RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
23 

Pourquoi le mouvement agricole est dans l’impasse ? Pourquoi le gouvernement joue la carte du pourrissement et non celle de la répression jusqu’à présent ?

On a dit et répété que le gouvernement Macron ne tenait plus que par ses forces de l’ordre. Frappé d’illégitimité manifeste, c’est, disait-on, le seul bouclier qui lui restait.

Or, voilà qu’il abandonne ses routes, ses villes de province, ses mairies, ses préfectures à la violence paysanne. Et cela, de façon assumée, délibérée.
On a avancé plusieurs facteurs. D’abord, c’est le plus évident, la présence massive de la FNSEA dont les dirigeants sont, de notoriété publique, corrompus jusqu’à l’os et acoquinés au pouvoir.

Pourtant, la FNSEA ne joue visiblement pas la carte du collabo infiltré : si elle appelle au calme, sa présence militante est incontestable. On dira qu’elle est débordée, qu’à Toulouse, son dirigeant a été hué. Mais la femme tuée dernièrement sur un barrage était, si je ne me trompe, une adhérente de la FNSEA.

Autre facteur avancé : la force du mouvement fait redouter (ou reculer) un affrontement central du gouvernement. Pour deux raisons : les agriculteurs ont une longue expérience de ce genre d’actions. Et la fragilité politique de Macron lui laisserait peu de marge de manœuvre.

A voir comment Macron s’est jeté comme un fauve sur tous les mouvements sociaux, de la loi travail aux Gilets Jaunes, des manifs anti pass à celles des retraites, sans tenir aucun compte de son impopularité, on peut rester sceptique sur la crainte des agriculteurs.

On ne tardera pas à le vérifier si, la révolte agricole perdurant, des dérapages sérieux intervenaient, occasion pour la FNSEA de se désolidariser.

On peut aussi avancer d’autres explications. A commencer par les divergences revendicatives entre syndicats agricoles, reflétant des intérêts distincts dans le mouvement. La ligne rouge de partage étant le respect des normes européennes écologiques. Les gros agriculteurs sont bien sûr regroupés derrière la FNSEA, mais ils donnent le la au mouvement. Qu’ils viennent à se retirer, on aura beau parler de coup de poignard dans le dos, ce ne sont pas les Jeunes Agriculteurs ou ceux du MODEF (exploitations familiales) qui maintiendront l’unité nationale de la contestation à un tel degré de détermination. Peut-être y parviendront-ils localement, dans le sud ouest. A voir. Vu sous cet angle là, Macron n’aurait plus qu’à attendre...

Mais ces divergences paraissent secondaires face à l’ampleur du défi auquel se confronte la monde paysan. Car c’est bien de leur survie qu’il est question. Chacun se rassure en réduisant le problème à Macron. Mais ce dernier, quand bien même ferait preuve de bonne volonté, est embarqué dans la même galère. Et c’est surtout cela qui paralyse Macron. Allons plus loin : l’UE, à son tour, s’est complètement enfermée dans une globalisation qu’elle a impulsée et qui lui échappe maintenant complètement. Le sort des agriculteurs français est similaire à celui de leurs homologues polonais, italiens, allemands. Tous sont confrontés à la désorganisation des marchés énergétiques et alimentaires. La concurrence sauvage dicte sa loi. Le secteur agricole suit le même cours que celui de la désindustrialisation. Comment rivaliser avec des produits importés à bas coûts ? Le consommateur est le premier à donner la réponse dans les rayons des supermarchés.

Dés lors que la disparition de la paysannerie française comme celle d’une bonne partie de l’Europe, apparaît inéluctable, il ne reste qu’à garantir l’accès alimentaire au marché mondial pour satisfaire l’appétit des populations. D’où la recherche d’accords du type Mercosur, ou avec la Nouvelle Zélande ou l’Ukraine. Les États-Unis suivent la même pente : ce pays est de plus en plus dépendants des importations.

La vérité est que Macron, comme d’ailleurs l’opposition de gauche, n’a pas de réponses crédibles immédiates à apporter, autres que des soins palliatifs : accompagner l’agonisant. Pour la seule raison qu’il n’y en a pas ! Du moins à court terme. Après, on peut toujours rêver d’une révolution...

La FNSEA est bien consciente du problème. Et bien convaincue que ce n’est pas le bio qui fera le poids face aux mastodontes agro-industriels étrangers. Car les gros cultivateurs français qu’elle représente sont tout aussi condamnés dans cette foire d’empoigne. La FNSEA joue aussi son avenir. Son seul espoir, bien ténu, réside à accroître la compétitivité de ce secteur, garder la tête lors de l’eau. D’en finir avec les normes européennes tatillonnes. Et revenir à l’utilisation massive de pesticides qui va avec. C’est pourquoi elle déverse son fumier devant les sièges d’écologie-Les Verts. La FNSEA, contrairement à ce qu’on dit, ne se trompe pas d’adversaire !

URL de cet article 39322
  

L’écologie réelle
Guillaume SUING
Des premières aires naturelles protégées (zapovedniki) en 1918 jusqu’au plus grand plan d’agroforesterie au monde en 1948, avant que Nikita Khrouchtchev ne s’aligne sur le modèle intensif américain dans les années soixante, c’est toute une écologie soviétique qui fut jadis raillée par les premiers zélateurs occidentaux de l’agriculture « chimique ». Cette « préhistoire dogmatique », pourtant riche d’enseignements pour l’époque actuelle, est aujourd’hui totalement passée sous silence, y compris dans le (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Sous une dictature, il y a une chose pour laquelle nous avons plus de chance que vous en Occident. Nous ne croyons à rien de ce que nous lisons dans la presse, à rien de ce que nous voyons à la télévision, parce que nous savons que c’est de la propagande et des mensonges. Contrairement aux Occidentaux, nous avons appris à voir au-delà de la propagande et à lire entre les lignes et, contrairement à vous, nous savons que la vérité est toujours subversive.

Zdener Urbanek

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.