RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

On n’en peut plus

« Restez chez vous » : on n’en peut plus de ce refrain. On n’en peut plus des insipides bulletins d’information de 18h. On n’en peut plus de la surenchère sécuritaire. On n’en peut plus de la rhétorique, et encore moins de la substitution de l’Etat par la charité. On n’en peut plus.

Mais il y a pire : la fable qui veut qu’après l’épidémie le monde sera meilleur, à condition que maintenant nous soyons tous sages – restez chez vous, restez chez vous, restez chez vous, amen. En fait, ce n’est pas vrai, le monde sera pire. Bien pire, à moins que les peuples ne retrouvent le chemin de l’action et de la rébellion. Mieux : de la révolution.

Et comment ne pas voir que, « si tout ne va pas tout à fait bien », pour paraphraser un des slogans les plus déments du moment, ces Messieurs affirmeront que c’est notre faute ? Toute leur communication aboutit à cela, à un message de culpabilisation. Si les choses vont bien, ce sera grâce à eux et au confinement qu’ils nous ont imposé ; si elles vont mal, ce sera seulement notre faute, parce que nous ne serons pas assez restés à la maison.
Pas un mot, par contre, sur la souffrance. Massimo Cacciari le remarquait hier dans le Corriere della Sera : il s’est dit furieux de ce que :

« personne ne commence par dire : « mes chers concitoyens, nous savons très bien que, pour vous, rester à la maison est difficile, parce que les trois quarts d’entre vous vivent dans des maisons qui ne sont pas tout à fait celles des bouffons et pantins qui, à la télé, vous disent : restez chez vous ». Bien sûr, si vous avez une maison aussi belle que la mienne, cela peut être agréable, pour un mois, deux mois. Pas pour moi, mais c’est possible. Mais si on est à cinq dans 50 mètres carrés ? »

Mais combien de temps pensent-ils qu’on puisse continuer ainsi ? Ne voient-ils pas les millions de personnes laissées sur le bord de la route ? Bien sûr qu’ils les voient, mais ils passent leur chemin et s’en remettent aux techniciens. Oui oui, les techniciens...

Congédiés, momentanément, les économistes politiquement corrects (ce n’est plus le moment de faire de doctes exposés sur les fractions de point du déficit), voici maintenant les joyeuses bandes des « experts » de la maladie. Des « experts » qui ne sont pas si experts que cela, vu la masse de contradictions qu’ils ont produites au début. Maintenant, pour ne pas se tromper, ils parlent d’une seule voix : restez chez vous, pas de relâchement, ce sera long, rien ne sera plus comme avant, et ainsi de suite.Il y a une semaine, Matteo Renzi a mis – de façon pertinente, s’il m’est permis de le dire – le doigt dans la plaie. Qu’il l’ait fait par désir invétéré de se mettre en avant, ou pour redonner un peu de visibilité à son micro-parti, peu importe ; mais il y a deux choses qui importent : le fait qu’il ait dénoncé l’absence de vision politique sur la sortie de l’urgence ; et qu’il ait récolté pour cela une avalanche de « non ».

Non de Buriani et Lopalco, cela va sans dire. Non de Calenda, Salvini, Crimi et Grasso, tous unis dans la lutte. Mais pourquoi « non » à toute invitation à raisonner, à projeter, à imaginer la « réouverture » du pays ? Qu’est-ce que cette politique qui ne sait dire que : « restez chez vous, restez chez vous, restez chez vous » ?

Il faut ensuite remarquer que c’est la même politique (avec, en gros, les mêmes hommes politiques) qui a taillé dans la santé et l’a privatisée pendant des décennies, estimant que la dépense publique est un péché auquel il faut renoncer. Cette même politique (et ces mêmes hommes politiques) qui, même devant la catastrophe actuelle, n’ont pas jugé utile de prononcer un seul mot d’autocritique. Même chose pour les techniciens et grands hommes de science, presque toujours les mêmes qui ont avalisé cette politique. Les mêmes qui ont dit et pensé pendant des années que les maladies infectieuses n’étaient plus désormais qu’un mauvais souvenir du passé.

Un autre exemple de l’actuelle domination de la pensée unique psycho-sécuritaire nous a été fourni par la circulaire d’il y a quelques jours du Ministère de l’Intérieur. Un document explicatif, bien qu’écrit avec les pieds, qui tentait de concéder une ouverture, si modeste fût-elle, aussi bien en matière de sorties des enfants, qu’en ce qui concerne l’activité de base. Scandale ! a crié en chœur, une minute après sa publication, tout le front rigoriste, comme Fontana, de la Ligue du Nord, et l’inénarrable Vincenzo De Luca (celui qui voulait utiliser le bazooka [contre les contrevenants du confinement]). De fait, le lendemain matin, la Ministre [de l’Intérieur] Luciana Lamorgese, a battu en retraite. Du reste, si on joue au plus dur, certaines têtes de bois gagneront toujours.

Voilà où en est réduit le pays. D’un côté, l’épidémie, que, du reste, les mesures de confinement ne semblent pas arrêter ; de l’autre, les dommages humains et sociaux du sécuritarisme. Au milieu, une catastrophe économique que peu de gens semblent encore vraiment mesurer.

Ce qui est choquant, ce ne sont pas les incertitudes du monde politique, ni les fluctuations du monde scientifique. Ce sont là choses compréhensibles, et même, dans une certaine mesure, excusables. Ce qu’on ne peut absolument pas tolérer – en même temps que la criminelle sous-estimation du drame social qui s’est produit avec le confinement – c’est l’atmosphère de plomb qui s’est installée, la volonté d’empêcher tout débat, et de censurer le moindre désaccord.

Nous vivons à présent dans un climat orwellien. « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est la servitude. L’ignorance, c’est la force. » Restez chez vous, restez chez vous, restez chez vous : fin de la discussion.

Qu’ils en soient ou non conscients, ils dépassent vraiment les bornes. Cela ne pourra pas durer longtemps.

Leonardo Mazzei

»» https://sinistrainrete.info/articoli-brevi/17459-leonardo-mazzei-non-s...
URL de cet article 35976
  

Etat de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba
Salim LAMRANI
Début du chapitre IV Les citoyens étasuniens sont autorisés à se rendre à Cuba mais il leur est strictement interdit d’y dépenser le moindre centime, ce qui rend quasiment impossible tout séjour dans l’île. Le Département du Trésor considère donc tout voyage dans l’île comme une violation de la législation sur les sanctions économiques, à moins que les personnes ayant visité Cuba puissent démontrer qu’elles n’y ont effectué aucun achat. La justice étasunienne poursuit sans relâche les contrevenants à la (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

En révélant au public comment les institutions fonctionnent réellement, pour la première fois nous pouvons vraiment comprendre, en partie, notre civilisation.

Julian Assange

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.