Complément d’infos :
Extraits de l’interview de Stafford Scott, une des personnalités locales qui représente la communauté (video (7 aout).
Traduction (rapido et grosso modo) exclusive pour le Grand Soir, pendant que les administrateurs se prélassent sous un parasol, les doigts en éventail, dans quelque île paradisiaque ;-)
"La raison de ces incidents, c’est que la police a méprisé les sentiments de la famille du jeune homme tué jeudi soir. Ils n’ont, à ce jour, toujours pas daigné leur rendre visite pour les aider ou les conseiller. Les parents n’ont rencontré aucun officier de liaison avec les familles. Nous étions complètement écoeurés, et donc nous avons décidé de nous rendre au commissariat de police de Tottenham parce que peut-être n’étaient-ils pas au courant qu’un meurtre avait été commis.
Nous avons défilé pacifiquement jusqu’au commissariat. Et ce que nous avons déclaré à la police, c’est que nous voulions qu’un responsable de la police vienne nous expliquer ce qui s’était passé.
Ils n’ont cessé de se défiler. La personne la plus gradée qu’ils nous aient trouvée, c’est un inspecteur de police divisionnaire : nous avons dit que nous voulions quelqu’un de plus haut placé - nous voulions au moins un commissaire. Ils ont fini par demander à un commissaire de venir, mais à ce moment là , c’était trop tard.
Journaliste : vous dites que c’était trop tard. Voulez-vous dire que c’est la raison pour laquelle les violences ont éclaté ?
Stafford Scott : "je vous dis que s’ils s’étaient occupés de nous plus tôt, nous ne serions pas restés là , mais nous serions retournés à Broadwater Farm (la cité où ils habitent, NDT). J’ai prévenu un officier de police que nous ne voulions pas rester dans le coin jusqu’à la tombée de la nuit. Et je l’ai averti que s’il ne cessait de faire traîner les choses, et nous forçait à rester jusqu’à la nuit - car nous étions déterminés à rester jusqu’à ce qu’on puisse rencontrer un haut responsable - alors, la police serait responsable de ce qui se passerait.
(…)
Journaliste ; vous voulez dire qu’aucune leçon n’a été tirée depuis 1985 ?
Stafford Scott : "Ceux qui disent que cela n’a rien à voir avec 1985 n’étaient pas là en 1985. C’est exactement le même cas de figure qu’en 1985. Les incidents de 1985 ont été déclenchés à la suite de la mort d’une femme noire, où la police avait cherché à dissimuler les causes de la mort. Ils avaient prétendu qu’elle était morte à cause de son sur-poids.
Aujourd’hui, ils cherchent à cacher les causes de la mort de Mark, également. Nous ne croyons pas que Mark était assez fou ou assez méchant pour sortir d’une voiture et tirer sur des policiers armés.
Ce que nous savons, c’est que l’arme a été retrouvée dans sa chaussette, ce qui veut dire qu’il ne se préparait pas à s’en servir. Et donc, on ne peut pas croire que quelqu’un aurait imaginé tirer sur quelqu’un d’autre à travers une chaussette. C’est complètement dément.
Nous sommes ici dans l’arrondissement où ont été tués Cynthia Jarrett, Joy Gardner et Roger Sylvester. Il a fallu quatre ans pour qu’une enquête soit ouverte sur la mort de Roger Sylvester. Donc, nous savons que rien ne se fait rapidement.
Mais, bon sang, nos parents n’ont-ils pas droit à la même considération que les autres parents ? Peu importe qui était Mark, quand on parle de l’armée, d’un mort en Afghanistan, on dit toujours qu’on ne va pas révéler l’identité de la personne tant que la famille n’a pas été prévenue. Ici, les parents ont appris la mort de leur fils dans les journaux. Aucun haut responsable ne s’est rendu chez eux pour leur annoncer que leur fils avait été tué. Absolument personne ne s’est déplacé.
(…)
Pas la même chose qu’en 1985 ? Rien n’a changé depuis 1985 pour les gamins de ce quartier. Consultez les stats.
Le nombre de fois où ils sont arrêtés et fouillés a, en fait, augmenté. Le taux de chômage chez les jeunes a, en réalité, augmenté depuis 85. il y a autant d’exclusions scolaires qu’en 85. Rien n’a été fait pour améliorer les moyens de subsistance des jeunes noirs qui ont la malchance de grandir dans des cités comme Broadwater Farm."
fin de traduction
C’est exactement ce qui s’est passé en France, entre autres, en 2005 : aucun haut-responsable n’a daigné rencontrer les familles de Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans).
Au contraire, ils ont commencé par salir les deux gamins en disant que c’étaient des délinquants en fuite et en laissant entendre qu’ils n’avaient que ce qu’ils méritaient (la mort instantanée pour un délit non avéré ? Belle conception de la justice).
Et ils ont constamment méprisé ostentatoirement les familles en deuil. Tu ne veux pas avoir la rage devant une telle méchanceté et une telle justice ?
Ce ne sont certainement pas des réactions dues à l’incompétence des pouvoirs publics (sinon, l’histoire ne se répèterait pas et des mesures seraient prises).
Au contraire, elles sont délibérées et destinées à mettre le feu aux poudres pour faire flamber les quartiers, s’allier le reste de la population et justifier de nouvelles mesures répressives avec l’approbation béate, dégoulinant de reconnaissance, de l’opinion publique chauffée à blanc par des reportages ciblés et biaisés.
Et puis, cela permet de tester les armes antiémeutes à petite échelle sans éveiller les soupçons de la majorité (des noirs et/ou des musulmans ? Que de la racaille à mettre en prison, alors si on leur tire dessus, ça débarrasse).
Nous n’avons pas fini de vivre ce cauchemar.
Mais l’imbécile ne voit que le vol de quelques produits high-tech sans se demander qui les a fabriqués, pour combien et qui se remplit véritablement les poches sur son dos.