ll y a 100 ans l’Armée des Etats-Unis d’Amérique envahissait la Russie. Les Russes n’ont pas oublié.

RIA.ru

Un Corps expéditionnaire de 8000 hommes pour aider « Les Blancs », nanti d'une volonté sans faille, fut mise en place par le Département d'Etat US il y a exactement 100 ans après avoir coupé officiellement les relations diplomatiques avec la Russie, ce après quoi les Américains ont débarqué à Vladivostok. Ce fait détermina le commencement d'une pleine intervention à grande échelle des pays de l'Entente dans une Russie elle-même en proie à le Guerre civile. Les Archives de RIA rappellent la mémoire des militaires "oubliés" dans le « Primorye » russe.

Mardi 6 mai 2021.

Cet article d’archives a été publié précédemment sur RI en Octobre 2018

« Ce pays n’existe pas ».

Immédiatement après la Révolution d’Octobre, la Russie soviétique conclut une trêve avec l’Allemagne sur le Front de l’Est et, de fait, se retira de la guerre. Les pays de l’Entente perçurent ceci avec beaucoup d’hostilité. Sous prétexte de l’Impossibilité de laisser l’Ancien Empire aux mains du « Parti germanique » les puissances occidentales se préparèrent à intervenir en Russie qui était elle-même en proie à la guerre civile.

En décembre 1917, les EU, la Grande-Bretagne, la France ainsi que leurs Alliés, tinrent une Conférence au cours de laquelle fut prise la décision d’établir une répartition des zones d’intérêts à saisir dans les différentes partie de l’Ancien Empire de Russie. Ainsi que la mise en place de « contacts avec des Force nationales et démocratiques ». En d’autres termes, les “ partenaires occidentaux ” envisagèrent de se partager le plus grand pays de la planète et ce son t les représentants des Blancs qui furent censés les y aider. Les « Interventionnistes » prirent contact avec eux juste avant l’Intervention.

L’Ukraine, la Bessarabie, ainsi que la Crimée, étaient dévolues à la sphère d’influence française. L’Angleterre se réservait les droits sur les régions cosaques et caucasiennes, l’Arménie, la Géorgie et le Kurdistan. Les Etats-Unis étaient restés neutres durant les premières heures de Pouvoir soviétique, grâce à un accord avec la France et l’Angleterre pour les aider à « explorer » le Primorye russe. Ils comptaient ainsi faire d’ »une pierre deux coups » - En accédant aux richesses de l’Extrême Orient et en empêchant le Japon – qui donnait aussi des signes de vouloir « vendre la peau de l’Ours avant de l’avoir tué – édentâmes s’implanter aussi sur place.

Une éventuelle résistance russe ne fut pas prise en considération. Le Sénateur Républicain de l’Etat de Whashington, Miles Pointdexter, appelant à intervenir, déclara clairement : « La Russie est devenue un simple concept géographique, et on ne doit rien prendre en compte de plus. Sa capacité à s’unir, à s’organiser, à se restaurer a disparu à jamais. Cette nation n’existe plus »... L’Ambassadeur des Etats Unis en Russie, David Francis, appela aussi à intervenir : « J’insiste sur le point qu’il est temps de prendre le contrôle de Vladivostok et de remettre Mourmansk et Archangelsk à la France et à la Grande Bretagne  ».

Occupation.

Dès le 3 août 1918 le ministère de la Défense des EU ordonna au Général William Graves d’expédier les 27ème et 31ème Régiments d’Infanterie à Vladivostok. Ainsi que des Volontaires des 13ème et 62ème régiments. Au total, à la mi-août, les Américains avaient débarqués environ 8000 personnels militaires dans l’Extrême Orient russe. Des Canadiens, des Italiens, des Britanniques figuraient également dans le Corps expéditionnaire. Officiellement c’était pour assurer un passage sûr aux forces tchécoslovaques depuis le fin-fond de la Russie. En réalité des motivations bien plus intéressées prévalaient.

“ Les Interventionnistes en Russie défendaient les intérêts de leurs capitaux, déclara l’historien militaire Boris Yulin. Mines d’or, bois précieux, charbon, ils avaient des plans pour tout ça. Je suis certain que la guerre civile n’aurait pas été aussi longue et sanglante sans l’intervention des puissances étrangères.

S’il n’y avait pas eu la Légion tchécoslovaque et les interventionnistes, tout se serait fini sans effusion de sang pratiquement en 1918. Mais les dirigeants des Blancs avaient offert aux Américains, aux Anglais, aux Français et aux Japonais des « concessions » et promis de leur payer les dettes impériales, (Emprunt russe – NdT). En fait ils offraient aux étrangers le contrôle sur tout le territoire de la Russie.

Les interventionnistes étasuniens utilisèrent pleinement « l’invitation ». Ils s’emparèrent des bois, des valeurs, de l’or. Les firmes étasuniennes reçurent l’autorisation du gouvernement de Kolchak de mener des opération commerciales en échange de garanties et de crédits sur la City. Une simple compagnie expédia de Vladivostok 15 000 pouds [240 tonnes] de laine, 20 500 peaux de moutons, et 10 200 peaux d’animaux séchées. Tout ce qui représentait quelque valeur était saisi. Et expédié.

Ils ne firent pas de détail avec les populations locales qui soutenaient les Partisans rouges. Les archives historiques de l’Etat russe ont été conservés au sujet des tortures et des assassinats de paysans dans le District Olginsky en 1918-1920. On peut lire dans un des extraits : « Ils ont capturé les paysans I. Gornevchuk, S. Gorshkov, P. Oparin et z. Murashko. Les Américains les ont enterrés vivants en raisons de leur liens avec les partisans locaux ».

Et ils ont assassinée l’épouse de E. Boychuk selon ce témoignage : «  Ils ont transpercé son corps avec des bayonettes et jeté celui-ci dans une décharge. Ils ont mutilé le paysan Bochkarev avec des bayonettes et des poignards au point de le rendre méconnaissable : son nez ses lèvres, ses oreilles ont été coupées. ; sa mâchoire a été déboitée, son visage et ses yeux ont été transpercés à la baïonnette. Son corps entier fut découpé en morceaux. Près de la Gare de Sviyagino, le partisan, N. Myasniikov , fut torturé tout aussi brutalement. Selon un témoignage oculaire, ils lui ont d’abord coupé les oreilles, puis le nez, les bras, les jambes et à a fin ils l’ont démembré vivant. »

Dix-neuf mois.

L’Historien Fedor Nesterov dan son livre Récits de notre Temps » écrit : « Les Partisans du Pouvoir soviétique furent mutilés, démembrés, fusillés en masse, noyés dans l’Amour, emmenés et torturés dans des “ Trains de la mort ”. Et affamés dans des camps de concentration, partout ou agissaient les baïonettes des « libérateurs ultramarins de la Russie ». Selon lui, de très nombreux paysans qui ne soutenaient pas le pouvoir soviétique commencèrent à l’aider et se levèrent contre les “ invités ” et passèrent du côté des partisans.

La Résistance contre les Occupants s’amplifia. La bataille de Romanivka, un village près de Vladivostok entra dans l’Histoire. Des unités bolcheviks sous le Commandement de Yakov Tryapits attaquèrent les positions de l’armée des États-Unis et abattirent plus de 20 militaires ennemis.

Après la défaite des troupes de Kolchak, l’Intervention étrangère perdit de sa signification. En 19 mois d’occupation du pays le contingent étasunien en Extrême Orient avait perdu, environ 200 militaires et officiers. Le dernier militaire étasunien revint chez lui le 1er avril 1920.

Il faut prendre en considération que pendant que la guerre civile finissait et que les États-Unis et la majorité des puissances européennes reconnaissaient l’URSS, aucun politicien occidental ne condamna la sanglante expédition en Russie. L’attitude hypocrite face à l’occupation de territoires d’un État souverain fut qualifiée ainsi par Churchill dans le quatrième tome de The World Crisis :

« Est-ce que les Alliés étaient en guerre contre la Russie ? Certainement, non. Mais ils ont tiré à vue des Soviétiques en les tuant. Ils se sont comportés comme des envahisseurs sur le sol soviétique. Ils ont armés les ennemis du gouvernement soviétique, Ils ont bloqués ses ports et coulés ses navires de guerre. Ils ont sérieusement souhaité et programmé sa chute. Mais une intervention armée, quelle honte ! C’était, ainsi qu’ils le répétaient, une forme d’indifférence sur la façon dont les Russes réglaient leurs affaires. Ils étaient impartiaux. Bang »

Translated by Ollie Richardson & Angelina Siard
ria.ru 

Traduit de l’Anglais par Geb pour LGS.

Source : Stalker Zone

 https://russia-insider.com/en/us-army-invaded-russia-exactly-100-years-ago-russians-remember/ri24498

COMMENTAIRES  

17/05/2021 10:50 par J.J.

On a oublié de nous parler de ça à l’école, et dans les livres d’histoire officiels on n’en trouve nulle trace.

Pas plus que du bombardement au camp de la Courtine (Creuse) des soldats du corps expéditionnaire russe, venu sur le front de l’ouest et réclamant leur retour en Russie, après la trêve conclue avec l’Allemagne.

17/05/2021 12:04 par John

Nous Elite occidentale,( Américains, Anglais et Français...), sommes des prédateurs sans foi ni loi depuis longtemps.
La révolution industrielle a démultiplié les ravages occasionnés par notre avidité.
De nos jours rien n’a changé, hormis la bonne conscience affichée pour la cause des droits de l’homme qui masque la réalité de nos intentions/actions.
L’information existe, et pourtant que d’indifférence et d’apathie parmi la majorité (des occidentaux) !
C’est désespérant.

18/05/2021 05:51 par alain harrison

« « d’indifférence sur la façon dont les Russes réglaient leurs affaires. » »

« « « réglaient leurs affaires » » »
Des précisions sur la façon. Diplomatiquement, avec respect...., par les armes.... Des précisions seraient bien venue.

24/05/2021 06:37 par babelouest

Cent ans, et le régime du Washintonistan n’a pas changé. Pas changé non plus, le fait que ces Uhlans sanguinaires soient repartis battus, mais après avoir massacré, volé... des Huns, en somme. Un régime barbare, qui est resté barbare, et est passé à côté de la civilisation, un concept qui lui est terriblement étranger. Une énorme erreur de l’Histoire, en somme. La Terre entière en paie depuis longtemps le prix fort.

Dommage que n’existe pas, ou du moins je le pense, ce qu’avait décrit Poul Anderson :
https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-patrouille-du-temps/11037

25/05/2021 10:14 par LUIS BASURTO

Peut-on préciser la présence de l’officier Charles de Gaulle dans l’intervention impérialiste contre l’URSS ?
Notre si jaloux défenseur de la patrie hexagonale, de la souveraineté française, fut, étant jeune officier, un envahisseur de l’URSS !

25/05/2021 12:08 par LUIS BASURTO

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_sovi%C3%A9to-polonaise

« Pour barrer la route aux « rouges » et empêcher la jonction entre bolcheviks russes et allemands, Paris et Londres dépêchent en Pologne les deux missions militaires, française aux ordres de Maxime Weygand et britannique, composées d’environ 600 officiers (400 Français parmi lesquels Charles de Gaulle, et 200 Britanniques) rattachés aux unités polonaises à différents niveaux : leur rôle a été considérable dans l’amélioration de l’organisation et la logistique de l’armée « polonaise »

« Face aux Soviétiques, en 1919, la Pologne est bien isolée, mais elle possède quand même quelques alliés. Maintenant que les Blancs sont presque totalement vaincus en Russie, la France poursuit sa politique de lutte contre le bolchevisme et envoie, en avril 1919, un groupe de quatre cents conseillers militaires, commandé par le général Paul Prosper Henrys. Ce groupe constitue la mission militaire française pour la Pologne. Le maréchal Pétain et le général Weygand (plus tard engagés au Rif) en font partie. Le jeune capitaine Charles de Gaulle y fait deux séjours, d’abord comme instructeur à l’école d’infanterie de Rembertów, d’avril 1919 à mai 1920, puis comme conseiller auprès d’un groupe d’armées, de juin 1920 à janvier 1921 »

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