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Sexe, justice et Wikileaks (lorsque Médiapart aussi fait dans le bidonnage)

NOTE DU GRAND SOIR : on a beau écrire pour/sur Médiapart, il reste encore du chemin à faire avant que le "problème Wikileaks/Assange" soit compris...

Exemple, si Assange est "plus en sécurité en GB qu’en Suède", c’est tout simplement parce qu’il n’a commis aucun délit en GB qui ne peut l’extrader que vers la Suède (d’où il pourrait être extradé comme "simple témoin" vers les US - et ne jamais revenir, bien-sûr) - extradition rendue possible justement grâce à un incroyable mandat Interpol de la Suède ;

Exemple : Assange serait un "fugitif suspecté de viol". Ben non, et c’est même plus ou moins expliqué dans l’article...

Et Médiapart interroge Tom Hayden, un "avocat étatsunien", "defenseur des droits de l’homme" mais... qui n’a rien à voir avec l’affaire, à part qu’il a "écrit un article". Et alors ? Le grand journaliste et reporter, John Pilger, a écrit maints articles et ne partage pas du tout l’opinion de Médiapart...

Médiapart n’a pas pensé à interroger les avocats d’Assange ? Apparemment pas.

Présenter Assange comme un simple farfelu mégalo & parano semble être un passe-temps favori des médias (qui ne sont que mégalos...).

On se demande bien qui peut en vouloir à Assange et Wikileaks et pourquoi ?

En relisant l’article de Médiapart, on se rend compte qu’ils n’ont en réalité effectué aucune "enquête" et qu’ils ont juste lu un rapport disponible en anglais sur internet et envoyé un mail à Hayden et compulsé quelques articles parus sur Internet.

(PS aux auteurs : ... dans "il usera de toutes les voix de recours" il fallait écrire "il usera de toutes les voies de recours" . Pas terrible pour un article "judiciaire").

Sexe, justice et Wikileaks

Simon Castel et Michel de Pracontal

Nul ne peut dire quand ni comment se résoudra l’impasse diplomatique créée par la situation de Julian Assange, poursuivi par la justice suédoise pour une potentielle accusation d’abus sexuel, réfugié depuis deux mois dans l’ambassade d’Équateur à Londres, et réclamé par plusieurs politiciens aux États-Unis, où un grand jury de Virginie étudie son cas. Mais on peut affirmer que ce cul-de-sac juridique sur fond de tensions internationales a été provoqué par des faits d’une importance totalement disproportionnée à leurs conséquences présentes.

Comment le cyber-héros de la liberté d’information a-t-il pu se trouver réduit au statut de fugitif suspecté de viol ? Et cela, au moment où le scoop mondial des câbles diplomatiques confidentiels divulgués sur le web par Wikileaks le propulsait au sommet de la gloire ?

La blogosphère fourmille de rumeurs, allant jusqu’à l’hypothèse farfelue d’un piège érotique tendu par la CIA au fondateur de Wikileaks : une des deux femmes aurait été envoyée par la CIA en service commandé.

Mais l’enquête de Mediapart conduit à une explication moins romanesque, dans laquelle ont joué au moins quatre facteurs : primo, la personnalité de Julian Assange, brillant, séducteur, mais exceptionnellement doué pour se mettre en fâcheuse posture ; secundo, l’emballement médiatique que suscite un tel personnage ; tertio, un fonctionnement assez particulier de la police et un certain acharnement de la justice suédoises ; quarto, un climat général d’hystérie anti-Assange aux États-Unis (précisons que cet ordre ne représente pas l’importance respective des quatre facteurs, qui est difficile sinon impossible à évaluer).

L’imbroglio judiciaire résulte au départ d’un litige entre Assange et deux jeunes femmes suédoises, Anna Ardin et Sofia Wilen, avec lesquelles l’intéressé a eu des aventures lors d’une visite à Stockholm en août 2010. Nous avons passé au crible les interrogatoires des protagonistes et de plusieurs témoins, réalisés par la police suédoise, interrogatoires qui ont fuité dans la presse dès le début de l’affaire et sont accessibles, en suédois et en anglais, sur plusieurs sites (voir les fac-similés des documents originaux ici et une traduction en anglais là ). De telles fuites sont assez fréquentes en Suède, y compris dans des cas où l’intérêt de l’enquête exigerait de la discrétion.

Selon ces interrogatoires, Anna Ardin et Sofia Wilen reprochent à Assange d’avoir eu avec elles des rapports non protégés et d’avoir ensuite refusé de faire un test VIH. Avant de porter plainte contre le fondateur de Wikileaks, Anna Ardin a confié à un ami, le journaliste suédois Donald Boström, qu’elle était « fière comme un paon » d’avoir attiré « dans son lit l’homme le plus impressionnant de la planète » (cette déclaration figure dans la déposition de Boström)…

Selon Donald Boström, interviewé par AOL News, « Assange était comme Mick Jagger, il rendait folle la majorité des femmes autour de lui. Je pense qu’il a blessé beaucoup de femmes qui ont cru avoir une relation spéciale avec lui ».

Le profil est celui d’un séducteur indélicat, non d’un prédateur sexuel. Les dépositions d’Anna Ardin et Sofia Wilen confirment qu’elles étaient clairement consentantes, et qu’elles ne se sont pas senti menacées ni agressées par Julian Assange. Au cours des deux aventures, qui se sont succédé à quelques jours d’intervalle (voir la chronologie sous l’onglet Prolonger), la situation s’est envenimée, à chaque fois, lorsque Assange a refusé d’utiliser un préservatif.

Anna Ardin, qui avait accueilli Assange dans son studio à son arrivée à Stockholm, le 11 août 2010, a accepté qu’il continue à dormir chez elle, et même avec elle, plusieurs nuits après la relation litigieuse. Elle a organisé une soirée à laquelle il était invité. Et vis-à -vis de son entourage, elle a affiché une entente cordiale avec le fondateur de Wikileaks.

« Fais ce foutu test tout de suite, si elle est inquiète, c’est ridicule »

Le 20 août 2010, soit une semaine après la rencontre entre Julian Assange et Anna Ardin, cette dernière a eu une conversation au téléphone avec Sofia Wilen. Les deux femmes ont réalisé qu’elles avaient eu toutes deux des rapports non protégés avec le même homme, et ont décidé de s’adresser à la police. Leur intention initiale n’était pas de porter plainte pour viol, mais de contraindre Assange à effectuer un test VIH, ce à quoi il se refusait.

Pour qu’une telle affaire se transforme en un conflit géopolitique opposant le camp atlantiste à l’Amérique latine, il a fallu qu’Assange donne libre cours à son don d’aggraver sa situation. Sans sa mauvaise volonté quant à l’usage du préservatif, il ne se serait rien passé. Et son refus du test a braqué ses deux partenaires.

Le journaliste suédois Johannes Wahlström, contact de Wikileaks en Suède, a raconté à la police une conversation téléphonique avec Assange dans laquelle ce dernier explique qu’il n’accepte pas de « faire l’objet d’un chantage pour le test VIH ». A quoi Wahlström répond : « Fais ce foutu test tout de suite, si elle est inquiète, c’est ridicule » (« Take the damn test now, if she is worried, it’s ridiculous »). Si Assange avait suivi le conseil de son ami, les choses en seraient sans doute restées là . Il a campé sur ses positions, est reparti à Londres en septembre 2010. Par la suite, il usera de toutes les voix de recours pour faire appel et se soustraire à la demande d’extradition de la Suède, qui émet le 18 novembre 2010 un mandat d’arrêt européen. Près de dix-huit mois plus tard, Assange, assigné à résidence en Grande-Bretagne, enfreint les conditions de sa liberté surveillée et se réfugie à l’ambassade d’Equateur à Londres, pays duquel il obtiendra l’asile politique le 16 août 2012.

Cette escalade ne se serait cependant pas produite sans un certain fonctionnement de la justice suédoise qui, au minimum, pose question. Pas moins de trois procureurs - trois femmes - se sont succédé pour instruire l’affaire. Le 20 août 2010, le jour même où les deux femmes se rendent à la police, un premier procureur, Maria Häljebo Kjellstrand, signe un mandat d’arrêt pour viol et agression sexuelle alors que l’interrogatoire de Sofia Wilen n’est même pas terminé… Le soir même, un journaliste du tabloïd Expressen est informé de la nouvelle par une fuite, et obtient confirmation auprès de Maria Häljebo Kjellstrand. Une plainte contre la magistrate sera déposée à ce propos, mais n’aboutira pas.

Le lendemain, la nouvelle qu’Assange est accusé de viol fait la une de Expressen, et rapidement le tour du monde. Le même jour, le dossier est transféré à un deuxième procureur, Eva Finné. Elle lit les dépositions, parvient à la conclusion qu’il n’y a pas de charges motivant l’accusation et annule le mandat d’arrêt. Dans une brève déclaration aux médias, elle affirme : « Je ne pense pas qu’il y ait une raison de soupçonner qu’il ait commis un viol. » La décision d’annulation d’Eva Finné est annoncée le 25 août (voir chronologie). Elle scandalise Irmeli Krans, la policière qui a recueilli la déposition de Sofia Wilen. Dans un message sur Facebook daté du 25 août, Krans qualifie de scandaleuse la décision d’Eva Finné et ajoute : « Heureusement, notre cher éminent Claes Borgström, grâce à son unique compétence, va remettre les choses en ordre. »

Ce message appelle un éclaircissement : Claes Borgström est avocat et homme politique, membre du parti social-démocrate, spécialisé dans les questions d’égalité des sexes. Il a défendu des thèses ultraféministes, notamment l’idée controversée selon laquelle tous les hommes partageraient une culpabilité collective à propos des violences faites aux femmes.

Borgström est aussi connu pour avoir été impliqué dans le plus grave scandale judiciaire suédois, l’affaire Thomas Quick. Ce dernier, atteint de troubles mentaux, a été condamné pour huit meurtres sur la base de preuves très fragiles. En 1990, emprisonné pour vol à main armée, Quick a été placé en internement psychiatrique. Au cours de cet internement, Quick a déclaré être l’auteur d’une trentaine de meurtres non résolus. Après lui en avoir attribué huit, la justice a constaté que dans trois des cas, l’accusation ne tenait pas. Et selon le journaliste d’investigation, Hannes Råstam, Quick n’aurait même commis aucun des meurtres.

Anna Ardin ne s’est pas plainte de viol : « C’est parce qu’elle n’est pas juriste », dit Borgström

Or, Borgström était l’avocat de Quick pendant six ans, mais il a été incapable de voir que son client était condamné sur la base de charges insuffisantes, ce qui ne l’a pas empêché de toucher des honoraires considérables, versés par l’Etat.

C’est ce personnage controversé qui, depuis la fin août 2010, s’occupe des intérêts d’Anna Ardin et de Sofia Wilen. C’est lui qui a relancé l’accusation en saisissant un troisième procureur, Marianne Ny, le 27 août 2010. Il semble qu’une telle pratique soit courante en Suède, alors qu’elle serait inhabituelle en France (nous avons interrogé le ministère de la justice suédoise sur ce sujet, mais n’avons pas reçu de réponse jusqu’ici).

Il semble aussi que Claes Borgström ait un rapport aux faits assez particulier. A un journaliste du tabloïd suédois Aftenbladet, qui lui demandait comment il expliquait qu’Anna Ardin n’ait pas eu spontanément la notion d’avoir été violée, il a répondu : « C’est parce qu’elle n’est pas juriste »…

Borgström a une conception assez juridique et extensive du viol qu’il partage avec le procureur Marianne Ny, partisane d’une répression plus sévère des violences faites aux femmes. Illustration de cette communauté de point de vue : début septembre, suite à la demande de Claes Borgström, Marianne Ny rouvre le dossier, estimant qu’on peut considérer qu’il y a eu un crime sexuel. Ce nouveau retournement suscitera la colère de l’avocat suédois d’Assange, Björn Hurtig, qui contestera le fait que Marianne Ny ait pris une décision unilatérale, sans discussion contradictoire, et sans donner la parole à quiconque susceptible de défendre la décision précédente d’Eva Finné.

Par ailleurs, on peut se demander comment la policière Irmeli Krans a été informée de l’entrée en action de Claes Borgström, comme l’atteste son message sur Facebook du 25 août. En fait, l’explication est sans doute assez simple, dans la mesure où Anna Ardin, l’une des deux plaignantes, est une amie de longue date d’Irmeli Krans. La question de savoir si Krans ne se trouvait pas en conflit d’intérêts a été soulevée, mais le « Justitieombudsmannen » (médiateur de la justice) Hans-Gunnar Axberger a jugé qu’il n’y avait pas de problème.

Bien sûr, le fait d’avoir des convictions personnelles n’empêche pas de faire correctement son métier. Et l’on peut comprendre que dans sa situation, Anna Ardin se soit adressée à une policière qu’elle connaissait personnellement, plutôt que de se rendre au commissariat du quartier. Mais au total, les liens entre l’une des plaignantes, Anna Ardin, une policière, Irmeli Krans, un avocat, Claes Borgström, et un procureur, Marianne Ny, s’enchaînent d’une manière peu favorable à une approche impartiale.

Ajoutons que plusieurs irrégularités ont été relevées. Les dépositions d’Anna Ardin et de Sofia Wilen n’ont pas été enregistrées. Celle d’Anna Ardin a été recueillie par téléphone par une policière, Sara Wennerstrom, qui en a fait ensuite un résumé. Celle de Sofia Wilen a été recueillie de vive voix par Irmeli Krans, mais l’entretien n’a pas pu se terminer normalement parce qu’au cours de celui-ci, Sofia Wilen a appris qu’un mandat d’arrêt était lancé contre Assange, et en a été très troublée au point qu’il valait « mieux mettre fin à l’entretien ». Ce point est explicitement noté par la policière dans un commentaire qui suit le compte rendu de la déposition.

A la suite de cela, le supérieur hiérarchique d’Irmeli Krans, Mats Gehlin, lui a demandé de créer un nouveau document dans le système informatique de la police, appelé DurTvå, en introduisant les « changements nécessaires ». On ignore quels sont ces changements. La manipulation est explicitement mentionnée par Irmeli Krans dans le compte rendu qu’elle a établi. De plus, un échange de mails entre Gehlin et Krans qui a lui aussi fuité dans la presse confirme l’épisode.

A l’opposé, les dépositions de Julian Assange, Donald Boström et Johannes Wahlström ont été régulièrement enregistrées, et deux policiers étaient présents à chaque fois. Cette différence de traitement ne plaide pas en faveur d’un processus très partial.

Ajoutons enfin qu’Assange n’a quitté la Suède que fin septembre 2010, un mois après la saisie de Marianne Ny. Pendant ce mois, le procureur Ny n’a pas trouvé le temps de l’interroger. Une fois qu’il a regagné Londres, Marianne Ny a exigé qu’il retourne en Suède pour être entendu, refusé les propositions d’arrangement des avocats d’Assange, comme procéder à un entretien par Skype ou envoyer des policiers suédois recueillir sa déposition à Londres (voir la chronologie). C’est d’autant plus curieux qu’à ce stade, Assange n’est même pas formellement inculpé ! Il s’agit seulement d’entendre son point de vue en tant que témoin, qu’il a d’ailleurs déjà formulé. Comprenne qui pourra.

Julian Assange : « La Suède est l’Arabie saoudite du fondamentalisme féministe »

Avec un évident sens de la nuance, Assange a qualifié la Suède d’« Arabie saoudite du fondamentalisme féministe »… Venant d’un garçon qui a couché avec deux Suédoises quelques heures après avoir fait leur connaissance, la déclaration manque de fair-play. Il n’en reste pas moins qu’on peut comprendre son manque de confiance en la justice du pays.

Mais pour autant, Assange est-il fondé à rejeter les demandes suédoises ? Ce rejet n’a fait qu’aggraver la situation. L’intéressé et ses défenseurs l’ont motivé par la crainte d’une extradition de la Suède vers les États-Unis. Certains avocats d’Assange ont agité le risque d’une détention à Guantanamo, voire d’une condamnation à mort.

Dimanche 19 août 2012, lors de son apparition au balcon de l’ambassade d’Équateur, Assange a une fois de plus mis en cause les États-Unis, appelant Barack Obama à « stopper la chasse aux sorcières contre Wikileaks » et à libérer Bradley Manning, le soldat accusé d’avoir transmis les câbles confidentiels à Wikileaks.

Julian Assange n’a pas eu un mot sur les poursuites suédoises (ni sur ses ex-partenaires), et semble considérer comme évident que son départ en Suède entraînerait mécaniquement son internement aux États-Unis. Mais un tel scénario est-il plausible ?

Mediapart a interrogé Tom Hayden, politicien et journaliste, ancien sénateur de Californie, célèbre défenseur des droits de l’homme et par ailleurs ex-mari de Jane Fonda. Hayden connaît assez bien la Suède et a écrit l’année dernière un long article sur le cas Assange dans The Nation.

Dans cet article, Hayden note qu’une hystérie anti-Assange s’est développée dans certains milieux américains. Il affirme aussi que sur la base de ses rencontres avec des journalistes, des procureurs et des politiciens en Suède, il ne voit « aucune preuve de complot de la CIA ou du gouvernement suédois ».

Dans un mail qu’il a adressé en réponse aux questions de Mediapart, Hayden écrit : « Le climat d’hystérie contre Assange aux États-Unis ne s’est pas calmé. Le sénateur Diane Feinstein, co-présidente du Comité du Sénat sur le renseignement, demande qu’il soit poursuivi. Je sais par des avocats et d’autres journalistes que le Département de la Justice a mis en place un grand jury à Alexandria, Virginie, pour chercher des preuves (contre Assange). J’ignore s’ils ont un acte d’accusation rédigé. Je pense que la Maison Blanche n’a pas pris de décision pour ne pas causer un énorme tourbillon politique, judiciaire et médiatique aux États-Unis, comparable au procès des "Pentagon Papers" en 1971, qui s’est terminé par un désastre (NDLR : il s’agit d’une affaire de fuite de documents confidentiels du Pentagone). »

Tom Hayden estime qu’en tout état de cause, il serait très compliqué d’obtenir une preuve matérielle d’une conspiration entre Assange et Manning en vue de révéler des secrets d’État. Et ne faudrait-il pas alors mettre en cause aussi le New York Times et tous les autres journaux, notamment Le Monde et Mediapart, qui ont conclu des accords avec Wikileaks pour publier les câbles diplomatiques confidentiels ?

Quant au risque pour le fondateur de Wikileaks d’être extradé de Suède aux États-Unis, Hayden le relativise : « Je ne sais pas pourquoi Assange pense qu’il est plus en sécurité au Royaume-Uni qu’en Suède. Le Royaume-Uni est un plus proche allié du Pentagone qu’aucun autre État de la planète. La Suède peut certes souhaiter faire une faveur aux États-Unis, mais l’opinion suédoise contesterait toute mesure d’extradition vers les États-Unis. Assange a perdu le soutien de l’opinion publique suédoise à force de critiquer constamment la justice de ce pays. De nombreux Suédois que j’ai interviewés pensent tout simplement qu’il veut fuir ses responsabilités dans l’affaire qui l’oppose aux deux jeunes femmes. »

Que peut-il se passer maintenant ? Selon Tom Hayden, l’impasse diplomatique ne peut durer. Il faut s’attendre à des surprises : « Assange pourrait même monter dans une voiture équatorienne pour se rendre à l’aéroport, juge Hayden. Si les Britanniques arrêtent la voiture, cela entraînera d’imprévisibles conséquences juridiques et politiques, entraînant une confrontation gravissime entre l’Amérique latine et le Royaume-Uni… Par comparaison, le laisser filer en Équateur serait une solution attirante. Qui sait ? »

Simon Castel et Michel de Pracontal

Note : Au cours de notre enquête, nous avons sollicité le ministère de la justice suédois, mais notre demande d’informations n’a pas reçu de réponse jusqu’ici.

Les documents de la police en suédois sont disponibles en anglais sur le site Nordic News Network. Nous nous sommes servis de cette traduction, et les passages que nous citons en français ont été traduits de l’anglais par nous.

Source : http://www.mediapart.fr/journal/international/220812/sexe-justice-et-wikileaks

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