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Libye : Combien de mains sales ? (Dissident Voice)

Oh la toile enchevêtrée qu’ils tissent
Quand ils veulent envahir
Un pays souverain et mentir
Au monde sur leur croisade sinistre

Michael Leunig, Poète, Caricaturiste

Ce week-end, un article détaillé suggérait qu’un "agent secret français, agissant sur les ordres stricts de Sarkozy, le président de l’époque, était soupçonné du meurtre du colonel Kadhafi" perpétré le 20 octobre dernier.

Tout en gardant à l’esprit que les insurgés soutenus par l’OTAN, et maintenant au pouvoir après avoir quasiment réduit en ruines une grande partie de la Libye, déstabilisé et terrorisé dans l’espoir de s’approprier les ressources libyennes au lieu d’en faire profiter le pays, ont toutes les raisons de se distancer de la boucherie qu’a constituée la mort ignoble de Kadhafi, ces nouvelles allégations mettent en lumière des aspects intéressants.

L’assassin français se serait, paraît-il, infiltré au coeur de la foule qui était en train de malmener violemment le colonel, et lui aurait tiré une balle dans la tête.

"Le motif, selon une source (libyenne) bien informée" était d’empêcher qu’on puisse interroger le colonel Kadhafi sur ses liens avec Sarkozy.

Le Daily Mail avait déjà révélé, en citant un note de service du gouvernement français publiée par un site web d’investigation, que 50 millions d’euros avaient été "blanchis par le biais de compte bancaires panaméens et suisses... en provenance du colonel Kadhafi vers un fond (de Sarkozy en 2007) pour les élections présidentielles" ce qui aurait, si c’est vrai "enfreint les lois de financement de la vie politique". Le journal citait aussi "les nombreuses visites de Sarkozy en Libye".

Il ajoutait que :

Le compte suisse a été ouvert au nom de la soeur de Jean-Francois Copé, le bras droit du président et le dirigeant de l’UMP, le parti de Sarkozy.

Le fils de Kadhafi, Saif alIslam, dont la vie ne tient déjà qu’à un fil et sera encore plus menacée s’il est finalement soumis au "système judiciaire" libyen, s’est exprimé clairement sur le financement de la campagne de Sarkozy : "Nous avons tous les détails et nous somme prêts à tout dévoiler... Nous l’avons financée."

Il n’est pas étonnant que Saif, qui a généreusement fait don de 1.5 million de livres à son ancien lieu d’études, la prestigieuse London School of Economics — où il avait participé à la Conférence annuelle Ralph Miliband en mai 2010, du nom du philosophe renommé père de l’ancien secrétaire aux affaires étrangères David Miliband et de son frère Ed, le dirigeant actuel du parti travailliste — ait été abandonné par les puissances occidentales qui l’avaient si bien accueillies avant de conspirer pour commettre un autre mauvais coup, cette fois contre son pays, la Libye.

Sarkozy, devenu président, a reçu en grande pompe le colonel Kadhafi pour une visite d’état à Paris en décembre 2007, l’appelant "frère guide" et faisant installer sa tente bédouine près du palais de l’Elysée.

Tony Blair, a bien sûr rendu visite à Kadhafi à plusieurs reprises, allant même jusqu’à utiliser l’avion privé de ce dernier, pour conclure d’importants accords économiques. Lui aussi est resté muet sur la mort horrible de Kadhafi et le sort atroce réservé à ses enfants, ses petites enfants et son pays.

Le Daily Mail précise aussi que :

Le mandat des Nations Unies qui instaurait (la mal nommée) "zone d’exclusion aérienne" spécifiait expressément que les alliés occidentaux ne pouvaient pas s’ingérer dans les affaires intérieures du pays.

En dépit de cela, les bombardements quasi quotidiens n’ont cessé qu’avec le renversement de Kadhafi et il est apparu qu’il y avait des "conseillers" français et anglais sur le terrain.

Mahmoud Jibril, qui a servi de premier ministre intérimaire après le renversement de Kadhafi vient de dire à la télévision égyptienne : "C’est un agent étranger qui s’est mêlé aux brigades révolutionnaires pour tuer Kadhafi."

Selon le journal, une autre source de Tripoli a dit : "Sarkozy avait toutes les raisons d’empêcher de toute urgence que le colonel ne parle" et une autre "source diplomatique" a aussi mentionné les menaces de Kadhafi de révéler les détails financiers du financement de la campagne présidentielle française de 2007.

Un autre élément intéressant, s’il est exact, a été apporté par Rami El Obeidi "l’ancien dirigeant des relations internationales du Conseil National de Transition (qui) a dit savoir que Kadhafi avait été repéré par un système de communication satellite alors qu’il parlait au président syrien Bashar Al-Assad." Ce qui nous amène à nous poser une question éléphantesque : les deux attaques meurtrières soutenues par l’occident contre la Libye, la Syrie et leurs leaders sont-elles connectées ?

Le président de la Syrie détient-il des informations sur les douteux trafics d’argent supposés ?

Un autre détail intéressant : Ben Oman Shaaban (22 ans), un de ceux qui ont attaqué le colonel Kadhafi, a été gravement blessé en juillet par des loyalistes de Kadhafi semble-t-il. Il a été emmené en France par avion pour y être soigné et il est mort dans un hôpital français la semaine dernière. Shabaan était réputé pour brandir en toutes occasion le revolver avec lequel le colonel aurait été tué. Si c’est vrai, il devait aussi détenir des informations intéressantes sur les horribles évènements de la journée.

Sarkozy a constamment nié avoir reçu de l’argent du leader libyen et n’a pas voulu répondre aux questions du Daily Mail. Une enquête est en cours sur des "soupçons d’irrégularités financières".

Il est utile de mentionner qu’en novembre 2007, juste avant la visite de Kadhafi à Paris :

Une dépêche du Département d’Etat étasunien s’inquiétait du fait que "ceux qui dirigent la vie économique et politique en Libye s’orientent vers une gestion de plus en plus nationaliste du secteur énergétique" et qu’il y avait "de plus en plus de signes du nationalisme libyen en ce qui concerne les ressources naturelles".

La dépêche citait une déclaration de Kadhafi dans un discours de 2006 : "Les compagnies pétrolières sont contrôlées par des étrangers qui en tirent des millions. Maintenant les Libyens doivent prendre leur part de ces profits".

Le gouvernement de Kadhafi avait forcé les compagnies à donner des noms libyens à leurs filiales. Et pire encore, "les lois du travail avaient été amendées pour ’libyaniser’ l’économie" c’est à dire pour qu’elle profite aux Libyens.

Les compagnies pétrolières "étaient incitées à employer des managers, des comptables et des directeurs du personnel libyens".

C’était vraiment tout à fait insupportable !!

On ne s’étonne plus alors que le président Obama, prix Nobel de la paix, ait déclaré à l’annonce de la mort ignominieuse de Kadhafi que "c’était une journée historique." (BBC, 20 octobre 2011.) Ni de l’exclamation dans un éclat de rire vulgaire de Madame Clinton : "Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort."

Il y a une seule chose de sûre dans toute cette honteuse affaire de "changement de régime" en Libye : c’est que personne n’a les mains propres.

Et où est le corps du colonel Kadhafi ?

Felicity Arbuthnot

Felicity Arbuthnot est une journaliste spécialiste de l’Irak. Elle a écrit avec Nikki van der Gaag : "Baghdad in the Great City" et des séries pour World Almanac books ; elle a aussi dirigé les recherches de deux documentaires de John Pilger sur l’Irak qui ont été primés : "Paying the Price : Killing the Children of Iraq" et "Denis Halliday Returns" pour la télévision irlandaise.

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2012/10/libya-how-many-dirty-hands/

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 17895
   
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Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire.

Lénine

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