RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Les Femen, passe, mais un sportif....

Mahiedine l’enchanteur

Il court, il saute, Mahiedine l’enchanteur. Il se joue des obstacles avec la grâce de ceux qui ne craignent pas la pesanteur. Devant mon écran de télévision, j’ai l’impression de changer d’état et de m’élever avec lui tellement sa manière me séduit.

C’est à ce moment là un athlète splendide, fier, audacieux, ambitieux, joueur, frondeur, une humanité d’homme qui n’a pas manqué, avant la course, d’encourager, de recharger son partenaire Yoann Kowal pour lui permettre de vivre sa plus belle soirée d’athlète amoureux : « Nous allons faire le travail disaient-ils tous les deux » en marchant dans la rue sous les caméras de France Télévision. L’idée m’est alors venue que nous avions là un des plus grands coureurs de l’histoire du demi-fond français. Et puis, avant d’affronter la dernière ligne droite, il retire son maillot, comme la mise à nu de celui qui n’a rien à cacher ; il ne gène personne, il n’a bousculé aucun de ses concurrents et les Espagnols sont loin, battus sur la piste, en toute vérité sportive.

Mahiedine ne jette pas son maillot. Il le prend d’abord entre les dents pour franchir le dernier obstacle avant de le serrer précieusement contre son coeur et franchir la ligne d’arrivée le sourire moqueur d’un homme au sommet de son art. Il y a du panache dans cette gestuelle qui en fait un être déraisonnable, mais notre société ne manque-t-elle pas d’hommes déraisonnables, de ceux qui ne cessent de faire l’expérience des limites. Ça me donne des frissons, car j’ai devant moi la qualité d’un champion libre qui honore son pays, qui m’honore.

Alors, ça papote sur les plateaux, ça interroge sur l’inconduite, la gaminerie de l’athlète, personne ne parle de l’explosion joyeuse de cet homme nouveau qui est venu là pour la fête et non pas pour les basses besognes de ceux qui comptent les breloques. La rumeur n’a pas le temps de s’installer car le jury réagit vite et bien, qui le sanctionne d’un carton jaune, un peu à la manière des arbitres de foot qui agitent la même couleur lorsqu’un joueur quitte son maillot, après avoir marqué un but. C’est un coup de semonce, mais c’est la décision d’un jury souverain qui pense à hauteur d’homme et qui prend la mesure d’un geste qui n’est pas celui d’un tricheur, ni d’un provocateur. D’après l’article machin du règlement Ubu, il n’avait pas le droit de se dévêtir avant de prendre sa douche. Certains murmurent même qu’il s’agit là d’un acte antisportif. Mes oreilles s’échauffent, car tous les commentaires effacent la course, ce merveilleux spectacle que viennent de nous offrir les coureurs du 3000 steeple, mon épreuve préférée. L’affaire est lancée, le sport est dans l’oubli, car les chercheurs de bronze Espagnols veillent et portent réclamation. Ils ont dû calculer, de manière peu savante mais combien efficace, qu’ils pouvaient faire disqualifier le vainqueur et permettre à un de leurs coureurs, quatrième, de monter d’un cran sur le podium. Pour moi, trop c’est trop ! Je le savais, mais que la course aux médailles l’emporte sur la course réelle, à ce point, j’ai du mal à le digérer.

Pour moi, la réclamation espagnole est le geste le plus antisportif qui soit, car faire perdre un athlète qui n’est pour rien dans la défaite des autres, ça dépasse mon entendement. Mais enfin, non seulement il les bat à la régulière, mais encore il invente un obstacle de plus pour lui, le retrait du maillot en pleine course : faites donc l’essai de retirer votre tricot de corps pendant que vous courez.

Et puis, la nouvelle tombe de la bouche d’une officielle qui sourit (étrange ce sourire) en déclarant que Mahiedine Mekhissi-Benabbab est disqualifié et que, par conséquent, c’est Yoann Kowal qui est proclamé champion d’Europe. Eh bien non ! il n’est pas le champion, il est le deuxième, ce qui est remarquable, et l’Espagnol le quatrième. Ils peuvent faire et dire ce qu’ils veulent, le vainqueur c’est Mahiedine, victime d’un règlement que tout le monde ne devrait pas ignorer mais que pourtant personne ne connaît vraiment.

Des pantins hypocrites ont frappé ! C’est une véritable pantalonnade.
En effet, le jury dit souverain s’est disqualifié en oubliant la première décision en jaune qui était suffisante pour respecter, dans l’esprit, la règle.

C’est tout simplement une dévastation de la morale. Comment ne pas penser à celui qui va se retrouver sur le plot de bronze, qui sait parfaitement qu’il usurpe ce titre et que sa délégation lui donne le rôle peu enviable d’imposteur. C’est un vol !

Sur le plateau de France 2, l’animateur s’insurge, se reprend, mais ne peut contenir sa colère, avec le soutien d’une athlète française qui trouve la réclamation espagnole choquante et déplacée. J’aime les gens qui manquent parfois de retenue, fidèles à leurs émotions et qui, dans toutes circonstances, ne craignent pas la critique des gestionnaires de la pensée correcte.

Maintenant, je rêve d’un podium où le coureur espagnol refuserait de monter à la place qu’il n’a pu atteindre et où les deux autres athlètes décideraient de laisser la place du premier vacante.

Dans cet événement singulier et joyeux, Mehiedine n’a vu aucune malice. Son sourire, son torse nu et sa joie de vaincre ont donné naissance à un éclair de clarté qui a semé le trouble et m’a enchanté. J’espère seulement qu’il sera présent au départ du 1500 mètres pour une nouvelle aventure des limites là où la vie humaine devient lumineuse par la seule volonté des athlètes.

Guy Chapouillié

URL de cet article 26712
  

Ainsi parle Chávez
Hugo Chávez, figure du Venezuela et de l’Amérique latine contemporaine, si critiqué et diffamé dans la plupart des médias, était indéniablement le président métisse, issu d’une famille pauvre, avec lequel les classes populaires pouvaient s’identifier. Pendant 13 ans, chaque dimanche, il s’est adressé à son peuple dans une émission appelée « Allô président », fréquemment enregistrée sur le terrain et en public. Ce livre recueille certaines de ses allocutions. Tour à tour professeur, historien, blagueur, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le prix à payer pour être présenté par les média comme un candidat "responsable et sérieux" est généralement d’être en accord avec la distribution actuelle de la richesse et du pouvoir.

Michael Lerner

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.