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Révision de la Résistance française sous l’Occupation nazie

En France, les nationalismes de gauche et de droite montent chaque jour un peu plus. De partout, on entend que la France appartient exclusivement aux français, que les étrangers n’ont pas de place chez nous et qu’ils ne méritent pas d’être ici. Je sais bien que nous vivons une époque basée sur le mensonge et l’hypocrisie mais il y a quand même des limites à ne pas dépasser et je tiens à rappeler à chacun de ces petits français xénophobes, si fiers de leurs origines, d’où ils viennent et qui ils sont exactement.

Je ne prétends pas réécrire l’histoire au risque de me faire traiter de négationniste, l’arme suprême inventée par l’armada juridique aux ordres de notre monde impérialiste pour faire taire la vérité, mais je veux simplement vous révéler les témoignages d’anciens résistants clandestins sous l’occupation allemande de 1939 à 1945 que j’ai eu la chance de rencontrer.

Je vais donc vous parler de ces héros anonymes, de ces hommes et femmes courageux ensevelis dans l’oubli et dont le nom n’est pas toujours inscrit sur vos monuments aux morts ou alors sous une forme francisée. N’oubliez pas qu’ils ont sacrifié leur vie pour la liberté de ce pays, que vous appelez aujourd’hui votre France, pendant que l’armée française et vos dirigeants se planquaient ou collaboraient. Ils ont combattu au nom d’un idéal qui fait encore rêver même si nos pouvoirs ne cessent de nous mentir tellement ils ont peur que les peuples se réveillent.

Ces héros, vous ne les connaissez pas parce que personne n’en parle et les livres d’histoire se taisent sur ce sujet comme vos ascendants se taisaient et se taisent encore aujourd’hui. Ce silence est ignoble, c’est à la fois une honte nationale et une haute trahison de l’État français qui perdure depuis trois générations.

Replongeons nous dans le contexte de l’époque pour essayer de comprendre ce que la France, pays qu’on nomme grand, cherche tant à cacher. En ces temps là, l’armée française se contentait d’exister et de profiter de tous ses privilèges. Planquée derrière ses galons et bien qu’ayant déclaré la guerre à l’Allemagne, elle attendait tranquillement que les nazis achèvent la Pologne (pendant 9 mois) avant de prendre la ligne Maginot par l’arrière. Puis ce fut l’armistice, l’armée française, lâche et infiltrée, capitule le 22 Juin 1940. Un régime fasciste et collaborateur sous la présidence du Maréchal Pétain à Vichy se met alors en place : la police et la gendarmerie françaises aident la Gestapo dans leurs missions macabres, les dénonciations anonymes se multiplient par millions, les communistes sont internés ou assassinés, les juifs sont déportés ou éliminés pendant que de braves chrétiens s’installent dans leur appartement, les tziganes sont exterminés ou parqués dans des mouroirs, la contrebande et le marché noir permettent à de nombreux français de s’enrichir, etc ... Finalement c’était la belle vie pour tous ces bénis oui oui qui préféraient se taire sur les horreurs qu’ils voyaient. D’autres sont même partis volontairement en Allemagne pour travailler dans des usines d’armement en échange d’une bonne rémunération.

Mais, me direz-vous, le Général De Gaulle veillait depuis Londres, il a même lancé un appel le 18 juin 1940 pour convaincre les officiers et soldats français à entrer en résistance ; oui sauf que cet appel a été très peu suivi par nos braves militaires. Ce n’est qu’en 1943, le 16 février exactement, que les premiers maquis sont créés au moment où le régime de Vichy impose le Service du Travail Obligatoire (STO) pour aller fabriquer des obus en Allemagne, qui serviront à bombarder les soviétiques (mais cette fois sans aucune rémunération). En quelques mois, des centaines de milliers de civils sont alors entrés en résistance non pas par honneur mais pour sauver leur peau. Voilà en gros à quoi ressemblait la France sous l’occupation allemande.

C’est sans doute ça qu’on veut à tout prix nous dissimuler et ça commence à puer très fort. Alors permettez-moi de revenir à nos héros anonymes, question de respirer un peu : communistes pour la plupart, ils étaient entrés en résistance dans la clandestinité dès le début de la guerre. Ils campaient dans les bois et ont combattu l’occupant nazi avec les moyens du bord à partir de juin 1940. Ce sont eux les vrais maquisards mais ont les traitait de terroristes et de bandits. Leur attachement à l’internationale communiste et leur volonté de sauver les peuples du capitalisme sauvage étaient leur force et rien n’aurait pu rompre leur engagement. Aux cotés des Français, dont certains venaient des colonies (Africains, Malgaches, Maghrébins), il y avait de nombreux étrangers (Russes, antifascistes italiens, antinazis allemands, républicains espagnols, immigrés polonais et arméniens, juifs et tziganes apatrides, etc.). Ils n’étaient pas nombreux, cent mille tout au plus, mais leur rayonnement contrastait avec cette France peureuse et terne, calfeutrée dans son petit confort, et ridiculisait la grande armée française moderne mais incapable. Pourtant ils faisaient peur, ils dérangeaient la petite bourgeoisie et leurs élus. Déjà en septembre 1939, des centres pénitentiaires avaient été créés pour interner les responsables du parti communiste les plus actifs afin de les neutraliser et de servir d’exemple car ils étaient considérés comme dangereux pour la Défense Nationale et la Sécurité Publique. On leur reprochait surtout leurs idées et on espérait ainsi les disqualifier auprès des autres militants. Mais leur conviction et leur courage ne furent pas ébranlés par ces intimidations, au contraire, ils se regroupaient et se renforçaient pour mieux s’organiser dans la clandestinité. Après juin 1940, l’administration vichyste cherchait à les capturer par tous les moyens pour les torturer et les exécuter. De nombreux résistants clandestins furent ainsi assassinés dans un climat de délation entretenu par la petite bourgeoisie française.

Avant de continuer, je souhaite faire une parenthèse sur le lien réel entre ces résistants et l’URSS car je sais que vous êtes nombreux à confondre l’idéal communiste et le soviétisme. Sachez que nos héros n’avaient retenu de l’internationale que la force et la fierté de combattre le fléau impérialiste (avide des richesses de la planète pour une petite minorité au détriment des peuples) qui dirige le monde. Ils refusaient de voir le vrai visage de leur idole soviétique, opportuniste et récupérateur de la révolution bolchevique. Ils ne s’intéressaient pas non plus au pacte germano-soviétique, signé par Hitler et Staline fin août 1939, ni à l’interprétation de cette tactique. C’étaient des hommes et des femmes honnêtes et sincères à l’esprit révolutionnaire.

Que sont devenus ces héros après 1945 ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces vrais combattants qui n’avaient pas peur de s’exposer à la puissante Bundeswehr étaient avant tout des anti-militaristes. Ils n’avaient pas besoin de médailles pour honorer leur courage et leur détermination, ce genre de gadget est en fait réservé aux pantins de l’armée officielle, chauffeurs du capitaine ou planqués dans leurs casernes.

Anonymes inconnus par la population de la France libérée, ils étaient pourtant détestés. On leur reprochait d’être responsables des représailles que les boches infligeaient après être tombés dans leurs guets-apens mais on oubliait tout simplement que, sans eux, il est fort probable qu’on parlerait tous allemand aujourd’hui. Ce n’est ni la bataille de Stalingrad et encore moins la frime des GI débarquant en Normandie qui ont permis de résister à l’occupant nazi et aux milices françaises.

Mal aimés par le peuple, oubliés par les historiens, ils ont toujours été déconsidérés et humiliés par les médias mais le plus grand parjure, ils l’ont subi de la part de l’État français et ceci jusqu’à la fin de leur vie. Jamais cet État, qui les a d’abord torturés puis exploités, n’a eu l’honnêteté de reconnaître combien ils avaient servi la France et combien ils étaient respectables. Au contraire, nos héros libérateurs ont été victimes du plus abjecte harcèlement et des plus injustes réprimandes.

Non seulement on leur a volé leur jeunesse et leur santé mais on les a aussi privé de réussite sociale et professionnelle en les fliquant et en les fichant sans répits. On leur a même volé leur bonus de retraite pour années de guerre au prétexte qu’ils étaient clandestins. Évidemment, le fameux BCRA de Londres (devenu DGSE depuis), autrement dit les services secrets de la France Libre, qui était en charge d’inventorier les « combattants volontaires de la résistance » afin qu’ils puissent valider des points de retraite, avaient oublié d’homologuer ces mouvements clandestins de résistants des premières années de guerre. Il faut dire que le BCRA n’aimait pas forcément les communistes et en plus les clandestins n’était pas des amis proches du Général De Gaulle. De là à penser que les bonus de retraite pour années de résistance étaient réservés aux bourgeois qui ont pris le maquis en 1943 pour échapper au STO ... je vous laisse seuls juges.

Mais justement parlons un peu de l’État français et de sa fonction publique. Il faut savoir que pendant que nos héros clandestins luttaient contre le nazisme, de petits fonctionnaires bien planqués en profitaient pour occuper des postes élevés dans leur caste avec des diplômes et des compétences très inférieurs à ce qui aurait dû être exigé. Mais le plus insupportable est qu’après la guerre ces fonctionnaires promus restaient au sommet de leur hiérarchie tandis que les nouveaux recrutés se retrouvaient au bas de l’échelle, même s’ils étaient bien diplômés. Ainsi jusqu’à environ 1985, il était fréquent de rencontrer des chefs de service avec un simple certificat d’étude primaire diriger des bacheliers du même âge qu’eux. Mais le pire, et ça personne ne le reconnaîtra, est que si l’employé avait un passé de résistant communiste alors son nom était aussitôt écrit à l’encre rouge dans les fiches du personnel et ses promotions étaient systématiquement bloquées pour le restant de sa vie.

C’est étrange cette double peine : Inconnus pour les points retraites de résistance mais fichés par les services secrets pour le déroulement de carrière. On est en pleine hypocrisie et pour trouver les responsables de ce profond scandale on doit monter très haut.

Avant tout, posons-nous quelques questions :

Pourquoi tant de haine et de flicage pour de simples anonymes non homologués ?

Pourquoi la France, qui renie les années Vichystes, n’a pas cesser de discriminer les résistants communistes de l’internationale, c’est-à-dire les pires ennemis de Pétain ?

La réponse est assez évidente car difficile a dissimulée : la France qui gouverne a traîné dans ses rangs de nombreux collaborateurs du régime de Vichy ; leur liste est de notoriété publique. Cette gangrène a infesté les ministères, les parlements successifs, les préfectures, les mairies jusqu’à ce que ces traîtres disparaissent de mort naturelle. Je peux vous citer des exemples de bonus retraite refusés à des résistants clandestins sous la présidence de François Mitterrand. Décidément, un air nauséabond flotte dans ce pays, à gauche comme à droite, et je ne parle même pas des relents fétides des extrémistes du Front National qui sont parvenus au pouvoir dans quelques régions.

Cet épitaphe qui n’existe sur aucune dalle de cimetière, je l’ai écrit en hommage à ces héros qui vivaient d’espoir d’un monde meilleur et qui, au nom de cet idéal, ont contribué à notre liberté. La plupart sont morts aux combats mais ceux qui ont survécu n’ont jamais reçu la considération qu’ils méritaient, au contraire ils ont été réprimés toute leur vie par les descendants orduriers d’une France collaboratrice.

Jeunes et moins jeunes qui me lirez, j’ai simplement voulu que vous sachiez qui ils étaient.

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Chroniques de GAZA 2001-2011
Christophe OBERLIN
L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige régulièrement des (...)
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