RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Saboter la paix : La vraie raison de l’attaque de la flottille de Gaza (Counterpunch)

La vague d’indignation et de condamnation planétaire qui a suivi l’attaque impudente de la pacifique flottille de la paix qui a causé la mort d’au moins neuf militants et fait des dizaines de blessés était prévisible et justifiée. Mais beaucoup se demandent encore pourquoi Israël a jugé nécessaire d’amener par avion un commando d’élite pour se rendre maître d’une flottille civile sans armes transportant 10 000 tonnes d’aide humanitaire vers le territoire assiégé de Gaza. Le convoi de six bateaux était en partie sponsorisé par une organisation humanitaire et naviguait sous pavillon turc quand il a été arraisonné dans les eaux internationales.

L’opinion générale est qu’Israël voulait "envoyer un message" : Voilà ce qui arrivera à quiconque osera s’opposer au blocus maritime et au siège de Gaza.

Cette analyse est juste mais superficielle. La vraie raison de l’assaut israélien est beaucoup plus sinistre : saboter délibérément (pour ne pas dire faire complètement avorter) les pourparlers de paix décisifs avec les Palestiniens et les Syriens et se venger de la Turquie qui a négocié un accord d’échange nucléaire avec l’Iran ( ce qui a discrédité grandement les arguments d’Israël en faveur d’une intervention armée).

La motivation profonde d’Israël était de saboter la paix.

"La dynamique de notre état est l’expansion" est une déclaration célèbre de David Ben Gourion. Et la paix, la stabilité et la diplomatie sont des obstacles aux partisans sionistes de l’acquisition des terres et du contrôle des populations indigènes.

Il y a eu des efforts récents pour faire progresser les pourparlers indirectes, dit "de proximité" sous l’égide des USA entre le gouvernement israélien et le leader palestinien Mahmoud Abbas. Maintenant tout cela est remis en question.

La première phrase d’un communiqué de la Presse Associée du 31 mai impliquait la même chose : "L’assaut sanglant qui a tourné au fiasco d’un vaisseau turc humanitaire complique la tâche des USA dans les efforts de paix au Moyen Orient, et augmente l’isolement d’Israël..."

C’est exactement ce qu’Israël voulait. Israël peut facilement supporter "un isolement international" tant que son allié le protège de réelles sanctions. Israël en fait adore l’isolation ; cela lui permet d’opérer avec le sentiment de "n’avoir rien à perdre". L’expropriation de la Palestine s’accélère et il n’y a personne pour mettre des limites à son comportement irresponsable.

De plus l’attaque a eu pour résultat de mettre fin à sa relation avec la Turquie. Israël ne veut pas participer à une solution non militaire du dossier nucléaire iranien comme celle que la Turquie et le Brésil viennent de concrétiser.

Ce ne serait pas la première fois qu’Israël provoquerait délibérément une crise au prix de la vie de civils pour pouvoir poursuivre ses projets expansionnistes, justifier une guerre, ou avoir une raison de partir en campagne :

Six semaines avant les élections de 1996 en Israël, le Premier Ministre Shimon Peres a lancé l’opération "grains de la colère", un raid de deux semaines au Liban au milieu des 20 années d’occupation du Sud de Liban. Au cours de cette opération des Israéliens massacrèrent 106 civils qui s’étaient réfugiés dans un bâtiment de l’ONU à Qana.

En septembre 2000, quatre mois avant son élection, le Premier Ministre Ariel Sharon (accompagné de 1000 policiers anti-émeutes) s’est pavané sur l’esplanade de Haram al-Sharif où se trouve la mosquée al-Aqsa -le troisième lieu saint de l’Islam- déclenchant la Seconde Intifada.

La commission des droits de l’homme de l’ONU dans une résolution intitulée "sérieuses et importantes violations des droits humains du peuple palestinien par Israël" a condamné "la provocation dont s’était rendu coupable Ariel Sharon, le leader du Likoud en se rendant à El-Haram al-Sharif le 28 septembre 2000, et qui a été à l’origine des événements tragiques qui se sont déroulés à Jérusalem Est et dans les autres territoires occupés de Palestine, causant un grand nombre de morts et de blessés dans la population palestinienne".

Sharon a alors bâti sa campagne électorale sur la répression de l’intifada qu’il avait provoquée.

1500 Libanais furent tués, un million furent déplacés et l’infrastructure civile du pays fut détruite pendant qu’Israël essayait sans succès de détruire le Hezbollah au cours de la guerre de juillet 2006. Le conflit commença quand deux soldats furent capturés en flagrant délit d’espionnage en territoire libanais près de la ville de Aitaa al-Chabb. Comme des années de violation illégale de l’espace aérien libanais n’avaient pas provoqué de réaction, Israël utilisa le prétexte de la capture des deux soldats pour lancer son attaque disproportionnée.

La mesquine logique qui a sous-tendue l’attaque de Gaza de 2008-2009 a déjà été exposée dans un article précédent. ( à savoir les élections de février 2009 en Israël voir http://www.counterpunch.org/amiri12262008.html NdT)

La dernière opération israélienne contre les 700 militants qui apportaient de l’aide humanitaire à Gaza n’est jamais que la derniere d’une série de tentatives criminelles pour détruire tout espoir de paix, de négociation ou de solution du conflit entre Israël, ses voisins et les Palestiniens.

Mission accomplie.

Rannie Amiri est un commentateur indépendant du Moyen Orient. On peut le contacter à rbamiri@yahoo.com

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/amiri06042010.html

Traduction D. Muselet

URL de cet article 10808
  

Même Thème
Israël, Les 100 pires citations
Jean-Pierre Bouché, Michel Collon
Ce livre contient 100 citations de dirigeants, stratèges et penseurs sionistes, des origines du mouvement jusqu’à aujourd’hui. À partir de ces citations, il s’agit pour les auteurs de faire une analyse à la fois documentée et ludique de la pensée sioniste à travers les années. Les auteurs montrent ainsi qu’il y a bien une pensée sioniste cohérente qui se perpétue à travers le temps. Le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part : il prend sa source au moment même où le projet sioniste s’est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’emprise des multinationales sur l’opinion publique des Etats-Unis est une des choses incroyables du monde occidental. Aucun pays développé n’a réussi à éliminer des média, et avec autant d’efficacité, toute forme d’objectivité - sans même parler de dissidence.

Gore Vidal

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.