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Un 50 ème congrés de la Cgt secoué par les délégués des syndicats

La CGT ce n’est pas la CFDT et pour la recentrer l’affaire est rude et comme le dit la presse "la direction ne tient pas ses troupes ". Parce que la CGT ne se réduit pas à l’appareil qui la contrôle encore et que nombre de ses militants à tous les niveaux aspirent à bien autre chose qu’à un accompagnement du capitalisme en crise. La préparation du 50e congrès et son déroulement en attestent. A partir de quels constats ?

1.Une histoire qui vient de loin

Un profond attachement à la CGT que nous partageons !

La CGT, au-delà ou en dépit des évolutions de ces dernières années est perçue comme l’outil syndical de défense et de résistance indispensable aux salariés et à la classe ouvrière. Derrière les critiques sans concession de nombre de délégués ce sentiment était perceptible.

Cette perception plonge ses racines loin dans le passé où elle est étroitement associée aux grands mouvements sociaux et aux grandes conquêtes qui ont scandé le mouvement ouvrier : 36 et les congés payés, 45 et les avancées considérables de la Libération adossées au programme du CNR (Sécurité Sociale, Statut de la Fonction publique, Comités d’entreprise …), 68 et entre autres la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise etc. Et c’est d’abord cet enracinement historique qui donne sa première place à la "Grande Dame".

2.Confirmation d’une orientation réformiste

Les dirigeants actuels de la CGT confirment leur intention d’inscrire l’action de la centrale dans une orientation réformiste qui malgré leurs dénégations s’inscrit en contre de toute la grande tradition de " lutte des classes ".

Rappelons que le réformisme est une inclinaison profonde du mouvement ouvrier qui se caractérise principalement par l’accompagnement du capitalisme afin d’en corriger les excès. Renonçant par là à la lutte pour la fin de l’exploitation, en combinant la défense immédiate des intérêts et des revendications des travailleurs avec la lutte pour un changement radical de société.

Les modifications statutaires au 45e congrès en 1995 illustrent ce ralliement au réformisme en gommant la nécessité d’une appropriation collective des grands moyens de production et d’échange afin de se libérer de l’exploitation capitaliste.

Nous revendiquons donc cette qualification de l’orientation des dirigeants de la CGT non comme procès d’intention malveillant mais comme constat de choix affirmés et revendiqués même si les implications en sont niées :

Syndicalisation et rapport de forces

Évidemment plus on est nombreux mieux on se défend.
Mais, le renforcement en adhérents est présenté comme le moyen décisif de construire un rapport des forces favorable aux travailleurs.

C’est faux séparé de la lutte pied à pied au quotidien.
Et historiquement toutes les périodes de renforcement considérable de la CGT coïncident avec les grandes conquêtes sociales et les grandes luttes : 36, 45, 68 où c’est par millions que ce sont comptés les adhérents et que les travailleurs ont reconnu massivement l’utilité de s’organiser syndicalement.

Des syndicats forts (CGT comprise) renonçant à fonder le rapport des forces essentiellement sur les luttes et l’intervention des travailleurs, étroitement associés au " dialogue social " c’ est ce à quoi rêvent le MEDEF et le pouvoir.

Le syndicalisme rassemblé

C’est depuis des années le credo des dirigeants de la CGT.
En pratique c’est une alliance privilégiée avec la CFDT sous l’onction de la Confédération Européenne des Syndicats (CES).
Les actuels dirigeants de la CGT présentent cet objectif comme une exigence de l’unité. D’accord, mais sur quelles bases ?

Jusqu’à peu l’unité a été une unité de sommet entre responsables dans l’intersyndicale nationale.
Et c’est une unité dont le contenu est déterminé par la recherche permanente du compromis avec le patronat et les pouvoirs publics.

Dans les grandes luttes cela s’est traduit comme on l’a vu en 2010 contre la réforme sarkoziste des retraites par un refus de conduire les luttes jusqu’au bout et de soutenir les secteurs les plus engagés comme les travailleurs des raffineries.
Avec au bout la défaite !

Avec la signature par la CFDT de l’accord scélérat sur la flexibilité, cette alliance privilégiée a volé en éclat.
Tout cela n’empêche pas les dirigeants de la CGT de persister dans l’erreur !

D’ailleurs, très nombreux ont été les délégués à dénoncer ce syndicalisme rassemblé et à demander le remplacement de cette référence par la recherche de l’unité des travailleurs sur la base de revendications claires et précises.

En pure perte, signe derrière le paravent de la recherche de l’unité, de l’adhésion des dirigeants confédéraux de la CGT aux " valeurs communes " d’un syndicalisme d’accompagnement faisant prévaloir la concertation et la signature d’accords sur les luttes et sur leur nécessaire coordination face aux agressions dont les travailleurs sont victimes.

Où est en effet la coordination des luttes courageuses des PSA d’Aulnay, des Goodyear, des Sanofi, des Fralib … contraints à rechercher cette coordination en dehors de toute intervention confédérale ?

Et l’on peut d’ailleurs déplorer leur absence dans les délégations du congrès !

L’attitude face à la politique réactionnaire du gouvernement socialiste

Le document d’orientation initial préservait le pouvoir actuel.
De ce point de vue, l’histoire se renouvelle en partie : rappelez-vous 81, il ne fallait absolument pas lever le petit doigt, contre le gouvernement mitterrandien de compromissions !

Les amendements proposés par de nombreux syndicats et l’intervention de maints délégués au congrès lui-même ont quelque peu rectifié ce positionnement dans un sens beaucoup plus critique.

Mais sitôt sorti du congrès, le nouveau secrétaire général Thierry Lepaon dans son interview à l’Humanité du 25 mars, s’empresse de rassurer ceux qui pourraient s’inquiéter d’une "radicalisation " de la CGT ; "La CGT n’entrera pas en guerre contre le gouvernement en le qualifiant de libéral. Ce serait une vision simpliste ".

Mais alors comment qualifier l’accord sur la flexibilité, le pointage du coût du travail comme coupable du chômage, la réforme des retraites qui se profile et la poursuite de toutes les contre-réformes de Sarkozy ?

Il s’agit là pour la nouvelle direction de la CGT de préserver le pouvoir socialiste afin de pouvoir s’intégrer dans la politique de " dialogue social " en concurrence ou en complémentarité avec la CFDT !

Ou plus grave encore s’agit-il de préserver d’éventuels reclassements de dirigeants comme on l’a vu avec plusieurs dirigeants de la CFDT et comme on vient de l’apprendre avec Jean-Christophe Le Duigou (expert confédéral) qui vient d’être nommé en conseil des ministres conseiller d’État en service extraordinaire, sans doute pour bons et loyaux services ?

3. Passages en Force et manipulations

Le déroulement du congrès a mis fortement en lumière le véritable décalage existant entre les orientations défendues par la direction et la volonté de nombre de délégués.
Il est aussi à noter, que beaucoup de délégués (ées) au congrès ont été mandatés par leur direction, et non par leur syndicat. Pour 83% des délégués c’était le premier congrès ! Ce qui est un bon signe de renouvellement ; mais se méfieront-on des militants plus aguerris et donc plus rétifs aux manipulations qui n’ont pas manquées !

souveraineté et votes plébiscitaires ?

En effet, en contradiction avec le caractère souvent très critique des interventions des délégués, les votes très majoritaires enregistrés à propos des principaux documents forcent à se poser la question de la manière dont sont organisés les votes et les procédures mises en oeuvre : rôle des responsables de délégation, procédures de mandatements, rôle des commissions du congrès sous contrôle, privant au fond le congrès de toute souveraineté et de toute initiative.

Ainsi, François du 93 en colère devant le refus d’un vote séparé sur l’acte III de la décentralisation a pu s’exclamer «  La commission est une commission du congrès et le congrès n’est pas un congrès des commissions ! "

Plusieurs demandes de vote séparés sur une question précise ont été rejetés par les responsables de commission veillant au grain du politiquement correct comme ce fut le cas pour la motion sur le syndicalisme rassemblé et la demande de RETRAIT du projet de loi sur la flexibilité du marché du travail !

Et plusieurs congressistes disent avoir subi des pressions orales concernant les votes « contre . Nouveaux ils ont décidé de voter pour !

Le comble !

Le comble des manipulations a été atteint à propos des modifications statutaires et des règles de vie.
L’adoption de ces modifications exige les 2/3 des voix.
Le vote n’obtient pas ces 2/3 !
Les modifications statutaires sont donc rejetées !

Qu’à cela ne tienne, à l’instar des pratiques auxquelles nous ont habitué les tenants des traités européens, Bernard Thibaut silencieux jusque là intervient et propose, considérant que ce sont les retraités avec leurs préoccupations non prise en compte qui ont fait pencher la balance, propose donc de retirer les modifications de l’article 34 contesté et de refaire voter sur le texte ainsi amputé.

Le nouveau vote donne cette fois la majorité convoitée
Il s’agit donc bien d’un passage en force pour faire adopter les modifications statutaires qui provoquaient de fortes résistances.

Dans ces conditions les modifications statutaires peuvent donc être légitimement contestées par les organisations de la CGT !

Les militants devront veiller à ce que les prochains congrès soient préparés et tenus de manière réellement démocratique et soient vraiment des congrès souverains !

Et maintenant il faut que l’espoir renaisse ?

Au total un congrès qui a mis en relief la combativité et la volonté de développer les luttes des militants et des bases de la CGT.

Un décalage béant est apparu au grand jour avec une direction qui entend poursuivre dans la voie de l’accompagnement de la crise du système et s’efforcer de recoudre la déchirure avec la direction de la CFDT

Les actuels dirigeants de la CGT maquillent leur renoncement aux principes fondateurs d’un syndicalisme de luttes des classes, marqueur de l’histoire de la CGT sous la revendication d’une modernisation de l’organisation et d’une adaptation aux évolutions du salariat.

Certes il ne s’agit pas de reproduire mécaniquement la culture et les comportements qui correspondaient à une époque et à des situations qui ne sont plus celles de notre présent.
Nous ne cultivons pas la nostalgie d’un temps révolu !

Mais nous sommes conscients que seule la lutte paie, redevables aux sacrifices de ceux qui nous ont précédé parfois jusqu’au sacrifice de leur vie. Tout cela pour rien ?

L’adaptation aux conditions du combat, à ce qui bouge dans la société et par conséquent chez les travailleurs reste une nécessité permanente de l’efficacité et de l’utilité reconnue du syndicalisme.

Ce qui demeure au travers de maintes métamorphoses c’est le capitalisme et sa loi d’airain : l’exploitation, la recherche effrénée du profit, la domination d’une minorité de plus en plus étroite, les guerres impériales !

Ce qui demeure à l’heure de la plus grande crise du système et de son incapacité à en sortir sans écraser les travailleurs et les peuples c’est la nécessité du maintien et le renforcement d’une organisation de lutte au quotidien et pour la fin de l’exploitation.

Ce qui demeure c’est la nécessité de se réapproprier les grands moyens de production et d’échange, de nationaliser les secteurs stratégiques comme seule solution aux entreprises de démantèlement industriel et d’organisation d’un chômage massif !

C’est au rassemblement de tous ceux qui partagent cette vision que nous entendons nous consacrer afin que la " Grande dame " retrouve toute sa splendeur. C’est possible, il est encore temps !

L’ URGENCE, et la gravité de la situation ne laissent aucune place à un réformisme synonyme de défaite et d’abandon des travailleurs aux sirènes de l’extrême droite !

Se réapproprier l’outil, redonner la souveraineté aux syndicats et aux adhérents, une tâche plus que jamais d’actualité !

C’est à notre portée si nous savons nous rassembler !

Le Front Syndical de Classe
fin mars 2013


Le congrès au jour le jour et une série de documents de déclarations, d’amendements à l’adresse sur notre site :
http://www.frontsyndical-classe.org/categorie-12527293.html

Les congrès de TOULOUSE

A l’ouverture de ce 50e congrès de la CGT il a été fortement question du congrès de réunification de 1936 entre la CGT et la CGT-U s’étant également tenu à Toulouse au mois de mars.
Utile célébration de l’unité retrouvée.

Sauf que ce congrès de 1936 était tout sauf la glorification de l’unité pour l’unité.

Il couronnait la lutte incessante de la CGT-U pour la réunification et son urgence devant le danger fasciste sur des bases de lutte de classes, articulée sur des comités de base, réunification que les dirigeants réformistes de la CGT d’alors (déjà  !) refusaient jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus faire autrement !

Et Benoit FRANCHON dans son livre " Pour la CGT : Mémoires de lutte, 1902-1939 "

écrit page 160 : « Quand les mineurs de la Loire me disaient "Nous avons trois syndicats, c’est deux de trop …" ils exprimaient là leur besoin d’unité. Mais on ne pouvait s’en tenir à cette généralité ; encore fallait-il les amener à préciser ce que devait être ce syndicat unique qu’ils souhaitaient. L’essentiel n’était pas simplement qu’il n’y eu qu’un seul syndicat. Ce qu’il fallait, c’était un syndicat capable de les organiser dans leur lutte de classe, dans l’affrontement inévitable entre les intérêts des travailleurs et les intérêts de leurs exploiteurs. Cette conscience de la valeur de la lutte de classe ne coulait pas forcément de source … "

Et la réunification de 36 ne fut pas bradée aux impératifs de l’unité à n’importe quel prix !

URL de cet article 19958
  

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