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Lettre à « LA GAUCHE » qui nous a trahis !

La conversion des grands partis de gauche au néolibéralisme restera dans les annales comme leur plus grande forfaiture. Cette orientation libérale fut appliquée avec d’autant plus de férocité que, zèle du nouveau converti oblige, il s’agissait de donner des gages de soumission aux 1%.

La campagne de François Hollande illustre à merveille cette duplicité essentielle. Aux sans-dents, dont il faut bien aller pêcher les voix, il leur dit : “ Mon ennemi, c’est la finance ”. Aux maîtres du monde, c’est-à-dire ses véritables employeurs, ils les rassurent : “ I’m not dangerous ”. Tout est résumé dans la séquence. Et dire que des millions de pigeons y crurent !

Le hic, c’est que le mirage ne dure qu’un temps ; les reniements constants démolissent à grande vitesse le capital confiance historique de ces partis. En Espagne, le PSOE est en chute libre. En Grèce, le PASOK s’est complètement effondré. En France, loin du renouveau anglais, le PS en est encore à la phase suicidaire. Avec la loi dite “ El Khomri ”, la phase terminale est imminente ; le gouvernement de droite va bientôt réussir l’exploit de mettre dans la rue des millions de personnes... dont la plupart avait voté pour Hollande !

En ce qui concerne la destruction des partis, depuis 20 ans qu’on y assiste – et en Europe de l’Est l’effondrement des sociolibéraux post communistes coupables de l’implantation du néolibéralisme est encore plus flagrante... – je me demande si cela ne fait pas partie de la stratégie de destruction des Etats ? Plus de partis, plus de structures sociales sur laquelle s’appuyer... et le peuple peut être reconstitué en bandes, en communautés, en entités qui ne font plus nation...

Les relations entre les hommes politiques et l’oligarchie sont souvent occultes et indirectes. Le manque de discrétion de la classe politique n’est qu’un révélateur de la puissance de l’oligarchie qui n’estime plus nécessaire de dissimuler les ficelles avec lesquelles elle fait danser ses pantins.

Je n’ai jamais vraiment cru que la gauche changerait les choses. Mais, après Sarko, comme beaucoup je pense, je croyais que nous avions atteint un « maximum ». Que la gauche ne pourrait être que mieux, pas transcendante, mais mieux. Au final Hollande est même allé au-delà des promesses de campagne de ... Nicolas Sarkozy !

Je ne m’attendais pas à grand-chose et pourtant, aujourd’hui, jamais je n’aurais été autant en colère. Je m’en veux, tout d’abord, d’être resté trop longtemps à regarder la politique de loin. Certes par dépit, cette démotivation que bon nombre ressentent. Le fameux « Qu’est ce qu’on y peut ! ». Je dois au moins remercier « la gauche » pour mon soudain éveil politique.

Au début, j’avais juste des petites sensations désagréables entre Cahuzac qui nous fait la morale sur la fraude et l’évasion fiscale pendant que lui et sa femme détournaient 3 millions d’euros et que Macron, l’ancien banquier de Rothschild supposé de gauche, nous annonçait sans trembler des genoux que « s’il était chômeur, il n’attendrait pas tout de l’autre. Il essaierait de se battre », dans un joli costume qui dépassait aisément un smic mensuel.

Mais malgré ça, je me disais : « c’est mieux que Sarko. ». Erreur, car après Charlie ... La loi sur le renseignement. Pour la première fois vous avez réussi là où Sarko avait toujours échoué en faisant accepter de surveiller l’ensemble de la population dans les moindres recoins de sa vie privée au nom de la sécurité. J’étais déçu, mais je continuais de croire en vous, « la Gauche ». Quand on est con comme disait l’autre... Et un an plus tard, les attentats du Bataclan secouent la France... Et là non plus tu n’as changé ni ta politique étrangère, ni tes fréquentations peu recommandables : biseness is biseness !

Je n’ai pas compris. Je n’ai pas compris comment un parti dit socialiste pouvait soudainement devenir totalitaire. Je suppose que c’est ça le socialisme national. L’état d’urgence est décrété et prolongé encore et encore. On apprend rapidement que certains jeunes de nos banlieues partent pour Daesh et Valls est applaudi quand il déclame à l’hémicycle « Aucune excuse ne doit être cherchée, aucune excuse sociale, sociologique et culturelle. » ... Je me sens trahi.

J’ai cru que vous vous arrêteriez là. Après tout, les élections c’est dans un an. Mais non, maintenant vous vous attaquez aussi au travail, aux salariés, aux précaires, bref à la majorité des français pour le seul profit d’une petite caste. Rien n’est trop bon pour elle, après lui avoir déversé des milliards vous entendez nous livrez, sans droits, à toutes ses exigences !

Alors, j’avoue que je ne sais pas trop quoi faire, mais je saisirai chaque occasion. Chaque manif, j’y serai, chaque mot que je pourrai dire contre vous, je le dirai. Je vais me réintéresser sérieusement à la chose publique et politique, car c’est en désertant ces terrains que l’on laisse le champ libre aux crapules de votre espèce !

Je vous hais.

À présent, et pas seulement pour l’élection de 2017, « La gauche », plus jamais tu n’auras ma voie, ni aucun de ceux qui osent passer des accords avec toi sous quel prétexte que se soit...au second tour je ferai parti des abstentionnistes, après avoir exprimé ma rage en votant au premier tour pour ceux que vous appelez dédaigneusement « l’extrême gauche » !

Signé d’un électeur trahi, comme tant d’autres

»» http://2ccr.unblog.fr/2016/03/16/lettre-a-la-gauche-qui-nous-a-trahis/
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Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary
HOCQUENGHEM, Guy
Préface de Serge Halimi : Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des « repentis » socialistes et gauchistes vers le sommet de la pyramide, il n’y avait pas méprise, mais accomplissement, qu’un exercice prolongé du pouvoir les avait révélés davantage qu’il les avait trahis. On sait désormais de quel prix - chômage, restructurations sauvages, argent fou, dithyrambe (…)
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Ce qui distingue principalement l’ère nouvelle de l’ère ancienne, c’est que le fouet commence à se croire génial.

Karl Marx

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