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Résistances, de La Commune de Paris à Alep !

Rem* a écrit une 1° version de ce texte qui a paru sur "Ruminances" le 1°août 2012. Il s’agit ici d’une 2° version, corrigée et complétée.

Résistances, de la Commune de Paris à ALEP !

Sur le drame syrien en cours, après tant d’autres, il y a des approches bien différentes, 4 pour simplifier :

1- celle « officielle » de l’ONU, de plus en plus manipulée par les USA (ou, à défaut, méprisée, « s’il le faut »). Ce qui entraîne une ribambelle d’ONG et autres discoureurs « bons apôtres » genre éditorialistes bien tempérés comme leur clientèle, du moins supposée telle, à force de rabâchages de « bien pensants »...

2- celle « réelle » (croient-ils) des faiseurs de guerres - et de « paix » à leurs conditions - principalement motivés par leurs appétits géostratégiques (marchés, voies de communications, pétrole, contrôles politiques des pouvoirs locaux, etc.) : les USA en chef d’orchestre, avec leurs lobbys d’affaires juteuses, avec l’OTAN, les princes d’Arabie, Israël et autres « amis ».

3- celle des aventuriers locaux aux pouvoirs tyranniques sur leurs peuples, prêts à s’appuyer sur de plus puissants qu’eux lorsque le peuple bouge trop - discrètement sur les USA (Turquie, etc.), sur leurs amis (genre Gbagbo en Côte d’Ivoire avec la Françafrique) ou leurs supposés adversaires (comme Assad en Syrie avec la Russie de Poutine)...

4- celle des révoltés, des humbles : « quand c’est insupportable on ne supporte pas » dit le proverbe populaire.

C’est ce point de vue, si fondamental, qui est mien ici. Presque jamais mis en valeur dans les cours d’histoire, ni les « news ». Précision utile pour la suite : Les résistant(e)s n’ont toujours été, par le fait des énormes propagandes et oppressions, que de minorités actives dans un peuple encore passif, d’abord. Lequel peu à peu se reconnaît dans les résistances durables, au point d’en faire un vrai mouvement populaire, à en devenir « le peuple en mouvement ». Rappel de quelques étapes :

Sans remonter à l’Antiquité (la révolte de Spartakus, emblème de tant de révoltes d’esclaves, presque toutes écrasées) ni même aux jacqueries et autres insurrections rarement victorieuses (mais en 1789, un conseiller du roi glisse à Louis 16 : « Non Sire, ce n’est pas une émeute, c’est une révolution »), j’en viens à 1871, La Commune de Paris.
Les Prussiens encerclent Paris, sauf le corridor du gouvernement français réfugié frileusement à Versailles (c’est moins loin que Vichy). Le collabo Thiers veut désarmer Paris de ses canons. Mais la troupe fraternise (en partie) avec le peuple insoumis. C’est l’éphémère victoire de La Commune. Thiers lève une armée (notamment en Bretagne) en faisant croire que c’est pour chasser les Prussiens. Cela se termine par « La Semaine Sanglante »... sauf que « La Commune n’est pas morte » : elle va puissamment inspirer le mouvement ouvrier international naissant, notamment... :

Depuis, bien d’autres mouvements insurrectionnels se créent, et deux d’entre eux sont des révolutions politiques abouties, contre le Tsar de toutes les Russies en 1917 et son équivalent en Chine, d’abord fragilement par le Kuomintang, dès octobre 1911, puis fortement en 1949 par les communistes...

 1936 : En Espagne, la Contre-Révolution de Franco éclate contre la si faible République légale. Rapidement, les anarchistes et le POUM se battent sur 2 fronts, contre Franco surtout, mais aussi contre les manoeuvres orchestrées par Staline, via le noyautage des Brigades Internationales. Hitler et Mussolini confortent Franco et surtout expérimentent leurs armes et diplomaties pour ouvrir la 2° guerre mondiale, via les préludes scélérats des accords de Munich et du pacte Hitler-Staline... contre les peuples, trompés. La relève populaire se fait peu à peu... Bien des Espagnols rejoindront les FTP de la Résistance française. Des allemands anti-nazis aussi...

 De 1945 à 1948, les maquis grecs résistent, malgré le « lâchage » de Staline, qui s’opposera ensuite à Tito, dont la résistance a libéré, seule, la Yougoslavie.
 Le 8 mai 1945, jour de La Victoire, des drapeaux algériens sont brandis à Sétif (etc.) au nom de « colonialisme=fascisme » : la répression est si féroce qu’à partir de là date le mouvement populaire algérien, d’abord souterrain, puis éclatant. Avec souvent l’expérience des armes, acquise par « les indigènes » dans la libération de la France, c’est, de 1954 à 62 la Guerre de Libération de l’Algérie, victorieuse. Elle fait suite à de multiples révoltes contre la colonisation, écrasées depuis... 1830 !
 De même, au Vietnam, le peuple mène une première guerre de libération (1945-54), victorieuse contre la France. Puis une seconde bien pire, victorieuse contre les Américains (1961-1975).
 En Palestine, la résistance populaire, d’abord éparse contre les abus du mouvement sioniste, éclate en 1936, grandit après la défaite de 1948 des armées arabes (manipulées par la GB), puis connaît un dédale extraordinaire de péripéties, souvent héroïques depuis lors. Et toujours en cours dans le peuple palestinien de Gaza, de Cisjordanie, des camps de réfugiés voisins, des prison israéliennes : à suivre !...
 En Égypte de 1952, le peuple se révolte contre Farouk, « le roi anglais ». Nasser s’impose en leader du mouvement très populaire pan-arabe. Puis c’est le triomphe provisoire d’une diplomatie « Tiers Monde Non Aligné » à Bandoung en 1955, avec Chou-En-Laï, Nasser, Tito : mais les « héros » fatiguent plus que les peuples !

 Cuba s’est libérée en 1958. Et reste toujours menacée par les USA. Bien d’autres mouvements populaires ont lieu avec hauts et bas, dans « la Zone des Tempêtes-Tricontinentale ». On complétera !...

L’essentiel de cette fresque survolée est pour en venir au proche passé et l’actualité, avec cette permanence : Quelques soient les résultats, sacrifices, trahisons, héros, découragements... partout des peuples entrent en résistances, avec humilité et hardiesse, par des gestes et des intelligences qui resteront toujours supérieurs aux calculs machiavéliques des « puissants » qui croient nous mener à l’abattoir, docilement !

Il arrive, certes, qu’une révolution (à victoire imprévisible !) donne vite de piètres résultats. C’est notamment le cas de l’Iran et de l’Afrique du Sud, qui étaient tenus par d’odieux pouvoirs réputés indestructibles. Celui du Shah d’Iran, renversé par Khomeini en 1979, n’est pas à regretter, même si une dictature obscurantiste règne en Iran, à la place d’une pire dictature inféodée aux USA. Celui de la fin de l’apartheid (1991) n’est pas à regretter, même si - sous couleurs d’un paravent arc-en-ciel - il règne désormais en Afrique du Sud un capitalisme sauvage, manipulé par les USA...

Mais revenons-en à l’actualité, si dominée par les secousses de nos crises sociales et du printemps arabe - si voisins. On a entendus des « indignés » de Wall Street, de Madrid ou d’Athènes se référer à leurs courageux « cousins arabes » et inversement. Mais chaque cas est particulier et je ne rentre pas ici dans le détail, mieux connu sans doute que les résistances d’avant-hier évoquées ci-dessus...

J’en viens à la Syrie, dont le peuple vibre bien sûr aux victoires, si relatives soient-elles, des peuples des trois pays frères qui ont au moins chassé leurs tyrans, Ben Ali, Moubarak, Kadhafi. Alors pourquoi pas Assad-fils, faute d’avoir pu virer son père ? : Liberté !

Il fut un temps (de la 1°guerre du Golfe) où Hafez Assad (père) avait envoyé des troupes au sein de la coalition de Bush-père. Maintenant l’Irak (c’était « l’autre Baas frère-ennemi » !) est démoli. Et le fils Assad (son armée) redoute de l’être à son tour : il s’allie à la Russie - qui n’est qu’une moyenne puissance mais héritière d’attributs de l’URSS, tel le droit de veto à l’ONU, tel le droit d’écraser le peuple Tchétchène révolté. Mais, surtout, Assad a à faire face à un « ras-le-bol » de plus en plus général de son peuple, si divisé soit-il, sociologiquement. D’où, depuis 17 mois, des résistances (pacifiques, puis armées) et des répressions en cycle ascendant infernal...

Il est certain que le cynique intérêt des USA est de voir les deux camps s’affaiblir l’un l’autre : plus faible sera la Syrie de demain, plus il sera facile de la croquer. Et ainsi établir enfin un lien territorial entre Israël (tête de pont US) et Iran-cible, via Syrie et Nord-Irak Kurde ! : un rêve de fou de guerre, parmi tant d’autres rêves de fous de profits, comme les futurs pipe-line des pays du Golfe à la Turquie, etc. : on en est là , mais la résistance en est à se renforcer, aussi... tout en restant très fragile.

Bref, le siège d’Alep risque fort de se terminer par une « semaine sanglante » comme celle de la Commune de Paris. Alep risque de tomber avec des milliers de morts en plus (19 à 20.000 depuis mars 2011, dont 4.000 en juillet 2012 !). Ceci bien après le soulèvement de la ville de Hama contre le régime, d’abord victorieux puis écrasé par Hafez el-Assad (père de Bachar) en 1982, faisant entre 7 et 35.000 morts !...
Mais cette fois la résistance vaincra, elle est partout : Partout, place au peuple !

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