Le moteur de l’histoire : contradictions, crises et luttes
Le matérialisme dialectique enseigne que l’histoire humaine est traversée par des contradictions fondamentales : entre capital et travail, entre centre et périphérie, entre
domination patriarcale et résistance féministe, entre développement productiviste et limites planétaires. Ces contradictions, en période de crise, engendrent des affrontements de classe et parfois des convulsions géopolitiques violentes. Face à cela, l’optimisme historique ne nie ni la souffrance ni les régressions, mais il affirme que ces convulsions peuvent, sous certaines conditions, ouvrir des brèches dans l’ordre établi. La conscience, la mémoire collective, la lutte organisée sont les conditions de cette transformation.
Les défaites ne sont pas la fin de l’histoire
L’histoire des forces révolutionnaires est jalonnée de défaites cuisantes : l’écrasement des révolutions, les dictatures, les trahisons internes, la récupération marchande des utopies.
Mais les défaites ne doivent jamais conduire à la résignation ni au cynisme. Chaque lutte contient des leçons, des récits, des savoirs de résistance. Même vaincues, les forces d’émancipation fécondent l’avenir. Le pessimisme n’est qu’une forme d’abdication face au réel. Gramsci, face au fascisme, nous enseignait déjà : « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté. »
La guerre comme arme des dominants en crise
Lorsque les classes dominantes ne parviennent plus à contenir les contradictions de leur propre système, elles ont recours à leur instrument ultime : la guerre. La guerre permet de diviser les peuples, de redéfinir les alliances impérialistes, de réprimer les mouvements sociaux, et de relancer la machine d’accumulation capitaliste par la destruction et la reconstruction. Aujourd’hui, trois conflits majeurs illustrent cette logique.
En Ukraine, la population est sacrifiée dans un affrontement inter-impérialiste entre l’OTAN et la Russie.
En Palestine, un peuple entier est soumis à un régime colonial.
En République Démocratique du Congo, des millions de morts sont les victimes silencieuses d’une guerre économique. Ces guerres sont les produits de la crise d’un système global, capitaliste, patriarcal, raciste et écocidaire.
Le pacifisme révolutionnaire : ni naïveté, ni moralisme
Face à ces violences, le pacifisme des forces révolutionnaires n’est pas un pacifisme naïf ou moralisateur. Il ne consiste pas à dire « non » à la guerre de manière abstraite. Il dénonce la violence structurelle du capitalisme, la militarisation des sociétés, l’armement massif, l’économie de guerre permanente.
Mais ce pacifisme n’exclut pas le recours à la violence lorsque celle-ci est employée pour résister à un génocide, se défendre contre une occupation coloniale, protéger les conquêtes sociales, ou défendre une révolution populaire menacée. Le pacifisme révolutionnaire est un positionnement stratégique, fondé sur une analyse concrète des forces en présence.
Ni campisme, ni neutralité : internationalisme actif
Les forces progressistes ont le devoir de refuser de choisir entre les puissances impérialistes en guerre. Le campisme, qui consiste à soutenir un impérialisme sous prétexte qu’il serait « moins pire », est une trahison des principes internationalistes. Notre camp est celui des peuples opprimés, des réfugiés, des prisonniers politiques, des syndicalistes réprimés, des femmes en lutte, des peuples indigènes. Le véritable pacifisme révolutionnaire vise une paix fondée sur l’égalité, la souveraineté populaire, la réparation historique et le respect de la vie humaine et non-humaine.
Une orientation stratégique dans l’époque des catastrophes
L’histoire ne suit aucun plan divin ni aucune loi automatique du progrès. Mais elle reste un champ de forces dans lequel l’intervention consciente des peuples peut modifier le cours des choses. Aujourd’hui, à l’heure des catastrophes globales – guerres, effondrement climatique, famines, déracinements massifs –, il est plus que jamais urgent de refuser le désespoir. L’optimisme révolutionnaire, enraciné dans les luttes réelles, est une arme contre l’impuissance organisée.
Conclusion : fidélité active à l’humanité en devenir
Être révolutionnaire aujourd’hui, c’est refuser la logique de la guerre, mais ne pas désarmer face à la violence des puissants. C’est croire que l’histoire reste ouverte.
L’optimisme historique, allié au pacifisme révolutionnaire, n’est pas une consolation : c’est un devoir d’espérance combative, une fidélité aux morts et un acte de vie.
Bibliographie sélective
1. Karl Marx & Friedrich Engels – Le Manifeste du Parti communiste, 1848.
2. Lénine – L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916.
3. Antonio Gramsci – Cahiers de prison, 1929–1935.
4. Frantz Fanon – Les Damnés de la terre, 1961.
5. Daniel Bensaïd – Une lente impatience, 2004.
6. Howard Zinn – La guerre est toujours un mensonge, 2013.
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