Tunisie : qu’y a-t-il de commun entre Ennahdha et Israël ?

1. Réponse

L’implantation effrénée de colonies par Israël en terre de Palestine relève de la même tactique que la nomination partisane et effrénée de hauts responsables islamistes par Ennahdha en terre de République civile, dans tous les rouages de l’économie et de l’État tunisiens ; avec, toutefois, une petite différence majeure : ces colonies sont, toujours, de petits joyaux architecturaux, alors que ces hauts responsables sont, généralement, de grands incompétents.

2. Remarque : ceux qui se ressemblent s’invitent !

Il convient de mentionner dans ce contexte que Rached Ghannouchi, le Président-fondateur du Parti islamiste tunisien au pouvoir Ennahdha, est très apprécié par le lobby israélien aux États-Unis d’Amérique, à tel point qu’il fut invité par le Washington Institute for Near East Policy à participer à une table ronde privée, et ce, le 30 novembre 2011, soit cinq semaines après l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante, une semaine après sa séance inaugurale, deux semaines avant l’élection du Président provisoire de la République et trois semaines avant la composition du gouvernement de Hamadi Jebali, largement dominé par les islamistes.

3. Qu’est-ce que c’est, le Washington Institute for Near East Policy ?

Le Washington Institute for Near East Policy (l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient) est un think-tank étasunien, qui se consacre aux intérêts des États-Unis au Proche-Orient. Il est considéré comme proche des intérêts israéliens [1] et fut fondé en 1985 par Martin Indyk, qui est aussi le fondateur de l’American Israël Public Affaire Committee, le lobby pro-israélien le plus puissant et le plus influent aux États-Unis dont les opinions « peuvent être décrites comme étant en conformité avec celles de Benyamin Nétanyahou et du Likoud » [1]. Il est, également, depuis le mois de juillet 2013, le nouvel émissaire étasunien pour le Proche-Orient.

Rached Ghannouchi semble être un hôte privilégié de Martin Indyk, puisqu’il a été invité, encore une fois, par ce dernier le 31 mai 2013 au Saban Center for Middle East Policy, dont le vice-président n’est autre que Martin Indyk, pour parler de l’avenir de la démocratie tunisienne [2]. Avant son intervention, Rached Ghannouchi a eu droit, cinq minutes durant, à une présentation élogieuse faite par Martin Indyk lui-même.

4. L’homme politique mangeant à tous les râteliers

Le problème n’est pas tant dans le fait que Rached Ghannouchi entretienne des relations privilégiées avec les hautes sphères du lobby pro-israélien américain, mais, plutôt, dans son double langage, ses volte-face et ses revirements, à l’image de l’homme politique mangeant à tous les râteliers :

- n’a-t-il pas traité les États-Unis d’Amérique de Grand Satan en 1989, en se rétractant plus tard, mais, malheureusement pour lui, il s’est fait épinglé, avec vidéo à l’appui ;

- n’ont-ils pas, lui et son parti, clamé, haut et fort, tous azimuts, leur refus éternel de la normalisation avec l’État d’Israël, jusqu’à demander l’inscription du dit refus dans la Constitution tunisienne en préparation, alors qu’il ne cesse de rassurer ses auditoires, à chacun de ses séjours aux États-Unis, qu’il n’y aura aucune clause dans ladite Constitution constitutionalisant ce refus ;

- n’a-t-il pas soutenu que c’est « l’entité sioniste » (sic) qui est derrière les manifestations anti-islamistes en Égypte et en Tunisie, ainsi que derrière les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, et ce, d’après lui, dans une tentative de déstabiliser les printemps arabes afin d’empêcher la « oumma de rejoindre le monde de la démocratie, de la modernité et de la liberté » [3]. Ah ! Mon Dieu ! Que de mensonges et de mauvaise foi dans ces arguments !

Salah HORCHANI

[1] http://www.lefigaro.fr/international/2013/07/29/01003-20130729ARTFIG00339-martin-indyk-nouvel-emissaire-americain-pour-le-proche-orient.php

[2] Voir le lien ci-dessous où l’on trouve une vidéo de la conférence :

http://www.brookings.edu/events/2013/05/31-tunisia-democracy-ghannouchi#ref-id=20130531_fullevent

[3] https://www.facebook.com/photo.php?v=141532952721581

COMMENTAIRES  

17/09/2013 08:08 par Salah HORCHANI

Confirmation de la position-export de Rached Ghannouchi concernant Israël

Ladite position-export été confirmée par l’hebdomadaire britannique The Economist, dans son édition imprimée datée du 10 décembre 2011 *, où l’on lit, sous le titre « Israel and the Islamists-Oh no ! But let’s talk, maybe  » :

« Dans un signe [qui indiquerait l’orientation] des choses à venir, Rached Ghannouchi, Chef d’Ennahdha, le parti des islamistes tunisiens qui est proche des Frères [musulmans égyptiens], a récemment rencontré, discrètement à Washington, des israéliens. Il leur a assuré que la [future] Constitution [tunisienne] n’interdirait pas d’autres contacts [avec Israël] ».

Salah HORCHANI

* http://www.economist.com/node/21541441

17/09/2013 10:18 par Salah HORCHANI

L’hypocrisie, la duplicité et le double langage d’Ennahdha perdurent : « Ennahdha soutient la liberté d’expression... en muselant les journalistes ! »

Le bureau d’Ennahdha a publié, aujourd’hui [17 septembre 2013], un communiqué où il exprime son soutien à la liberté d’expression, comme pilier de la transition démocratique. Est-ce possible ? On croit rêver !

N’est-ce pas le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha et conduit par l’un de ses dirigeants, Ali Larayedh, qui est en train de s’acharner sur les médias indépendants, de poursuivre les journalistes devant les tribunaux et de tenter d’imposer son contrôle sur les médias publics, notamment par les nominations de directeur généraux non sur la base de leurs compétence et expérience mais pour leur allégeance politique ?

Hypocrisie ? Duplicité ? Double langage ? Tentative de rattraper un très mauvais coup avec les poursuites judiciaires lancées à l’encontre des journalistes Tahar Ben Hassine, Zied El-Heni, Mourad Mehrezi, et autres Zouhair El-Jis, sans parler des procès publics intentés quasi quotidiennement par les dirigeants islamistes contre les médias ? C’est un peu tout cela à la fois...

Ennahdha ne perd rien, il est vrai, à exprimer, dans un communiqué téléphone et très tardif, son soutien à la liberté de la presse et au droit des journalistes à s’exprimer librement et à exercer leur profession sans pression ni intimidation.

Le parti de Rached Ghannouchi, qui a observé un silence assourdissant au cours des derniers jours, alors que les journalistes étaient harcelés par une justice aux ordres, a cru devoir rappeler son respect au corps judiciaire, souligner son indépendance et nier tout lien de près ou de loin entre ses dirigeants et les décisions de la justice. Et, bien entendu, il compte sur notre naïveté pour le croire sur parole, alors que des doigts désignent l’ex-ministre de la Justice et actuel ministre conseiller du chef du gouvernement, Noureddine Bhiri, de diriger, à distance, le ministère de la Justice.

Mais là où Ennahdha fait vraiment trop fort c’est lorsqu’il appelle à appliquer le décret-loi n° 115 (promulgué le 2 novembre 2011 et qui tient de nouveau code de la presse, NDLR) et à abroger les sanctions physiques à l’encontre des journalistes.

Faut-il rappeler, à ce propos, que c’est le gouvernement Ennahdha qui refuse d’appliquer ce décret-loi où, justement, les sanctions physiques n’existent plus. Mais c’est trop demander à Ennahdha de lire les textes de loi dont ils parlent...

Source :

http://www.kapitalis.com/medias/61-medias/18207-tunisie-medias-ennahdha-soutient-la-liberte-d-expression-en-muselant-les-journalistes.html

Salah HORCHANI

17/09/2013 18:43 par Salah HORCHANI

Conspiration occidentale ou pas, contre les Printemps arabes !

Sans aller jusqu’à croire à une conspiration occidentale active, je suis persuadé qu’il s’agit d’une conspiration passive du fait que l’occident soutient (et donc est allié à) des régimes dominés par des partis islamistes qui refusent la notion de l’égalité dans la citoyenneté, notion qui est le fondement de toute démocratie et dont le manquement est le fondement de l’apartheid.

Salah HORCHANI

26/11/2013 07:03 par Salah HORCHANI

Qu’y a-t-il encore de commun entre Ennahdha et Israël ?

Les tergiversations, la guerre des nerfs, le double langage et les revirements sont des ingrédients qui caractérisent les stratégies de dialogue d’Ennahdha et Israël avec leurs partenaires.

Et, comme a dit Neji Djelloul, universitaire spécialiste d’islam politique :

« Ennahdha agit comme Israël, elle négocie, mais, en même temps elle continue à implanter ses colonies (…)Ennahdha a étudié la stratégie de Khomeiny qui s’est débarrassé de ses opposants un à un » :

https://www.facebook.com/photo.php?v=460392004071186

Salah HORCHANI

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