On connaît depuis longtemps la fiabilité des chiffres donnés par la police.
Il y a 35 ans, Reagan relançait la course aux armements et Chirac jouait à affronter Mitterrand à propos de l’école privée (seul terrain sur lequel ils pouvaient faire semblant d’être différents).
Il y eut, bien sûr, des manifs.
Bizarrement au même endroit, sur la Pelouse de Reuilly.
Eh bien, cet endroit, de même surface avec la même densité de manifestants, une fois contre les bombes, une autre fois pour l’école catho, c’était 50 000 selon la police ou 500 000 selon ... la police, en fonction de la couleur de la manif.
Zapartça, il est dommage que la majorité des Français soient des veaux, sinon ils auraient compris comment certains comptent les manifestants en voyant « L’Œil du 20 Heures », de l’équipe à David Pujadas.
Brillante démonstration que la CGT raconte des blagues car le chemin entre Italie et Invalides ne peut pas contenir un million de manifestants, sauf à les tasser à cinq au mètre carré, trottoirs compris.
C’est évident. « La preuve par l’image » comme l’a si bien dit Pujadas à Martinez.
Il suffit de supprimer le paramètre du temps dans un événement qui duré plus de cinq heures ! Et le tour est joué !
On considère le parcours de la manif comme l’emplacement total d’un rassemblement statique, on cache aux téléspectateurs que c’est en réalité un simple lieu de passage où les manifestants se renouvellent de 14 à 19 heures. On cache en plus ce qu’a fait remarquer Martinez, qu’une foule de gens n’a pas pu défiler et a poireauté tout ce temps Place d’Italie et sur les boulevards environnants tellement il y avait du monde devant eux.
Parce qu’ils sont informés par des journalistes, les Français ignorent aussi que quelques trains et des dizaines de cars auraient dû aller à Paris et n’ont pas pu, car la SNCF et les patrons de compagnies de bus se sont livrés envers la CGT à un refus de vente au demeurant illégal. Quelques milliers de manifestants ont donc été obligés de rester dans leur patelin. Il ne seront jamais comptabilisés, sinon dans la majorité silencieuse chère aux diverses droites.
Mais à quoi cela servirait-il que les Français sachent tout cela ? Dans une conversation de bistrot ou un repas de famille, on a toujours l’air beaucoup plus malin si on renvoie dos à dos les chiffres de la police et ceux des organisateurs.
Car les Français sont des veaux qui préfèrent la brillance d’un reportage pujadassé à la complexité d’un calcul exact.