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Les doubles standards, entre Alep et Mossoul

Alors que la presse internationale se lamente de la « reprise des bombardements russes » sur Alep avec l’accord des autorités syriennes, elle se réjouit des « frappes » que prépare la coalition internationale sur Mossoul, avec l’accord des autorités irakiennes. Deux poids, deux mesures. Comme d’habitude, la propagande atlantiste utilise deux vocabulaires distincts : « frappes » généralement « ciblées » ou « chirurgicales » lorsqu’il s’agit des uns, « bombardements » pour les autres.

On pouvait se demander pourquoi, depuis cinq ans que dure la guerre civile syrienne sponsorisée par les « amis » du pays, le martyre d’Alep faisait soudain couler autant d’encre virtuelle mêlée de larmes de crocodile. Le secrétaire d’État Kerry qui hier encore semblait rechercher un accord avec son homologue russe claquait la porte, lançait le terme de « crimes de guerre » et menaçait en termes de moins en moins voilés de traduire les autorités russes devant une cour internationale. Lesquelles autorités russes ne cessaient de protester de leur bonne foi et de leur volonté d’éradiquer les terroristes islamistes.

Un élément de réponse se trouve peut-être dans cet article pêché sur Sputnik News, qui affirme que l’armée russe est convaincue qu’Alep est le « dernier bastion » du terrorisme (anti-Assad) en Syrie et que donc, à l’issue de cette bataille, la guerre pour la préservation du status-quo en Syrie serait pratiquement gagnée. Rodomontades, affirmations exagérément triomphalistes ? Peut-être. Mais cette opération a curieusement le don d’exaspérer les Américains dont on sait qu’ils favorisent les « rebelles modérés » qui leur ont coûté si cher en équipement et en formation.

D’ailleurs si les Russes sont maîtres du terrain en Syrie, ils doivent désormais compter avec un énième coup fourré de la part de leurs amis d’outre-détroit de Béring : la bataille de Mossoul, dont la « Coalition internationale » (c’est à dire les alliés d’Oncle Sam) affirme, là aussi, qu’il s’agit d’écraser le dernier bastion en Irak du terrorisme salafiste / des djihadistes de Daech, enfin allez savoir, des méchants vilains pas-beaux, en leur ménageant une porte de sortie ... vers la Syrie.

Il faut ici préciser une information indispensable à la compréhension des enjeux : dans le lexique officiel US (repris à l’identique par l’ensemble du « monde libre »), l’EI, ou Daech, ou les djihadistes, sont d’affreux terroristes où qu’ils se trouvent, sauf en Syrie. Dès qu’ils franchissent les frontières de ce pays, les affreux terroristes se transforment magiquement en « rebelles modérés » et ils doivent alors être aidés et protégés de toutes les façons possibles.

C’est à cette condition que tout s’éclaire soudain : les parachutages « par erreur » d’équipements et de munitions au front Al-Nosra en Syrie, les bombardements alliés « par erreur » sur les forces gouvernementales qui s’apprêtaient à donner le coup de grâce à un bastion rebelle, les négociations de la mi-octobre à Lausanne puis à Londres entre Russes et Américains avec les représentants de l’Arabie saoudite et du Qatar (mais sans la France et le Royaume-Uni).

L’adage « votre terroriste est notre combattant de la liberté » a encore de beaux jours devant lui.

Christophe Trontin
24/10/2016

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