Tandis que se construit l’Europe de la concurrence et de l’argent-roi, de la compétition inamicale entre les pays de l’UE, tandis que nos médias privés condamnent le travailleur grec (oisif et non imposé), l’Espagnol dépensier, l’Italien combinard, le Français aux 35 heures et qu’ils alimentent la crainte de voir arriver le plombier polonais, les pays du sous-continent latino-américain se dressent un à un contre l’Empire dans un processus solidaire où chacun aide l’autre et se réjouit de ses succès.
Après Cuba, qui fut longtemps seule, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua, l’Equateur, d’autres, à des degrés divers, ont choisi l’entraide dans la récupération de leur souveraineté.
Des organismes interétatiques ont été mis en place, qui réunissent nombre de pays latinos-américains. Une télévision, par satellite (Telesur) taille des croupières à CNN en langue espagnole, des programmes d’alphabétisation, de santé, d’alimentation ont été mis en place, les échanges commerciaux se paient parfois, non pas en monnaie, mais en services, dans une sorte de troc.
Pour ces raisons-là , ces pays sont mitraillés par nos médias.
Laissons, pour une fois, leurs cibles favorites (Cuba, le Venezuela) et passons à une autre qu’il faut diaboliser d’urgence car elle se mêle de gêner considérablement les USA et d’agacer l’aile droite de Charlie Hebdo.
D’abord, le « violeur agresseur sexuel ».
L’Equateur a décidé d’accorder l’asile politique à Julian Assange, le créateur de Wikileaks. Du coup, Rafael Correa, président élu de ce pays devient l’homme à abattre. Médiatiquement puisque la tentative d’exécution physique a échoué.
Puis le futur despote…
Le 7 mai 2011, Rafael Correa célébrait la 8 ème victoire électorale de la « Révolution citoyenne ». 11 millions d’Equatoriens venaient de voter oui à 61% aux 10 questions posées par référendum.
Dans une interview rediffusée par Telesur, Rafael Correa a relevé, qu’une fois de plus, les grands médias ont mené une féroce campagne pour le « non ». Ce ne sont pas les opposants qui ont été les principaux adversaires du « Oui » mais une presse qui « a dépassé toutes les limites et a perdu tout scrupule ». Et Rafael Correa prévoit une nouvelle montée en puissance de la guerre médiatique.
Petit coup d’Etat sans importance pour nos défenseurs des droits de l’Homme
Bref retour en arrière pour rappeler que le président avait été victime d’une tentative de coup d’État le 30 septembre 2010, fomenté par des éléments d’extrême-droite de la police, alliés aux médias privés. Sa voiture mitraillée (17 impacts de balles), victime d’un lancer de grenade lacrymogène, Rafael Correa, qui se blessa alors au genou, et une poignée d’hommes (ses gardes du corps) avaient pu se réfugier dans une pièce de l’hôpital de Quito où ils s’apprêtaient à mourir quand les factieux armés entreprirent de les déloger.
Maurice Lemoine, grand spécialiste de l’Amérique latine rapporte ceci dans le Monde Diplomatique : « Le ministre des affaires étrangères Ricardo Patiño et le maire de Quito Augusto Barrera appellent la population, déjà rassemblée en masse devant le palais présidentiel, à se rendre à l’hôpital militaire, « de façon tranquille et pacifique », pour en sortir M. Correa.
Commence un long face à face pendant lequel les « forces de l’ordre » répriment - sans doute un mort et une centaine de blessés - les partisans du président, tentant, à l’aide d’un déluge de gaz lacrymogène, de les empêcher d’approcher. Ce n’est qu’au bout de onze heures de chaos, à 21h25, qu’un commando de l’armée, affrontant violemment les mutins, viendra « extraire » M. Correa ».
Pendant ce temps, des militaires occupaient la piste de l’aéroport international et les putschistes tentaient d’empêcher la télévision publique équatorienne de continuer à diffuser des informations sur l’encerclement du président. TeleSur a permis de suivre les événements en direct et en continu.
L’aile droite de Charlie Hebdo n’aime pas qu’on résiste aux milliardaires et aux USA.
Charlie Hebdo du 29 août consacre un tiers de sa page 11 à (contre) l’Equateur. L’article est signé Gérard Biard, rédacteur en chef, qui fustigeait Cuba la semaine précédente, en jetant poivre et piment sur une dépêche de l’AFP qui lui paraissait trop castriste : www.legrandsoir.info/charlie-hebdo-contre-l-afp.html
A Charlie Hebdo, l’international est assuré par Gérard Biard et par Eric Simon qui a confié à un administrateur du GS qu’il est pris de nausée devant les anti-impérialistes et qui qualifie LGS et ses administrateurs de nazis (rouges-bruns).
L’article de Biard (on n’ose dire « enquête » sans galvauder ce mot) est un pamphlet contre Rafael Correa, accusé d’opprimer sa presse. C’est amusant, car le prétexte à cette attaque est l’asile accordée par l’ambassade de l’Equateur à Londres à Julian Assange (qui, dit Biard, fait des « déclarations hallucinées »). En d’autres temps, Charlie Hebdo, ses plumes historiques, auraient pris le parti du fugitif recherché par l’énorme machine flicarde internationale pour crime de diffusion d’informations incontestables.
Mais là , le projet de Biard, c’est de démontrer que Rafael Correa ne respecte pas la liberté de la presse chez lui. Oh que non ! C’est amusant encore quand on sait qu’il y a, en Amérique-Latine, des dictatures, amies des USA, où les journalistes se font descendre comme des lapins, mais, bon, silence, hein ?
De même que l’article d’Eric Simon était fondé sur des sources vaseuses (Ornella Guyet) décriées par toutes les consciences, celui de Gérard Biard puise dans les informations des médias de droite et chez Reporters sans frontières. Il faut ne rien connaître pour ignorer que RSF, financée par plusieurs agences qui sont des paravents, parfois avoués, de la CIA, mène un combat partisan contre tous les pays du monde qui prétendent résister aux USA.
User des informations de RSF en la matière, c’est reproduire les dépêches des médias (privés) d’opposition de l’Equateur. Croire un mot de ce qu’elles racontent, c’est croire Landru quand il dit qu’il ne sait pas allumer un feu ou Sarkozy qui jurerait n’avoir jamais eu de montre ou Eric Simon quand il prétend que les administrateurs du GS invitent les nazis (les bruns) chez eux ou, bien sûr, Robert Ménard quand il prétend ne pas être proche du FN.
L’Equateur à RSF : « la réalité du pays ne se réduit pas à celle de quatre familles propriétaires de médias ».
En réponse à une lettre ouverte de Reporters sans frontières critiquant l’attitude du président Rafael Correa à l’égard des médias, le gouvernement équatorien lui a proposé de participer dans son pays à un débat sur la liberté de la presse :
« Nous vous invitons, avec d’autres organismes internationaux défendant la liberté de la presse à participer à un forum » sur ce sujet. « Ainsi nous pourrons avoir une vision plus ample de la réalité du pays qui ne se réduit pas à celle de quatre familles propriétaires de médias ». Des journalistes, des étudiants et des patrons de presse seraient également invités.
Invitation rejetée, à notre connaissance.
L’article de Biard contre l’Equateur, disons-le tout net, est aussi malhonnête et mou du genou-déontologique que ceux de son comparse Simon et de son inspiratrice (Guyet) contre LGS.
Exemples :
Biard dit que Julian Assange est accusé d’agression sexuelle et de viol, sans préciser, même en deux mots, ce que la loi suédoise entend par-là et que la loi française ne retient pas. Charlie Hebdo : Assange est un agresseur violeur. Ah ? Ils sont vachement médiatisés, ces temps-ci, les agresseurs-violeurs. Dans le monde entier, dis-donc. Tous, n’est-ce pas ? On voit ici l’ampleur du foutage de gueule planétaire.
En vérité, ce bon Obama compte faire voyager le fondateur de Wikileaks : Grande-Bretagne>Suède, Suède >USA, USA>Cuba (Guantanamo).
D’après Biard, Correa a porté plainte contre le journal El Universo, parce qu’un article le traitait de dictateur et l’accusait de crimes contre l’humanité. Ce que le lecteur de Charlie Hebdo ne saura pas, c’est que ce journal accusait aussi Correa d’avoir « ordonné de tirer à discrétion dans un hôpital plein de civils ». Et que ce mensonge éhonté d’El Universo était la manière dont il rendait compte de l’encerclement du président dans cet hôpital, tandis que les putschistes tiraient sur lui et qu’ils essayaient (par la force des armes et les mensonges des médias privés) d’empêcher la foule d’arriver en renfort vers le président élu.
Biard écrit que des journalistes ont été condamnés à verser au président des millions de dollars (1) « pour avoir évoqué des contrats publics douteux accordés, à son frère ». Nous lisons bien : le frère du président a (et non pas « aurait », ou « aurait selon l’opposition » ou « aurait selon la presse privée d’opposition ») bénéficié de contrats douteux. Et le seul fait de l’évoquer est puni.
Et pourquoi est-ce puni ? Soit parce que l’information est diffamatoire, soit parce que la Justice est aux ordres. Dans ce dernier cas, comment expliquer des décisions de juges déboutant le gouvernement (Biard s’en réjouit) dans un procès contre des opposants à un projet d’exploitation minière et pétrolière ?
De plus, Rafael Correa exerce un tel contrôle sur la justice que les auteurs du coup d’Etat raté sont quasiment tous remis en liberté ou non poursuivis.
Par ailleurs, comment Biard peut-il se désoler du projet de création (approuvé par le peuple consulté par référendum) d’un « organe de contrôle des contenus journalistiques » sans dénoncer en même temps son pendant dans toutes les pays occidentaux et dont le nom en France est : le CSA ?
D’autant plus que, me souffle un lecteur bien informé, « Le projet de loi sur la communication, bloqué depuis 2 ans à l’Assemblée Nationale équatorienne par l’opposition et les grands groupes de communication, ne crée pas une instance de contrôle du contenu des médias, mais une instance de régulation qui, entre autres, repérera les messages violents, sexuels et discriminatoires. Cette instance ne sera même pas supervisée par le gouvernement, n’aura aucun pouvoir de censure et disposera de beaucoup moins de pouvoir que le CSA en France, par exemple ».
Comment Biard peut-il glisser une phrase où il concède que « Rafael Correa n’a pour le moment rien d’un despote… », alors que tout son article tend à persuader son lecteur du contraire. Et d’où tient-il la validité de son « pour le moment » ?
L’art de plagier et triturer une dépêche d’agence sans la citer.
Le 17 août, l’AFP diffusait une dépêche réquisitoire au titre assez « engagé » : « Correa - Quand un pourfendeur de la presse, se fait le héraut de la liberté d’expression. »
Gérard Biard s’en inspire en douce pour titrer platement son article : « Correa défend la liberté d’expression, sauf chez lui ».
Regardons maintenant les ressemblances entre la dépêche de l’AFP (source non citée par Biard), en notant bien les coupés-collés parfois affectés de variations infimes qui permettent à l’auteur de faire croire qu’il a creusé le sujet, de gommer ce que sa source dit de positif, d’en ajouter dans le négatif :
Dépêche de l’AFP | Charlie Hebdo (Gérard Biard) |
« Au pouvoir depuis 2007, ce dirigeant de gauche [Rafael Correa], qui jouit d’une forte popularité pour ses programmes sociaux… » |
Rien sur la popularité et les programmes sociaux. |
« En 2011, Rafael Correa avait porté plainte contre le journal d’opposition El Universo, dont trois dirigeants et un éditorialiste ont été condamnés à trois ans de prison et une amende record de 40 millions de dollars… » |
« En 2011, il avait porté plainte contre le journal d’opposition El Universo […] les trois dirigeants du journal et l’éditorialiste avaient été condamnés à trois ans de prison et à 40 millions de dollars d’amende, tout de même ! » |
« Cette peine avait provoqué la colère de nombreux journaux, organisations internationales de défense des droits de l’homme et de la presse, contraignant finalement M. Correa à demander l’annulation de la condamnation du journal en février dernier ». |
« Magnanime - et un peu sous la pression de toute la presse gouvernementale, de Reporters sans frontières et d’organisations de défense des droits de l’Homme -, Correa avait accordé son « pardon » aux journalistes »
NB : Pardonnés ! mais il n’est pas précisé qu’il y a eu « annulation de la condamnation ». |
« Dans la foulée, il avait également accordé son pardon à deux autres journalistes condamnés le 7 février à lui verser deux millions de dollars après avoir publié un livre évoquant des contrats publics obtenus par son frère ». |
« En février 2012, deux autres journalistes furent condamnés à lui verser deux millions de dollars après avoir évoqué des contrats publics douteux accordés à son frère ».
(Notez le « douteux » ajouté par Biard.) |
« Cette semaine, le Conseil de l’enfance et de l’adolescence, qui dépend du gouvernement équatorien, a déposé une nouvelle plainte contre le directeur d’El Universo. Ce dernier est accusé de violation de la vie privée après la publication - pourtant autorisée par leurs parents - de photos d’enfants lors d’une réception au palais présidentiel ». |
« Il y a deux semaines, le Conseil de l’enfance et de l’adolescence, dépendant du gouvernement équatorien, a porté plainte contre le journal pour avoir publié - après autorisation écrite des parents-, la photo d’enfants présents lors d’une réception au palais présidentiel. » |
Du plagiat malveillant parsemé de traficotages et d’insinuations. Un vrai journaliste aurait au moins appelé l’ambassade de l’Equateur pour avoir sa version, quitte à la contester.
Mais ce n’est pas tout !
Comment l’AFP et Gérard Biard mentent par omission et insinuation
Etudions maintenant le dernier passage du tableau ci-dessus, relatif à une plainte pour une photo. Le texte est assez sibyllin, non daté, exempt de noms pour qu’aucune recherche et vérification ne puissent être faites par le lecteur qui, après cet ajout sans aucun rapport avec l’affaire Julian Assange, est mûr pour tirer une conclusion finale : Correa est un dictateur.
Nous y apprenons en substance, avec les 60 000 (?) lecteurs de Charlie Hebdo enfumés par le rédacteur en chef que, passant outre l’accord et les droits des parents (lambdas), le gouvernement (liberticide) veut punir la publication de photos d’enfants (lambdas) prises lors d’une (anodine) réception en son palais présidentiel.
Or, de quoi est-il question en vérité ? Pour protéger les enfants et les adolescents, le gouvernement équatorien a créé un « Consejo Nacional de la Niñez y Adolescencia » rattaché au ministère « de Inclusión Económica y Social », soutenu et en partie financé par l’Unicef. Voir étude de l’Unicef (en espagnol) : www.unicef.org/ecuador/Encuesta_nacional_NN...
Cet organisme prévoit, parmi des dizaines de dispositions couvrant un large éventail : travail des enfants, maltraitance, soins médicaux, alimentation, alphabétisation, abus sexuels, etc., un droit des enfants à leur image.
Tous ces droits, on en sera d’accord, sont ceux des enfants et ne peuvent être dépendants du bon vouloir des parents.
Or, un député de l’opposition, Dalo Bucaram, fils d’un ancien président qui avait fui au Panama en emportant plusieurs millions de dollars, a fait publier le dimanche 12 août 2012, dans El Universo, un article politique illustré d’une photo de ses trois enfants au Palais présidentiel auprès de Rafael Correa, comme preuves de réunions avec le président en vue du retour possible de l’exilé.
Posons que cette affaire, l’utilisation d’enfants par leur père, député, fils d’un président fuyard, la réaction qu’elle a sucitée, peuvent paraître surréalistes à un citoyen français. Mais que dire de l’usage qu’en fait l’AFP par volontaire rétention d’informations et Gérard Biard, trop content de faire un copie-collé subreptice, à charge ? Et v’lan un coup de sabot final ! Pas la peine de s’embêter à vérifier ce qui s’est passé vraiment. Le lecteur n’ira pas voir, surtout s’il ne connaît pas la langue du coin.
Et puis, contre les « anti-impérialistes » tout bois fait flamme. Quitte à désinformer le lecteur, ce cochon de payant qui, ne faisant pas partie de la rédaction du journal, est affecté d’un QI forcément inférieur à celui du rédacteur en chef emberlificoteur.
Continuons à lire Charlie Hebdo :
Quand le futur « despote » interdit « toute manifestation »
Biard, déçu sans doute par la modération de l’AFP est allé fouiller dans un rapport d’Amnesty International publié le 17 juillet pour y découvrir que « Correa est accusé de détourner abusivement le système judiciaire pour empêcher toute manifestation ». Si cela est exact (mais on vient d’apprendre qu’il faut tout vérifier et tout contextualiser), c’est condamnable. La version de Charlie Hebdo nous trace en effet le portrait d’une dictature qui empêche TOUTE ESPECE DE MANIFESTATION dans le pays.
Toute manifestation ? Non, dit en vérité le rapport cité qui déplore les « manoeuvres semble-t-il délibérées visant à les empêcher [les indigènes et campesinos] de protester contre des projets ayant des répercussions sur leur environnement et leurs terres », c’est-à -dire des manifestations spécifiques en des lieux précis.
De surcroît, si Biard rapporte ensuite fidèlement les écrits d’Amnesty international quand elle parle de 24 dirigeants inculpés « pour terrorisme, sabotage, blocage des routes et assassinat » en lien avec des manifestations de 2009 et 2010, il oublie au passage cette remarque du rapport : « Amnesty International reconnaît que l’État est tenu de maintenir l’ordre public et d’enquêter sur les crimes susceptibles d’être commis dans le cadre d’une manifestation ».
Le lecteur novice du Grand Soir vient d’avoir une révélation : le journaliste n’est pas celui qui se fait rétribuer, c’est celui qui informe. LGS l’avait déjà dit, je crois.
Jean-Luc Mélenchon complice de Rafael Correa.
Il y a peut-être aussi un autre crime, plus récent, que Biard impute à Rafael Correa. Mais difficile pour lui d’y aller franco sans contrarier une partie du journal, dont son directeur de publication.
Le 11 Avril 2012, l’Humanité publiait ce qui suit :
« Rafael Correa, président de l’Equateur, soutient Jean-Luc Mélenchon
Dans une lettre adressée, depuis Quito, à Jean-Luc Mélenchon, que nous reproduisons ici, le président de l’Equateur, Rafael Correa, salue et soutient la campagne du Front de gauche et de son candidat ».
« Cher Jean-Luc,
Les injustices et les inégalités générées par un système basé sur le pouvoir de quelques-uns et l’exploitation de la majorité, ont poussé, en Amérique latine, les citoyennes et les citoyens à s’unir pour redéfinir notre destin. La vérité, l’honnêteté, la force, la créativité et la simplicité des grandes idées résident en nos compatriotes et avec eux nous construisons ce futur que nous appelons tous de nos voeux.
« Qu’ils s’en aillent tous »
En Amérique latine, ce système qui mettait le capital au-dessus de l’humain et les intérêts corporatistes au-dessus des droits citoyens s’est définitivement éteint. En Équateur, cela s’est traduit par le mot d’ordre du peuple : « Qu’ils s’en aillent tous ! ». Et c’est ainsi que nous avons débuté une révolution citoyenne destinée à changer les structures du pouvoir et à instaurer le bien vivre pour toutes et tous. Nos pas ne sont pas guidés par les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, mais par une nouvelle Constitution, adoptée directement par le peuple, et dont les droits de l’homme constituent la colonne vertébrale.
« Surmonter le fondamentalisme néolibéral »
Le nouveau Front de Gauche que tu mènes est une référence pour les mouvements progressistes de toute l’Europe, nous sommes sûrs que vous saurez affronter les défis posés par ce moment historique de la réalité européenne. Ce soutien populaire croissant est une preuve que l’Europe peut, elle aussi, surmonter le fondamentalisme néolibéral qui fait subir aux citoyens le coût de la crise, repoussant ainsi les aspirations sociales et enracinant les inégalités.
Les propositions sociales que tu fais ont d’ores et déjà commencé à être stigmatisées par les grands médias, lesquels te qualifient de « populiste » et « démagogue » :
bienvenue dans la lutte, il s’agit là de la réaction du capital, lorsque se profilent les politiques et les mesures au bénéfice des travailleurs, des salariés, de la grande majorité.
« Hasta la victoria Siempre »
Reçois, cher Jean-Luc, au nom du gouvernement de la Révolution citoyenne, de tous les révolutionnaires de l’Équateur, et de moi-même, le soutien à ton projet de société au service de ton pays. Ici comme en France a sonné l’heure de la Révolution citoyenne et de la marche vers un avenir fait de vie et de paix, fruits de la justice.
Nous saluons ta reconnaissance envers le travail quotidien que des millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens menent avec cohérence et volonté pour transformer radicalement et profondément les structures d’une réalité économique, sociale et politique qui nous avait plongés dans la pauvreté, la dépendance et le sous-développement.
Nous te souhaitons, compañero, le succès dans cette élection présidentielle. Compte sur notre solidarité militante.
Hasta la victoria Siempre,
Rafael Correa Delgado, Président constitutionnel de la République ».
Jean-Luc Mélenchon complice de Rafael Correa et de Julian Assange
Julian Assange est intervenu le 24 août en direct par téléphone au cours des journées d’été du Parti de gauche (PG) . « La France a été un pays important pour Wikileaks », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Une partie de la presse française a été à nos côtés ». Oui, sauf celle qui savate le petit pays qui prend le risque de vous accueillir.
Finalement, que lire le mercredi ?
Bref, Rafael Correa, économiste modéré qui a fait ses études aux USA, entend ne plus laisser le puissant voisin considérer son pays comme une colonie officieuse. Il veut établir la justice sociale, protéger l’enfance et l’adolescence, arracher son peuple à la misère et récupérer le fruit des richesses de son pays (pétrole, cacao…). Il le fait contre des médias appartenant aux oligarques et qui remplacent l’opposition défaite par les verdicts des urnes. Il est victime d’un coup d’Etat auquel les médias participent. Il veut fixer des règles médiatiques s’approchant de celles dont nous nous accommodons. Il propose l’asile et la liberté au fondateur de Wikileaks.
C’est trop pour les USA et les putschistes (on les comprend). C’est trop pour Charlie Hebdo (il n’est plus à gauche, cet hebdo ? Vous le saviez ? Ses lecteurs le savent ? Il est revenu, Philippe Val ?).
Je viens de comprendre d’un seul coup pourquoi, autour de moi, des esprits libres et sans préjugés, qui ont un besoin hebdomadaire de satire, d’impertinence, de persiflage et de dessins, me disent acheter désormais le Canard Enchaîné, qui tire à 500 000 exemplaires.
Du coup, je suis allé y voir. Claude Angelli qui y traite (prudemment) des affaires internationales, n’a aucun mal à contourner Biard et Simon sur leur gauche.
Cependant, je vais m’astreindre régulièrement à décrypter la prose de Charlie Hebdo, comme ce journal a commencé à éplucher celle du Grand Soir avec, dit-il, une future mise en oeuvre de gros moyens.
Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette, le premier qui mentira...
Vladimir Marciac
Voir aussi sur Le Grand Soir :
Rafael Correa : l’insurrection citoyenne en 10 leçons
http://www.legrandsoir.info/rafael-correa-l-insurrection-citoyenne-en-10-lecons.html
Note :
(1) Rafael Correa a renoncé à percevoir les amendes infligées aux médias condamnés. Biard signale qu’il a accordé son « pardon » (les guillemets et italiques sont de Biard). Pardonner est un privilège de tyrans. Les présidents démocrates, eux, usent « d’un droit de grâce ». C’est d’ailleurs cette formulation (Correa a gracié… ») qu’ont retenue nombre d’organes de presse (pas tous) puisque « perdonar » peut aussi être traduit par « gracier », ce qui convenait mieux ici. Objectivement. D’ailleurs, la dépêche de l’AFP parle de « pardon », mais évoque aussi « le directeur d’El Universo, condamné puis gracié ».