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Qui est derrière les exécutions de masse à Gaza ? (The Daily Beast)

Des corps entassés dans une pièce d’une maison à Gaza sont en train de pourrir – et des débris d’obus portent la marque « IMI », acronyme pour « Israël Military Industries ».

KHUZAA, Gaza — Dans une petite salle de bains d’une maison située à Khuzaa, ville aux abords de Gaza, il y a des signes lancinants de ce qui ressemble à une exécution sommaire de plusieurs Palestiniens. Ce village, autrefois animé, proche de la frontière d’Israël, se situe aux abords de la ville de Khan Younis, mais il est à l’intérieur des 1,8 miles [env. 3km] de la « zone tampon » (“buffer zone”) qu’Israël a transformée en no-man’s land. Elle est inaccessible depuis des semaines que les bombardements et les troupes d’Israël tentent de supprimer la forte résistance de la guérilla. Maintenant, tout ce qui reste, ce sont des gravats, des bâtiments bombardés et une écœurante odeur de mort qui englobe tout.

Le cessez-le-feu temporaire annoncé jeudi soir (31 juillet – NDT) était censé donner aux résidents des lieux comme celui-ci, le temps de rentrer chez eux, de faire le bilan des dégâts et récupérer des objets. Mais le cessez-le-feu de « 72 heures » a été rompu après 90 minutes et, alors que je marchais dans la rue principale, où des morceaux d’êtres humains étaient visibles sous les maisons et les magasins, le bruit constant des explosions d’obus israéliens se rapprochait de plus en plus.

Lorsque j’arrive à un mur de sable, de tuiles et de stuc qui marque une sorte de ligne de front, des corps sont empilés sur des chariots dans la rue. Près des ruines d’un magasin démoli, les gilets de munitions noirs portés par les combattants palestiniens qui jonchent le sol sont en lambeaux comme s’ils avaient été dépouillés à la hâte. Il n’y a pas de corps ou d’armes à proximité.

Soudain, des journalistes et des résidents locaux crient d’une maison aux abords du front. La maison de la petite famille est toujours intacte mais l’odeur de chair en décomposition qui émane de l’intérieur est suffocante.

Un cadavre, pieds nus, dans un camouflage kaki, est transporté dans la rue, partiellement enveloppé dans un tapis, tandis que j’entre dans la maison. Son visage, partiellement brûlé et partiellement en décomposition est méconnaissable de quelqu’un qui était en vie et qui respirait. Des témoins disent qu’il y a au moins six corps entassés à l’intérieur de cette pièce carrelée où l’air est intoxiqué par la décomposition.

Le dernier cadavre est retiré de la pièce où les villageois disent qu’un exécution de masse a eu lieu. Lazar Simeonov pour The Daily Beast

Du sang et des restes noircis sont agglutinés sur le sol de la salle de bain. Les murs sont imprégnés de sang et sont criblés de dizaines de trous de balles qui semblent avoir été tirés d’une arme automatique au niveau de la taille. Certains des impacts de balles sont alignés, comme si l’arme avait balayé ses cibles. Il y a aussi de la suie sur les carrelages, suggérant que les corps ont été brûlés ou qu’il y a eu une petite explosion. Plusieurs carreaux sont tombés loin du mur. La maison est remplie de douilles de balles utilisées dans les fusils d’assaut. Elles portent dans le fond la marque « IMI » (Israël Military Industries).

Que s’est-il passé ici ? C’est le genre d’endroit et le genre d’incident qui peuvent être étudiés pendant des années. On peut entendre que des Palestiniens ont exécuté des collaborateurs présumés ou qu’un soldat israélien solitaire est devenu fou et a commencé à assassiner des prisonniers. Il se pourrait que des membres d’une unité de l’armée israélienne au centre des combats ont décidé d’évacuer leur rage sur ceux qu’ils ont capturés. Il peut y avoir de nombreuses hypothèses. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce que j’ai vu et entendu sur les lieux ce jour-là.

Naban Abu Shaar, 21 ans, m’a dit qu’il était l’un des premiers à trouver les corps. Il a dit que c’était comme s’ils étaient « fondus » et empilés les uns sur les autres.

« Quand on est entrés dans la salle de bain, j’ai trouvé les corps des gens entassés les uns sur les autres dans le coin », dit-il, en regardant au loin, comme s’il était déconnecté de ses mots.

Le propriétaire de la maison, Mohammad Abu Al Sharif, a affirmé qu’il ne pouvait pas reconnaître les corps mais qu’il croyait possible, à cause de leurs vêtements, que certains morts soient de sa famille. Il n’a pas dit s’il y avait des combattants parmi eux. Neuf membres vivaient dans la maison avant qu’Abu Al Sharif, sa femme et quatre filles se sont échappées de Kyzaa il y a 20 jours. Il a perdu le contact avec ceux qui sont restés, dit-il.

Dans les rues alentour, certains résidents ont extrait des vêtements et des couvertures du béton fracassé des maisons anéanties tandis que d’autres ont utilisé des outils agricoles pour déterrer les morts. Des femmes en état de choc ont trébuché sur la route pulvérisée, essuyant la sueur et les larmes avec leurs hijabs, maudissant - personne en particulier - à la fois le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le président égyptien Abdel Fattah al Sissi de ne pas les protéger contre Israël.

Les signes de fuites survenues dans la panique il y a presque trois semaines étaient visibles partout dans la ville. Le linge, encore soigneusement accroché, pendait toujours sur le balcon du deuxième étage d’un appartement au-dessus d’une devanture éteinte sur la rue principale.

Khalid al Najar, 27ans, était à moitié hébété lorsqu’il revenait vers Khan Younis avec un sac en plastique rempli de vêtements. C’est la première fois qu’il revient chez lui depuis qu’il a fui il y a près de trois semaines. « Je suis d’un endroit qui s’appelait Khuzaa », me dit-il.

Jesse Rosenfeld

Traduction : Romane

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