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Cambodge et Khmers rouges… ou comment l’Occident réécrit l’histoire

J’ai fait tout le chemin jusqu’ici pour visiter le camp du dernier chef militaire des Khmers rouges, Ta Mok, le chef de l’armée, connu sous le nom de « Frère numéro cinq » ou « le Boucher ». C’est là qu’il a vécu et c’est de là qu’il commandait à ses troupes. Ta Mok, le bras droit de Pol Pot. Ta Mok, qui a divisé le mouvement, mis Pol Pot en résidence surveillée et qui, très probablement, l’a empoisonné. Ta Mok qui commandait une armée de plusieurs milliers de loyalistes Khmers rouges, entre 1979, lorsque les forces vietnamiennes ont évincé son mouvement du pouvoir, et 1999, quand il a été capturé par les forces gouvernementales. Ta Mok qui est mort en détention en 2006, sans jamais avoir été réellement jugé ou condamné.

San Reoung, l’homme qui assurait la sécurité personnelle de Ta Mok, son garde du corps qui a vécu avec lui pendant des années, nous attend. Il lui manque la jambe gauche, ce qui est commun parmi les civils et les combattants cambodgiens de son âge. Ta Mok aussi avait perdu une jambe dans les combats. Il n’y a en fait qu’une seule chose que je veuille savoir de lui : à quel point les Khmers rouges étaient-ils communistes, et était-ce l’idéologie, l’idéologie marxiste, qui avait attiré de simples paysans dans les rangs du mouvement ?

San Reoung réfléchit un moment, puis répond, en pesant chaque mot : « Ce n’était vraiment pas une affaire d’idéologie... Nous n’en connaissions pas grand-chose. Moi, par exemple, j’étais très en colère contre les Américains. Je suis devenu soldat à l’âge de 17 ans. Et mes amis étaient très en colère, eux aussi. Ils ont rejoint les Khmers rouges pour combattre les Américains, et en particulier la corruption de leur marionnette, le dictateur Lon Nol, à Phnom Penh. »

Je lui demande si les gens de la campagne étaient au courant de ce qui se passait dans la capitale, avant que les Khmers rouges ne prennent le pouvoir ? « Bien sûr qu’ils l’étaient. Les États-Unis ont donné tellement de soutien, tellement d’argent au régime corrompu de Lon Nol. Tout le monde savait à quoi allait l’argent : d’innombrables fêtes somptueuses, des prostituées de fantaisie... Les bombardements américains avaient écrasé nos campagnes sous les bombes. Des centaines de milliers de personnes étaient mortes. Les gens sont devenus fous, ils étaient indignés. Et c’est ce qui a fait que beaucoup d’entre eux ont rejoint les Khmers rouges. »

« Pas à cause de l’idéologie marxiste ? » ai-je demandé à nouveau. San Reoung répond immédiatement : « Bien sûr que non. La grande majorité n’avait aucune idée de que qu’était le marxisme, ils n’en avaient jamais entendu parler. »

Ayant travaillé durant de nombreuses années dans cette partie du monde, j’ai fini par comprendre que toutes les réponses aux questions importantes sur le Cambodge et son passé se trouvent dans les campagnes. L’Occident, durant des décennies, a réussi à corrompre Phnom Penh, en achetant quasiment tous ceux qui comptaient là-bas, pour qu’ils répètent et peaufinent un récit falsifié et stéréotypé.

Les ONG, les journalistes : tous ils parlent haut et fort du génocide « communiste » au Cambodge. C’est devenu un boulot bien rémunéré, la source d’un flux incessant de financement, un mensonge complexe soutenu par la machine de propagande occidentale, les universités et la presse grand public. Les Khmers rouges étaient une force brutale, bien sûr, mais certainement pas un monstre génocidaire « communiste ». Et ils ne sont pas tombés du ciel.

Sur la route du temple de Preah Vihear, où l’on s’est battu et où le sang a coulé, à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, je retrouve Song Heang, qui travaille pour une modeste organisation caritative australienne, qui bâtit de petites bibliothèques rurales destinées aux enfants. Il déteste les Khmers rouges. Mais il admet immédiatement qu’il n’y avait pas grand chose de « communiste » chez eux : « Enfant, je vivais au bord du fleuve Mékong, dans le village de Prek Tamak, à 65 kilomètres environ de Phnom Penh. Quand les Américains bombardaient, tout s’arrêtait et les gens étaient pétrifiés... Là-bas, ils utilisaient ces avions très rapides, des avions de chasse ; et les populations locales les appelaient « Amich » : les rapides... Beaucoup de gens, alors, ont rejoint les Khmers rouges. Ils ne savaient pas ce qu’était le communisme. Tout ce qu’ils savaient, c’était l’horreur du gouvernement pro-occidental à Phnom Penh ».

Je demande : « Pourquoi les gens de Phnom Penh ne cessent-ils de répéter que Pol Pot a mené un « génocide communiste » ? Pourquoi, comme dans le reste de l’Asie du sud-est, la Chine est-elle diabolisée ? Et pourquoi le Vietnam lui aussi est-il diabolisé ? »

« Nous sommes un pays très pauvre », répond Song Heang. « Et si les gens à Phnom Penh touchent de l’argent, eh bien, ils aiment cet argent, c’est tout, et ils disent exactement ce qu’on les paie pour dire. Et les Etats-Unis et l’Union européenne mettent sur la table beaucoup d’argent quand ils veulent obtenir certaines déclarations. »

À Phnom Penh, je rencontre Hun Sen, à la fois un ancien chef de bataillon des Khmers rouges et un champion du « marché libre et de la démocratie libérale multipartis ». Bien qu’il le critique périodiquement pour diverses violations des droits de l’homme, l’Occident se montre généralement satisfait de son « fondamentalisme » de marché, tel qu’il l’applique dans le pays, ainsi que de la quasi-absence de politiques sociales cohérentes.

Il me raconte comment un grand nombre de « conseillers », en particulier de l’Union européenne, « façonnaient le cours » de l’économie cambodgienne, et de la société cambodgienne en général. Nombres d’entre eux sont là pour conseiller le gouvernement et les innombrables ONG sur la manière de gérer l’économie et l’État. Il est clair que ce genre de conseils conduit la plupart du temps à des « projets » uniquement basés sur les théories favorables au libre marché. En conséquence, seule une très faible part du produit de la croissance économique se retrouve dans les poches des pauvres, qui constituent pourtant la grande majorité des Cambodgiens.

Le musée Tuol Sleng (musée du génocide), installé dans une ancienne école secondaire, raconte la brutalité débridée et le sadisme des cadres khmers rouges. En 2009, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a inscrit le musée Tuol Sleng au Registre de la « Mémoire du Monde ». Après le 17 avril 1975, les salles de classe de l’école secondaire Tuol Svay Prey étaient devenues le principal centre de torture et d’interrogatoire des Khmers rouges, connu sous le nom de prison de haute sécurité 21, ou tout simplement le S-21. C’est là que des hommes et des femmes étaient enchaînés et roués de coups, que les femmes avaient leurs mamelons arrachés par des pinces, que des fils électriques étaient appliqués aux organes génitaux. Après la confession (et l’on n’avait d’autre choix que d’avouer, pour que cesse l’insupportable torture), la plupart des hommes, des femmes et des enfants qui passaient par cette institution de l’horreur finissaient dans le camp d’extermination de Choeung Ek, où l’exécution était presque certaine. On dit que 20 000 personnes sont mortes après avoir été interrogées au S-21.

Dans une tentative folle pour donner une structure à la sauvagerie, les Khmers rouges documentaient chaque cas, photographiant tous les hommes et toutes les femmes détenus juste après leur arrestation, avant la torture, puis reprenant des photos de certains après leur interrogatoire sauvage.

Mais parmi la plupart des survivants khmers à qui j’ai parlé, il y a un consensus pour estimer que la majorité des gens est morte non à cause de l’idéologie communiste, ni non plus parce que des ordres directs auraient été donnés de Phnom Penh afin d’exterminer des millions de personnes, mais parce que des dirigeants et des cadres locaux dans les provinces ont perdu les pédales, et ont assouvi une vengeance personnelle sur les citadins déportés et sur les « élites » à qui l’on reprochait à la fois les sauvages bombardements américains du passé, et un soutien à la dictature pro-occidentale de Lon Nol, aussi corrompue que féroce.

Il ne fait aucun doute que la grande majorité de ceux qui sont morts au cours de cette période (entre un et deux millions de personnes) ont été victimes des bombardements américains, de famines liées à ces bombardements et du fait d’être devenus des déplacés intérieurs (environ 2 millions de personnes sont devenues des réfugiés dans leur propre pays, manquant de soins médicaux, de nourriture, et ayant à endurer des conditions de vie abominables).

Les médias occidentaux grand public ne mentionnent que très rarement le fait qu’un nombre important de personnes a disparu à la suite des tapis de bombes américaine, l’US Air Force avait secrètement bombardé le Cambodge en utilisant des B-52, et ce depuis mai 1969. On a appelé cela « Opération Menu » (petit déjeuner, déjeuner, dîner, casse-croûte, dessert et souper). Et l’on sait même maintenant, par de nouveaux éléments de preuve tirés de documents déclassifiés (en 2000, par l’administration Clinton), que l’Air Force avait déjà commencé à bombarder les régions rurales du Cambodge, le long de la frontière avec le sud-Vietnam, dès 1965, sous l’administration Johnson. Les « Menus » n’ayant ensuite été que des escalades brutales dans l’assassinat de masse de civils sans défense.

Face à la défaite au Vietnam en 1973, les impitoyables « tapis de bombes » ont été exécutés afin de soutenir le régime de Lon Nol. L’historien David P. Chandler écrit :

« Quand le Congrès des États-Unis a mis fin à la campagne militaire à la fin de l’année, les B-52 avaient déversé plus d’un demi-million de tonnes de bombes sur un pays avec lequel les Etats-Unis n’étaient pas en guerre ; plus de deux fois le tonnage largué sur le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. »

La guerre au Cambodge était connue comme « l’attraction » par les journalistes qui couvraient la guerre du Vietnam et par les décideurs américains à Londres. Pourtant, les bombardements américains au Cambodge ont dépassé en intensité tout ce qui ne fut jamais exécuté au Vietnam ; près de 500 000 soldats et civils ont été tués en 4 ans, sur le territoire de ce petit pays. Comme je l’ai mentionné précédemment, cela a aussi été cause de ce qu’environ 2 millions de réfugiés ont fui les campagnes pour la capitale.

La barbarie des bombardements, le déplacement de millions de personnes, et le ressentiment envers le régime pro-occidental corrompu à Phnom Penh, voilà qui a ouvert la voie à la victoire des Khmers rouges et à une campagne de vengeance féroce. Ce ne fut pas le « génocide communiste » ; ce fut l’Empire assassinant des millions de victimes en Indochine, en toute impunité et sans le moindre égard pour ce « dépeuplement », puis la vengeance aveugle et brutale de ces gens désespérés qui avaient tout perdu.

Et surtout, ne pas oublier le 30 septembre 1965 ni le 29 juin 1966.

http://2ccr.unblog.fr/2014/09/30/le-30-septembre-1965/

http://2ccr.unblog.fr/2014/06/29/le-29-juin-1966/

« Malgré tous les beaux discours, l’objectif de la plupart des écoles, y compris les universités, est le conditionnement social plutôt que le développement de l’individu. » ... René DUBOS

source : Les 7 du Québec

 https://reseauinternational.net/cambodge-et-khemrs-rouges-ou-comment-loccident-reecrit-lhistoire/

COMMENTAIRES  

12/01/2023 12:31 par Rebours

Je me permets d’ajouter que le régime kmer Rouge était à la fois soutenu par la Chine et les États-Unis.

12/01/2023 16:42 par Geb.

"Par les USA" c’est certain...

C’est même Kissinger qui s’est vanté de les avoir inventés.

"Par la Chine" vu que ce sont les mêmes qui ont raconté çà qui ont inventé des "Khmers rouges communistes" j’attend une source sûre "chinoise" qui le déclare. Pour l’instant j’ai rien trouvé de sourcé. Même dans la litterature américaine.

Si vous avez un lien chinois d’époque expliquant qu’ils soutenaient Pol Pot et pourquoi, (Vrai chinois, pas de Taïwan ou de San Francisco) je suis preneur.

En tout cas ils étaient pas armés par la Chine : Je me souviens d’un reportage de "5 colonnes à la Une" sur les Khmers rouges qui venaient de virer Norodom Sihanouk, (Khmers qui à l’époque étaient pas encore "rouges" dans le Figaro, mais étaient encensés par tout l’Occident parce qu’ils étaient supposés s’opposer aux Vietcongs"), et où les gus qui crapahutaient dans la jungle étaient armés d’AR15, d’US M30 Carbine, équipés de treillis, rangers, chapeaux de brousse, et de matos US.

A l’époque je venais de lire le bouquin de Madeleine Riffaud et William Burchett "Dans les Maquis vietcong" et le contraste entre le récit de Madeleine sur les Vietcongs et ce que je voyais chez les Khmers était saisissant. Les mecs ressemblaient à des supplétifs sud-vietnamiens de Nhgo Din Diem, pas à des rebelles en tongs et pyjamas..

Même leur façon de se déplacer en action c’était "US Ordnance".

D’ailleurs si quelqu’un a le lien sur cette émission de "5 Colonnes à la Une", aux archives de l’INA ou ailleurs, même payant je suis preneur. J’arrive pas à la retrouver depuis trois ans que je la cherche.

12/01/2023 23:12 par Marianne

Merci pour cet article. Je suis profondément reconnaissante au Grand Soir pour son existence. Ca ne vaut pas blanc seing, bien sûr, mais disposer de ce tout petit espace d’information et de réflexion totalement indépendant de toutes les idioties de la "gauche" occidentale, représente juste la petite poche d’oxygène qui permet de respirer encore, entre les séduits de la droite extrême, oscillant entre un trumpisme de "bon aloi", perdus entre les affabulations mystiques d’un catholicisme délirant et un tropisme pour une realpolitik raisonnable qui les conduit à une lucidité minimale dont n’est certainement pas capable - officiellement du moins - cette fameuse "gauche" et cette "gauche", il est certainement difficile aujourd’hui de se sentir représenté politiquement. Avec vous, je me sens quand même moins seule. Mes proches me disent que c’est une lettre d’amour, ils sont idiots, mais le cas échéant, j’assume :) .

13/01/2023 07:38 par LAGIER

A diffuser sous le pseudo : JUGURTHA merci

Le cinéaste Barbet Schroeder a été primé au festival de Cannes 2007 dans la sélection officielle : un certain regard
pour son film (( L ’avocat de la Terreur)) sur le très "" controversé"" l’avocat Jacques Vergès
Dans ce film Jacques Vergès parle de la responsabilité des Américains pour les bombardements massifs sur le peuple cambodgien et dont les nombreuses victimes ont été attribuées aux Khmers Rouges
A voir

14/01/2023 07:40 par CAZA

Mais QUI DONC
A organisé le coup d’état ?
On sait pas .
Ou USA .
Comme à l’accoutumé la propagande capitaliste prend l’Histoire là où ça l’arrange et ne propage de cette Histoire que ce qui va dans son sens .
https://www.cambodgemag.com/post/chine-usa-d%C3%A9bat-autour-du-coup-d-%C3%A9tat-de-lon-nol

14/01/2023 08:01 par CAZA

RE
Et la France ???

<<<< Je suis arrivé au Cambodge, en juillet 1973, pour commander une mission d’observation et de renseignement. Dix jeunes officiers m’accompagnaient, tous spécialistes en Guerre Électronique, chargés des écoutes, du décodage et du brouillage des transmissions des forces khmères, vietnamiennes et américaines. Notre objectif était de tout faire pour aider les Khmers rouges à prendre le pouvoir.

https://lepetitjournal.com/cambodge/communaute/rencontre-jean-kroussar-cambodgien-par-amour-depuis-1974-321215

14/01/2023 18:17 par Geb.

Merci pour le lien CAZA.

Et puis tu as dû le comprendre : J’apprécie les militaires... surtout quand ils sont sincères et deviennent des militants des causes qu’ils ont desservies par erreur. (- :

Petit à petit on arrive a dégager la vérité des tonnes de propagande qu’on s’est avalées pendant 60 ans.

Encore faut-il en avoir envie : c’est si simple de surfer sur la vague... jusqu’à ce que celle-ci vous écrase.

Mais si on est assez nombreux et pugnaces il y en aura toujours un qui sortira de l’eau, même blessé mais vivant, pour déclarer : "Je savais et je vous le prouve".

Pace e salute.

15/01/2023 09:39 par CAZA

Bonjour Geb
La France qui veut amener les Khmers Rouges au pouvoir ???
Votre avis ?

Peut on dire : << Comme dans tout système totalitaire > ?
ou quand on est bien conditionné par la propagande ?
<<<< Comme dans tous les systèmes Totalitaires Communistes, pour le régime Khmer Rouge ....
<<<< De la même façon, comme dans tous les régimes Totalitaires Communistes ....
<<<< Il s’agit du monstrueux « record » du pourcentage le plus élevé des régimes totalitaires communistes
Unvola 24 Aoüt 2020

https://www.babelio.com/livres/Ponchaud-Cambodge-annee-zero/315524

15/01/2023 10:23 par CAZA

RE

<<<< Si ces journalistes voient ce qu’ils aimeraient voir, c’est évidem-
ment qu’ils sont pris dans une idéologie qui veut que le renversement d’un
régime atroce soutenu par les Américains ne peut que conduire à un régime
meilleur et non à une horreur pire encore .
>>>>
Ce texte n’évoque bien sur pas l ’histoire "" de ce régime atroce "" .
Cependant il faut reconnaitre qu’on y croyait au " communisme " des Khmers " qui avaient vaincu leurs (nos) ennemis impérialistes .
http://www.ciremm.org/wp-content/uploads/2015/06/Pages-de-PUB-Cambodge-le-g%C3%A9nocide-effac%C3%A9-pierre.pdf

15/01/2023 13:06 par Geb.

@ CAZA...

"On" y croyait. Du moins ceux qui n’avaient pas les élements pour décoder en main.

Tu as pu lire mon analyse sur l’aspect "militaires" des Khmers dans les années 73, exposée sans retenue par une TV française qui n’avait pas compris la leçon sur le fait que pour qu’on croie à l’agneau il ne faut pas l’affubler du pelage du loup.

Toute ma vie de militant j’ai toujours analysé mes rencontres diverses ainsi que les situations auxquelles j’étais confronté, non pas à l’aspect direct, mais à travers une balance de connaissances.

Et la Vie et la Praxis m’ont toujours donné raison : Si on considère que "X" est un ennemi systémique et que ses intérêts généraux n’ont pas changé, quoiqu’il puisse faire ou dire qui nous convienne il y aura toujours derrière quelque chose de négatif pour notre poire. Quelque chose que nous devrons accepter de plein gré afin que ça réussisse à nous toucher négativement pour l’avantager à lui.

On peut faire semblant de le croire, on peut même faire un bout de chemin en parallèle avec lui si ça permet de renvoyer un danger immédiat et si on possède une contre-stratégie pour le bloquer à la fin, mais tôt ou tard il faudra en venir à l’affrontement et à la reconnaissance de la toxicité de l’ensemble des actions de "X" et en tirer les conséquences.

Les rares fois à l’époque lointaine de l’apprentissage de la vie j’ai eu le tort de ne pas appliquer cette stratégie et de tomber dans la pensée magique. Et j’ai toujours perdu des plumes à la fin.

Surtout j’ai eue la chance d’avoir des parents et un environnement de camarades de mes parents qui pensait dans cette dialectique ce qui avait permis à ces combattants et rescapés de survivre aux événements et aux aléas du nazisme, du franquisme, et du fascisme.

Ceux de ma génération en majorité, y compris les "Communistes", ils ont tous plongé, surtout après 1992 et presque 50 ans de Guerre froide, dans la pensée de la Fin de l’Histoire"... alors que justement c’était à ce moment-là que l’Histoire recommençait vers on ne savait quoi, mais surtout vers les risques du totalitarisme néo-capitaliste unilatéral...

On aurait dit qu’ils étaient contents d’être enfin déchargés de la mission de Dirigeants de la Lutte de Classe prolétarienne qu’un Parti devenu collaborationniste venait de déclarer contre toutes réalités comme "obsolète". (- :

Les seuls qui n’y ont pas plongé ce sont ceux qui avaient des convictions concrètes basées sur des notions universelles sur la qualité des chose et des gens qui créaient la réalité autour d’eux. Et je dois préciser qu’on n’a pas été beaucoup qui se sont déclarés comme tels.

Parce que la survie et la lutte au sein d’un système totalitaire, avant même l’action directe et les mitrailleuses, c’est la connaissance, l’analyse, ainsi que la maîtrise de son environnement : Du parent, au voisin, jusqu’aux autorités en place.

Il n’y a aucun créneau pour l’improvisation et la spontanéïté.

Je parlais précédemment du livre de Madeleine Riffaud sur les "Maquis Vietcong" et un passage m’avait frappé que je n’ai jamais oublié et qui m’a beaucoup aidé.

C’est un vieux paysan dans un village perdu du Delta du Mékong qui lui explique :

"Quand "ils arrivent, (Les supplétifs de Saïgon), je les accueille, et je leur dit : "Mon fils tu dois bien gagner ta vie comme militaire mais tu devrais mettre un peu d’argent de côté pour ta famille et tes obsèques. Un malheur arrive si vite". Je les nourris et les abrite.

Le soir, quand tout le monde dort je vais planter dans les rizières des bambous effilés que j’ai taillés la veille. Dans les "pièges à tigre" creusés sur la route qu’ils vont suivre le lendemain et que je leur ai indiquée.

Quand ils reviennent gravement blessés, (Note : Les bambous peuvent aisément traverser une "ranger" et un pied sans problème ; et sans soins la gangrène suit rapidement), je les soigne, les plains, et je leur explique la politique de la Libération en buvant le thé".

Note que c’était pas un "combattant vietcong". Juste un vieux comme les autres, probablement même pas un "marxiste", juste un paysan qui aimait son pays et sa vie, et qui savait démêler le vrai du faux.

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwilptazwMn8AhWLQaQEHQ49DxYQFnoECAoQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.amazon.fr%2FDans-maquis-vietcong-Madeleine-RIFFAUD%2Fdp%2FB001CEE2PC&usg=AOvVaw198Ze03qJUbUz2wml1vR2O

15/01/2023 22:46 par Vince

Ta Mok c’est brother number four, et non pas five - erreur de l’auteur mais merci quand même

16/01/2023 09:26 par babelouest

@ Geb
En tout cas, ce n’est pas à la femme de l’un de mes neveux qu’il faut parler des Khmers rouges : sa famille et elle ont payé le prix fort les agissements de ces personnages.....

18/01/2023 03:14 par koursk

Quand on a pris fait et cause pour les révolutions communistes, pour celle de Russie en 1917 et pour celle de Chine en 1949, on espère dans la continuité que les communistes vont éjecter le camp occidental du Cambodge en 1975*** Bien avant d’en savoir sur les exterminations de masse, on doute du parti communiste du Kampuchea, car pro chinois au moment où la Chine est un allié de l’otanie *** Alors qu’au même moment, d’autres communistes dans le maquis, rivaux des khmers rouges, mais pro vietnamiens et prosoviétiques prétendent également gouverner le pays *** De quoi s’interroger si le camp occidental n’avait pas gardé, avec l’Angkar, la main mise sur le pays, même après le départ des troupes américaines en avril 1975 *** Car très vite, la Thailande voisine pro-otanienne s’affiche en l’allié des khmers rouges *** Tous les cambodgiens ayant fuit en Thailande sont systématiquement remis aux khmers rouges *** alors ceux qui ont fui au le Vietnam sont restés en vie *** Et surtout immenses protestations de toute la clique otanienne quand Hun Sen premier secrétaire du Front uni national pour le salut du Kampuchea, renverse les khmers rouges à Phnom-Penh en janvier 1979 avec l’aide de l’armée vietnamienne *** Autant de charniers ne peuvent être que les basses oeuvres de séides obéissant au bloc occidental, faussement communiste, mais vrais ultralibérauxnazis *** Le comble du cynisme, c’est que la jet set et sa sphère propagandiste médiatique vont se servir de leur propre machination faussement communiste pour dénoncer le communisme *** La jet set et ses multimilliardaires vantent leurs intérêts particuliers *** Tellement décomplexés qu’ils ne lésinent pas sur des massacre de masse, des charniers, depuis plusieurs siècles sur des africains, amérindiens et asiatiques, sur ces gens qu’elle considère comme inférieurs aux blancs d’Europe et d’Amérique du nord *** Si en Europe et Amérique du nord, la jet set ne massacre pas, elle pille les finances publiques de l’otaneuro zone, brandit ses milliards pour s’acheter gouvernements et médias *** L’union soviétique ne s’est jamais allié au bloc otanien *** on peut certes lui reprocher de ne pas avoir aider la chine à libérer Taïwan en 1949 *** Alors que la chine s’est réellement allié à l’otanie, de 1971 à 1989 *** la chute de l’union soviétique est la conséquence de cette alliance Chine Occident *** Cette alliance avec les multimilliardaires, la Chine l’a probablement négocié contre la suppression d’un blocus, de sanctions que le bloc otanien applique systématiquement aux pays communistes *** De 1971 à 1989, La Chine a sûrement acquis beaucoup de richesses en or à l’insu des otaniens, surpris de ne pas pouvoir renverser le parti communiste en fomentant la contre-révolution de Tiennan-Men de 1989 *** Dès lors plus rien ne peut arrêter la Chine *** Pour développer ses routes de la soie vers l’ouest, on peut même penser qu’elle aura aider Poutine à se débarrasser des otaniens, présents sur le territoire de la Fédération de Russie de 1991 à 2000.

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