchent, il semblerait que ce soit le cas !

10/05/2012 18:11 par pilhaouer

@ Yannick :

on n’est pas dans un procès de Moscou, ni dans un débat théologique de fondamentalistes que je sache

Vous avez évité de me comparer à Goebbels et préféré Vychinsky et Al Qardaoui ! C’est aussi judicieux qu’élégant !

Et comment arrivez-vous à éviter l’argumentum ad hominem ou ad personam ?

S’il y a des arguments dans votre long texte, vous nous direz lesquels ?

Bonne soirée : à la télé, il y a "Touche pas à mon poste !" sur la 4 .

10/05/2012 19:02 par Yannik

@10/05/2012 à 18:11, par pilhaouer

Vous avez à mon sens tort de prendre de la contradiction pour une agression, mais libre à vous... Pour ce qui me concerne étant un garçon placide, j’ai - je vous l’avoue - une tendance naturelle à prendre plutôt les choses avec philosophie ou tout au moins fair play, il y a parfois malheureusement des situations où l’on n’a d’autre choix que d’être agressif, je garde ma testostérone pour ces cas là ...

11/05/2012 19:42 par anonyme X

Il faudrait lire ce qui est écrit avant de commenter, pour juste laisser croire qu’on a raison. Il n’est nulle part écrit que je défends la télévision, ni que je la regarde. D’ailleurs, cela fait dix ans que je n’ai plus de télévision et que je n’écoute plus la radio. Simplement, je ne raisonne pas en mode "bon, "pas bon". Je réfléchis et j’argumente autrement qu’avec des "j’en connais qui", qui ne vaut pas tripette.
Et puis, dire que nous sommes libres avec Internet, c’est oublier que les sites alternatifs sont ceux qui sont le moins consultés (quelle proportion des abonnés au web consulte le GS, par ex ?), que ce sont les journaux mainstream qui sont le plus lus en ce qui concerne l’information, que ce sont les rubriques pipole qui ont le plus la faveur du public, et que les sites phares sont ceux qui concernent, entre autres, le bricolage, la cuisine et les loisirs créatifs, ainsi que les forums, les sites de jeux et les sites marchands - avec leur cortège de pubs. Et que, donc, Internet est le reflet de la société dans laquelle on vit. La seule différence avec la télévision, c’est que n’importe qui peut y dire n’importe quoi alors que pour la précédente, ces prérogatives sont réservées à des animateurs et des hôtes permanents dûment accrédités et grassement payés.
Le seul avantage évident à Internet, c’est qu’on y trouve une immense banque de documents culturels (régulièrement réactualisés) impossibles d’accès autrement. Mais qui, là encore, sont consultés par une élite seulement.
Ca calme. Mais il faut au moins savoir cela avant de prétendre qu’Internet est "libre". D’autre part, les sites contestataires, les réseaux sociaux, et les forums sont une mine de renseignements pour les autorités. Les services de police appropriés consultent quotidiennement Internet pour savoir ce qui se trame.
Internet, c’est comme la démocratie : une fausse liberté qu’on donne aux gogos pour leur laisser croire qu’ils ont le droit de s’exprimer.
Et, donc, si on laisse vivre les sites politiques alternatifs (même si certains sont parfois fermés), c’est qu’ils ne dérangent pas tant que ça, puisque les affaires marchent très bien par ailleurs. D’autant que les commentaires indigents et les arguments affligeants de certains ne sont pas là pour relever le niveau.
D’autre part, les sites contradictoires sont pléthore et très visités, comme, par ex, les sites d’extrême-droite qui ont pignon sur rue et où les propos racistes et les contre-vérités abondent.
Quand les sites alternatifs dérangeront vraiment, ils seront supprimés ou bâillonnés. Pour l’instant, ils sont soit ignorés, soit diffamés, probablement dans le but de discréditer l’information qu’ils diffusent.
Comme pour les élections, si Internet servait vraiment à quelque chose, il y a longtemps qu’il serait interdit au public dans les "démocraties".
Pour paraphraser une expression célèbre : "The revolution will not be internetised"

11/05/2012 22:20 par Yannik

Ne regardant pas la TV je serais mal placé pour en parler, par contre cela m’arrive très très très occasionnellement de prendre le pouls du ministère de la vérité à la radio, mais à dose homéopathique - cela va de soit - 1/4 d’heure grand maximum. Déjà au bout d’un quart d’heure j’insulte copieusement ma i-radio et ça fait peur à mes pets qui se demandent ce qui m’arrive...

Toujours est-il que depuis la chute du Sarkozystan je me suis offert 1/4 d’heure de France Infos et 1/4 d’heure de BFM, mes deux "préférées" .

Sur France Infos c’est marrant parce que ce n’est plus les mêmes péquins qu’avant le 6 mai qui causent dans le poste comme disaient certains, je ne sais pas si ceux qui chantaient les louanges de l’UMP (mieux que ne le ferait l’UMP) et le nabot déchu sont partis, ou s’ils ont préféré les mettre au placard à balais et mettre des neufs à place, (pour paraphraser Obélix) mais toujours est-il que c’est plus les mêmes, et les nouveaux sont beaucoup plus civilisés ou "normaux" comme on voudra. On n’entend plus répéter "Nicolas Sarkozy" en boucle toutes les 20 secondes comme avant, ça change, ils ont l’air de s’être calmés sur les faits divers, etc. Enfin c’est la métamorphose complète quoi !

Sur BFM, alors là je me suis bidonné gravement, ils sont carrément en guerre, sans rire ! On les imagine émettant d’un abri souterrain antiatomique, tellement ils sont remontés. Pour eux c’est la résistance carrément, les Bolchéviques occupent déjà Paris, ils parlent de "répression fiscale" (sic), on imaginerait presque l’exode des rentiers sur les routes vers la Suisse ! Ils s’apprêtent à vivre 5 ans d’horreur, un vrai cauchemar ! Hollande c’est bien sûr un bon à rien, un charlot même pas capable de présider un club de pèche ou de pétanque, ils voient la France dans 5 ans pire que la Grèce - que dis-je - pire que le Zimbabwe !!!! Au bout d’un quart d’heure j’en avais mal au ventre à rire !

12/05/2012 10:54 par pilhaouer

Oui, et vous proposez quoi, à part se bidonner et pour le reste considérer que la Télé et la radio n’existent pas ?

(Sûr que c’est désopilant BFM ! On pouvait par exemple y voir récemment un certain Truchot hilare et suant la haine commenter un meeting de L.O ou s’exprimait un ouvrier mal habillé .)

Télé et radio sont des véhicules puissants de l’idéologie et surtout de la langue des dominants (voir Eric Hazan sur la LQR) .
Il est impossible de les ignorer. Toute prise de pouvoir passe par la maîtrise de l’info . Évidemment, Internet est un vecteur qu’il faut défendre et utiliser à fond, mais ce n’est pas suffisant. Il faut reprendre pied sur tous les grands moyens d’info. Leur laisser le champ libre, c’est accepter.

12/05/2012 13:44 par Yannik

12/05/2012 à 10:54, par pilhaouer

Oui, et vous proposez quoi

Rien, chacun voit midi à sa porte ! Je ne me suis pas encore proclamé Guru ! Pour ce qui me concerne, mis à part quelques retransmissions radiophoniques d’émissions scientifiques et FIP à l’occasion, je boycotte les médias hexagonaux car je les trouve à chier - si vous me passez l’expression - reste sur le web plus de dix mille autres i-radio aux quatre coins de la planète, il n’y a que l’embarras du choix. (Pour ceux qui apprécient la TV c’est pareil d’ailleurs, même s’il y a un peu moins de choix quand même)

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