Un parfum vert-de-gris dans la volonté de surveiller, de pourchasser, d’évaluer, de juger

Le Grand Soir attaqué, la Syrie, la Palestine et la vérité aussi.

Qui a le souci de la vérité ?

Le tir nourri qui vise LGS mérite une riposte vive, mais digne. Car l’enjeu est de taille. Oui, dans cette affaire la liberté d’expression est tout simplement piétinée et par conséquent la démocratie niée, elle qui garantit une loi égale pour tous et des droits inaliénables au travail, à l’éducation, à la santé, à l’information, à l’expression (…).

Alors, comment qualifier une campagne qui ne traite nullement les orientations incriminées au fond, qui insulte et juge de manière expéditive au nom du dogme d’un autre Saint Simon : Qui n’est pas pour moi est contre moi.

C’est tout simplement une campagne abjecte qui fait du journal qui l’orchestre une feuille au parfum vert-de-gris dont la volonté de surveiller, de pourchasser, d’évaluer, de juger semble nous dire je suis partout. ça me fait froid dans le dos.

En démocratie, la morale, c’est le respect en droit de l’autre être humain qui se manifeste notamment par la pratique de la conversation ou du moins celle du dialogue. Seul les fanatiques, voire les acteurs de l’impérialisme, quelle qu’en soit la couleur, s’en exonèrent au nom d’une foi aveugle ou de la logique implacable des marchés, les deux parfois, et ils excommunient tout contestataire ou simple protestataire. L’idée même de la preuve des autres est niée, alors qu’il est établi depuis longtemps que la vérité universellement convaincante se rencontre le plus souvent au croisement de preuves et de sincérités diverses.

Or, la vérité ne se décrète pas, la vérité peut être belle, mais elle est parfois désespérante, contraire à nos idées, souvent mortelle. Mais l’homme qui n’aurait plus le souci de la traquer aurait perdu son statut d’être humain : il serait comme un légume. Qui saurait prétendre avoir tout ausculté ? Que chacun, dont il ne serait pas digne de nier les raisons, dise franchement ce qu’il a à dire et qu’il le fasse, comme le recommandait Marc Bloch, en n’oubliant pas de préciser avec quelle identité.

Mais, revenons au commencement ou à une de ces occurrences, c’est-à -dire à la crise syrienne que j’estime suffisamment complexe pour ne pas laisser les activistes de tout bord guider l’action du gouvernement français qui manifeste déjà une étrange impatience et prend des décisions qui prouvent que dans ce domaine, le changement se passe dans la continuité des choix guerriers du pèlerin BHL et du Président Sarkozy, jusqu’à rendre encore moins crédible la voix de la France dans la région du Moyen-Orient. S’il vous plaît, ça n’est pas pour ça que j’ai voté Hollande ! La précipitation n’est jamais bonne conseillère et les décisions devraient se prendre en connaissance de cause à la lumière d’expertises diversifiées et à l’écoute de certains connaisseurs de la région qui, par ailleurs, ne manquent pas de manifester leurs craintes. Aussi bien Le Canard Enchaîné, que l’Editorial de Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi, et les témoignages de Marc le Fur, député UMP des Côtes-d’Armor, comme de Gérard Bapt, député PS de la Haute-Garonne, tous nous préviennent de la complexité de la crise, de l’étrangeté des alliances et par conséquent des intérêts stratégiques et économiques moteurs du conflit, du caractère religieux de la violence et des conséquences désastreuses d’une intervention armée. Refuser la complexité, c’est pratiquer la conspiration du silence et surtout trahir la mission de clarté dont je croyais les médias investis, c’est refuser de réamorcer le dialogue diplomatique et cultiver le manichéisme.

J’ai bien peur que certains de nos gensdelettres prennent le monde pour un bal masqué et qu’ils s’y promènent avec des faux nez, non pour voir sans être vu, mais pour profiter simplement de la fête et n’en extraire que des vérités négociées.

Pendant ce temps, et manière de relancer le débat sur les contours de la vérité, comme le fait remarquer Laurent Zecchini dans son article Prières contre le mur de Crémisan (Le Monde du 19-20 août), l’édification du mur de séparation ou plus précisément La barrière de sécurité, selon les Israéliens, se poursuit ; quand il sera achevé, précise-t-il, 9,5% de la Cisjordanie sera situé en territoire israélien. Autrement dit, la colonisation continue sans soulever la moindre protestation du côté de ceux qui voient de l’antisémitisme partout.

Anatole Bernard

COMMENTAIRES  

03/09/2012 22:45 par Clyde Barrow

Quand vous avez affaire à une campagne de propagande dans le genre de celle sur la Syrie, mais qu’on a vu aussi concernant la Libye et l’Irak, et qu’on verra encore concernant l’Iran, cherchez quelle est la richesse (pétrole, gaz, minerai rare), la raison stratégique, bref l’histoire de gros sous qui pourrait en être la cause.

http://www.defencegreece.com/wp-content/uploads/2012/04/East-Med-From-CNG-to-LNG-1024x865.jpg

En général vous ne serez pas loin de découvrir un début de vérité.

04/09/2012 07:14 par monPseudo

"la liberté d’expression est tout simplement piétinée et par conséquent la démocratie niée"

Cà fait longtemps que la liberté d’expression est piétinée, sinon on verrait encore Dieudonné à la télévision, mais il y en a toujours qui posent des limites ! Toujours les mêmes du reste.

Et oui, vous avez raison de le préciser, c’est un déni de démocratie, et cela depuis 1789, car si démocratie il y avait, le peuple aurait le pouvoir, ce qui est hors de question pour tous ces énarques, dont les salaires équivalent à leurs indemnités de retraite ou autre, avec bagnole de fonction etc.

DONC, NON SEULEMENT NOUS NE SOMMES PAS EN DÉMOCRATIE, OU ALORS APPELEZ CA AUTREMENT, ET OUI IL N’Y A PAS PLUS DE LIBERTÉ AUJOURD’HUI QUE SOUS LE IIIàˆME REICH ! C’est bien de l’avoir remarqué en tout cas, merci.

04/09/2012 07:28 par cunégonde godot

« S’il vous plaît, ça n’est pas pour ça que j’ai voté Hollande ! »
Vous avez voté Hollande comme Charlie-Hebdo, en somme...
Mais si ce n’est pas pour ça que vous avez voté Hollande, c’était pourquoi, alors ?...
M. Hollande, et toute la "gauche" (y compris le ’Front" de gauche), n’étaient-il pas déjà avant l’élection présidentielle, à propos de la Syrie, sur la même longueur d’onde que Sarkozy ? Ainsi que sur d’autres sujets fondamentaux d’ailleurs, comme l’euro et l’Europe (ou mondialisme) ?...

04/09/2012 08:22 par Anonyme

Oui ! Et cela fait penser aux gamins à qui l’on raconte n’importe quoi pour lui faire faire
ce que l’on veut ! Puis, il doit découvrir seul le jeu pervers et se situer par rapport à lui-
même.
"gensdelettres" ! "j’en rigole encore, j’en rigole encore" comme chantait L. Escudéro.

04/09/2012 16:56 par babelouest

"Ma liberté, longtemps je t’ai gardée, comme une perle rare"
Je pense l’avoir conservée, parce que je l’ai toujours subordonnée à ce qui me paraît primordial, l’égalité. Au risque de paraître incohérent parfois, car ce souci est extrêmement exigeant. L’égalité induit directement la fraternité. Ces deux-là réunies, la liberté de chacun peut se mouvoir à sa guise sans pour autant déborder des limites naturelles tracées par les deux premières. Non, ce n’est aucunement évident.

Tous les rapports humains, en famille, au travail, à l’international aussi, doivent en passer par là . La tâche est immense pour y parvenir, surtout face à des personnages pour lesquels ce n’est pas dans leur "culture", dans leur habitus. Appréhender les crises et les conflits selon cette ligne de conduite amène à voir les hiérarchies comme des obstacles, les différends comme des défis. La mauvaise foi abonde, parce qu’elle est le moteur de l’emprise des puissants sur ceux qui se laissent faire.

C’est Vergniaud qui énonça cette forte phrase en 1792 dans un de ses discours :

« Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous ! »

Il ramassait ainsi en quelques mots ce que La Boétie avait écrit plus tôt :

« Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. (...) s’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature. » (Discours de la servitude volontaire)

Ah !!.... si chaque citoyen français prenait sa plume pour dire à "nos maître" Cà suffit, à nous maintenant ! et que comme lors de la Commune chaque citoyen se soit mis à la disposition de tous, et tous à la disposition de chacun, nous n’en serions pas là , notre pays redeviendrait le phare du monde, et les tyrans de la finance et de l’industrie descendraient au cercueil, pour échapper à la rigueur publique. Cela pourrait créer un grand courant international, qui balaierait les Inutiles du Sommet, ceux qui se gaussent, se vautrent et se défaussent de leurs vraies responsabilités en déléguant des parcelles de pouvoir à des sous-fifres reconnaissants et exaltés.

C’est à cette aune-là qu’il faut mesurer tous les agissements des puissants, comme actuellement en Syrie promise à l’écrasement à son tour après l’Irak et la Libye. C’est à c’est aune-là qu’il faut les juger, et les condamner à ne plus nuire parce qu’ils ne sauront probablement jamais reconnaître leurs torts.

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