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Vies brisées à Gaza (témoignage d’un collaborateur d’OXFAM)

A l’heure du retrait israélien de la bande de Gaza, le monde prend conscience de l’ampleur des dégâts occasionnés par l’offensive. Mohammed Ali, un collaborateur d’Oxfam basé en palestine, nous raconte la vie dans ce chaos.

"Mes enfants n’ont pas quitté le domicile familial depuis trois semaines. Ma soeur ne quittera pas sa maison non plus, elle a trop peur que quelque chose de terrible ne survienne si elle met le pied dehors. Depuis le début du cessez-le-feu, elle n’a de cesse de pousser ses enfants à retourner se coucher dans leur chambre. Elle s’est réveillée ce matin et a trouvé ses enfants recroquevillés au milieu du salon, comme c’est le cas depuis trois semaines. Il leur faudra des semaines, des mois, voire des années pour qu’ils se remettent des traumatismes liés à ce conflit. Je n’ai pas encore de nouvelles de tous mes amis, je ne sais même pas s’ils sont toujours en vie."

Un paysage de désolation

"Ma sortie d’aujourd’hui fut la plus longue depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, mais une certaine tension était palpable. Il y a peu de nourriture disponible au marché et les prix ont atteint des niveaux inaccessibles pour la plupart des gazaouis. Maintenant que les banques sont à nouveau ouvertes, de longues files se créent aux distributeurs de billets, où les gens attendent fébrilement de quoi rembourser les commerçants qui leur ont fait confiance.

Des dizaines de milliers de sans-abri ont trouvé refuge dans les écoles des Nations Unies que j’ai visité aujourd’hui. J’y étais pour prêter main forte à la distribution d’eau d’Oxfam. Plus de 60.000 personnes, parmi les plus nécessiteuses, bénéficient quotidiennement de cette aide dans la bande de Gaza.

La plupart des personnes avec lesquelles j’ai parlé avaient retrouvé leurs maisons et leurs biens détruits sous un amas de gravats. Des maisons qu’ils avaient mis des années à construire de leurs mains. Qui va dédommager ces gens ? Que vont devenir ceux qui ont perdu des membres de leur famille ? Un chèque ne ramènera pas leurs morts."

La fatigue... et la colère

"Ces trois semaines d’horreur ont marqué à jamais l’esprit des gazaouis. La terreur qu’ils ont vécu se lit encore dans leurs yeux.

Je suis fatigué et sans courage, comme nous le sommes tous. Nous sommes en colère également. En tant que civils, nous avons l’impression d’avoir été punis pour un crime que nous n’avons pas commis. Plus de 1300 palestiniens ont été tués, dont près d’un tiers étaient des enfants. Et ces chiffres vont encore augmenter à mesure que les secouristes découvriront de nouveaux corps. Il y a 5.400 blessés et un nombre incalculable de sans-abri. Qu’avons nous fait pour mériter cela ?

Je pensais aujourd’hui au fait que la plupart des prisonniers européens sont mieux lotis que nous à Gaza : ils reçoivent trois repas par jour, disposent de l’électricité, d’eau courante, ont la télévision... Ils sont privés de liberté mais c’est la punition qu’ils se sont vu infliger pour avoir commis un crime. Je demande quel crime nous, civils, avons commis pour être punis de cette façon ?

"Nous demandons juste le respect de nos droits"

Nous avons besoin de temps pour faire notre deuil, pour nous relever et aller de l’avant à nouveau. Il faut que les dirigeants mondiaux qui auraient pu arrêter ce massacre réagissent et nous aident à retrouver notre dignité. Il faut que tous les points de passage soient ouverts pour que l’aide humanitaire puisse atteindre ceux qui en ont besoin. Il faut que la nourriture, le matériel de construction et les personnes puissent entrer librement.

Pour notre avenir, nous ne demandons pas l’impossible. Nous demandons simplement de pouvoir nous rendre au marché pour acheter de la nourriture abordable, d’avoir accès à l’eau potable, de vivre en sécurité et de ne pas devoir dépendre de l’aide humanitaire pour survivre. Nous souhaitons simplement pouvoir quitter notre pays sans devoir subir des semaines de démarches humiliantes et voir au final l’autorisation refusée. Nous demandons le respect de nos droits les plus fondamentaux.

Mohammed Ali, Collaborateur d’Oxfam à Gaza, 21 janvier 2009.

http://www.oxfamsol.be/fr/article.php3?id_article=1344

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