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De l’oubli de la Seconde période des désordres en Russie à l’oubli du Siècle des humiliations en Chine

[…] Avec une longue histoire derrière elle, qui l’avait vue pendant des siècles ou des millénaires en position éminente dans le développement de la civilisation humaine, la Chine, en 1820 encore, s’honorait d’un PIB qui constituait 32,4% du produit intérieur brut mondial ; en 1949, au moment de sa fondation, la République populaire chinoise est le pays le plus pauvre, ou parmi les plus pauvres, du monde [1]. Ce qui a déterminé cet effondrement est l’agression colonialiste et impérialiste qui commence avec la Guerre de l’opium. Célébrées en termes même emphatiques par les plus illustres représentants de l’Occident libéral (qu’on pense à Tocqueville et à John Stuart Mill), ces guerres infâmes ouvrent un chapitre extrêmement tragique pour le grand pays asiatique. Le déficit dans la balance commerciale chinoise provoqué par la victoire des «  narcotraficantes britanniques », la terrible humiliation subie («  Des femmes chinoises sont approchées et violées » par les envahisseurs. «  Les tombes sont violées au nom de la curiosité scientifique. Le minuscule pied bandé d’une femme est extirpé de sa tombe »), et la crise mise en évidence par l’incapacité du pays à se défendre des agressions externes, jouent un rôle de premier plan pour déterminer la révolte des Taiping (1851-64), qui mettent à l’ordre du jour la lutte contre l’opium. C’est «  la guerre civile la plus sanglante de l’histoire mondiale, avec une estimation de vingt à trente millions de morts » [2]. Après avoir puissamment contribué à la provoquer, l’Occident en devient le bénéficiaire, car il peut étendre son contrôle sur un pays tenaillé par une crise de plus en plus profonde, et un pays de plus en plus dépourvu de défenses. S’ouvre alors une période historique qui voit «  la Chine crucifiée » (la Russie et le Japon se sont joints entre temps aux bourreaux occidentaux). Car :

A mesure que l’on approche de la fin du 19ème siècle, la Chine semble devenir le jouet d’un destin contre lequel elle n’a plus aucun recours. C’est une conjuration universelle des hommes et des éléments. La Chine des années 1850-1950, celle des plus formidables insurrections de l’histoire, des canonnades étrangères, des invasions et des guerres civiles est aussi celle des grands cataclysmes naturels. Jamais sans doute dans l’histoire du monde le nombre de victimes n’avait été aussi élevé.

L’abaissement général et drastique du niveau de vie, la désagrégation de l’appareil d’Etat et de gouvernement, avec son incapacité, sa corruption, sa subalternité et son assujettissement à l’étranger : tout cela rend l’impact des inondations et des famines encore plus dévastateur : «  La grande famine de Chine du nord en 1877-78 […] tue plus de neuf millions de personnes » [3]. C’est une tragédie qui a tendance à revenir périodiquement : en 1928, le nombre des morts se monte à «  près de trois millions dans la seule province du Shanxi » [4]. On n’échappe pas à la faim ni au froid : «  Les poutres des maisons sont brûlées pour pouvoir se chauffer » [5].

Il ne s’agit pas que d’une crise économique dévastatrice : «  L’État est quasi détruit ». Une donnée est en soi significative : «  130 guerres civiles opposent entre eux 1.300 seigneurs de la guerre entre 1911 et 1928 » ; les «  militaristes regroupés en cliques » ennemies sont parfois appuyés par telle ou telle puissance étrangère. Par ailleurs, «  les guerres civiles répétées entre 1919 et 1925 peuvent être considérées comme de nouvelles Guerres de l’Opium. Leur enjeu est le contrôle de la production et du transport » de cette drogue [6]. Au-delà des corps armés des seigneurs de la guerre, le banditisme véritable déferle, alimenté par les déserteurs de l’armée et par les armes vendues par les soldats. « Vers 1930 on estime que la Chine compte 20 millions de bandits, soit 10% de la population masculine totale » [7]. D’autre part, on imagine facilement le destin qui incombe aux femmes. Dans l’ensemble, c’est la dissolution de tout lien social : «  Parfois le paysan vend sa femme et ses enfants. On décrit dans la presse des colonnes de jeunes femmes ainsi vendues qui parcourent les routes, encadrées par des trafiquants, dans le Shaanxi ravagé par la famine en 1928. Elles deviendront des esclaves domestiques ou des prostituées ». Rien qu’à Shanghai, il y a «  environ 50.000 prostituées régulières ». Et les activités de brigandage, tout comme le milieu de la prostitution, peuvent compter sur la complicité des concessions occidentales, qui développent à ce sujet de «  lucratives activités » [8]. La vie des Chinois ne vaut à présent plus grand-chose, et les opprimés tendent à partager ce point de vue avec leurs oppresseurs. En 1938, dans sa tentative de freiner l’invasion japonaise, l’aviation de Tchang Kaï-chek fait sauter les digues du Fleuve Jaune : 900.000 paysans meurent noyés et 4 millions sont obligés de fuir [9]. Quinze ans avant environ, Sun Yat-Sen avait exprimé sa crainte qu’on puisse arriver «  à l’extinction de notre pays et à l’annihilation de notre race » ; oui, peut-être les Chinois se préparaient-ils à subir la fin infligée aux «  indigènes rouges » sur le continent américain [10].

Cette histoire tragique en amont de la révolution chinoise disparaît dans l’historiographie et dans la propagande qui entourent le culte négatif des héros. Si dans la lecture de l’histoire de la Russie on procède au refoulement de la Seconde période des désordres, pour le grand pays asiatique on glisse sur le Siècle des humiliations (la période qui va de la Première guerre de l’opium à la conquête communiste du pouvoir). Comme en Russie, en Chine aussi, ce qui va sauver la nation et jusque l’Etat, est en dernière analyse la révolution conduite par le parti communiste. Dans la biographie citée plus haut de Mao Tsétoung, non seulement on ignore l’histoire sommairement reconstruite ici, mais le primat de l’horreur est attribué au leader communiste chinois en portant à son compte les victimes provoquées par la disette et par la famine qui ont affecté la Chine. Un silence rigoureux est observé sur l’embargo infligé au grand pays asiatique immédiatement après l’avènement au pouvoir des communistes.

Sur ce dernier point il faut alors consulter le livre d’un auteur états-unien qui décrit avec une grande empathie le rôle de premier plan joué au cours de la Guerre froide par la politique d’encerclement et d’étranglement économique opérée par Washington aux dépens de la République populaire chinoise. Celle-ci, à l’automne 1949, se trouve dans une situation désespérée. Notons qu’entre temps la guerre civile est loin d’être terminée : le gros de l’armée du Kuomintang s’était réfugié à Taiwan, et de là continuait à menacer le nouveau pouvoir par des raids aériens et des incursions, d’autant plus que des poches de résistance continuaient à être actives sur le continent. Mais ceci n’est pas l’aspect principal : «  Après des décennies de guerres civiles et internationales, l’économie nationale était au bord du collapsus total ». L’inflation s’intrique à l’écroulement de la production agricole et industrielle. Et ce n’est pas tout : «  Cette année-là de graves inondations avaient dévasté une grande partie de la nation, et plus de 40 millions de personnes avaient été frappées par cette calamité naturelle » [11].

L’embargo décrété au moment opportun par les USA rend cette crise économique et humanitaire plus catastrophique que jamais. Les objectifs de cet embargo ressortent clairement des études et des projets de l’administration Truman, et de ce que ses dirigeants admettent ou déclarent : faire en sorte que la Chine «  subisse la plaie » d’un «  niveau de vie général autour ou en dessous du niveau de subsistance » ; provoquer une « arriération économique », un «  retard culturel », «  un taux de natalité primitif et incontrôlé », des «  désordres populaires » ; infliger «  un coût lourd et plutôt prolongé pour toute la structure sociale » et créer, en dernier ressort, «  un état de chaos » [12]. C’est un concept qui revient de façon obsédante : il faut conduire un pays aux «  besoins désespérés » vers une «  situation économique catastrophique », «  vers le désastre » et le «  collapsus » [13]. Ce «  pistolet économique » pointé contre un pays surpeuplé est meurtrier, mais cela ne suffit pas à la Cia : la situation provoquée «  par les mesures de guerre économique et par le blocus naval » pourrait être ultérieurement aggravée par une «  campagne de bombardements aériens et navals contre des ports sélectionnés, des centres ferroviaires, des structures industrielles et des dépôts » ; pour faire bonne mesure, et avec l’assistance des USA, les raids aériens du Kuomintang se poursuivent sur les villes industrielles, Shanghai comprise, de la Chine continentale [14].

A la Maison-Blanche, un président succède à un autre, mais l’embargo reste et il inclut médicaments, tracteurs et engrais [15]. Au début des années soixante, un collaborateur de l’administration Kennedy, Walt W. Rostow, fait remarquer que, grâce à cette politique, le développement économique de la Chine a été retardé «  pour des dizaines d’années » au moins, tandis que les rapports de la Cia soulignent «  la gravité de la situation agricole en Chine communiste », désormais gravement affaiblie par «  une surcharge de travail et de malnutrition » (overwork and malnutrition) [16]. S’agit-il alors de diminuer la pression sur un peuple réduit à la faim ? Au contraire, il ne faut pas ralentir l’embargo «  pas même pour un réconfort humanitaire ». Profitant aussi du fait que la Chine «  est privée de ressources naturelles-clé, en particulier de pétrole et de terre cultivable » et s’appuyant aussi sur la grave crise intervenue entre-temps dans les rapports entre Chine et URSS, on peut tenter l’estocade finale : il s’agit d’ «  explorer les possibilités d’un embargo occidental total contre la Chine » et de bloquer dans la mesure la plus complète possible les ventes de pétrole et de blé [17].

Quel sens cela a-t-il alors d’attribuer exclusivement ou principalement à Mao les responsabilités de la catastrophe économique qui s’est longuement abattue sur la Chine, et qui a lucidement et impitoyablement été projetée par Washington dès l’automne 1949 ? Engagés comme ils le sont à faire un portrait grandguignolesque de Mao et à dénoncer ses folles expériences, les auteurs de la monographie à succès ne se posent pas cette question. Et pourtant, ce sont les dirigeants états-uniens eux-mêmes qui, au moment de l’imposer, savent que l’embargo sera encore plus dévastateur à cause de l’ «  inexpérience communiste dans le domaine de l’économie urbaine » [18]. Ce n’est pas un hasard si nous les avons entendus parler explicitement de «  guerre économique » et de «  pistolet économique ».

C’est une pratique qui ne disparaît pas, même après la fin de la Guerre froide. Quelques années avant l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce, un journaliste états-unien décrivait ainsi en 1996 le comportement de Washington : «  Les leaders américains dégainent une des armes les plus lourdes de leur arsenal commercial, en visant de façon ostentatoire la Chine, et discutent ensuite furieusement s’ils appuient ou non sur la gâchette ». Une fois mis en acte, l’effacement des rapports commerciaux normaux qu’ils menacent de faire aurait constitué, «  en termes de dollars, la plus grande sanction commerciale dans l’histoire des USA, à l’exclusion des deux Guerres mondiales » ; cela aurait été «  l’équivalent commercial d’une attaque nucléaire » [19]. C’était aussi l’opinion d’un illustre politologue états-unien, Edward Luttwak : «  On pourrait affirmer dans une métaphore que le blocus des importations chinoises est l’arme nucléaire que l’Amérique tient pointée sur la Chine » [20]. Agitée comme menace dans les années quatre-vingt dix, l’ «  arme nucléaire » économique a été systématiquement utilisée au cours de la Guerre froide contre le grand pays asiatique, alors que Washington se réservait le droit, de façon explicite et répétée, d’avoir recours aussi à la véritable arme nucléaire.

Au moment de la conquête du pouvoir, Mao est bien conscient du fait que le «  problème assez difficile de la reconstruction économique » l’attend : car il est nécessaire d’ «  apprendre le travail dans le domaine industriel et économique » et d’ «  apprendre de tout expert (quel qu’il soit) » [21]. Dans ce contexte le Grand Bond en avant apparaît comme la tentative désespérée et catastrophique d’affronter l’embargo [22]. Ceci est en partie valable pour la Révolution culturelle elle-même, caractérisée elle aussi par l’illusion de pouvoir promouvoir un développement économique rapide en faisant appel à la mobilisation de masse et aux méthodes adoptées avec succès dans la lutte militaire. Le tout, dans l’espoir toujours de mettre fin une fois pour toutes aux dévastations de la «  guerre économique », derrière laquelle s’entrevoit la menace d’une guerre encore plus totale. En ce qui concerne aussi le comportement de despote oriental assumé par Mao surtout pendant la Révolution culturelle, deux choses vont s’employer à l’expliquer : l’histoire de la Chine ainsi que l’idéologie et la personnalité de celui qui exerce le pouvoir ; il n’en demeure pas moins qu’on n’a jamais vu progresser sur la voie de la démocratisation un pays qui est sauvagement agressé sur le plan économique, isolé sur le plan diplomatique et soumis à une terrible et constante menace sur la plan militaire. Devant cet état de faits, il est doublement grotesque de porter exclusivement au compte de Mao «  plus de soixante-dix millions de personnes […] mortes en temps de paix à cause de son mauvais gouvernement » [23].

En réalité, «  les conquêtes sociales de l’ère de Mao » ont été «  extraordinaires » : elles ont vu un nette amélioration des conditions économiques, sociales et culturelles et une forte augmentation de l’ «  espérance de vie » du peuple chinois. Sans ces présupposés, on ne peut pas comprendre le prodigieux développement économique qui, ensuite, a libéré des centaines de millions de personnes de la faim, et même de la mort par famine [24]. Si ce n’est qu’on assiste, dans l’idéologie dominante, à un véritable renversement des responsabilités : le groupe dirigeant qui a mis fin au Siècle des humiliations devient une ramassis de criminels, tandis que les responsables de l’immense tragédie d’un siècle et ceux qui ont tout fait pour la prolonger avec leur embargo, se présentent comme les champions de la liberté et de la civilisation.

D. Losurdo

Extrait du livre de D. Losurdo, Staline. Histoire et critique d’une légende noire (Editions Aden, Bruxelles, 2011, traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio), p. 424-32. http://www.aden.be/index.php?aden=staline-histoire-et-critique-d-une-l...

Avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur.

[1Davis (2001), p. 299.

[2Losurdo (2005), chap. IX, § 6 et VIII, § 3 (pour Tocqueville et J. S. Mill) ; Davis (2001), p. 22 et 16 ; Spence (1998), p. 53, 62, 134-5 et 234-5 (pour les infamies des envahisseurs et la lutte des Taiping contre l’opium).

[3Gernet (1972), p. 530 ; Roux (2007), p. 40.

[4Gernet (1972), p. 530.

[5Roux (2007), p. 41.

[6Idem, p. 34-6.

[7Idem, p. 39 et 37.

[8Idem, p. 41 et 37.

[9Idem, p. 72.

[10Sun Yat-Sen (1927), p.32 et 53.

[11Zhang (2001), p. 52 et 56.

[12Idem, p. 20-1.

[13Idem, p. 22, 25 et 27.

[14Idem, p. 24, 32 et 71.

[15Idem, p. 83, 179 et 198.

[16Idem, p. 250 et 244.

[17Idem, p. 249-52.

[18Idem, p. 22.

[19Dale (1996).

[20Luttwak (1999), p. 151.

[21Zhang (2001), p. 53 et 55.

[22Idem, p. 218 et 235.

[23Chang, Halliday (2006), p. 734.

[24Arrighi (2008), p. 406-7.


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