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Ouragan Katrina : la leçon de Cuba et l’ aide qu’ elle a offerte sans publicité.


[Dés le 30 août, avant même que les vents finissent de balayer la Lousianne, Cuba offrait en totale discrétion son aide aux États-Unis.]


Ouragan, la leçon des pauvres, par Emanuele Giordana.


il manifesto, mardi 6 septembre.


Si Fidel Castro avait voulu être de mauvais goût, il ne se serait pas limité à offrir de l’aide. Et, dans son message de condoléance aux Etats-Unis, il aurait rappelé au pays du premier monde par excellence que, peut-être, le « tiers-monde » a quelque chose à leur apprendre.

Il y a quelques années, pour le cyclone Ivan, grâce à un système d’alarme et à une organisation préventive draconienne dans les communautés locales, le gouvernement cubain fut en mesure de déplacer en quelques heures deux millions et demi de personnes, en sauvant biens matériels, vies humaines et animales. Avec Ivan, La Havane n’enregistra aucune victime alors qu’aux Caraïbes on en compta 112, dont 35 aux Etats-Unis. Si on remonte plus loin, en 1998, l’ouragan George tua 4 personnes à Cuba et 600 dans le reste des Caraïbes. Pendant l’ouragan Charley, le dernier dans l’ordre chronologique, l’île de Fidel Castro enregistra 4 autres victimes. La Floride, 30. On pourra objecter que les chiffres de la population cubaine ne sont pas les mêmes que ceux des Usa (même si le bilan encore incertain de Katrina apparaît inimaginable) mais il est vrai que la stratégie préventive de Cuba est très valorisée à l’ONU, si bien que, comme il manifesto l’a déjà rapporté, quand le Sri Lanka post tsunami demanda des informations sur le type de modèle futur de prévention à adopter, il se vit conseiller « un voyage à La Havane ».
Sitôt dit, sitôt fait.

Le secret des cubains est l’oeuf de Colomb : conscience très répandue du risque, dans la population, et capacité optimale de recours aux ressources humaines sans besoin de grands moyens et avec une capacité très rapide de mobilisation en temps réel, impliquant écoles, usines et lieux publics.

Qu’est-ce qu’enseigne l’expérience cubaine ? Qu’un pays qui n’a pas de grands moyens technologiques et de puissantes protections civiles peut malgré tout monter un système d’alerte - et de mobilisation- très raffiné. Et à la charge de l’état. Ce que l’expérience cubaine enseigne, et que l’épisode Katrina confirme, est donc que ça n’est pas forcément la haute technologie qui sauve les vies humaines. Elle enseigne que la « libéralisation » de la réponse aux désastres porte malheur. En Louisiane, disent les chroniques, l’évacuation était obligée. Mais si tu n’as pas d’argent pour partir, comment fais-tu ? Tu t’arranges, et si ça tourne mal, tu meurs. De nombreux gouvernements raisonnent de la même manière et les régimes ne sont pas en eux-mêmes une garantie : dans la Chine de Deng par exemple, les catastrophes naturelles se traduisent toujours en chiffres importants, ce qui semble tenir non seulement à la pression démographique, mais à une certaine négligence, typiquement impériale, à l’égard des propres citoyens. Comme le montre la digue des Trois gorges, et les faibles préoccupations de Pékin pour son impact sur les populations résidentes. Quoi qu’il en soit, quand le gouvernement du Sri Lanka s’est adressé aux Nations Unies, les experts en catastrophes n’ont eu aucun doute pour conseiller à un pays pauvre (PIB par habitant : 881 dollars par an) les méthodes d’un autre pays pauvre (Cuba : 1700 dollars). Mais peut-être est-ce une leçon qui vaut aussi pour un pays dont le revenu moyen tourne autour de 37.000 dollars.

Emanuele Giordana, Lettera22 [1].

- Source : www.ilmanifesto.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


Allocution prononcée par Fidel Castro Ruz, président de la République de Cuba, au cours de sa réunion avec les médecins offerts en soutien au peuple étasunien dans les régions frappées par le cyclone Kratina, au palais des Congrès, le 4 septembre 2005.



Chers membres de la force médicale constituée pour offrir un soutien aux sinistrés du cyclone Katrina au sud des Etats-Unis.

Chers invités,

Compatriotes,

Voilà quarante-huit heures à peine ( voir ci-dessous ), je finissais mon intervention à la Table ronde télévisée où j’ai réitéré d’une manière précise notre offre de dépêcher des médecins dotés des ressources nécessaires pour offrir d’urgence une aide aux dizaines de milliers d’Etatsuniens bloqués dans les inondations et les ruines qu’a laissées sur son sillage le cyclone Katrina en Louisiane et dans d’autres Etats du Sud des Etats-Unis.

Il était évident que c’étaient les masses désespérées de la population modeste, dont de nombreuses personnes du troisième âge atteintes de problèmes de santé, des femmes enceintes, des mères et des enfants, qui couraient le plus grand danger et qui requéraient d’urgence des soins médicaux.

Dans de telles circonstances, qu’importe la richesse du pays, le nombre de ses scientifiques et ses grands progrès techniques. Ce qu’il faut alors, ce sont des spécialistes jeunes et bien formés, ayant fait l’expérience du travail médical dans des situations anormales, et pouvant être dépêchés sans retard avec un minimum de ressources par voie aérienne ou par toute autre voie, vers des immeubles ou des points concrets où des êtres humains se trouvent en danger de mort.

Cuba, à proximité de la Louisiane, du Mississippi et de l’Alabama, est en conditions d’offrir une aide au peuple étasuniens. Les Etats-Unis peuvent bien recevoir maintenant des dons se montant à des milliards de dollars sans que cela veuille dire pour autant une seule vie sauvée parmi celles qui courent un danger mortel à la Nouvelle-Orléans et à d’autres endroits critiques. Cuba ne pourrait absolument rien faire pour aider l’équipage d’un vaisseau spatial ou d’un sous-marin nucléaire en danger, mais elle peut en revanche offrir une aide vitale et significative aux victimes de Katrina en danger de mort. Et c’est ce qu’elle a fait dès le premier instant, dès le samedi 30 août 2005, à 12 h 45, alors que les vents et les pluies venaient à peine de cesser. Elle ne s’en repend, pas, même si son nom n’a pas été mentionné dans la longue liste de pays ayant offert leur solidarité au peuple étasunien.

C’est parce que je savais pertinemment que Cuba comptait des hommes et des femmes comme vous que j’ai osé réitérer cette offre trois jour plus tard, quand j’ai promis que les cent premiers médecins portant des ressources vitales dans des sacs à dos pouvaient arriver à Houston en moins de douze heures ; et cinq cents de plus dans les dix heures suivantes, et cinq cents autres encore dans les trente-six heures suivantes, soit un total de mille cents médecins qui pourraient sauver ne serait-ce qu’une seule vie des nombreuses qui étaient sur le point de périr en ces instants dramatiques.

Certains qui méconnaissent l’honneur et l’esprit solidaire de notre peuple auront sans doute pensé qu’il s’agissait d’un bluff ou d’une exagération ridicule. Or, notre pays ne joue jamais avec des questions aussi sérieuses, et ne s’est jamais déshonoré en recourant à la démagogie ou au mensonge. Voilà pourquoi nous nous réunissons avec orgueil dans cette salle du palais des Congrès où, voilà à peine trois jours, les députés de notre Assemblée nationale ont observé une minute de silence en hommage aux victimes du cyclone qui a frappé les Etats-Unis et ont exprimé leurs plus sincères condoléances à ce peuple frère. Nous voilà donc ici, non pas mille cents médecins, mais 1 586, dont trois cents de réserve, compte tenu des nouvelles de plus en plus alarmantes qui nous parviennent. En fait, environ trois cents autres médecins nous ont rejoints au dernier moment, qui ne sont pas ici, puisque nous avons annoncé que Cuba était prête à en dépêcher des milliers d’autres en cas de besoin. Ces trois cents autres participent à notre réunion dans d’autres salles de ce palais des Congrès. Il a suffi de vingt-quatre heures pour que la totalité des médecins convoqués pour accomplir la mission promise arrivent dans notre capitale de tous les endroits du pays. Nous nous sommes acquittés de cette tâche d’une façon absolument ponctuelle et précise.

Vous honorez la noble profession de médecin. Par votre réponse rapide et résolue, vous écrivez, en étant prêts à remplir votre devoir dans des conditions nouvelles et difficiles, une page dans l’histoire de la solidarité entre les peuples et vous signalez une voie de paix à l’espèce humaine si douloureuse et si menacée à laquelle nous appartenons tous.

Cette force médicale - je veux parler uniquement des 1 586 déjà mentionnés - comprend :

- 1 097 spécialistes en médecine générale intégrale, dont plus de 600 font une maîtrise en sciences médicales.
- 351 généralistes et intensivistes.
- 72 médecins maîtrisant deux spécialités médicales.
- 68 cardiologues, pédiatres, gastro-entérologues, chirurgiens, psychiatres, épidémiologistes et autres spécialistes.


Par ailleurs :

- 699 ont rempli au moins deux missions internationalistes dans 43 pays, et certains trois.
- 727 étaient sur le point de partir remplir des missions en Amérique latine, en Afrique et en Asie, et étaient donc en mesure de rejoindre cette force médicale appelée à faire face a l’urgence de la situation au Sud des Etats-Unis. Ce qui ne veut pas dire pour autant que Cuba ne respectera pas ses engagements internationaux envers d’autres pays avec des autres personnels aux caractéristiques semblables.

L’âge moyen de ce personnel est de trente-deux ans - la plupart n’étaient pas nés au triomphe de la Révolution, et un bon nombre n’étaient même pas nés quinze ans après cette victoire, ils sont les fruits de ces dures années - et son expérience professionnelle est d’au mois dix ans d’exercice. Certains plus, certains moins, mais la majorité plus.

De ce total, 729 sont des hommes et 857 des femmes.

Les agences de presse internationales et la presse des Etats-Unis reflètent éloquemment la gravité de la situation sanitaire et des dangers que le cyclone Katrina a laissée derrière lui.

L’agence EFE signale que des plus de 15 000 personnes évacuées de la Nouvelle-Orléans et hébergées dans le stade de Houston, seules 3 000 à peine ont pu recevoir des soins. On y fait état de maladies hautement contagieuses, ainsi que de poussées de diarrhées et de vomissements qui menacent de se propager à toute allure à cause de l’entassement dans lequel se retrouvent ces personnes.

The Washington Post indiquait hier, samedi, que le Mississippi avait essentiellement besoin de carburant et de soins médicaux.

L’AP informe que deux des hôpitaux de la Nouvelle-Orléans les plus critiques ont dû être évacués après que les médecins ont passé deux jours à faire face au cruel dilemme de décider à quels patients ils devaient fournir les maigres approvisionnements de nourriture, d’eau et de médicaments. Trois malades en état terminal sont décédés durant l’évacuation, et nul ne peut préciser combien de malades sont décédés avant que l’aide ne parvienne finalement. Des employés de l’hôpital se sont fournis mutuellement du sérum intraveineux dans l’attente d’être sauvés.

La chaîne Fox News signalait hier que les personnels de la santé de la Nouvelle-Orléans travaillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans une minute de repos, pour traiter les patients en état critique et prévenir une catastrophe sanitaire dans les installations médicales archicombles. Ces travailleurs de la santé ont beau travailler sans repos, leurs forces s’épuisent. Il faut faire quelque chose d’urgent.

Un porte-parole du département de la santé et des hôpitaux de Louisiane, Kyle Viator, a déclaré hier : « Nous avons des patients sous dialyse, des diabétiques, des personnes qui ont besoin d’un traitement régulier et de médicaments sur ordonnance. Nos ressources se terminent. Le tiers de la population est actuellement déplacé, dont notre personnel médical. »

Le journal espagnol El Mundo recueille le témoignage dramatique de Nina Ferguson, quarante-six ans, une Noire de la Nouvelle-Orléans, qui n’a pas pu refréner ses haut-le-coeur à peine descendue du camion militaire qui l’a amenée à Houston : « On aurait mieux fait de rester au centre des Congrès, où j’ai vu des bébés mourir de déshydratation et des personnes âgées dont personne ne s’occupait. »

Rosanne Asuen, diabétique et obèse, a dû être réanimée par une infirmière bénévole qui luttait comme elle pour sortir de là .

Evelyn Sander, une mère de vingt-trois ans, raconte comme elle séchait la sueur du front de son nourrisson d’un mois, Isaiah, atteint de symptômes de déshydratation et dévoré par les mouches.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) a fait état hier, dans un communiqué, de son inquiétude devant la situation des enfants dans les zones touchées. Il calcule que du tiers au quart des 1 200 000 pers0nnes sinistrées en Louisiane, au Mississippi et en Alabama sont des enfants.

Un porte-parole du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta a dit à EFE que les eaux stagnantes présentaient un milieu idéal à la propagation du virus du Nil, et à des poussées d’hépatite A et de bactérie E. Coli, un pathogène potentiellement mortel qui peut causer, entre autres, des diarrhées et des déficiences rénales.

Selon une dépêche de l’AFP datée de Houston hier, le Texas a promis d’héberger des milliers de déplacés, les hôtels de Houston commencent à manquer d’eau et les malades sont soignés en retard. Selon Steven Glonsky, médecin de l’hôpital méthodiste de cette ville qui a passé treize heures de suite à s’occuper de survivants déshydratés, traumatisés et atteints de maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension, il s’agit d’une crise sans précédents.

Bill Frist, le chef du parti républicain au Sénat, qui se trouve à la Nouvelle-Orléans, a reconnu que « les médecins et les personnels infirmiers font un gros travail, mais que la distribution de l’aide reste très problématique » et que « des dizaines de personnes meurent tous les jours ».

D’après le Boston Globe, la Louisiane et le Mississippi font face au pire désastre en matière de santé publique en plusieurs décennies.

Toujours selon ce même journal, le docteur Marshall Boudlin, directeur du diabète et du métabolisme du CHU de Jackson (Missssippi), a affirmé : « Nous voyons des choses que nous n’avions plus vues en bien des années : le choléra, la fièvre typhoïde, le tétanos, la malaria. Je n’avais pas vu des conditions pareilles en cinquante ans. Les gens sont entassés et déambulent au milieu des excréments. »

La presse et les institutions spécialisées en santé sont pratiquement unanimes à refléter des problèmes sanitaires dont la liste serait interminable.


Les sacs à dos de nos médecins contiennent justement les moyens requis pour faire face sur le terrain aux problèmes de déshydratation, de tension artérielle, de diabète sucré, aux infections touchant n’importe quelle partie du corps : poumons, os, peau, ouie, voies urinaires, système reproductif, appareil digestif. Mais aussi des médicaments contre les vomissements ; des médicaments soulageant la douleur et rabaissant la fièvre ; des médicaments pour les urgences cardiaques ou les allergies de toute sorte ; des médicaments pour le traitement de l’asthme et d’autres problèmes semblables. Bref, à peine une quarantaine de produits dont l’efficacité en cas d’urgence a été prouvée.

Ces médecins emportent deux sacs à dos, de douze kilos chacun. En fait, il a fallu se décider pour deux sacs à dos, car on a pu constater qu’un seul n’était pas assez grand - bien que ce soit de grands sacs à dos - pour y mettre la totalité des médicaments, en plus de la petite valise où se trouvent les équipements diagnostiques. Tout ceci pour venir en aide à la grande expérience clinique de la plupart de ces médecins, habitués à prêter service à des endroits où il n’existe même pas, bien souvent, d’appareils de rayons X, d’écographie, de possibilités d’analyse de selles, de sang, etc. Il s’agit donc, puisque le nombre de médecins a augmenté, d’un total de trente-six tonnes de médicaments. Au départ, les calculs étaient inférieurs.

Cuba a l’autorité morale suffisante pour parler de cette question et faire cette offre. Elle a aussi le taux le plus élevé au monde de médecins par habitant, et aucun autre pays n’a développé une plus grande coopération avec d’autres peuples dans le domaine de la santé.

Des plus de 130 000 spécialistes de la santé de niveau universitaire, 25 845 remplissent actuellement une mission internationale dans 66 pays, s’occupant d’une population de 85 154 748 habitants, dont 34 700 000 en Amérique latine et dans les Caraïbes, et 50 400 000 en Afrique et en Asie. De ces personnels, 17 651 sont des médecins, 3 069 des dentistes et 3 117 des techniciens de la santé en optique et autres domaines.

Plus de 12 000 jeunes provenant d’autres pays, en particulier d’Amérique latine et des Caraïbes, font actuellement des études de médecine gratuites à Cuba, et ce chiffre se multipliera vite. Des dizaines de jeunes Etasuniens font même des études à l’Ecole latino-américaine de sciences médicales, dont les portes ont été ouvertes dès le début aux étudiants des Etats-Unis.


J’ai reçu aujourd’hui même une lettre émouvante d’élèves sortis de cette Ecole :

Cher commandant en chef

Compte tenu des faits horribles survenus à la Nouvelle-Orléans à la suite de la dévastation causé par le cyclone Katrina et de votre intervention hier après-midi à la Table ronde télévisée, nous, Honduriens et autres diplômés de l’ELAM, nous nous sentons bouleversés par la situation que souffrent actuellement les frères étasuniens, et comme nous avons été nous-mêmes victimes d’une catastrophe naturelle, le cyclone Mitch, nous nous solidarisons avec eux devant cette tragédie et nous souhaitons nous joindre à l’offre que vous avez faite à ce peuple frère de dépêcher des généralistes pour apporter leur aide à ces moments critiques.

Sachez que vous avez en nous « des médecins prêts à aller là où l’on a le plus besoin d’eux ».

Nos chemins incorporés à nos rêves.

Avec une tendresse infinie et une gratitude éternelle.

Première promotion de diplômés de l’ELAM.

Cette lettre est signée par quatre-vingt-cinq jeunes frais émoulus de l’Ecole latino-américaine de sciences médicales, qui précisent qu’ils représente ceux qui sont encore à La Havane, mais que d’autres, actuellement en vacances dans leurs pays, sont aussi disposés à partir.


Quand notre première guerre d’Indépendance a débuté en 1868, des Etasuniens ont rejoint les forces patriotiques cubaines, dont l’un, très jeune, s’est distingué par son courage exceptionnel et écrit des pages d’un héroïsme admirable : Henry Reeve. Son nom est resté gravé à tout jamais dans la mémoire de notre peuple, mais il est aussi gravé aux côtés de celui de Lincoln et d’autres Etasuniens illustres, sur la Tribune anti-impérialiste érigée lors de notre combat pour le retour du petit Elián González, le noble peuple étasunien ayant joué d’ailleurs un rôle décisif à cet égard.

Henry Reeve, devenu presque invalide à cause des blessures reçues au bout de sept ans de guerre, est mort au champ d’honneur le 4 août 1876, à proximité de Yaguaramas, dans la province actuelle de Cienfuegos.

Je propose que cette force de médecins cubains prêts à sauver de vies d’Etasuniens porte le nom glorieux d’Henry Reeve (applaudissements).

Tous ces médecins - autrement dit, vous-mêmes - pourraient déjà être sur place en train de prêter service. Quarante-huit heures se sont écoulées, et nous n’avons pas encore reçu de réponse à la réitération de notre offre. Nous attendrons patiemment aussi longtemps que de besoin. En attendant, ces médecins suivront des cours intensifs d’épidémiologie et perfectionneront leur anglais. Si aucune réponse ne nous parvient finalement ou si cette coopération - la vôtre - n’était pas jugée utile, ni vous-mêmes, ni nous, ni notre peuple ne se décourageraient pour autant. Au contraire, ils se sentiraient satisfaits d’avoir rempli leur devoir, et nous avec eux, heureux de savoir qu’aucun autre Etasunien - de ceux qui ont été frappés par le cyclone Katrina - n’est décédé sans soins médicaux, si telle était la raison de la fin de non-recevoir opposée à nos médecins.

La brigade Henry Reeve a été créée. Quelle que soit la tâche que vous réaliserez dans n’importe quel endroit du monde ou de notre pays, il vous restera la gloire d’avoir répondu courageusement et dignement quand on a vous a appelés à la solidarité avec le peuple étasunien frère, en particulier avec ses enfants les plus humbles.

En avant, généreux défenseurs de la santé et de la vie, vainqueurs de la douleur et de la mort !

Je vous remercie.


- Transmis par Margari.


Dés le 30 août, avant même que les vents finissent de balayer la Lousianne, Cuba offrait en totale discrétion son aide aux États-Unis.


Pendant plusieurs jours les autorités américaines ont laissé mourrir et
souffrir des centaines de milliers de personnes car ils avaient le défaut
d’être pauvres ou noirs, rien à voir avec la mobilisation immédiate mise en
place à New-York pour sauver les riches blancs de Manhattan.

Le 30 août, avant même que les vents finissent de balayer la Lousianne, Cuba offrait
son aide aux États-Unis et le faisait en assurant une totale discrétion,
cette aide était offerte sur une base humanitaire par sur des critères de
politique et de relations publiques. Cette aide était également concrète, 1
100 médecins aguerris à faire des diagbostics cliniques et à aider les
populations dans des situations difficiles, parlant couramment l’anglais et
habitués à intervenir dans des catastrophes dans le Tiers-monde auquel on
comparre la Nouvelle Orléans depuis une semaine. Ces médecins auraient pu
commencer à intervenir le 31 août et être tous en action le 1er septembre,
au moment ou la population se plaignait de l’absence de support et de
médicaments. Ces médecins auraient emporter avec eux 26 tonnes de
médicaments et d’quipement diagnostic (un sac à dos de 26 kilos par
médecin).

Malheureusement, si dans les principes cubains, l’humanitaire prend le pas
sur le politique, il semble qu’aux États-Unis, la vie et la souffrance de
centaines de milliers d’américains est le prix à payer pour un orgueil
politique déplacé. Cette offre proposée sur une base confidentielle pour ne
pas mettre les États-Unis dans l’embarras n’a jamais eu de réponse.

Elle a donc été rendue publique par Fidel avant-hier face à la pression
internationale qui se demandait pourquoi Cuba ne faisait pas partie de la
liste officielle des pays ayant offert leur support alors que Cuba est
toujours parmi les premiers pays à offrir son aide aux pays victimes de
catastrophes quelques soient les relations avec ces pays.

Une surveillance
de la presse écrite et télévisuelle a permis de constater que l’offre de
Cuba a été largement publiée par la presse à travers le monde, sauf aux
États-Unis ou le peuple américain ignore tout de cette offre qui aurait pu
soulager la souffrance en attendant le tardif déploiement des moyens
fédéraux. Peu de monde sera surpris de l’attitude de Cuba réputée
internationalement pour sa solidarité avec les peuples dans le monde. Par
contre il est surprenant et choquant de voir que ces médecins n’auront pu
aider les sinistrés parce que la Maison Blanche rejette tout ce qui
peut-être de lié de près ou de loin à Cuba.

*PLR !

Philippe Le Roux
Français de naissance
Québécois de résidence
Cubain de coeur et d’esprit


Transcription de l’intervention télévisée du 2 septembre 2005 au cours de laquelle Fidel a
fait connaître l’offre discrète de Cuba :


LE PRÉSIDENT FIDEL CASTRO RÉITàˆRE SON OFFRE D’AIDE MÉDICALE AU PEUPLE ÉTASUNIEN AU COURS DU PROGRAMME TÉLÉVISÉE « TABLE RONDE », LE 2 SEPTEMBRE 2005


J’ai dû improviser cette intervention, comme cela arrive parfois quand
les événements se précipitent. Je vais vous expliquer pourquoi.


Hier, le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, a donné une
conférence de presse, comme à son habitude. Voilà ses déclarations
textuelles :

Salle de presse du département d’Etat, Washington, jeudi 1er septembtre
2005, 12 h 46.

A cette heure-là , nous étions en pleine session de l’Assemblée
nationale, nous occupant de questions importantes, dont un point ayant à 
voir avec la tragédie survenue aux Etats-Unis. M. McCormack a donc dit :

Bonjour. Je tiens à commencer en faisant une actualisation rapide d’une
question qui vous intéresse tous : les efforts concernant l’aide à la suite
du passage de l’ouragan Katrina et les offres d’aide reçues de l’étranger.
Je dois dire tout d’abord que nous avons reçu de nombreuses offres
généreuses d’aide de la part de gouvernements étrangers et d’organisations
étrangères, et Mme la secrétaire Rice, après consultations avec la
Maison-Blanche, a dit clairement que nous accepterions toutes les offres
d’aide étrangère. Nous accepterons tout ce qui peut contribuer à alléger la
situation difficile, la situation tragique des personnes vivant dans la
zone touchée par l’ouragan Katrina. Je peux vous fournir une liste. La liste
augmente d’ailleurs quasiment d’heure en heure. Nous avons reçu de
généreuses offres d’aide générale, mais aussi spécifique de plusieurs pays
et organisations, dont la Russie, le Japon, le Canada, la France, le
Honduras, l’Allemagne, le Venezuela, l’OEA, la Jamaïque, l’OTAN,
l’Australie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suisse, la Grèce, la Hongrie,
la Colombie, la République dominicaine, El Salvador, le Mexique, la Chine,
la Corée du Sud, Israël et les Emirats arabes unis. Je tâcherai de vous
tenir au courant à mesure que la liste s’allonge. Et elle le fait heure
après heure.


Ce n’est que plus tard, presque le soir, une fois conclue la session de
l’Assemblée nationale, que j’ai pu lire les dépêches, et même pas toutes.
Nous avions toutefois reçu des informations dans la matinée, dont cette
dépêche que je viens de vous lire. Ce qui m’oblige à éclaircir la position
de Cuba. En effet, de nombreux amis des Etats-Unis et d’ailleurs, qui savent
que notre pays a l’habitude d’offrir son aide dans des cas pareils,
indépendamment des conflits et des clivages politiques et idéologiques, ou
d’autre nature, ont commencé à nous téléphoner, s’étonnant que nous n’ayons
offert aucune aide aux USA devant la tragédie causée par Katrina.

Comme ces appels ne cessaient pas, j’ai donc décidé de faire cette
déclaration-ci, dont la teneur coule de source. Il ne s’agit pas d’une
simple question de relations publiques, tant s’en faut, mais de quelque
chose d’important, y compris du point de vue pratique. Je vais vous lire une
brève chronologie relative à l’aide que le gouvernement cubain a offerte au
gouvernement étasunien à la suite de l’ouragan.


25 août 2005

L’ouragan Katrina frappe la Floride, y provoquant des pertes humaines
et d’importants dégâts matériels. 29 août 2005. Après avoir atteint la
catégorie 4 de l’échelle Saffir-Simpson, l’ouragan Katrina dévaste les
Etats de la Louisiane, du Mississippi et de l’Alabama. Les premières
nouvelles sur l’ampleur de la tragédie commencent à circuler. Le 30 août
2005, les dernières rafales soufflaient encore sur ces Etats, comme celui
de la Louisiane et d’autres du Sud avec lesquels nous avons des relations
commerciales et auxquels nous achetons en tout cas beaucoup de denrées
alimentaires. Nous avons même reçu la visite d’autorités de la Louisiane et
des autres Etats, en rapport avec les achats que Cuba fait depuis plusieurs
années aux Etats-Unis.

De fait, j’ai conversé avec des milliers d’agriculteurs étasuniens, car
des centaines sont venus assister à la première foire qui a eu lieu ici. Et
j’ai continué de le faire les années suivantes, si bien que j’ai eu des
conversations
avec des milliers d’agriculteurs et de visiteurs étasuniens, des autorités
d’Etats, des gouverneurs, des sénateurs, des représentants...

Le gouverneur de la Louisiane est même venu voilà à peine deux mois, une
femme très abordable, intéressée, comme tous les autres gouverneurs, par les
questions de son Etat. Ces États-là , qui ont été les plus touchés par le
cyclone, sont très pauvres ; l’agriculture y joue un rôle très important,
ainsi que les ports par lesquels les produits s’exportent.


Le 30 août 2005, à 11 h 32, j’ai téléphoné à notre ministre des
Relations extérieures, le compañero Felipe Pérez Roque, pour lui demander de
transmettre sur-le-champ au gouvernement des Etats-Unis, via sa Section
d’intérêts ici à La Havane et via notre Section d’intérêts à Washington, un
message de condoléances à propos de l’ouragan Katrina et une offre d’aide
sanitaire, car nous savions, d’après les nouvelles reçues, qu’une
catastrophe était en train de se produire.

Car s’il est un domaine dans lequel nous sommes en mesure de faire une
offre d’aide, c’est bel et bien dans celui des soins médicaux, compte tenu
de notre expérience dans la lutte contre les cyclones et dans les mesures de
protection de la population dans ces cas-là , d’évacuation, de soutien, etc.
A la suite de la catastrophe du 11 septembre, notre pays a été le premier à 
offrir son aide, car nous avions appris que les avions commerciaux ne
pouvaient pas atterrir sur les aéroports du pays, et nous avons donc offert
aussitôt les nôtres. Nous avons offert ensuite une aide médicale, compte
tenu du grand nombre de victimes.

Cuba est plus proche de New York que la Californie : une aide cubaine
peut parvenir à New York en trois heures, alors que celle de la Californie
met au moins deux fois plus de temps. Nous avons donc offert une aide
médicale. Et ce n’est pas ridicule, croyez-moi, de sauver ne serait-ce
qu’une seule vie. Il faut parfois disposer d’un sang d’un groupe sanguin
très peu courant pour une transfusion. De toute façon, même si vous ne
sauvez qu’une vie, il faut le faire.

A 12 h 45, en réponse aux instructions reçues, la directrice du
département Amérique du Nord du ministère des Relations extérieures,
Josefina Vidal, a eu une réunion avec le second chef de la Section
d’intérêts des Etats-Unis, Edward Alexander Lee, pour lui transmettre
verbalement le message en question et lui en remettre une copie écrite.

Nous n’avons donc pas perdu une minute. Josefina, qui est dans ce
studio, peut en attester.

Suivant les instructions reçues, la compañera Josefina Vidal a dit
textuellement à M. Lee : « Nous tenons à faire une trêve - elle faisait
allusion à l’état de nos relations avec le gouvernement des Etats-Unis -
compte tenu de la grave situation provoquée par le cyclone Katrina. »

Il nous a touché nous aussi, ne l’oubliez pas. Quand il a touché la
Floride - au moment de la Table ronde télévisée - il avait renversé des
poteaux électriques, causé des pannes de courant. Ca d’ailleurs été soudain.
La queue de l’ouragan, quand celui-ci a traversé la Floride d’est au
sud-est, nous a aussi touchés : il a fallu suspendre de nombreux vols, en
détourner d’autres, dont des vols amenant des patients vénézuéliens qui venaient se
faire opérer à Cuba. Certains sur Camagüey, d’ autres sur Holguà­n, tandis
que des avions à nous n’ont pas pu décoller du Venezuela.

Le lendemain, personne ne savait par où le cyclone allait passer. Il
s’est même rapproché de Cuba, il a causé des problèmes en Pinar del Rà­o et
provoqué de grosses pluies. Puis il a viré au nord, laissant de fortes
pluies, des inondations à certains endroits, des avis de pénétration de la
mer et même des pénétrations réelles en Pinar del Rà­o. Donc, le lendemain,
Cuba était aussi sous les effets de ce cyclone. Nous savions qu’il allait se
diriger vers le nord et qu’il prenait de la force, passant de la catégorie 4
à la catégorie 5, exactement comme le cyclone qui est passé ici voilà 
quelques semaines à peine.

Josefina a ensuite lu le message du gouvernement, dont la teneur est la
suivante :

«  Suivant des instructions du gouvernement cubain, je vous fais part de
nos condoléances pour les pertes humaines et les dégâts matériels causés par
le cyclone Katrina. Je vous fais part de notre disposition à dépêcher
sur-le-champ dans les zones touchées les médecins et le personnel sanitaire
requis, où que ce soit, ainsi que trois hôpitaux de campagne accompagnés du
personnel nécessaire. »

Suivant toujours les instructions reçues, Josefina a conclu devant M. 
Lee : « Nous ne nous proposons de faire de la publicité avec ça. Nous
attendons votre réponse. »

Voilà pourquoi nous n’avons pas rendu cette déclaration publique.
Nous ne voulions pas que l’on croie que nous cherchions à nous faire de la
pub.

Ce même 30 août,

Le chef de notre Section d’intérêts à Washington, Dagoberto Rodrà­guez, a
été reçu à sa demande au département d’Etat, à 16 h 30, par John Reagan, à 
qui il fait part du même message transmis à La Havane et laissé le texte
écrit.


Le 31 août, à 14 h 15,

Le chef de notre Section d’intérêts à Washington, Dagoberto Rodrà­guez, a
assisté à une réunion convoquée par le département d’Etat avec le corps
diplomatique, qui a reçu des informations sur le cyclone Katrina et des
indications relatives aux mécanismes d’information et aux institutions
liées à la protection contre les catastrophes.

Cette invitation nous a paru quelque chose de tout à fait positif, car
ce n’est généralement pas le cas.

C’est donc deux jours après notre offre, hier, le 1er septembre, à 
l’heure que j’ai indiquée, alors que nous étions à l’Assemblée nationale,
que le porte-parole du département d’Etat a fait cette déclaration que je
n’ai lue en fait que le lendemain, aujourd’hui, donc, le 2 septembre.
D’ailleurs, presque toutes les nouvelles, je les ai lues aujourd’hui, car
j’ai été à l’Assemblée nationale jusqu’à 23 heures et que j’ai reçu ensuite
des visiteurs.

Cette déclaration du département d’Etat a provoqué cette avalanche
d’appels téléphoniques dont je vous ai parlé. Nous ne voulions pas faire de
la pub à ce sujet. Mais que pouvions-nous dire à ceux qui téléphonaient ?
Devions-nous nous retrouver dans une position étrange face à l’opinion
publique : n’avoir même pas un mot de condoléances pour le peuple étasunien
face à une tragédie pareille ? Alors que justement hier, au début de
l’Assemblée nationale, sa présidence a proposé l’adoption d’un message de
solidarité avec le peuple étasunien ?


Ce message a d’ailleurs été publié intégralement aujourd’hui. Le voici :

Message de solidarité avec le peuple étasunien

Le peuple cubain a appris avec inquiétude les nouvelles relatives aux
effets que le cyclone Katrina a eus en Louisiane, au Mississippi et en
Alabama. Bien qu’encore incomplètes, les informations permettent de
comprendre qu’il s’agit d’une tragédie vraiment extraordinaire.

En matière de destructions physiques et de dégâts matériels, on la
considère comme la pire catastrophe naturelle dans l’histoire des
Etats-Unis. La Croix-Rouge de ce pays estime qu’elle aura plus à faire que
lors de l’attaque atroce du 11 septembre 2001.

Des dizaines de milliers de personnes sont encore attrapées dans des
inondations, ont perdu leurs logements, sont déplacées ou réfugiées. Le
gouverneur de la Louisiane a qualifié la situation à la Nouvelle-Orléans où
le niveau des eaux continue de s’élever de désespérée. Le maire de la ville
a déclaré que des centaines, voire des milliers de personnes pourraient
avoir péri.

Cette catastrophe, avec sa séquelle énorme de morts et de souffrances,
touche toute la population étasunienne, mais frappe surtout plus durement
les Afro-Américains, les travailleurs latinos et les Etatsuniens pauvres,
lesquels constituent le gros de personnes qui attendent toujours d’être
sauvées et conduites à des endroits sûrs, et c’est parmi eux que se trouvent
le plus grand nombre de victimes fatales et de personnes restées sans abri.

Ces nouvelles causent de la douleur et de la tristesse aux Cubains.
C’est en leur nom que nous tenons à exprimer notre profonde solidarité au
peuple étasunien, aux autorités des Etats touchés, aux autorités locales et
aux victimes de cette catastrophe. Le monde entier doit sentir cette
tragédie comme sienne.

Assemblée nationale du pouvoir populaire République de Cuba.
La Havane, le 1er septembre 2005

L’Assemblée nationale a fait une minute de silence pour les victimes. Un
geste vraiment émouvant mais naturel, compte tenu des sentiments de notre
peuple envers le peuple étasunien, et respectueux par ailleurs envers les
autorités, sans la moindre offense, sans la moindre attaque.


Les nouvelles parlent d’une situation de plus en plus dure. Et donc des
milliers, des centaines de milliers, voire des millions de personnes dans le
monde doivent s’étonner que Cuba n’ait pas offert la moindre aide, alors que
nous sommes ici tout près. Aucun autre pays n’est plus près que Cuba. Bien
plus près que le Japon. N’importe quoi qui serait nécessaire arrive bien
plus vite au sud des Etats-Unis d’ici que du Japon ou d’Asie. Le
porte-parole a même parlé avec admiration, je crois, de Sri Lanka, de
l’offre que ce pays a faite malgré ses difficultés. Les Emirats arabes unis,
eux aussi, sont bien plus loin.

Nous, nous sommes plus proches que le Honduras, que les pays
centraméricains, et même bien plus proche que n’importe quel pays
sud-américain. Nous avons fait les calculs : un avion cubain peut atterrir
sur n’importe quel aéroport international le plus proche du lieu de la
tragédie en une heure et cinquante minutes.

Dire la vérité et signaler notre disposition à coopérer, voilà la raison
essentielle de mon intervention ici. Je n’ai pas l’intention de faire des
critiques. On ne mentionne pas notre pays dans la longue liste qu’a lue le
porte-parole, alors que nous avons été peut-être les premiers. Regardez donc
l’heure où les instructions ont été données et le message transmis. Je crois
donc que notre offre a été plutôt rapide, et elle porte en plus sur des
choses concrètes : dépêcher des médecins sur les lieux de la tragédie,
justement le personnel qui
fait maintenant défaut à bien des endroits.

Nous ne faisons pas preuve de ressentiment. Nous ne nous plaignons pas
non plus. Car, comme nous l’avons fait savoir au second chef de la Section
des intérêts, M. Lee, nous ne cherchions pas à nous faire de la pub. Et les
autorités étasuniennes ont peut-être compris que nous ne voulions pas la
moindre publicité. Je ne veux pas dire par là que l’omission de Cuba sur
cette liste a été intentionnelle, ç’a été peut-être une erreur. Et puis,
même si ça l’avait été, nous ne prendrions pas la mouche pour autant. Nous
n’avons jamais rien fait dans l’intention qu’on nous en remercie. Pas
seulement cette fois, mais des tas de fois avant.

Somoza était au pouvoir au Nicaragua quand un terrible tremblement de
terre a détruit Managua. Et les premiers à arriver sur place ont pourtant
été les médecins cubains avec leurs hôpitaux de campagne.

Nous n’avions même pas de relations diplomatiques avec le Pérou et bien
d’autres pays, et ça ne nous a pas empêchés de les soutenir sans délai.Un
tsunami vient de se produire à l’autre bout du monde, et nous avons dépêché
une brigade médicale dans deux pays. Et c’était coûteux : l’avion que nous
avons envoyé n’est pas aussi économique en carburant qu’un Boeing par
exemple, et dépêcher une brigade médicale jusqu’en Asie dans un de nos
avions coûte des centaines de milliers de dollars, justement à cause du prix
du pétrole, sans parler des médicaments, des tentes, qui restent sur place à 
la fin.

Nous avons fait bien plus en République dominicaine, en Haïti et en
Amérique centrale, quand ces pays ont été frappés très durement par des
cyclones qui ont causé par exemple des dizaines de milliers de victimes dans
cette dernière région. C’est de là que sont nées les brigades qui
constituent aujourd’hui un mouvement fantastique ; c’est de là qu’est née
aussi l’Ecole latino-américaine de sciences médicales qui est quelque chose
d’absolument extraordinaire en tant que service à la région et à l’humanité
en matière de formation de médecins, et c’est d’elle que vont sortir les
deux cent mille médecins que le Venezuela et Cuba vont former en dix ans.

Tout ceci est justement né de notre esprit de coopération, reconnu
maintenant à bien des endroits. Même au Honduras, dont les autorités avaient
parlé tout récemment de renvoyer les médecins cubains : mais la population a
émis une série de déclarations pour demander que les médecins restent, car
ils soignent deux millions et demi de personnes dont personne d’autre ne
s’occupe. Oui, la population s’est mobilisée.

Nous avons dit de notre part que nous ne retirerions les médecins cubains
pour rien au monde, quel que soit les différends, à moins que le
gouvernement ne nous le demande. Nos médecins restent même sur place dans
des pays en guerre, comme c’est le cas en Haïti où ils ont continué de
soigner les malades, les blessés et tous ceux qui en ont besoin.

Voilà comme se conduisent nos médecins, voila quelle est la morale de nos
médecins. Ce sont aussi les principes de notre pays. Les brigades médicales
que nous dépêchons, nous ne les retirons pas en cas de conflits
diplomatiques, en cas de différends, voire de graves offenses à notre pays.
Ce n’est pas le genre de choses que nous faisons. Voilà notre ligne de
conduite.

Ce n’est donc pas le moment de se plaindre de cette omission de Cuba sur la
liste lue par le porte-parole du département d’Etat. Je tiens à insister
là -dessus. Je tiens plutôt à réitérer notre volonté de coopérer avec le
peuple étasunien, à plus forte raison après ce que nous avons vu et ce que
le monde a vu. Je tiens donc à réitérer textuellement notre position d’une
manière encore plus concrète :

Notre pays est prêt à envoyer cette nuit même cent médecins généralistes et
spécialistes de médecine générale intégrale qui arriveraient le samedi au
petit matin à l’aéroport international de Houston (Texas) et qui seraient
ensuite transportés par voie aérienne - ce seraient essentiellement des
hélicoptères - fluviale ou terrestre - des moyens amphibies, qui pénètrent
parfois dans des zones très inondées - aux points de refuge isolés, aux
installations et aux quartiers de la Nouvelle-Orléans où la population ou
des familles requièrent des soins médicaux urgents ou des premier secours.
Ce personnel serait équipé de sac à dos contenant vingt-quatre kilos de
médicaments essentiels dans ce genre de situations pour sauver des vies, et
un minimum d’instruments diagnostiques.

Ils doivent prendre la tension, le pouls et d’autres paramètres. Ce sont des
ressources minimales pour faire un examen clinique. Et dans ce domaine, nos
médecins ont beaucoup d’expérience, puisque des dizaines de milliers d’entre
eux ravaillent aujourd’hui même à l’étranger, et bien souvent à des endroits
où il n’y a même pas d’appareil de rayons X ou d’échographie, où il n’y a
rien, même pas de quoi faire un examen après une prise de sang ou un examen
des selles, ce qui les oblige à faire des diagnostics d’une manière purement
clinique avec énormément de précision. Ils sont devenus des experts
cliniciens, car ils sont habitués à travailler à des endroits du tiers monde
dépourvus d’appareils de diagnostic.

Ces médecins pourraient agir soit seuls soit par groupes de deux ou trois,
selon les circonstances, aussi longtemps que de besoin.

Cuba est aussi prête à envoyer via Houston ou tout autre aéroport qu’on lui
indiquerait cinq cents autres spécialistes en médecine générale intégrale,
équipés de la même manière, qui arriveraient à destination vers midi et dans
l’après-midi du samedi 3 septembre.

Cuba pourrait aussi dépêcher un troisième groupe de cinq cents spécialistes
en médecine générale intégrale qui arriveraient le dimanche 4 septembre dans
la matinée.

Ainsi, en moins de trente-six heures, mille cents généralistes équipés de
ressources susmentionnées - les sacs à dos - soit un total de 26,4 tonnes de
médicaments et de ressources diagnostiques, - mais surtout des médicaments -
prêteraient service aux personnes ayant besoin de soins après le passage
d’un ouragan aussi dévastateur que Katrina.

Et il a causé d’autant plus de dégâts qu’il s’agit d’une zone de plaine,
basse, traversée de nombreux cours d’eau. On dirait aussi que des accidents
sont survenus, des barrages ou des retenues qui ont cédé, et d’autres
problèmes de ce genre. Un cyclone reste un cyclone, surtout s’il est de la
catégorie 5. Celui qui a frappé Cienfuegos était de catégorie 4. Il est
entré même avec plus de violence, à mesure qu’il s’approchait.

Ce personnel médical possède l’expérience internationale et les
connaissances linguistiques élémentaires pour soigner des patients.

Nous n’attendons plus que la réponse des autorités étasuniennes.


Nos médecins ont été en Afrique du Sud, dans bien des pays anglophones,
voire dans des endroits où on ne parle que le dialecte. Mais il est très
facile de se comprendre avec un médecin. Un enfant de huit mois, par
exemple, ne parle pas, et le médecin peut faire pourtant un diagnostic. Le langage n’est parfois
même pas utile, car les médecins ont les connaissances élémentaires
nécessaires pour porter un diagnostic.


Pour comprendre l’importance de notre offre, il suffit de lire une dépêche
de l’agence EFE datée de la Nouvelle-Orléans aujourd’hui même, 2 septembre.
Il vaut la peine de vous la lire :

Avec des hôpitaux sans électricité, les pharmacies de la Nouvelle-Orléans
sous un mètre d’eau, des milliers de patients sans aide médicale et la
menace croissante d’épidémies, la santé de dizaines de milliers de personnes
touchées par le cyclone Katrina est en danger.

La crise que traversent la Nouvelle-Orléans et de grandes régions du sud de
la Louisiane est aggravée par le fait que la majorité des dizaines de
milliers de personnes bloquées par les eaux sont les plus pauvres des
pauvres du pays, des individus atteints de plus de maladies mentales et physiques que d’autres
groupes sociaux.

On pouvait avoir, ce jeudi, un exemple tragique des problèmes sanitaires que
Katrina et les inondations qui l’ont accompagné ont causés aux habitants de
la Nouvelle-Orléans aux portes du centre des congrès de la ville où de vingt
à vingt-cinq mille personnes se sont réfugiées.

Le cadavre d’une vieille femme, assise sur une chaise roulante et couverte
d’une couverture, repose contre l’un des murs extérieurs du centre. A
l’autre bout du centre, deux personnes font un massage cardiaque à un homme
allongé inconscient par terre, tentant en vain de lui sauver la vie.

Des personnes âgées, des enfants et des malades parmi les plus pauvres de la
Nouvelle-Orléans - où, selon des chiffres officiels, près du tiers des 1 400
000 habitants sont pauvres - [presque un demi-million] ce sont les plus
vulnérables qui paient le prix le plus lourd de cette catastrophe.

Des experts ont mis en garde au sujet des conséquences psychologiques que le
chaos et la violence régnant à la nouvelle-Orléans auront sur les enfants
frappés de plein fouet par la crise, certains séparés de leurs parents.

Ils ont aussi mis en garde au sujet de l’apparition de foyers de maladies
infectieuses comme le choléra et la fièvre typhoïde.

Environ 80 p. 100 de la Nouvelle-Orléans est sous les eaux. Les autorités
redoutent que des centaines, voire probablement des milliers de personnes
soient mortes ces jours derniers ou restent bloquées par les eaux sur les
toits de leurs logements.


Nous parlons donc de prêter une aide à des personnes bloquées dans un
édifice, dans un stade, où que ce soit, dans un village. Et notre personnel
médical avec ses médicaments irait là où on le lui indiquerait. Ces médecins
peuvent sauver des vies, comme par exemple en faisant un massage cardiaque à 
l’homme dont parle cette dépêche ; ou en donnant un médicament dans ce cas
ou dans d’autres, car un médecin peut soulager une situation avec ses
connaissance et son jeu de médicaments essentiels. Peut-être aurait-on pu
sauver ainsi cette personne sur sa chaise roulante. Allez savoir de quoi
elle est décédée.

Bref, nous ne proposons pas de médecins qui iraient à Disneyland ou
descendraient dans des hôtels cinq étoiles.

Avec des températures dépassant 30º - ce n’est rien pour un médecin cubain -
les corps en décomposition des personnes et des animaux se transforment vite
en un bouillon de culture de bactéries.

De plus, les égouts de la Nouvelle-Orléans ont déversé leur contenu dans les
eaux stagnantes couvrant les rues de la ville par où doivent passer les
habitants qui tentent de fuir.

Par-dessus le marché, on peut observer clairement d’avion des taches de
dangereux produits chimiques qui flottent dans les eaux en provenance
d’entreprises et d’usines, telles les raffineries ou les exploitations
agricoles situées autour de la Nouvelle-Orléans.

Les experts signalent que le contact avec ces eaux peut causer des
infections.

L’administration des aliments et médicaments (FDA) a averti la population de
s’abstenir de consommer « des denrées périssables comme la viande, le
poisson, le lait et les oufs non dûment réfrigérés, qui peuvent causer des
maladies même correctement cuisinés.

Voilà pourquoi, compte tenu de tous ces problèmes, un professionnel est
indispensable à ces endroits-là , au cas où il n’y aurait pas de médecins,
pour savoir quelle sorte d’aliments on peut ingérer et quelle sorte de
conserves. La question est d’envoyer sur place sans délai les premiers
secours, dans les vingt-quatre ou quarante-huit heures, pour soigner et
sauver des vies, en attendant que les choses s’organisent. Il peut y avoir
des centaines d’endroits semblables, et nul ne sait combien de vies l’on
pourrait sauver.

Les médecins avec leur sac de médicaments, bien distribués à des centaines
d’endroits différents, peuvent être extraordinairement utiles.

A supposer qu’ils aient des moyens de communication, ils pourraient même
faire savoir ce dont ils ont besoin, ce qui facilite les choses. Ils portent
un diagnostic, analysent, prévoient si une épidémie risque d’éclater, voient
les premiers symptômes. Ils seront forcément utiles.

S’il existe une circonstance dans laquelle nos médecins peuvent coopérer,
c’est bien celle-ci : de nombreux médecins cubains sont allés dans les
forêts, sur les hauts plateaux, partout. Non parce qu’ils sont Cubains, mais
parce que ce sont de vrais professionnels. Et nous avons des dizaines de
milliers de professionnels de ce genre dans d’autres pays où les autres
médecins ne vont pas.

La FDA a aussi averti « de ne consommer aucun aliment qui aurait été en
contact avec les eaux des inondations ».

Compte tenu des demandes désespérées d’eau et de nourriture de la part des
milliers de personnes attrapées dans le Superdome et au centre des congrès -
j’ignore si elles ont déjà été évacuées - qui, bien souvent, n’ont rien
mangé ces trois derniers jours, il est très probable que les avertissements
de la FDA, au cas où les sinistrés les auraient écoutés, n’auront pas
beaucoup d’effets.


J’ai reçu cette dépêche quelques heures avant mon intervention.

C’est pour ça que je viens ratifier notre offre. Nous avons été si fidèles à 
notre idée que nous ne voulions pas de publicité que trois jours se sont
maintenant écoulés et que personne n’est au courant de notre disposition.
Tout le monde a dit : « J’ai offert ceci, j’ai offert cela, j’ai offert
cinquante mille dollars. » Nous, nous avons offert de sauver des vies, d’en
sauver dix, cent, cinq cents, mille, d’aider à la prise de mesures qui
peuvent permettre de sauver des dizaines de milliers de vies, ne serait-ce
que pour éviter le triste spectacle dont le monde est témoin.

Vont-ils refuser notre coopération à cause de ce qui se passe entre nos deux
pays ? Je crois qu’une acceptation de leur part serait utile au monde et
serait un bon exemple, non seulement de notre part, mais encore de leur
part, parce que ces phénomènes naturels peuvent se répéter.

Des experts étasuniens disaient aujourd’hui qu’un grand cyclone comme
celui-ci, encore plus violent, pouvait se répéter d’ici un ou deux mois et
frapper les Etats-Unis.

Notre geste est donc sincère, c’est un geste de paix. Il ne cherche pas à 
nous faire de la pub, il n’est assorti d’aucune condition, la levée du
blocus, par exemple, ou quoi que ce soit d’autre. Nous n’avons jamais posé
de conditions à personne, nous envoyons le genre d’aide dont nous disposons,
car nous ne disposons pas de gros capital financier. Nous assumons les frais
de voyage et de carburant. Même pas besoin d’aller chercher du carburant
très loin, il est ici. Les médecins peuvent atterrir sur tel ou tel
aéroport, voire sur une base militaire. Ils ne feront pas de déclarations et
ne chercheront pas à se faire de la pub, vous pouvez en être sûrs.

La secrétaire d’Etat en personne a affirmé que les USA accepteraient
n’importe quelle aide, autrement dit même si elle vient de Mars. Mais notre
offre ne vient pas de Mars, elle vient d’une petite île qui est ici à 
quelques minutes de vol et qui a le droit moral de parler de l’envoi de
médecins, ce que tout le monde reconnaît déjà .

Nous ne tenons pas à critiquer, à mettre l’administration étasunienne dans
une mauvaise posture, car nous sommes conscients qu’elle vit un moment
difficile à cause des fortes critiques qu’elle a essuyées. Nous ne sommes
pas ce genre d’hommes politiques - nous allons nous appeler ainsi, au cas où
le mot de révolutionnaire ferait peur - qui profitent en opportunistes de
situations données pour frapper l’adversaire. Et je tiens à le préciser, car
nous sommes animés d’un vrai esprit de coopération.

Et je redis que ce n’est pas la première fois. Nous sommes absolument
opposés à toute posture de confrontation avec les USA ou avec leur
gouvernement. Je l’ai dit : Faisons une trêve. Et nous ne demandons rien.
Qui plus est, nous nous chargeons des médicaments, du transport et de tout
le reste.

Je ne sais pas comment ça fonctionne là -bas. J’imagine que des gens, si nos
médecins arrivent dans un village, leur offriront quelque chose, de l’eau.
Mais nos médecins savent résister à la soif, à la chaleur, à la faim, aux
côtés de leurs patients. Nous leur avons parfois envoyé des aliments quand
ils étaient à différents endroits, parce que nous nous inquiétons pour eux,
et en fait ils les ont donnés à leurs patients.

Nous nous inquiétions parfois de la santé de nos professeurs et quand nous
leur envoyions quelque chose, ils le partageaient avec leurs élèves. Les
médecins font pareil : d’abord, le patient. Telle est la morale dans
laquelle se forment ces médecins. Il ne s’agit pas d’un médecin ou deux,
mais de dizaines de milliers maintenant, à l’étranger, et des dizaines de
milliers de plus ici.


Voilà quelques jours, nous venons de diplômer mille six cent dix jeunes
d’autres pays, qui ont conclu leurs études au terme d’une bonne expérience.
De plus, presque deux mille médecins cubains viennent de recevoir leur
diplôme, avec une bonne expérience clinique, qui constituent des réserves.
Beaucoup de ceux qui sont en mission à l’étranger et ont une bonne
expérience sont maintenant en vacances ici. Nous dépêcherions aux endroits
les plus touchés essentiellement des médecins dotés d’expérience. Nous les
avons déjà choisis. Nous n’attendons donc plus que la réponse. Espérons
qu’elle ne tardera pas, pour ne pas perdre une minute.

Toutes les mesures sont prises. Tout est en place : les sacs à dos, les
médicaments, les vêtements, parce que notre offre remonte à trois jours.
Mais nous ne pouvons pas maintenir ces gens mobilisés tout le temps. Mais
nous savons en combien de temps nous pouvons les mobiliser, et nous savons
aussi la meilleure façon de faire parvenir en quelques heures des
médicaments à tous ces gens dont la télévision nous montre des vues : en
douze heures, au petit matin, ces médecins peuvent atterrir sur l’aéroport
de Houston, et se rendre ensuite en hélicoptère aux endroits requis, et ce
très vite.

Un hélicoptère n’a pas besoin d’une piste d’atterrissage. On lui fournit du
carburant là où il se pose et il conduit le personnel médical à n’importe
quel endroit. C’est l’idéal. Ou alors ça peut se faire avec un bateau ou une
vedette rapide, ou un char amphibie. Des gens de la Garde nationale, des
soldats participent à cette tâche. Je suis sûr que tout le monde va
coopérer. Ce serait un bon exemple pour le monde que des médecins étasuniens
et des médecins cubains, de simples citoyens, aident à sauver des vies dans
cette espèce de pause, de trêve.

Ce n’est pas une guerre entre des êtres humains. C’est une guerre pour
sauver la vie d’êtres humains, une guerre contre les maladies, contre les
calamités qui peuvent se répéter. Et l’une des premières choses que ce monde
devrait apprendre, surtout aujourd’hui avec les changements qui se
produisent et les autres phénomènes en cours, c’est à coopérer.

Nos médecins sont allés en Indonésie, à Sri Lanka. Nos médecins sont à Timor
Leste, dont des centaines d’élèves viendront bientôt se former ici. Je crois
que c’est à l’autre bout du monde, entre l’Indonésie et l’Australie. Voilà 
quelques semaines, nous y avons envoyé une délégation et j’ai longuement
discuté avec elle à son retour. Je connais la situation dans ce domaine. Et
nous avons mis au point un programme pour les former : ce pays-là disposera
dans quelques années de centaines de médecins, de tous les médecins
nécessaires. C’est un pays de langue portugaise, très héroïque, qui a perdu
des dizaines de milliers de vies dans sa lutte pour l’indépendance.


Nous n’avions rien dit de tout ça. Et si je me vois contraint de le dire ici
aujourd’hui, c’est pour que personne ne doute et que les gens s’ôtent un peu
du cerveau tous ces réflexes conditionnés. Parce que ce ne sont pas que des
mensonges qu’on inculque dans le cerveau de bien des gens, mais aussi des
réflexes conditionnés.

De plus, comme je vous le disais, nous avons de nombreux amis aux
Etats-Unis. Et environ deux cents personnalités, des autorités
administratives de ces Etats du Sud avec lesquelles nos compagnons ont de
bonnes relations, du fait des très nombreuses activités qu’impliquent
l’achat, l’embarquement et le transport des denrées alimentaires que nous
achetons depuis quatre ans, en payant au comptant, sans une minute de retard
et sans un centime de plus ou de moins. Des rapports vraiment bons se sont
donc noués, des rapports de confiance. Nous avons adressé nos condoléances à 
toutes ces autorités qui ont très bien réagi et nous en ont remercié. Nous
les avons aussi informées de notre offre aux plus hautes autorités des
Etats-Unis, en précisant que nous voulions agir avec discrétion.

Elles doivent bien le savoir, et en être témoins. Il ne s’agit pas ici de
discuter ou de polémiquer. Nous ne demandons à personne de faire son
autocritique et nous ne critiquons personne. Nous proposons quelque chose de
vraiment très constructif et qui nous semble juste, des actions pratiques
concrètes, immédiates : nos cent premiers médecins peuvent être là -bas en
quelques heures, dès sept heures du matin, tandis que les autres pourraient
arriver vers midi, un autre groupe de cinq cents arriverait dans
l’après-midi, et autant le dimanche.


La Mission Miracle a permis d’opérer à ce jour de la cataracte et d’autres
affections oculaires 64 637 patients vénézuéliens et caribéens, à un rythme
de 1 560 par jour. Calculez donc combien il faut d’allers et retours
d’avions pour opérer tant de malades. Nous pouvons compter ici sur un bon
nombre d’intensivistes, et si les Etats-Unis en ont besoin dans certains
hôpitaux à cause du cyclone, nous pouvons aussi les envoyer.

Les Etats-Unis comptent de nombreux médecins et de nombreuses ressources,
mais ils doivent faire face à une situation spécifique dans une région
spécifique pour un problème spécifique. Ce n’est pas là un déshonneur. Je
suis convaincu en tout cas qu’il est très difficile là -bas de dépêcher tout
le personnel nécessaire aux gens du Sud qui en ont besoin en douze ou
vingt-quatre heures. Un médecin pour des situations extrêmes, un clinicien
formé à ces tâches ne s’improvise pas, pas plus que vous ne trouvez
facilement des gens prêts à aller n’importe où. Pour Cuba, en revanche, ce
n’est pas une expérience nouvelle, ce n’est pas la première fois.

Voilà ce que je voulais dire. Plus de deux cents personnes sont au courant,
et je leur ai dit à toutes que nous avions avertis les autorités de
Washington et que nous voulions de la discrétion. Les autres peuvent juger
s’il a été correct ou non de vous demander de me laisser quelques minutes
pour l’expliquer, pour m’adresser au peuple étasunien et pour répondre à 
ceux qui pensent que nous sommes vindicatifs et que nous ne voulons pas
aider les Etats-Unis à cause de nos différends. Nous ne demandons rien, je
le répète !


De fait, nous n’avons besoin de rien. Des médicaments, en revanche, oui,
autant qu’ils veulent. Des équipements pour sauver et soigner des
Etatsuniens, aussi. Et s’ils ont besoin de plus de médecins, s’ils en
veulent mille, ou cinq mille, nous les avons, nous savons où ils sont, nous
savons où sont les spécialistes en rayons X, en échographie, en endoscopie,
des spécialistes de nombreuses maladies. Vous pouvez avoir de nombreux
équipements, certes, mais si vous n’avez pas les gens capables de les
utiliser avec la rapidité requise, à quoi bon ? C’est tout ce que j’ai à 
dire.

J’exprime par là la bonne volonté de notre peuple, les sentiments amicaux
qu’il a toujours éprouvés envers le peuple étasunien, comme il l’a montré
durant quarante-six ans. Cuba est l’un des rares pays au monde où l’on n’a
jamais brûlé un drapeau étasunien, où l’on n’offense jamais un Etasunien.
Voilà notre aval. Et nous savons gré au peuple étasunien d’avoir soutenu le
retour du petit Elián, nous lui savons gré de soutenir en nombre croissant
que justice soit faite envers nos cinq compagnons, et nous espérons pouvoir
un jour nouer avec lui des liens d’amitié, pas seulement pour nous aider
mutuellement, mais surtout, et fondamentalement, pour aider d’autres
gens.L’administration et le Congrès des Etats-Unis ont dégagé quinze
milliards de dollars pour lutter contre le sida, mais l’argent ne règle pas
le problème en Afrique si vous n’avez pas de médecins dans les villages. Et
ces médecins n’existent tout simplement pas ! En revanche, nous les avons,
nous, et nous en aurons toujours plus, par dizaines de milliers.

Les Caraïbes vont disposer de milliers de médecins. Nous allons les aider à 
les former, tout en ayant préparé des centaines ici, qui parlent couramment
anglais.

L’Amérique centrale en disposera aussi. Elle en a déjà . Nous sommes toute
une famille. Le monde a besoin de médecins qui exercent à ces endroits-là .

Et s’il faut des équipements pour soutenir d’urgence les personnes touchées,
Cuba en dispose dans ses entrepôts et qui sont exactement les mêmes que ceux
que nous avons acquis pour nos propres programmes. Il existe toujours une
réserve tandis que nous construisons. Nous n’allons pas les retirer de nos
institutions de santé. Il s’agit d’équipements destinés à d’autres points
qu’on peut remplacer en quelques semaines.

Nous avons aussi averti les autorités de Washington de cette intervention
qui visait, non à la confrontation, mais à une réitération de notre offre.
On en a informé à cinq heures la Section des intérêts d’ici et les autorités
à Washington. Ils étaient donc au courant et savaient dans quel esprit
j’allais me présenter.

Si seulement nous pouvions tous tirer une leçon utile et profitable de cette
tragédie colossale et triste !

Il me semble Randy, compañeros et compatriotes,
que je n’ai plus rien à ajouter.

- Transmis par Cuba Solidarity Project


Bagdad-sur-le-Mississipi

L’ouragan Katrina : un tournant dans l’histoire politique des Etats-Unis, par John Peterson.



- Photo : AIN
www.ain.cubaweb.cu

- Peinture : Margari
margari@wanadoo.fr.



[1Lettera22 est une association de journalistes italiens spécialisée dans les thèmes de politique extérieure et de culture, www.lettera22.it/chisiamo.html : « La seule ligne qu’un journaliste est tenu de suivre est celle du chemin de fer » Albert Londres.
Emanuele Giordana, membre fondateur et directeur, est journaliste -presse écrite et radio- spécialiste du monde asiatique et musulman (indonésien en particulier), auteur de plusieurs ouvrages, dont récemment « Géopolitique du tsunami » (2005) (publié en partie en décembre 2004 par il manifesto, traduction disponible sur le site de Lettera22).


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