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La démocratie contre la paix

Les preuves de l’instrumentalisation par l’Occident du terrorisme islamique à des fins géopolitiques, notamment dans les conflits libyen et syrien, s’amoncellent, et pourtant l’opinion publique occidentale continue à soutenir l’idée que nos dirigeants défendent la démocratie contre la tyrannie dans ces régions du monde. L’Occident peut ainsi s’allier ouvertement avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, principaux pourvoyeurs de fonds aux mouvements terroristes islamistes dans le monde, leur fournir des armes, un appui logistique, des images satellites, des informations stratégiques et un soutien diplomatique sans faille, les opinions publiques refusent de voir la réalité en face et préfèrent penser que ces actions sont motivées par les valeurs démocratiques qui fondent nos sociétés.

Pour ces opinions publiques, mettre en avant le jeu pervers des Occidentaux en Orient ce n’est pas dire la vérité, c’est soutenir Assad ou Kadhafi et faire le jeu des dictatures. Ce n’est pas expliquer le monde tel qu’il fonctionne devant nos yeux avec ses complexités et ses manipulations, ses enjeux géopolitiques et les calculs cyniques de ses principaux acteurs, c’est prendre parti contre des mouvements démocratiques.

Quand les démocraties occidentales soutiennent et répandent la guerre et la terreur, comme en Libye ou en Syrie, avec les pires alliés que l’on puisse imaginer pour aller planter le drapeau de la démocratie en terres étrangères, ne faut-il pas être du côté de la paix et lutter contre les dérives de la démocratie occidentale au nom même des valeurs qu’elle est sensée représenter ? La paix n’est-elle pas un bien commun tout aussi important que cet autre bien commun qu’est la démocratie ? Quand la démocratie n’est qu’un prétexte pour des appétits prédateurs sans limite (Irak, Afghanistan, Libye, Syrie), appétits qui se traduisent par des massacres de masse de populations civiles innocentes, quand la démocratie sert d’appât pour attraper un peuple à la gorge et le jeter dans un cycle de violences dont ne sortiront que la misère, le chaos et l’asservissement généralisés, ne faut-il pas prendre la défense de la paix contre la démocratie, quoiqu’il en coûte pour sa propre réputation ?

Car il ne s’agit évidemment pas de défendre des dictateurs (comme d’habiles rhéteurs aiment à le répéter), nos dirigeants le font très bien à notre place, aussi longtemps d’ailleurs que ces dictateurs financent leurs actions ou hochent de la tête au pillage des ressources naturelles de leur pays. Il s’agit de répondre au bourgeois cultivé (celui qui lit Le Monde, le Guardian ou le New York Times et croit y trouver une description de la réalité) vivant dans les beaux quartiers de Paris, de Londres ou de New York, qui ne comprend pas que l’on puisse s’horrifier des stratégies employées pour faire tomber un dictateur. Il n’a jamais eu à se battre pour la démocratie, il l’a reçue en héritage et on l’a gavé depuis sa plus jeune enfance avec des valeurs démocratiques qui sont pour lui plus une jouissance qu’un devoir ou une obligation. Pour se sentir un citoyen méritant il n’a qu’à se soumettre avec nonchalance à la société de consommation et du spectacle et à aller voter de temps à autre pour le bonimenteur le plus présentable. Il n’y a pas de mal à cela ; c’est ainsi que vont les choses en démocratie et nous ne revendiquons pas d’autre régime politique pour gouverner le troupeau de consommateurs que nous sommes.

Ce que nous souhaitons simplement souligner, c’est que les rentiers de la démocratie (dont nous faisons partie) n’ont aucun mérite particulier dans l’essor ni dans l’existence de la démocratie occidentale et de ses valeurs. Alors, quand sans aucune nuance, tel ou tel d’entre eux approuve des guerres qui apportent la ruine, la terreur et le chaos dans des pays non démocratiques, on a envie de lui dire, "va là -bas, va t’engager aux côtés des rebelles salafistes et va admirer les massacres, les haines ethno-religieuses s’élever sur le cadavre de la laïcité, va contempler les enfants se faire trancher la tête et dis-moi s’il faut nécessairement en passer par là pour mériter la démocratie" ? Car, apparemment, pour ces rentiers, pour ces enfants gâtés de la démocratie, il s’agit juste de la mériter, pas de l’avoir, ni d’en profiter.

Si seulement cette démocratie était la promesse du sang versé et des souffrances endurées, on pourrait, en effet, comprendre l’envie du bourgeois cultivé de clouer le bec aux diseurs de mauvaise fortune et autres trouble-fête ou rabat-joie qui prennent la démocratie trop au sérieux pour jouer avec elle. Mais elle n’est, comme on l’a dit, que le prétexte d’un jeu géopolitique où l’Occident s’est allié avec des islamistes radicaux financés par l’Arabie Saoudite et le Qatar pour détruire des États-nations laïques sur des bases ethno-religieuses afin, notamment, de contrer l’influence chinoise et russe et de s’assurer l’accès à un certain nombre de ressources naturelles. On ne bâtit pas la démocratie sur le sectarisme religieux, sur le démembrement des États-nations, en envahissant un pays, en ruinant son infrastructure, en y apportant le libéralisme le plus pur (comme en Irak et en Libye), en donnant le pouvoir aux légions wahhabites qui défendent un islam intolérant et moyenâgeux. C’est mensonger et criminel de le prétendre ou de feindre de l’ignorer. A la place de la démocratie nous avons installé des fosses communes dans lesquelles nous avons jeté pêle-mêle des civils innocents et le cadavre de la paix.

Créer des guerres civiles dans des pays en paix : voila en un mot la responsabilité morale du bourgeois cultivé, rentier de la démocratie qui, dans le confort de ses certitudes sans conséquences pour lui, soutient l’impérialisme humanitaire de nos grands commis. Il y a beaucoup d’irresponsabilité et de morgue dans cette attitude qui consiste à soutenir la terreur wahhabite au nom des valeurs des Lumières et à faire de la démocratie occidentale un instrument de jouissance pour soi et de malheur pour les autres.

Comment expliquer l’aveuglement volontaire des bourgeois cultivés qui forment la masse inerte de nos opinions publiques, celle dont l’élite se joue pour fabriquer le consentement général ?

Peut-être que l’explication se trouve dans ce que nous appelons "l’ambiguïté démocratique" ou le "paradoxe démocratique" : la démocratie est à la fois le meilleur régime et celui qui permet le mieux de faire la guerre au nom de la paix, de tuer au nom des droits de l’homme, de persécuter au nom de la liberté individuelle, de conquérir des pays au nom des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il semble qu’il y ait un caractère orwellien inhérent à la démocratie, en raison de l’image de vertu qui lui colle à la peau et qui permet, sans forcer les gens, de leur faire accepter l’inacceptable. La domination d’une élite y est discrète, invisible, sans violence excessive. On peut limiter la répression à quelques individus, torturer essentiellement ceux qui n’ont pas la qualité de citoyens (10 000 Musulmans étrangers torturés pour un Bradley Manning). L’élite démocratique ne dépend pas d’un tyran identifiable dont il suffirait de couper la tête pour remettre en cause l’ordre établi. En démocratie, la domination d’une minorité semble être le résultat d’un consentement général que l’on appelle souveraineté du peuple. L’oligarchie parvient à vendre à l’opinion publique son credo libéral, la financiarisation de son économie qui tue ses emplois, des guerres d’agression qui ne profitent qu’à une minorité, des explications du monde qui ne résistent pas à l’examen critique (11-Septembre, guerre contre le terrorisme), etc. La démocratie semble ainsi être, entre les mains de nos élites, l’instrument le plus efficace qui leur permet de se maintenir au pouvoir et d’accomplir des politiques contraires à l’intérêt général au nom même de cet intérêt général. Comme nous l’exposons dans La Démocratie ambiguë (1) : le sentiment commun est que la démocratie est infaillible, que les dirigeants ne nous trompent pas, que les médias ne nous manipulent pas. Nous évacuons toute pensée contraire comme "théorie du complot’, absurde paranoïa d’illuminés du Web. Le simple questionnement de la version officielle est synonyme de folie.

Il est quasiment impossible de démontrer aux citoyens d’un régime démocratique que leur pays peut, dans telle ou telle situation, incarner le mal. Les citoyens vivant en démocratie ne parviennent pas à être soupçonneux de leurs dirigeants ; ils sont de candides consommateurs qui ne peuvent pas admettre que la démocratie puissent faire le mal, car, si elle le faisait, ils ne vivraient plus dans cette démocratie immaculée qu’on leur vend, ils devraient, par conséquent, douter de la nature du régime dans lequel ils vivent, et cela, ils en sont psychologiquement et moralement incapables. A force de leur répéter qu’ils vivent en démocratie on leur a ôté l’appareil critique qui leur permettrait de voir les limites de cette affirmation.

L’esprit critique semble impuissant à renverser cette image trop flatteuse que nous avons de nos propres démocraties. Il faut avoir un esprit dissident, et pas seulement critique, pour ne pas se satisfaire de l’apparence démocratique et pour exiger que la chose corresponde au mot.

Ainsi, pour revenir sur le cas syrien, il est difficile pour la Russie ou la Chine de soutenir Bachar el-Assad car on assimile leur soutien à celui d’un régime dictatorial qui commet des crimes contre l’humanité. En revanche, et c’est là que le paradoxe apparaît, il est semble naturel et moral pour les États-Unis et leurs alliés occidentaux de soutenir les légions wahhabites (qui commettent également des crimes contre l’humanité - 2), car étant des démocraties, les États-Unis et leurs alliés ne pourraient pas vouloir le mal. Qu’importe que l’Occident utilise la guerre comme moyen de domination (en Afrique et au Moyen-orient par exemple) et que la Russie et la Chine aient principalement recours au développement économique, la morale semble toujours du côté de la "démocratie’.

Souligner la complexité d’une situation et expliquer l’instrumentalisation de l’idéal démocratique par les élites occidentales, plutôt que de proposer une vision monolithique d’un conflit, c’est faire honneur aux valeurs démocratiques de discussions et de libre réflexion. Que ceux qui se posent des questions se fassent insulter et traiter d’auxiliaires des dictateurs par les bourgeois cultivés est certainement triste, mais ne doit pas les décourager de continuer à faire des efforts de compréhension et d’explication et à défendre la paix contre les fausses promesses des apprentis sorciers de la démocratie qui promeuvent, sur le mode orwellien, la paix éternelle par des guerres perpétuelles et les vertus démocratiques par des crimes de masse.

Guillaume de Rouville

http://lidiotduvillage.org/2012/06/26/la-democratie-contre-la-paix-par-guillaume-de-rouville/

(1) La Démocratie ambiguë, Guillaume de Rouville, Éditions Cheap, juin 2012.

(2) Et sans doute de manière plus systématique.

COMMENTAIRES  

27/06/2012 09:08 par babelouest

Guillaume de Rouville ne se trompe-t-il pas de démocratie ? Les "démocraties occidentales" (sic) sont aussi démocratiques que l’étaient les "démocraties populaires" qui ont approuvé l’écrasement du Printemps de Prague en 1968. Parmi les pays proches, seule la Suisse se rapproche un peu de la vraie démocratie. Le mot n’est qu’un "élément de langage" comme un autre, utilisé pour donner de fausses couleurs à une oligarchie devenue avec le temps une financiocratie, une théocratie du dieu argent.

Donc, exit le terme "démocratie". Ne restent que des pantins, qui promeuvent la paix de leurs maîtres. Cette paix est étrangement proche de la terrible caricature de Grandville "L’ordre règne à Varsovie" (1831). Le silence tient lieu d’imprécation, puisque les journalistes libres sont bâillonnés par des moyens aussi détournés et sordides qu’efficaces.

Excepté en Amérique du Sud (en partie), le monde est donc sous la coupe de ceux qui écrasent leurs opposants soit sous les bombes, soit sous un mépris provoqué et distillé par les médias dominants, mais aussi par des agents perturbateurs infiltrés. Parmi les sites et blogs qui tant bien que mal tentent de démêler et diffuser le vrai état du monde, certains de ces agents réussissent à donner le change, et à déstabiliser, voire écrabouiller les plus en vue par des moyens écoeurants. Il arrive heureusement qu’on arrive à les confondre, mais derrière eux se profile la puissance d’argent, qui leur fait se rire de la perspective d’un procès en diffamation ou en calomnie. Le combat est bien inégal !

27/06/2012 09:13 par Altau

J’apprécie ce texte qui est - ce n’est pas si courant sur LGS - bien écrit et en outre explicatif et démonstratif plutôt que porteur de slogans et affirmations à l’emporte-pièce, recherchant la jonction avec le lecteur dès lors qu’il est bien disposé.

Toutefois, je lui ferais le reproche d’être flou à propos du terme "démocratie" abondamment utilisé ici comme s’il n’en existait qu’une seule forme qui, du reste, n’est pas explicitée, même si ce n’est pas le sujet de ce papier.

On n’insistera jamais assez sur le fait que notre merveilleux régime démocratique que d’aucuns prétendent exporter partout à travers le monde reste le régime le plus efficace pour que domine sans partage au dessus de nos têtes la puissance de la finance, quels que soient ceux qu’on peut élire une fois tous les 5 ans. Le référendum de 2005 sur la constitution européenne représente le symbole majeur de cet exercice où l’on contournera la volonté majoritaire parce qu’elle ne plaît pas aux puissants, mais c’est tout le système électif qui est vérolé, du bas jusqu’en haut. Notre régime est le régime idéal pour que les puissants puissent exercer leur domination sans heurt majeur, et c’est bien cette réalité-là qu’il convient de révéler à ceux qui pensent que le droit de vote est sacré et qu’il ne faut surtout pas manquer de l’exercer. Notre "démocratie" représentative est la géniale invention de ceux qui ont compris comment faire taire l’expression populaire, celle des humbles et des victimes, en leur faisant croire qu’il bénéficient du meilleur système possible, malgré ses défauts. Faire émerger d’autres formes d’expression que ces pauvres élections sans enjeu est à mon sens une priorité absolue.

Et cela bien au delà du "bourgeois cultivé [qui] lit le monde...".

Imaginer qu’un autre type de régime politique est possible est aussi difficile que de concevoir qu’une autre organisation économique est possible. Pourtant, l’un ne changera pas sans l’autre. Et la démocratie représentative, avec proportionnelle ou pas, doit être combattue avec d’autant plus de vigueur qu’elle est perverse.

Sinon, bravo pour l’article, sur le fond comme dans la forme.

27/06/2012 12:31 par manant

Cet article va au fond des choses. Il parle moins de la démocratie que de la fascination démocratique qui comporte, par définition, un certain degré d’aveuglement. S’il fournit une explication correcte au comportement de l’opinion occidentale, aveugle aux crimes qui se font au nom de la démocratie, c’est parce que cette démocratie est vécue sur le mode du mythe qui active un certain nombre de désirs (désir d’égalité, de liberté, de fraternité même). C’est en tant que mythe qu’elle est réelle, bien vivante, et bien plus importante que sa "réalité" au quotidien. C’est une sorte de religion.

27/06/2012 13:03 par Serge Charbonneau

Je suis en total accord avec ce texte de M. De Rouville.

On peut (comme on dit chez nous) enculer les mouches avec la signification précise et aussi "relative" des mots, il n’en demeure pas moins que les idées contenues dans ce texte sont claires et structurées.

La propagande fait en sorte que lorsque l’on dénonce le mensonge on se fait accuser de soutenir des dictatures.

On a menti pour attaquer l’Irak (ADM).
On a menti pour la première guerre du Golfe (couveuses).
On a menti pour tuer Mouammar Kadhafi (tirs avec avions de chasse, viagra, etc.)
On a menti pour déloger Gbagbo (résultat électoral frauduleux).
Gbagbo que l’on détient tout en ne démontrant aucune volonté de lui accorder un véritable procès juste et équitable.
Et on ment depuis 15 mois sur ladite répression de Bachar Al-Assad (répression (sic) contre une population « pacifique » !!!)

Il faut dénoncer les mensonges et la propagande qui aiguillent le jugement populaire afin d’obtenir leur consentement pour commettre des atrocités comme celles de la Libye (cette Libye qu’on nous cache) ou de la Côte d’Ivoire (que l’on nous cache aussi).

Il ne faut pas confondre "la démocratie" et le Cheval de Troie de la démocratie.

Bravo et merci pour ce texte, M. De Rouville.

Serge Charbonneau
Québec

27/06/2012 20:56 par Dominique

Serge Charbonneau a bien raison de parler de propagande. Ce sont les médias qui s’en charge, leurs informations ne sont au mieux que du bourrage de mou, au pire de la désinformation. Et le pire est souvent la norme.

J’avais 10 ans lors de Mai 68. En Suisse il ne se passait pas grand chose, mais j’avais été frappé et choqué de la différence de ton et de contenu entre France Inter et la totalité des autres médias auxquels j’avais accès (radio, TV et la Julie, le quotidien local ainsi surnommé). France Inter était le seul média qui ne se contentait pas de reproduire fidèlement les comptes-rendus officiels qui appelaient à une répression féroce face à un mouvement qu’ils ridiculisaient de façon systématique et par tous les moyens, mais qui en plus se donnait la peine de descendre dans la rue, d’aller au devant de l’événement et de donner la parole aux manifestants.

Je me souviens qu’à la sortie de l’école, je rentrais en courant pour écouter la radio. Je n’avais pas encore lu Mein Kampf, mais l’enseignement que j’ai tiré de Mai 68 est que les médias ne sont pas du coté des gens raisonnables et qu’il est par conséquent totalement impossible de leur faire confiance. Leur faire confiance ne serait pas de la naïveté mais du suicide. Depuis, France Inter a tourné sa veste et s’est rangé aux cotés des autres médias.

Plus récemment, la guerre en Yougoslavie m’a rappelé ce fait. Pendant la première semaine, les médias avaient fait un compte rendu honnête : la Croatie avait attaqué la Serbie par surprise et cette dernière province ainsi que ses habitants n’en menaient pas large. Après une semaine, tous les médias ont tourné leur veste avec un ensemble parfait. Ils ont tous reçus leurs ordres en même temps : les serbes étaient devenus les salauds de l’histoire, ce qu’ils sont restés depuis. Drôle de salauds eux qui furent le premier peuple d’Europe à prendre le maquis contre l’ignominie nazie et fasciste. Je n’avais toujours pas lu Mein Kampf mais je ne fut pas dupe des mensonges de nos médias qui n’ont jamais montré, par exemple, les images des croates en train de parader en faisant le salut nazi et avec des croix gammées sur leurs véhicules et leurs uniformes. Tous les casques bleus présents en ex Yougoslavie avaient pu les voir, mais les médias réussirent quand même à faire l’impasse totale sur cette information et sur bien d’autres.

Quand à maintenant, c’est pire que jamais. Hitler dit dans Mein Kampf que celui qui contrôle les médias peut manipuler les masses à sa guise. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Les prétextes sont les mêmes que hier : protéger les civils et lutter contre le terrorisme. L’horreur est la même, seule sa forme à changé : les bombes à l’uranium appauvri ont remplacé les chambres à gaz, elles tuent à petit feu au lieu de rapidement, mais elles tuent tout autant surement. Peut-être même plus car de l’aveu même du directeur du projet Manhattan, l’uranium appauvri est l’arme de destruction massive absolue.

Hitler sépare les gens entre ceux qui sont d’accord avec lui : ses amis, ceux qui ne sont pas d’accord avec lui : ses ennemis, et la majorité des gens : les masses à manipuler. Je préfère la vision du philosophe, un vrai, Aldous Huxley, qui dans àŽle parle de ceux qui ont compris et qui font le bon choix : ses amis les gens bien, de ceux qui ont compris et qui malgré tout font le mauvais choix : les salauds, et de ceux à qui ont ne peut pas en vouloir car ils n’ont pas compris : la majorité. Les médias ont choisit leur camp il y a bien longtemps et c’est celui des salauds. Il ne faut pas se faire d’illusion, c’est vraiment ça : nos médias sont des salauds. En fait, comme ce sont eux en premier lieu qui manipulent les gens, ils sont encore pires que les politiciens.

Par contre, je ne partage pas le pessimisme d’Huxley. Le jour où la majorité des gens commenceront à comprendre à quel point ils se font berner par les médias, ils ne se retourneront pas contre les gens bien mais bel et bien contre les salauds. Et si ce jour n’arrive pas, les salauds auront aussi reçus leur dose d’uranium appauvri et tout le monde sera mort.

Les médias nous mentent. Ils nous mentent sur tout, sur les raisons de la crise économique, sur l’avenir de notre société en butte à une pollution telle que les conditions nécessaires à la vie de haut niveau commencent à disparaître, sur l’avenir de notre société en butte à la finitude des ressources naturelles, sur les raisons des guerres qui ont tout à voir avec cette finitude des ressources naturelles, sur les raisons de leurs mensonges qui ont tout à voir avec un racisme primaire, ce même racisme qui fait des juifs le seul peuple élu, des chrétiens les seuls détenteurs du vrai dieu, des musulmans les seuls croyants, et de notre civilisation la seule vraie civilisation.

Avec les guerres contre la Libye et contre la Syrie, nous voyons le vrai visage de ces gens-là  : le seul peuple élu, les seuls détenteurs du vrai dieu et les seuls croyants se sont alliés au nom de la seule vraie civilisation contre le reste du monde pour essayer de s’approprier les ressource naturelles restantes. Si ça continue comme c’est parti, la civilisation de ces seuls salopards sera la dernière.

Cette notion raciste de la seule vraie civilisation qui exclu toutes les autres pour les dominer est apparue lors de l’antiquité. Il est remarquable de constater que toutes ces civilisation de domination ont disparu. Elles font toutes parties des oubliettes de l’histoire. Leur principal héritage est ce racisme institutionnel qui forme leur ossature de pensée et d’action. Et c’est bien pour cela qu’elles ont toutes disparu : un tel racisme ne peut se développer que jusqu’au point où le nombre de mécontent devient trop important et l’emporte.

Comme l’a dit le Che (je cite de mémoire) : « Ce ne sont pas eux qui appuient sur la gâchette et c’est bien la seule chose qui leur fassent peur. Plus nous serons, plus leur position sera intenable. »

28/06/2012 00:17 par Serge Charbonneau

Dominique « ? »,

Je partage totalement votre opinion.

Ce que vous dites au sujet de France Inter, je peux le dire de Radio-Canada.

Tous les deux ont retourné leur veste.
Et pour moi, c’est un véritable mystère.

Je n’arrive pas à comprendre comment il se fait que des professionnels respectés s’abaissent ainsi à faire de la propagande de perroquet sans tête.

Serge Charbonneau
Québec

28/06/2012 10:54 par Mohsen

Combien se vérifie alors cette parole d’Adolphe Jacob Issac Crémieux, président de l’Alliance Israélite Universelle , membre du gouvernement provisoire de 1848 et ministre de la Justice dans le gouvernement de Défense nationale de 1870 :

" Comptez l’argent pour rien, comptez les honneurs pour rien, comptez tout pour rien ; si vous avez la presse vous aurez tout le reste ".

In " La presse aux ordres de la finance " de Yann Moncomble . Livre auto-édité Mai 1986 .

L’information est asservie aux impératifs de la démonstration, ravalée à la fonction d’utilité pratique.

29/06/2012 03:00 par marc S

Stop matraquage !

On cherche en vain une indice qu’il s’agit là d’une provocation ou d’une tournure de style ...
Répéter une quarantaine de fois "démocratie" ne convainc pas. Ces régimes là n’en sont pas. Apprendrait on au passage que l’amalgame entre suffrage et démocratie est une escroquerie entretenue depuis deux siècles par ceux qui se proposent aux suffrages des habituels signataires de chèques en blanc, on y verrait l’ébauche d’un début de solution. Remplacez dans ce texte démocratie par oligarchie, dictature du pognon-roi, ou ce qui vous chante, mais cessons ce détournement du sens des mots qui ont une valeur Humaine !

Tout s’éclaire quand on lit "ils en sont psychologiquement et moralement incapables" !
L’auteur traite ainsi les "citoyens" ! Du mépris de classe ! La classe de ceux qui n’ont pas eu le privilège d’être éclairés par la lecture de l’ouvrage ?

Nos contemporains sont certainement mal informés, "l’ignorance et l’oubli", mais ils ne sont pas dupes des maquignons qui les méprisent. Comment faire une démocratie avec de tels candidats à la perpétuation de l’oligarchie ?

Quelques définitions "historiques", passer deux minutes sur la première devrait suffire à comprendre qu’en démocratie, on y est pas ... (Voir aussi la réponse de malcolmX sur le blog d’origine )

Thucydide attribue à Périclès la définition "Par le peuple, pour le peuple"

Aristote ; Rhétorique, Livre premier, Chapitre 8 "La démocratie est le gouvernement dans lequel les fonctions sont distribuées par la voie du sort ; l’oligarchie, celui où l’autorité dépend de la fortune ; l’aristocratie, celui où elle dépend de l’éducation ; (...). La monarchie, comme son nom l’indique aussi, est le gouvernement où un seul chef commande à tous. Il y a deux monarchies : la monarchie réglée, ou la royauté, et celle dont le pouvoir est illimité, ou la tyrannie.
On ne doit pas laisser ignorer la fin de chacune de ces formes gouvernementales ; car on se détermine toujours en vue de la fin proposée. La fin de la démocratie, c’est la liberté ; celle de l’oligarchie, la richesse ; celle de l’aristocratie, la bonne éducation et les lois ; celle de la tyrannie, la conservation du pouvoir."

Maximilien Robespierre : Le 5 février 1794, extrait de "Sur les principes de morale politique qui doivent guider la convention nationale dans l’administration intérieure de la république".
" La démocratie est un état où le peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu’il ne peut faire lui-même. "

Abraham Lincoln 1863 : "un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple"

Léon Gambetta à Lille en 1876 : "Le démocrate enfin n’est pas celui qui n’est uniquement préoccupe que de reconnaître des égaux, car tous les jours, dans la société, on reconnaît des égaux, mais là n’est pas la démocratie vraie. Ce qui constitue la vraie démocratie, ce n’est pas de reconnaître des égaux, c’est d’en faire."

Léon Trotsky 1920 "... le mot démocratie a dans le vocabulaire politique une double signification. D’une part, il désigne le régime politique fondé sur le suffrage universel et sur les autres attributs de la "souveraineté populaire formelle. De l’autre, le mot "démocratie" désigne les masses populaires elles-mêmes, dans la mesure où elles ont une vie politique. Dans ces deux significations, la notion de démocratie s’érige au-dessus des considérations de classes."

Gandhi : La vraie démocratie ne viendra pas de la prise de pouvoir par quelques uns, mais du pouvoir que tous auront de s’opposer aux abus de pouvoir.

Alain. Propos sur les pouvoirs. 1925 : "La démocratie, c’est l’exercice du contrôle des gouvernés sur les gouvernants. Non pas une fois tous les cinq ans, ni tous les ans, mais tous les jours."

Albert Camus : "La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité."

Cornélius Castoriadis : Séminaire du 1er juin 1983 à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales "La démocratie est le régime politique où l’on n’a à craindre que ses propres erreurs et où l’on a renoncé à se plaindre de ses malheurs."

Centre d’éducation à la résistance et à la citoyenneté : "La démocratie, un but à atteindre ..."

29/06/2012 09:54 par Samy Drissi

En Syrie, que vous le voulez le voir ou pas, la contestation est généralisée contrairement à 1982. Oui, il y’a des intérêts russes et américains dans ce conflit, mais à la base c’est un soulèvement populaire. Je suis moitié québécois-syriens et un contact sur place me dit que 4 quartiers de Damas sont sous occupations de l’ASL.

Qu’on veut le voir ou pas, il y’a contestation.

30/06/2012 08:31 par gérard

Guillaume de Rouville a eu bien évidemment raison de "marteler" le terme de Démocratie ; cette répétition est pour ainsi dire le socle de son analyse.
Le Système martèle constamment ce terme de Démocratie en opposition aux "autres" qui seraient barbares, totalitaires, oligarchiques, claniques, ou je ne sais quoi encore...

"Le nec plus ultra c’est la Démocratie !" qu’on vous dit...
Il faut donc le croire...
Il faut donc aller voir pour croire en quoi ce "nec plus ultra" a donc de si magnifique...
Le constat que l’auteur fait est sans appel et excellemment bien développé :
- au nom de la Démocratie sont justifiées les pires horreurs actuelles de la Planète. Elles sont énumérées et bien "martelées" au nom de la Démocratie.

En prenant bien soin de conserver ce terme, et surtout sans guillemets, il reste sur le même plan de langage que le Système, il ne se met pas en dehors ; il laisse pour ainsi dire en filigrane, le choix d’une autre conclusion au lecteur :
- après un tel bilan, c’est sans appel, la Démocratie ne serait donc pas ce "nec plus ultra" tant vanté...

Notre "Démocratie" supporte de lourds guillemets maintenant, comment faire alors pour les lui retirer... ses guillemets ?
Changer totalement le système, le modifier, l’améliorer...etc
Vastes débats en perspective,
mais je pense que ce n’était pas le sujet de l’article.

30/06/2012 11:12 par Dominique

Quand l’auteur dit que la majorité des gens sont psychologiquement et moralement incapables de douter de la nature du régime dans lequel ils vivent... et qu’Il faut avoir un esprit dissident, et pas seulement critique, pour ne pas se satisfaire de l’apparence démocratique et pour exiger que la chose corresponde au mot, mon analyse est d’abord, et pour toute chose, que je me fiche complètement des apparences, et par conséquent des mots collés sur un certain été de fait.

La démocratie d’Aristote avait pour base un système dans lequel seul les citoyens pouvaient faire de la politique. La majorité des gens, les esclaves, en étaient totalement exclus, car n’étant pas des citoyens. Par conséquent, la première démocratie de l’histoire n’était rien d’autre, en bon français, qu’une oligarchie esclavagiste, et celles et ceux qui malgré tout appellent cela une démocratie ne défendent que les intérêts de leur classe, celle des citoyens, cette petite minorité raciste qui hier refusait le statut d’être humain aux esclaves et aujourd’hui le refuse à des singes comme Chavez.

Les choses n’ont pas beaucoup changé depuis Aristote. Ce qui a changé le plus est la géographie de l’exploitation. Non seulement les possédants exploitent les pauvres dans tous les pays, mais en plus, le nord de la planète exploite le sud, et dans les habitants du nord, nous trouvons plus de salauds que dans le sud, plus de gens qui et en toute connaissance de cause se contentent de la situation actuelle. Ils ont parfaitement compris toute son ignominie mais cela ne les empêchent pas de faire le mauvais choix, celui de l’inaction. Leur excuse les plus fréquentes sont qu’ils ne peuvent rien faire ou que cela ne changerait rien. Dans les faits, ils n’essaient même pas.

La pensée précède l’action. Je pense donc je suis n’a aucun sens pour moi si le je pense se regarde le nombril et est ainsi incapable de définir ce qui sera son champ d’action. Ces gens reproduisent inconsciemment en politique les dogmes religieux qui privent l’être humain de sa qualité unique et fondamentale, cette possibilité transcendantale de pouvoir ici et maintenant définir consciemment ses buts et travailler à leur réalisation. C’est l’unique possibilité que nous avons à disposition pour créer notre propre avenir. Ils renoncent au but : un monde meilleur, et s’avèrent ainsi incapable d’oeuvrer, ici et maintenant, à sa réalisation. En langage marxiste nous dirions qu’ils ont renoncé au moyen d’atteindre le but, ils ont renoncé à la lutte des classes.

Donc, Guillaume DE ROUVILLE a bien raison quand il dit que la pensée critique ne suffit pas. Il faut en plus avoir une volonté farouche de changement. C’est l’action qui donne son sens à la pensée. Sans action, il y a juste une pensée stérile et vide de sens.

Et ceci bien peu dans nos riches contrées le mettent en pratique. Beaucoup préfèrent, en toute connaissance de cause, renoncer et se satisfaire de ce qu’ils ont, même s’ils savent que cela est intenable à long terme et fait courir notre société à la catastrophe. Ils vivent dans l’instant présent et se fichent du reste.

Même la crise actuelle ne change que la surface des choses. Elle est chez nous en train de brouiller les cartes, de précipiter des foules de gens dans la misère et la précarité, et de faire ainsi que de moins en moins de gens partagent cette façon de vivre. Mais d’autres les remplacent dans les pays émergents. A cet égard le capitalisme est comme une hydre, la seule façon de la combattre n’est donc pas de couper ses têtes mais de couper ce qui le rend possible, le racisme institutionnel à la base de ces seules vraies civilisations que nous subissons depuis l’antiquité.

Ce qui nous amène au coté moral de cette question. La majorité des gens ne se rendent pas compte à quel point c’est ce racisme qui rend l’exploitation possible. En effet, dans toute forme de société, il est absolument interdit d’exploiter son semblable. Pour ce faire, il faut le rabaisser au préalable à un statut inférieur. Dans ce contexte, ce qui s’est passé lors de l’antiquité est simple : ce sont les plus vils d’entre nous qui prirent le pouvoir. Ils ne l’ont plus lâché depuis.

Leur idéologie est toujours la même : de Thor à Indra en passant par le Christ et Confucius, ils attribuent des qualités surnaturelles aux choses, qualités qui permettent de tout diviser, de séparer l’être humain de son environnement, de donner sa transcendance à des idoles ou de la jeter dans les oubliettes, et de séparer les hommes entre eux, certains se retrouvant plus près des dieux que les autres, plus égaux que les autres ou plus riches que les autres.

Dans tout ce contexte complexe, la raison principale qui me fait être d’accord avec le communisme est que c’est le seul mouvement politique qui revendique l’unité des travailleurs. Mais ce ne sera qu’un pas, rien de plus. Il faudra rester vigilant et ne pas reproduire les erreurs du passé. Dans cette optique, je suis beaucoup plus proche des communistes d’Amérique latine que des nôtres, des sociétés comme la Cuba ou le Venezuela d’aujourd’hui sont plus démocratiques que la nôtre et plus démocratique que ne le fut jamais l’URSS, et ceci quoi-qu’en dise nos médias menteurs et la majorité de nos politiciens, politiciens pour lesquels l’avènement de telles formes de démocratie participative signifierait la fin des privilèges et des combines.

07/08/2012 15:22 par Corneille

« A la place de la démocratie nous avons installé des fosses communes dans lesquelles nous avons jeté pêle-mêle des civils innocents et le cadavre de la paix. » C’est ce qui a été fait au Congo ! Et depuis, ce pays n’est jamais sorti de la guerre et de l’insécurité ! Les U.S.A, la Grande Bretagne, la France, la Belgique, le Canada, tous ces "puissances occidentales" et leurs multinationales... Tous ce monde là a tout fait pour que le Congo soit dans cette situation de laquelle il n’arrive pas à s’en sortir ! Les Congolais ont été piégés et appâtés avec la rhétorique démocratique ! Aujourd’hui, ils sont pris à la gorge... et ça saigne ! Ca saigne abondamment, et le Conseil de sécurité de l’ O.N.U trouve encore le moyen de continuer à jouer aux hypocrites et à la politique de l’autruche alors que les vrais acteurs (et leurs motivations) de cette tragédie sont connus !

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