RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Israël tente d’interdire toutes les célébrations religieuses non juives

Les sapins de Noël terrorisent les Israéliens (Counterpunch)

Nazareth - L’importante minorité palestinienne d’Israël est souvent considérée comme une menace pour la majorité juive. Le taux de reproduction des citoyens palestiniens constitue pour elle une "bombe démographique à retardement" et le coeur du programme politique des Palestiniens israéliens - la revendication qu’Israël devienne "un état pour tous ses citoyens" - est la preuve, aux yeux de la plupart des Israéliens juifs que leurs compatriotes représentent vraiment une "cinquième colonne".

Mais qui imaginerait que les Juifs israéliens auraient peur d’un simple sapin de Noël ?

La nouvelle a fait surface il y a deux ans quand on a appris que Shimon Gapso, le maire du haut Nazareth, avait interdit les sapins de Noël dans les bâtiments publics de la ville septentrionale israélienne.

"Le Haut Nazareth est une ville juive et tous ses symboles doivent être juifs," a déclaré Gapso. "Tant que je serai maire, il n’y aura pas de symboles non-juifs dans la ville".

La décision reflétait en partie sa déception de constater que justement le Haut Nazareth, construit dans les années 1950 pour être le fer de lance du programme de "judéïsation de la Galilée" avait échoué dans sa mission.

Loin "d’engloutir" la ville historique palestinienne voisine de Nazareth, comme le souhaitaient les officiels, le Haut Nazareth est devenu avec le temps le lieu de résidence des Nazaréens aisés qui ne parvenaient plus à se loger dans leur propre ville, pour la bonne raison que presque tout l’espace constructible disponible avait été confisqué pour créer le Haut Nazareth.

Les Nazaréens, dont beaucoup sont des chrétiens palestiniens, ont donc acheté des maisons dans le Haut Nazareth à des Juifs - souvent des immigrants de l’ex Union Soviétique - qui voulaient quitter la Galilée majoritairement palestinienne et se rapprocher de Tel Aviv, au centre du pays.

L’exode des Juifs et l’afflux de Palestiniens a conduit le gouvernement à qualifier secrètement le Haut Nazareth de "cité mixte" au grand désespoir de Gapso. Le maire qui est un grand ami d’Avigdor Lieberman, le politicien d’extrême droite, exprime régulièrement des opinions anti-arabes virulentes ; il est allé récemment jusqu’à dire que les Nazaréens étaient "des habitants qui haïssaient Israël, que leur place était à Gaza" et que leur ville "était un nid de terroristes au coeur de la Galilée".

Bien que ni Gapso, ni le gouvernement n’aient publié de chiffres qui permettraient d’avoir une idée précise du rapport démographique dans la ville, on estime qu’un cinquième au moins des habitants du Haut Nazareth sont palestiniens. Il y a aussi désormais des élus palestiniens au Conseil Municipal de la ville.

Mais Gapso n’est pas le seul à s’opposer violemment au multiculturalisme. Isaiah Herzl, le grand rabbin de la ville, refuse de voir un seul sapin de Noël dans le Haut Nazareth au motif que "cela choquerait les Juifs".

Cette façon de voir reflète la position officielle du rabbinat du pays. Les rabbins essaient de toutes leurs forces d’empêcher les célébrations de Noël dans les bâtiments publics et même dans les centaines d’hôtels du pays.

Il y a eu dernièrement un article dans Haaretz sur un Juif israélien qui cultive et vend des arbres de Noël ; il expliquait que : "le Rabbinat interdit aux hôtels -sous peine de leur retirer leur licence de kashrut - de décorer leurs halls avec du houx et d’installer, à Dieu ne plaise, le plus petit arbre de Noël lumineux dans un coin de l’entrée".

En d’autres termes, le Rabbinat terrorise discrètement les propriétaires d’hôtels et les force à ignorer Noël en les menaçant de leur enlever les moyens d’exercer leur métier. Retirer à un hôtel son certificat de kashrut (kosher) le priverait de la plus grande partie de sa clientèle juive israélienne et étrangère.

Il est rare que des maires et des rabbins se retrouvent dans la position inconfortable d’avoir à s’exprimer publiquement sur le danger que représentent les décorations de Noël. En Israël la ségrégation entre les Juifs et les Palestiniens est presque absolue. Même les rares villes considérées comme mixtes sont en réalité des villes juives avec quelques ghettos insalubres en périphérie pour les Palestiniens.

A part le Haut Nazareth, la seule autre ville "mixte" où on trouve des Chrétiens palestiniens en nombre significatif est Haïfa, la troisième ville d’Israël. On parle souvent de Haïfa comme d’une ville multiculturelle et tolérante, un titre qu’on ne risque pas de lui ravir par manque de compétiteurs.

Mais cette narrative cache une réalité plus sordide. On a eu connaissance dernièrement d’une lettre du Rabbinat à tous les hôtels et même aux halls de réceptions de la ville leur rappelant de ne pas héberger de groupes venant célébrer la Nouvelle Année le 31 décembre (la Nouvelle Année juive est à un autre moment de l’année), sous peine de perdre leur licences de kashrut.

"Il est absolument interdit d’organiser quelque soirée que ce soit à la fin de l’année qui ait quelque chose à voir avec des célébrations non-juives," lit-on dans cette lettre.

Après que la lettre ait été publiée sur Facebook, le maire de Haïfa, Yona Yahav, pour limiter les dégâts, a désavoué le Conseil Rabbinique de la ville et spécifié qu’il n’était pas question d’interdire les soirées de réveillon. Mais il est difficile de savoir si Yahav a le pouvoir de faire respecter sa décision par des autorités rabbiniques habituées à faire ce qu’elles veulent.

Ce qui est certain en tous cas, c’est que les manifestations d’intolérance religieuse quasi haineuses contre les non-Juifs sont monnaie courante, mais la plupart du temps elles s’exercent dans les coulisses parce qu’Israël tient à son image d’état "Juif et démocratique" et ne veut pas scandaliser les millions de touristes et pèlerins chrétiens qui viennent en Israël tous les ans.

Jonathan Cook

Jonathan Cook a gagné le prix spécial Martha Gellhorn du Journalisme. Ses derniers livres sont : "Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East" (Pluto Press) et "Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair" (Zed Books). On peut consulter son nouveau site Web : www.jonathan-cook.net.

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2012/12/24/terror-in-a-christmas-tree/

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 18772
  

Même Thème
Israël, Les 100 pires citations
Jean-Pierre Bouché, Michel Collon
Ce livre contient 100 citations de dirigeants, stratèges et penseurs sionistes, des origines du mouvement jusqu’à aujourd’hui. À partir de ces citations, il s’agit pour les auteurs de faire une analyse à la fois documentée et ludique de la pensée sioniste à travers les années. Les auteurs montrent ainsi qu’il y a bien une pensée sioniste cohérente qui se perpétue à travers le temps. Le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part : il prend sa source au moment même où le projet sioniste s’est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses.

Karl Marx

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.