Merluchon : Ah ! Te voilà, toi ? La pomponnette fauxsialiste. Garce, salope, ordure, c’est maintenant, que tu reviens ? Et la pauvre gauche dis, qui s’est fait un mauvais sang d’encre ! Elle tournait, elle virait, elle cherchait dans tous les coins... Plus malheureuse qu’une pierre, elle était... Et toi, pendant ce temps-là avec ses macronistes de gouttières... Des inconnus, des bons à rien... Des passants du clair de lune. Qu’est-ce qu’ils avaient, dis, de plus que lui ?
Pomponnette : Rien.
Merluchon : Tu dis "rien." Mais si tu n’avais pas honte - ou pas pitié du vieux Merluchon - tu me dirais : "Ils étaient plus jeunes, plus riches." Et Jean Jaurès, alors, qu’est-ce que tu en fais ? Dis, tes ministres de gouttières, est-ce qu’ils se réveillaient, la nuit, pour réfléchir à ton avenir et à celui de tes petits ? (La pomponnette fauxcialiste, tout à coup, s’en va tout droit vers un tract qui était sur le rebord du four, et elle le lit tranquillement.) Voilà. Elle a vu la Nupes du pauvre Merluchon. Dis, c’est pour ça que tu reviens ? Tu as eu peur de ne pas être élue en juin ?... Va, mets-toi sur mes affiches, ça me fait plaisir... Dis, est-ce que tu repartiras à droite, encore ?
Pomponnette : je ne repartirai plus...
Merluchon : Parce que, si tu as envie de repartir, il vaudrait mieux repartir tout de suite, ça serait sûrement moins cruel...
Pomponnette : Non, je ne repartirai plus... Plus jamais...
Les choeur dans les coulisses : « Elle re-par-ti-ra, elle repartira-a-a, elle repar ah ah ti-ti ra-ha-ha-ha !
Théophraste R. Auteur du livre animalier (inachevé) : « Les chats retombent toujours sur leurs pattes ».
(D’après « La femme du Boulanger », de Marcel Pagnol).