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Saboter la paix : La vraie raison de l’attaque de la flottille de Gaza (Counterpunch)

La vague d’indignation et de condamnation planétaire qui a suivi l’attaque impudente de la pacifique flottille de la paix qui a causé la mort d’au moins neuf militants et fait des dizaines de blessés était prévisible et justifiée. Mais beaucoup se demandent encore pourquoi Israël a jugé nécessaire d’amener par avion un commando d’élite pour se rendre maître d’une flottille civile sans armes transportant 10 000 tonnes d’aide humanitaire vers le territoire assiégé de Gaza. Le convoi de six bateaux était en partie sponsorisé par une organisation humanitaire et naviguait sous pavillon turc quand il a été arraisonné dans les eaux internationales.

L’opinion générale est qu’Israël voulait "envoyer un message" : Voilà ce qui arrivera à quiconque osera s’opposer au blocus maritime et au siège de Gaza.

Cette analyse est juste mais superficielle. La vraie raison de l’assaut israélien est beaucoup plus sinistre : saboter délibérément (pour ne pas dire faire complètement avorter) les pourparlers de paix décisifs avec les Palestiniens et les Syriens et se venger de la Turquie qui a négocié un accord d’échange nucléaire avec l’Iran ( ce qui a discrédité grandement les arguments d’Israël en faveur d’une intervention armée).

La motivation profonde d’Israël était de saboter la paix.

"La dynamique de notre état est l’expansion" est une déclaration célèbre de David Ben Gourion. Et la paix, la stabilité et la diplomatie sont des obstacles aux partisans sionistes de l’acquisition des terres et du contrôle des populations indigènes.

Il y a eu des efforts récents pour faire progresser les pourparlers indirectes, dit "de proximité" sous l’égide des USA entre le gouvernement israélien et le leader palestinien Mahmoud Abbas. Maintenant tout cela est remis en question.

La première phrase d’un communiqué de la Presse Associée du 31 mai impliquait la même chose : "L’assaut sanglant qui a tourné au fiasco d’un vaisseau turc humanitaire complique la tâche des USA dans les efforts de paix au Moyen Orient, et augmente l’isolement d’Israël..."

C’est exactement ce qu’Israël voulait. Israël peut facilement supporter "un isolement international" tant que son allié le protège de réelles sanctions. Israël en fait adore l’isolation ; cela lui permet d’opérer avec le sentiment de "n’avoir rien à perdre". L’expropriation de la Palestine s’accélère et il n’y a personne pour mettre des limites à son comportement irresponsable.

De plus l’attaque a eu pour résultat de mettre fin à sa relation avec la Turquie. Israël ne veut pas participer à une solution non militaire du dossier nucléaire iranien comme celle que la Turquie et le Brésil viennent de concrétiser.

Ce ne serait pas la première fois qu’Israël provoquerait délibérément une crise au prix de la vie de civils pour pouvoir poursuivre ses projets expansionnistes, justifier une guerre, ou avoir une raison de partir en campagne :

Six semaines avant les élections de 1996 en Israël, le Premier Ministre Shimon Peres a lancé l’opération "grains de la colère", un raid de deux semaines au Liban au milieu des 20 années d’occupation du Sud de Liban. Au cours de cette opération des Israéliens massacrèrent 106 civils qui s’étaient réfugiés dans un bâtiment de l’ONU à Qana.

En septembre 2000, quatre mois avant son élection, le Premier Ministre Ariel Sharon (accompagné de 1000 policiers anti-émeutes) s’est pavané sur l’esplanade de Haram al-Sharif où se trouve la mosquée al-Aqsa -le troisième lieu saint de l’Islam- déclenchant la Seconde Intifada.

La commission des droits de l’homme de l’ONU dans une résolution intitulée "sérieuses et importantes violations des droits humains du peuple palestinien par Israël" a condamné "la provocation dont s’était rendu coupable Ariel Sharon, le leader du Likoud en se rendant à El-Haram al-Sharif le 28 septembre 2000, et qui a été à l’origine des événements tragiques qui se sont déroulés à Jérusalem Est et dans les autres territoires occupés de Palestine, causant un grand nombre de morts et de blessés dans la population palestinienne".

Sharon a alors bâti sa campagne électorale sur la répression de l’intifada qu’il avait provoquée.

1500 Libanais furent tués, un million furent déplacés et l’infrastructure civile du pays fut détruite pendant qu’Israël essayait sans succès de détruire le Hezbollah au cours de la guerre de juillet 2006. Le conflit commença quand deux soldats furent capturés en flagrant délit d’espionnage en territoire libanais près de la ville de Aitaa al-Chabb. Comme des années de violation illégale de l’espace aérien libanais n’avaient pas provoqué de réaction, Israël utilisa le prétexte de la capture des deux soldats pour lancer son attaque disproportionnée.

La mesquine logique qui a sous-tendue l’attaque de Gaza de 2008-2009 a déjà été exposée dans un article précédent. ( à savoir les élections de février 2009 en Israël voir http://www.counterpunch.org/amiri12262008.html NdT)

La dernière opération israélienne contre les 700 militants qui apportaient de l’aide humanitaire à Gaza n’est jamais que la derniere d’une série de tentatives criminelles pour détruire tout espoir de paix, de négociation ou de solution du conflit entre Israël, ses voisins et les Palestiniens.

Mission accomplie.

Rannie Amiri est un commentateur indépendant du Moyen Orient. On peut le contacter à rbamiri@yahoo.com

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/amiri06042010.html

Traduction D. Muselet

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