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Une réponse à la "Plateforme d’espagnols pour la démocratisation de Cuba"

C’est vraiment dégoutant et, bien que le terme puisse paraître trop fort, je ne peux pas qualifier d’une autre façon le terrorisme médiatique, le mensonge et l’ignorance de la réalité cubaine qu’aujourd’hui pratiquent les médias occidentaux.

Nous savons qui sont derrière chacune de ces initiatives malveillantes qui aspirent - malheureusement souvent elles y parviennent - à manipuler la Cuba réelle dans les esprits des habitants du monde entier. Nous sommes aussi conscients que le harcèlement de Cuba n’est pas un phénomène nouveau : la Révolution cubaine a du se battre contre ces campagnes diffamatoires depuis 1959. En plus nous connaissons les raisons et les motifs d’un tel acharnement médiatique : Cuba représente un défi idéologique inadmissible pour la dictature mondiale du régime capitaliste dont le leadership fondamental est exercé par notre ennemi d’en face. Cuba est en plus un symbole de résistance et une proposition alternative à l’hégémonie capitaliste. Pour comprendre le pourquoi on attaque tellement Cuba il faut savoir aussi qu’il y a beaucoup de haine accumulée du fait que cette expérience bien différente du modèle aliénant que l’on veut imposer au monde n’a pas pu être détruite malgré la guerre économique, biologique, médiatique, terroriste, militaire, et beaucoup d’etc. de plus, que l’on a utilisés contre Cuba depuis que la Révolution est arrivée au pouvoir.

Cette haine se fait bien sûr plus intense pour nos ennemis lorsqu’elle se mêle à la frustration que provoque le fait qu’ils n’aient pu atteindre leurs objectifs recherchés pendant cinq décennies déjà , et que Cuba malgré cette guerre larvée constante ait pu atteindre un développement enviable en secteurs comme la santé, l’éducation, le sport, la science et la culture. Et par-dessus tout, que Cuba ait pu se maintenir son projet souverain et de justice sans permettre la moindre ingérence dans sa politique interne et externe. Les rend aussi rageurs le fait que les conquêtes fondamentales de l’Ile soient offertes comme une expression de belle solidarité et d’humanisme aux peuples du monde entier, ceux de gouvernements ennemis inclus. Voir comment la flamme de la liberté, qu’un moment donné seule Cuba pouvait brandir, s’allume aujourd’hui en Amérique latine et d’autres coins du monde, leur provoque une colère grandiose.

Cela a été une constante, chaque fois que la politique du gouvernement des Etats-Unis et ses alliés a laissé voir une possibilité de souplesse ou de recherche d’un quelconque changement envers Cuba, les profiteurs les plus acharnés de l’industrie anti-cubaine se sont mobilisés et organisés au mieux pour l’empêcher. Pendant la période de l’administration de James Carter, lorsqu’on tentait de trouver le moindre accord avec Cuba, il faut rappeler combien de crises artificielles ont été fabriquées, combien de campagnes de propagande se sont développées et combien de mensonges sur Cuba ont été diffusés. Nous devons nous rappeler aussi pendant l’administration démocrate de William Clinton comment l’organisation contrerévolutionnaire « Frères à la Rescousse » s’ingénia pour monter de toute pièce une provocation afin de mettre en crise les relations cubano-étasuniennes, objectif qu’elle atteignit finalement se considérant réalisée lorsque le président Clinton promulgua la Loi Helms-Burton.

Maintenant que l’Espagne occupe la présidence semestrielle de l’Union Européenne et que certaines de ses autorités ont fait part à plusieurs reprises d’un besoin de changement de la dénommée « Position Commune » - l’avorton de Aznar sur indications de son Dieu Bush - plusieurs « artistes et intellectuels espagnols » qui ont honteusement choisi comme moyen de vie la lutte contre le projet cubain, suivis par d’autres vrais professionnels talentueux de la culture espagnole mais ignorants de la réalité cubaine, se sont mobilisés dans le pays ibérique pour injurier Cuba et essayer d’éviter toute flexibilisation de la politique hostile contre notre pays.

Se joint à cela le fait qu’ils aspirent à prendre les devants avant la célébration du VIème Sommet UE-AL au sein duquel, on le sait, plusieurs voix solidaires avec la Révolution cubaine se feront entendre. Ils craignent beaucoup, vraiment beaucoup, toute variation aussi minime soit-elle de la politique traditionnelle imposée par le gouvernement des Etats-Unis contre Cuba, et fondamentalement dans ce cas la dénommée « Position Commune » du Parlement européen. Ces « intellectuels et artistes » de pacotille - sans vouloir faire référence dans ce cas aux vrais créateurs espagnols qui ont été trompés ou qui n’ont pas réellement la moindre connaissance de ce qu’est Cuba - sont pris de frayeur de se réveiller un jour et découvrir que leur négoce anti-cubain est en banqueroute.

Comme vient de le signaler la récente Déclaration de la Présidence de l’Association Hermanos Saiz, la manière avec laquelle ces artistes et intellectuels espagnols ont présenté leur dénommée « Plateforme d’Espagnols pour la démocratisation de Cuba » est répugnante, en lui donnant un vernis culturel quand ce qu’elle dévoile n’est qu’une totale inculture et la politisation la plus grossière du thème cubain. Ce « Manifeste » constitue en outre une vile offense à l’intelligence humaine.

« Cuba supporte une dictature féroce et douloureuse qui maintient le pays dans la misère » affirme le document. Quiconque un tant soit peu raisonnable qui lit cette phrase se demandera : si Cuba est une dictature cruelle, comment est-il possible alors que des millions de cubains aient défilé pour le Ier Mai dans ses rues et ses places sans y être obligés par les armes et le harcèlement policier ? Comment est-il possible que l’on ait observé au travers des caméras du monde entier tellement de visages souriants et de belles initiatives de soutien à la Révolution ? Comment est-il possible, si Cuba est une dictature, que dans ce défilé on ait entendu tellement de vivats à Fidel, à Raoul, et à la Révolution ? Ou alors, on pourrait aussi se demander la même chose que Silvio Rodriguez : si ce gouvernement est tellement mauvais, d’oú est sorti ce peuple si bon ?

D’autres certainement se demanderont : au fait, si Cuba est une dictature pourquoi les morts n’apparaissent pas dans les rues comme dans mon pays, pourquoi n’assassine t’on pas les journalistes comme cela se passe avec le gouvernement du Honduras béni par les Etats-Unis, pourquoi n’y trouve t’on pas des fosses communes avec des milliers de cadavres comme en Colombie ? Si les gens ont tellement de besoins matériels pourquoi ne se jettent-ils pas dans les rues ?

Des centaines de milliers d’autres personnes se demanderont : comment est-il possible, si Cuba est une dictature, qu’elle envoie ses médecins, ses instituteurs et ses professionnels de la culture et des sports pour prêter services à mon peuple souffrant alors que personne d’autres ne l’a jamais fait ?

Certains diront aussi : ce n’est pas possible, Cuba n’est pas une dictature alors que son gouvernement a obtenu une mortalité infantile, une espérance de vie, une attention aux personnes handicapées et des niveaux d’éducation comparables seulement et parfois supérieurs à ceux des pays du premier monde.

Sauf pour ceux qui travaillent pour détruire l’exemple cubain, dire que sur l’Ile existe « une féroce et douloureuse dictature » est vraiment irrationnel, car à cause de notre idiosyncrasie nous les cubains nous ne supporterions pas pour longtemps une dictature. Les dictatures les plus célèbres et sanguinaires qu’il y eut à Cuba furent celles de Machado et de Batista auxquelles les Etats-Unis n’imposèrent aucun blocus génocidaire, économique, politique et financier, ni assassinèrent en actes terroristes plus de 3’000 citoyens ; au contraire ils leur facilitèrent tout leur soutien matériel et spirituel contre la volonté de la majorité du peuple cubain. Malgré cela, elles furent chassées du pouvoir par les habitants historiquement insoumis de cette île.

On pourrait dire que la dictature la plus féroce et douloureuse que l’on ait imposée au monde c’est celle du système capitaliste, incapable par nature de permettre et de coexister pacifiquement avec d’autres propositions alternatives déconnectées de leurs chaines coloniales, car elles serviraient d’exemple surtout aux pays périphériques pour que ceux-ci abandonnent leur rôle de serviteurs des centres du capitalisme mondial. Il est démontré scientifiquement que le capitalisme a besoin de l’existence du sous-développement pour garantir son propre développement. Il a aussi besoin d’opprimés et d’exploités pour qu’il y ait des riches et des puissants. Toute expérience libératrice et à contrecourant comme l’est la cubaine doit alors disparaître par tous les moyens parce qu’elle porte atteinte au système dictatorial imposée au monde par le capitalisme. C’est une dictature qui par son modèle fondamental d’accumulation chaque fois plus rigide mène aujourd’hui plus que jamais au génocide écologique et à la disparition de l’espèce humaine elle-même

« Le choix se trouve, simplement, entre démocratie ou totalitarisme » signalent les « intellectuels et les artistes espagnols » dans leur manifeste. Alors moi je leur répondrais sur la base de ce qui a été signalé antérieurement que le choix se trouve, sinon nous n’aurons même pas la capacité de choisir, entre le socialisme et la barbarie. Le temps s’épuise. Ces « intellectuels et artistes espagnols » qui aujourd’hui nous accusent pourraient bien se consacrer à une cause plus noble pour l’humanité en commençant à prêter assistance selon leur possibilité à la solution de la crise économique catastrophique dans laquelle nous a plongé le système capitaliste et dont les conséquences se font sentir aujourd’hui avec beaucoup plus de force en Espagne même et dans tout le continent européen, et laisser Cuba en paix. Ils pourraient exiger au gouvernement des Etats-Unis qu’il juge le terroriste avoué Luis Posada Carriles pour les crimes qu’il a commis, ou se consacrer à la lutte pour la libération des cinq jeunes et courageux cubains qui, pour défendre leurs compatriotes de la mort et de la terreur, subissent aujourd’hui d’injustes sanctions dans des prisons des Etats-Unis. Ceci seulement pour mentionner quelques exemples de ce qui serait une lutte vraiment digne pour les « intellectuels et artistes espagnols » qui viennent maintenant de déclencher cette nouvelle initiative médiatique contre Cuba. Nous les cubains nous sommes conscients que sans ingérence ni pression de qui que ce soit - surtout pas de ceux qui n’ont pas de morale pour cela - nous avons beaucoup à perfectionner et à transformer au sein du socialisme, mais aussi que nous avons beaucoup de choses sacrées à défendre pour lesquelles nous serions prêts à sacrifier nos propres vies.

Ne manipulez plus par vos mensonges les mots démocratie et liberté, ou alors l’humanité devra inventer d’autres termes linguistiques vu que les originaux ont été traînés dans la boue. Au nom de la liberté et de la démocratie ce qui est recherché c’est précisément d’imposer aux hommes l’esclavage de la pensée unique. Nous, les révolutionnaires cubains, nous ne le permettrons jamais.

Elier Ramà­rez Cañedo - La Havane

version originale :
http://www.lajiribilla.cu/2010/n471_05/471_30.html

traduction : R. Muller, ASC-Ge

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