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Les mystifications de la pratique du droit d’asile

Les militants d’extrême-gauche sont presque toujours des inconditionnels du droit d’asile qu’ils estiment hors de discussion. Sur cette question, comme sur beaucoup d’autres mettant en cause l’idéologie des droits de l’homme, ils se trompent.

Qui sont les réfugiés politiques qui bénéficient du droit d’asile aujourd’hui en France ? Sachant que les réfugiés climatiques n’existent pas et que les réfugiés de guerre restent en général près de chez eux, dans l’espoir de pouvoir y retourner ?

Le droit d’asile a été détourné pour servir de justification à l’importation de main d’œuvre corvéable (voir :"La nouvelle cause des grands patrons") Sur les dizaines de milliers de demandeurs d’asile annuels, acceptés ou déboutés, très peu peuvent être qualifiés de réfugiés politiques, et ceux qui le sont, sont en général de droite et militent pour imposer dans leur pays d’origine des principes et des politiques que les militants en question ne voudraient pas voir appliquer ici.

Les quelques réfugiés légitimes parvenus jusqu’en Occident à partir des zones de guerre (Irak, Syrie, Afghanistan) n’auraient pas eu à fuir leur pays si nous-mêmes n’y avions pas provoqué la guerre par nos ingérences impérialistes - et que les militants en question n’ont pas su empêcher, ou qu’ils ont même approuvé. Les guerres sponsorisées par l’Occident et la Turquie en Libye et en Syrie en livrant ces pays et les zones maritimes qui les bordent aux terroristes et à tous les trafics d’êtres humains sont à l’origine directe des milliers de morts annuels en Méditerranée, au large de l’Italie, de l’Espagne et de la Grèce. En Ukraine, la guerre actuelle est le résultat direct des ingérences de l’OTAN dans ce pays, et du sabotage des accords de Minsk.

En ce qui concerne les réfugiés politiques proprement dits, cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus guère de réfugiés de gauche. Les derniers en date sont les militants persécutés en Amérique latine des années 1970 ; la persécution politique n’a certainement pas cessé depuis ce temps-là mais le flux s’est mystérieusement tari d’un coup dans les années 1980. Et les réfugiés italiens des années de plomb, dont le statut vient d’être une nouvelle fois brutalement remis en question. Et, dans une certaine mesure, les Kurdes.

Les réfugiés politiques ou soi-disant tels au XXIème siècle sont majoritairement des individus qui à l’instar des parents de l’assassin de Samuel Paty ont quitté leur pays d’origine où ils se sont rendu indésirables pour terrorisme, fascisme, fondamentalisme religieux, séparatisme ethnique, liens avec des services secrets de pays étrangers – sans parler de la corruption. Soutenir de tels réfugiés est en fait un acte d’hostilité envers leurs pays d’origine (Cuba, Russie, Chine, Venezuela, Syrie, etc.), et les raisons humanitaires qui sont invoquées ne sont que des prétextes à l’intention de ceux qui veulent bien se laisser tromper.

Depuis la fin des années 1980, ceux qui combattent le capitalisme ne bénéficient jamais de ce statut, et il est remis en cause pour ceux qui l’avaient obtenu auparavant. Même les sociaux démocrates libéraux laïcs algériens l’obtenaient difficilement les années 1990. Mais il est vrai que la plupart de ceux qui sollicitent le statut aujourd’hui n’a tout simplement jamais eu aucune activité politique.

Le droit d’asile tel qu’il est pratiqué aujourd’hui est une pure tartufferie. Le monde est rempli de réfugiés du genre des oligarques voleurs russes en fuite ou des parasites sociaux vénézuéliens grassement entretenus avec l’argent volé à leur pays par les gouvernements et les institutions financières occidentales, et les défenseurs des droits de l’homme sont assassinés chaque jour en Amérique latine dans l’indifférence absolue de leurs collègues patentés de ce coté-ci de l’océan.

Il devrait être clair pour les militants en question que défendre le droit d’asile des fascistes, des intégristes, ou simplement des admirateurs inconditionnels du libéralisme est non-pertinent (aux États-Unis de tels « réfugiés » iraniens ou tibétains ont participé avec enthousiasme à la tentative de putsch du Capitole en 2021). Cela ne témoigne pas comme le croient ceux qui le font de leur grandeur d’âme, mais de leur narcissisme moral, couplé à une certaine hypocrisie politique : si on veut protéger les séditieux de Hong Kong, c’est qu’au fond on n’a rien à dire contre leur désir de capitalisme occidentalisé.

Qu’on ne vienne pas dire avec un air outragé qu’on défend dans le cas de ces pseudo-réfugiés « la liberté » en soi. La liberté politique en termes absolus n’existe pas. La liberté des fascistes, et des agents de l’impérialisme, c’est notre mort, et notre liberté, c’est les fascistes, les pro-impérialistes, et surtout les patrons qui les financent, en prison !

Et quant à la démocratie, il faut avoir un sacré culot pour prétendre qu’on vit ici en démocratie, et que c’est la démocratie que les militants stipendiés des "révolutions de couleurs" que nos gouvernements protègent, à l’instar du notoire Navalny, cherchent à instaurer dans leurs pays !

Rosa Luxembourg que les militants en question admirent beaucoup avait dit « la liberté c’est la liberté de ceux qui ne pensent pas comme moi » et on la félicite grandement dans la sphère libérale (et libertaire) pour ces bons principes qui finalement ne lui ont pas servi à grand chose, puisque ceux qui ne pensaient pas comme elle l’ont tuée.

GQ, 20 mai 2021, revu le 9 juin 2023

PS Si Rosa Luxembourg avait été moins tolérante et si elle avait conduit la dictature du prolétariat au pouvoir en Allemagne dans les années 1920, la bohème berlinoise aurait sans doute été moins libre de s’envoyer en l’air, mais le IIIème Reich n’aurait pas pris la suite de la République de Weimar en 1933, et les futurs nazis auraient été rééduqués. Sauf bien sûr ceux qui se seraient réfugiés à l’étranger qui auraient bénéficié comme leurs congénères russes du passeport Nansen (qui fut par contre refusé dans la réalité historique aux juifs allemands).

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