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Thomas Cluzel ou l’interdiction d’informer sur France Culture

Cet article de Thierry Deronne est une implacable démonstration, étayée, datée, chiffrée des enfumages médiatiques des Français, dès lors que les intérêts des USA sont en cause.
A beau mentir qui vient de loin. Mais, à l’heure d’Internet, l’Amérique latine est éloignée de quelques centièmes de secondes ; chacun peut lire Libération et le Monde des années passées, voir un JT de 2009 avec Pujadas, écouter en replay France Culture et s’attrister de voir cette radio se transformer en soldat d’un monde unipolaire et belliqueux, découvrir pourquoi la presse d’opposition vénézuélienne serait interdite en France… et aux USA.
Cet article magistral mérite d’être mis dans des bibliothèques d’écoles de journalisme, comme l’est le livre « La face cachée de Reporters sans frontières », ouvrage préfacé par Thierry Deronne.
Le Grand Soir est honoré d’être un des médias choisis par l’auteur pour faire connaître ce décorticage, cette oeuvre de salubrité journalistique.

LGS

Tariq Ali, l’écrivain et historien pakistanais/britannique, coscénarsite du documetaire "South of the border", le réalisateur Oliver Stone et le président Hugo Chavez arrivant au Festival de la Mostra de Venise, le 7 septembre 2009.

Septembre 2009. Le cinéaste Oliver Stone présente à la Mostra de Venise son documentaire South of the border (1). Les premières secondes offrent un bêtisier des JTs étasuniens sur le « dictateur Chavez » : Le réalisateur enchaîne en off : « Nuit et jour, sur toutes les chaînes, voici ce que voient les états-uniens. Le croient-ils ? J’espère que non. Mais même les plus sérieux des médias écrits aux Etats-Unis ou en Europe suivent la même ligne ». Lors de sa conférence de presse, Stone précise : “Le manque de liberté d’expression que dénoncent les médias et l´opposition de droite vénézuélienne est un mensonge. Celui qui va au Venezuela se rend compte que 80, 90 % des médias sont contre Chavez. Ils disent des choses très dures sur lui et il le tolère. Il ne punit pas ces personnes, elles sont toujours en place. Aux États- Unis cela ne se passerait pas ainsi.”

Ces propos suscitent aussitôt une « réponse appropriée » de David Pujadas au 20 heures de France 2 (service public) : « Image de la Mostra de Venise, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un acteur ou une actrice qui tient la vedette de ce très célèbre festival mais le président vénézuélien Hugo Chavez. Le réalisateur américain Oliver Stone lui consacre en effet un documentaire admiratif et il a été ovationné par le public. Ironie du sort, il faut tout de même savoir qu’au même moment Hugo Chavez s’apprête à interdire dans son pays 29 radios suscitant de vives critiques de la part des défenseurs de la liberté de la presse. »

Sur quoi Pujadas se base-t-il pour affirmer que 29 radios vont être interdites au Venezuela ?

En 2000, la patiente lutte des collectifs de communication populaire vénézuéliens a débouché sur la légalisation des médias associatifs et l’octroi à ceux-ci de fréquences gratuites de radio ou télévision locales (2). Des stations commerciales ou évangélistes se sont alors déguisées en médias « associatifs » pour obtenir des fréquences légales à bon compte… D’où la mobilisation des collectifs citoyens qui ont demandé à la CONATEL (le CSA local) de récupérer ces fréquences pour les leur rendre. « L’interdiction de 29 radios » selon Pujadas était donc… la restitution de 29 fréquences détournées par des intérêts commerciaux ou religieux, pour permettre la création de médias citoyens ! Selon la loi, c’est d’ailleurs le même travail que devrait effectuer le CSA en France (3).

Pas de rectificatif, ni de droit de suite de la part de D. Pujadas. Pourquoi se gêner ? Il y a longtemps déjà que les JTs des télévisions publiques mimétisent ceux des médias privés et recyclent les mêmes campagnes que les groupes comme Clarin ou Prisa ont lancées contre l’Argentine ou l’Equateur. Dès que des lois y ont démocratisé la répartition des ondes monopolisées par les grands groupes privés, Cristina Fernandez ou Rafael Correa ont été traités d’“ennemis de la liberté d’expression”. L’idéologie qui sous-tend ces campagnes est que la liberté d’expression est, et doit rester, la liberté d’entreprise. L’État ne peut être qu’un obstacle à cette « liberté » puisqu’il fait obstacle à la globalisation marchande de l’information.

Le 3 février 2015, c’est au tour de Thomas Cluzel (Radio France-Culture) d’enfoncer un peu plus le service public dans Disneyworld et de nous convaincre, au cas où nous l’aurions oublié, qu’ “il est interdit d’informer au Venezuela” (4). Pour sa revue de presse, Cluzel a usé de sources particulièrement pluralistes : SLATE (États-Unis), Miami Herald (États-Unis), THE WASHINGTON POST (États-Unis), THE NEW YORK TIMES (États-Unis), FOREIGN POLICY (États-Unis), BBC (Royaume-Uni), El Universal et Tal Cual (deux journaux de la droite vénézuélienne), Reporters sans Frontières (5) sans oublier Courrier International, le produit off-shore du groupe Le Monde qui puise ses articles dans l’apparente diversité qu’offrent les grands groupes privés internationaux (6). Thomas Cluzel n’a pas eu le temps de demander l’opinion de médias alternatifs, citoyens, publics et encore moins celle du gouvernement du Venezuela. Nous pourrions donc nous arrêter ici. Mais s’agissant du service public financé par les impôts des citoyens, le cas Cluzel a valeur d’exemple et mérite une attention toute particulière.

Pour la première moitié de son billet, Cluzel a choisi de recopier une anecdote amusée du Miami Herald (7). Ce journal, qui exprime bien la politique de Washington en Amérique Latine, y ridiculise la télévision latino-américaine de service public Telesur et les autorités du Venezuela à propos du contrôle d’identité d’un journaliste états-unien à la frontière avec la Colombie.

Tout en concédant que la story du Miami Herald pourrait n’être qu’anecdotique, Cluzel en tire que la liberté d’expression est menacée au Venezuela. Or il vient d’être l’idiot utile d’une préparation. La veine comique du Miami Herald tenait moins du hasard que de l’anticipation. Dix jours plus tard, le 12 février 2015, le siège de la télévision Telesur où travaillent 800 personnes devait être bombardé lors d’une tentative de coup d’État (8). En outre, le président Maduro a révélé : « nous avons détecté et capturé des étatsuniens engagés dans des activités secrètes, notamment d’espionnage, essayant de recruter des gens dans les villages frontaliers avec la Colombie et sous influence paramilitaire. Ainsi, dans l’État du Táchira nous avons capturé un pilote d’avion étasunien d’origine latino-américaine, avec toute sorte de documents. Il est en train de faire des révélations » (9).

Ignacio Ramonet : “Malgré toutes les preuves et tous les détails fournis par les plus hautes autorités de l’Etat vénézuélien, les médias internationaux (même en Amérique latine) ont accordé peu de crédibilité à cette tentative de coup d’Etat. Une telle « incrédulité » fait partie – depuis quinze ans – de la stratégie des grands médias dominants dans leur guerre contre la révolution bolivarienne, afin de discréditer les autorités bolivariennes” (10).

« Je suis Telesur . Parmi les révélations sur le coup d’Etat déjoué le 12 février, on a appris que des militaires comptaient bombarder cette chaîne de télévision publique et latino-américaine basée à Caracas.
Journalistes et employés (photo) ont reçu des messages de solidarité des mouvements sociaux de tout le continent.

Et Cluzel de poursuivre : “Le pays s’apprête d’ailleurs à vivre un ultime épisode, pour le moins emblématique, de la pression exercée quasi quotidiennement par le gouvernement vénézuélien sur la presse nationale cette fois-ci. Le journal indépendant TAL CUAL vient en effet d’annoncer qu’il cessera de paraître d’ici quelques jours, le 27 février prochain très exactement.”

C’est faux. A l’origine hebdomadaire, Tal Cual avait tenté le pari de devenir quotidien mais n’a pas rencontré le lectorat espéré, d’où sa décision de revenir à sa formule originale. Le journal sort donc en kiosque tous les week-ends et maintient sa version quotidienne en ligne : http://www.talcualdigital.com/

Loin d’être “le dernier journal social-démocrate qui disparaît au Venezuela” comme l’affirme aussitôt le très zélé Pablo Paranagua du Monde (11), Tal Cual est un journal économiquement libéral… et raciste. On comprend qu’une société métissée à 95 % et votant plutôt à gauche depuis seize ans, n’achète pas massivement un journal qui lui ressemble si peu. Le Venezuela a bien changé depuis que le directeur de Tal Cual, Teodoro Petkoff, ministre du président démocrate-chrétien Rafael Caldera (1996-1999), intervenait dans des clips télévisés pour convaincre la population pauvre à 80 %, refoulée dans les cerros de Caracas, des bienfaits des privatisations sous contrôle du FMI.

Dire que Tal Cual ferme sous la pression du gouvernement vénézuélien est aussi sérieux que d’attribuer le fait que “Les ventes de tous les journaux quotidiens nationaux français ont reculé en 2014” … à des pressions du gouvernement français (12). Les arguments du “manque de papier” ou du “manque de publicité” par lesquels Petkoff tente de camoufler son échec commercial ne tiennent pas quand on sait que l’économie vénézuélienne est à 80 % aux mains du secteur privé (c’est ce secteur qui importe le papier journal qui n‘est pas produit sur place) et que les kiosques débordent de journaux critiques à tous les coins de rue. Un secteur privé florissant, qui a appris à spéculer grâce aux dollars préférentiels que lui accorde l’État pour ses importations et a largement profité des investissements en infrastructure du gouvernement bolivarien. Au dernier semestre de 2014, les télécoms ont connu un boom en engrangeant des bénéfices qui frôlent les 100 milliards de bolivars. On retrouve pas mal de ces entrepreneurs sur la liste “Venezuela” de Falciani/HSBC. En mars 2015 le magazine Forbes rappelle que le vénézuélien le plus riche, Gustavo Cisneros, propriétaire du groupe médias du même nom et ami de George Bush, a vu sa fortune grimper à 3,6 milliards de dollars.

L’argument des “tracasseries judiciaires” ne tient pas davantage : les victimes de diffamation ont le droit d’agir en justice comme elles le font dans n’importe quel État de droit. Sauf que Tal Cual ne se contente pas de photos volées comme Closer ou Paris-Match mais traite fréquemment, sans avancer de preuves, des fonctionnaires ou politiques bolivariens d’assassins, de corrompus ou de narcotrafiquants. Sans oublier le racisme contre les mouvements sociaux. Le 16 mars 2012, Tal Cual publiait une caricature accusant le gouvernement bolivarien de distribuer de l’eau sale aux usagers.

Dessin de Weil publié par le journal Tal Cual, Venezuela.

Le dessin montre un homme coiffé d’un béret comme Hugo Chavez accompagné d’enfants et regardant l’eau jaillir d’un robinet sur lequel s’est posée une mouche. L’homme dit : “Assez de suprématie blanche, maintenant nous avons des eaux afrodescendantes” (13). On peut voir les autres caricatures que publie Weil dans Tal Cual sur son site : http://www.weil.com.ve/

En montant le show de sa “fermeture”, le directeur de Tal Cual jouait gagnant d’avance. Depuis seize ans les médias internationaux ont positionné l’idée selon laquelle “le gouvernement bolivarien exerce une pression quasi quotidienne sur la presse”. Reproduit à l’infini par les grands groupes privés de médias, le mensonge est devenu vérité, selon l’adage goebbelsien.

En mai 2007, lorsque la concession hertzienne de la chaîne privée RCTV ne fut pas renouvelée pour être octroyée à une nouvelle chaîne de service public, une campagne mondiale affirma aussitôt qu’il s’agissait d’une “fermeture”. Le site ACRIMED démonta dans le détail ce concert de désinformation qui vit les médias français, soutenus par les maîtres-penseurs du microcosme médiatique et par RSF, reprendre en choeur le même refrain, résumé à merveille par le titre de l’éditorial du Monde : « Censure à la Chávez » (28 mai 2007) (14)

Répondant aux critiques d’un lecteur en mai 2009, Jean-Pierre Langellier du Monde, disait sa crainte de voir Chavez fermer la chaîne privée Globovision… qui n’a jamais été fermée. Ce désir de “fermer” à tout prix des médias au Venezuela est d’autant intéressant que les deux seuls médias réellement fermés l’ont été… par l’opposition. VTV, la chaîne publique, considérée comme “une ordure” par le gouverneur pustchiste Enrique Mendoza fut fermée lors du coup d’État manqué d’avril 2002 contre Hugo Chavez (15). En 2003 la télévision communautaire Catia Tve fut fermée par le maire de droite de Caracas Alfredo Peña (16).

Le procédé de Thomas Cluzel à propos de Tal Cual nous ramène aux campagnes contre Salvador Allende. RSF n’existait pas encore quand Armand Mattelard, analysant l’alliance des grands médias et de la SIP (groupe de propriétaires de médias) dans les préparatifs du coup d’État au Chili, expliquait : « L’enquête judiciaire sur l’administration du journal El Mercurio, accusé d’irrégularités fiscales, a servi de prétexte pour dénoncer de soi-disant mesures coercitives contre la « presse libre ». (…) Le message émis par la presse de la bourgeoisie chilienne revient à sa source, renforcé par l’autorité que lui confère le fait d’avoir été reproduit à l’étranger. (…) Nous sommes en présence d’une SIP tautologique. Sa campagne n’est qu’un immense serpent qui se mord la queue. »

Thomas Cluzel sort l’artillerie lourde : “Dans un tel contexte, les propriétaires d’El Universal, le plus vieux quotidien du pays sont, eux, soulagés sans doute d’avoir été rachetés l’an dernier par un groupe espagnol. A cette nuance près, toutefois, que le dit groupe était de mèche en réalité avec le gouvernement. En clair, le quotidien a certes été sauvé de la ruine financière mais au prix de sa liberté d’expression. Le même modus operandi se répète d’ailleurs depuis plusieurs années déjà : l’étranglement financier des médias jusqu’à ce que les propriétaires soient contraints de vendre à un proche du pouvoir.”

Un simple clic vers les principaux titres de la presse écrite vénézuélienne des 9 et 10 mars 2015 prouve qu’il s’agit d’un parfait mensonge. El Universal écrit que “La SIP déclare que le Venezuela est le pays qui restreint le plus la liberté de presse” avant d’expliquer dans la “route vers la victoire (de la droite)” que “Le gouvernement invente un coup d’État pour détourner l’attention de la crise économique” ; El Nacional insiste : « la SIP déclare que les gouvernements du Venezuela, de l’Équateur et de l’Argentine persécutent le journalisme, le harcèlent, le restreignent à travers la législation et établissent la censure ou obligent à l’autocensure parce qu’il n‘est plus possible de l’exercer » avant de faire la psychanalyse de Nicolas Maduro en tant que violateur des droits de l’homme, prolongeant l’éditorial du New York Times sur “Maduro et ses délires de conspiration” et de révéler que “Selon l’opposition, la vraie menace ce sont les politiques de Maduro”. Le Correo del Caroni rappelle que “La SIP dénonce la persécution de l’opposition”, que “Nicolas Maduro use le prétexte du décret Obama pour obtenir des pouvoirs spéciaux” et que “Les députés de l’opposition comptent sur l’église catholique comme médiatrice dans le cas des prisonniers politiques” ; Tal Cual évoque les menaces états-uniennes : “C’est Obama qui offre les pouvoirs spéciaux à Maduro” et “selon l’opposition, le but de Maduro est de cacher la crise” ; El Carabobeño titre “Reuters : les sanctions des États-Unis pourraient être la bénédiction que cherchait Maduro”. Ultimas Noticias (centre-droit) nous rassure : “selon la BBC c’est pour protéger le système financier états-unien qu’a été prise la décision d’Obama” Etc… (17)

Revenons un instant sur l’affirmation de Cluzel selon laquelle le rachat de El Universal par un groupe espagnol “qui était de mèche en réalité avec le gouvernement” s’est faite “au prix de sa liberté d’expression”. Non seulement ce groupe n’est pas lié au gouvernement bolivarien (18) mais une étude réalisée du 2 au 8 août 2014 (19), après ce rachat, montre la proportion écrasante de termes négatifs (87 %) par rapport aux termes positifs (13%) dans le traitement des politiques du gouvernement Maduro :

El Universal, août 2014. Traitement des politiques gouvernementales : 87 % de termes négatifs, 13 % de termes positifs

Le journaliste et historien des médias Eleazar Díaz Rangel a dirigé la Faculté de communications sociales de l’Université Centrale du Venezuela de 1983 à 1986. Prix National de Journalisme, président de l’Association Vénézuélienne des Journalistes et chef de rédaction du journal de centre-droit Últimas Noticias depuis 2001, il n’a pas oublié la répression qu’exerçaient contre son métier les régimes d’avant Chavez : «  les journaux actuels font leur travail sans la moindre pression alors que ces pressions étaient fréquentes par le passé. Je ne crois pas qu’il y ait de pressions sur tous ces médias privés qui ne publient que des informations contre le gouvernement et rien en sa faveur, comme beaucoup le font depuis des années sans changement. La majorité des journaux de l’intérieur du pays, entre 70 et 80 journaux, suivent la même ligne éditoriale » (entrevue de février 2015 (20).

Une étude réalisée en juin 2014 sur les messages des chaînes de télévision les plus regardées au Venezuela (Venevision, Televen et Globovision) montre une réalité semblable (21) :

Venevisión, Televen et Globovisión n’ont consacré que 33 minutes de couverture à Nicolás Maduro et ont employé 97% de termes négatifs contre lui
Audience comparée des médias radio et TV au Venezuela (2014). Ce graphique ne rend pas compte des sites internet, médias internationaux (satellite) et presse écrite locale qui sont eux aussi en majorité opposés aux mesures de la révolution bolivarienne

Une hégémonie attestée dans le temps par les études des parts de marché télévisuel (22).

Même paysage en ce qui concerne la radio, essentiellement aux mains de grands circuits privés comme Union Radio : “Les sanctions contre le gouvernement de Maduro ne visent qu’à changer sa conduite, explique l’administration Obama” (23).

Si nous élargissons le cercle, rappelons qu’en avril 2014 trois grands groupes privés latino-américains se sont mis d’accord pour écrire une page quotidienne contre le Venezuela dans chacun de leurs 82 journaux affiliés. Il s’agit du GDA (Groupe Diarios de las Américas), de ANDIARIOS (Asociación de Editores de Diarios y Medios Informativos) et de PAL (Groupe Periódicos Asociados Latinoamericanos) (24).

A l’échelle mondiale, il suffit de taper les mots-clefs “Maduro” ou “Venezuela” sur Google pour voir déferler une avalanche de centaines de pages parlant de “répression”, “dictature”… avant de voir apparaître la moindre dissidence.

Il est donc vrai qu’il n’y a pas de liberté d’expression au Venezuela : l’hégémonie des grands groupes privés, agences (AFP, AP, Reuters) et médias privés nationaux, régionaux, locaux (radio, presse écrite, télévision, pages Web et réseaux sociaux) qui font quotidiennement campagne contre le socialisme bolivarien empêche tout équilibre démocratique par rapport à l’audience trop faible des médias publics et associatifs.

L’écrivain et universitaire Luis Britto Garcia s’interroge : “La censure existe-t-elle au Venezuela ? Oui, en effet. Celle d’une grande partie des médias nationaux et internationaux qui occultent ce qui en réalité se passe dans le pays et font l’impasse absolue sur tout ce qui a trait aux avancée sociales, au développement de la démocratie participative ; privant ainsi de son droit à l’information l’immense majorité silencieuse dans le monde entier. Une dictature règne-t-elle au Venezuela ? Oui, en effet. Une dictature médiatique qui prétend imposer des tyrans du style de Carmona Estanga (chef du patronat putschiste qui avec l’appui de militaires de droite déposa Chavez brièvement en 2002)” (25).

Scène de la vie quotidienne sous la dictature bolivarienne : la dirigeante d’extrême droite Maria Corina Machado, impliquée dans plusieurs tentatives de coup d’État depuis 2002, explique aux médias "baillonnés" qu’il n’y a pas de liberté au Venezuela et que plutôt que d’attendre des élections, il faut relancer les confrontations "non-dialogantes" (sic) pour forcer le président élu à partir.

Il aura suffi, en janvier 2015, d’une rumeur propagée par les partis de droite via leurs médias et les réseaux sociaux (26) évoquant l’imminence d’une grève nationale – qui n’eut jamais lieu – pour que 18 millions de Vénézuéliens achètent fébrilement en quatre jours l’équivalent de ce qu’ils auraient consommé en un mois et demi. En cas de réussite du coup d’État du 12 février 2015, le communiqué des militaires putschistes allait être diffusé simultanément par CNN et par la télévision privée vénézuélienne Televen (27).

Thomas Cluzel arrive au bout de ses cinq minutes. Laissons-le conclure son billet : “Au total, depuis 2009, ce ne sont pas moins de 300 chaînes de radio qui ont également été fermées. “

C’est faux. Même si au Venezuela, en France (28) et partout ailleurs, les intérêts des groupes privés déterminent constamment l’ouverture et la fermeture d’entreprises de presse, le nombre de médias privés vénézuéliens a augmenté en seize ans de révolution.

Luis Britto Garcia : « En 2014, pas moins de 2896 médias opèrent au Venezuela. 2332 d’entre eux sont des entreprises privées, soit 80% ; 16,5 % dépendent du secteur communautaire mais restent confinés à une transmission locale ; à peine 3,22% de l’ensemble ressortissent au service public. »

Dans le domaine de la radio-diffusion, 1598 émetteurs appartiennent au secteur privé, 654 dépendent du secteur communautaire et à peine 80 d’entre eux relèvent du service public. Quant aux chaînes de télévision, 55 appartiennent aux groupes privés, 25 au secteur communautaire (avec une diffusion locale seulement) et 8 d’entre elles seulement sont publiques… La quasi totalité des médias privés se situent dans l’opposition. Par conséquent, prétendre que l’Etat en serait à exercer son hégémonie dans le domaine de la communication, en s’appuyant sur les faibles moyens dont il dispose, est une affirmation infondée qui suffit à disqualifier celui qui la propage. » (29)

Guerre des grands médias contre la démocratie… et contre le service public.

Le 14 mai 2013 Noam Chomsky, Greg Grandin, Michael Moore, Oliver Stone et une douzaine d’experts états-uniens écrivaient à Margaret Sullivan, « Public Editor » au New York Times, pour lui demander pourquoi ce journal présentait Chavez comme un “dictateur” alors que le président du Honduras avait droit à un lexique neutre ou positif : “Dans les seize dernières années le Venezuela a organisé 19 élections ou référendums qualifiés de libres et équitables par les principaux observateurs internationaux (UE, OEA, Centre Carter, etc..). Jimmy Carter a fait l’éloge des élections au Venezuela, parmi les 92 scrutins observés par le Carter Center, comme un “système de vote vraiment extraordinaire.” Il a conclu que “le processus électoral au Venezuela est le meilleur du monde.” (30)

Mais le trait principal de ce pays enfin sorti de l’apartheid social et racial est sa démocratie participative : communes, conseils communaux, mouvements sociaux écrivent chaque jour l’histoire invisibilisée par les médias d’une économie et d’une politique cogérées par les citoyen(ne)s.

Par le biais de la propagande quotidienne, les grands médias ont réussi ce tour de force inouï : transformer une démocratie en “dictature” ! Dans leur réalité virtuelle, ils ont plongé des millions de citoyen(ne)s du monde, privé(e)s de la possibilité d’aller sur place ou d’accéder à une information alternative.

Ces médias ignorent les décisions des électeurs vénézuéliens qui optent pour les politiques de transformation sociale. De ce fait, ils encouragent ceux qui refusent de se soumettre aux urnes. Si les émules vénézuéliens d’Aube Dorée organisent des violences avec l’aide matérielle des paramilitaires colombiens, laissent des dizaines de cadavres à chaque appel à “laisser sortir toute notre rage dans la rue”, si des leaders d’extrême droite sont arrêtés non pas pour leurs opinions mais parce qu’ils sont en train d’organiser un coup d’État, ils deviennent automatiquement des “prisonniers politiques”.

La récente mission à Caracas de l’UNASUR, organisme qui regroupe tous les gouvernements d’Amérique du Sud, a conclu ses travaux en rejetant l’ingérence extérieure. Elle a recommandé à l’opposition de jouer le jeu électoral et de renoncer à la violence.

Chuo Torrealba, secrétaire général de la coalition des partis de droite “MUD” (photo) lui a répondu à travers les médias : “Samper (ex-président colombien et président de l’UNASUR, NdT) est venu provoquer l’opposition, c’est un piège”. (31)

Qu’y puis-je ? répondent les Thomas Cluzel du monde entier, aller à contre-courant, faire preuve d’indépendance d’esprit ? Et pourquoi moi ? Bien au chaud sous le parapluie de la vulgate mondiale, il vaut mieux passer pour un “défenseur de la liberté d’expression au Venezuela”.

Il ne reste au président Obama qu’à habiller du vernis de “la répression des opposants et de la fermeture de médias au Venezuela” son décret présidentiel du 9 mars 2015 qui proclame “l’état d’urgence aux États-Unis face à la menace inhabituelle et extraordinaire pour notre sécurité nationale et notre politique extérieure, qu’est le Venezuela” (sic). Les médias se chargeront du service après-vente en présentant Maduro comme le provocateur et Obama comme celui qui offre des cadeaux aux enfants à Noël avant de retourner bosser consciencieusement dans son bureau ovale.

Rafael Correa rappelait le 1er mars 2015 depuis Montevideo que cette ingérence « ne débouchera pas forcément sur ce qui est arrivé à Allende. Il n’en demeure pas moins que nous sommes confrontés chaque jour aux tentatives de déstabilisation de gouvernements démocratiques et progressistes d’Amérique latine, par la guerre économique, et à la manipulation mondiale en matière d’information ». (32)

Ce jeudi 12 mars, Radio-France (dont Thomas Cluzel est un des salariés) se met en grève pour vingt-quatre heures avec pour slogan “Défendons nos emplois”. Les syndicats CFDT, SNJ et UNSA s’inquiétent de « la menace d’une réduction drastique des effectifs » de l’entreprise publique, qui a annoncé en janvier un « plan de retour à l’équilibre ». Les syndicats disent « redouter des arbitrages dramatiques pour leurs missions et leurs conditions de travail » (33).

Comment ne pas voir que si la globalisation marchande signifie la mort du journaliste public comme historien du présent (Lacouture) avec son travail d’enquête, son temps passé sur le terrain, sa culture historique et sa mise en perspective de sources contradictoires, les gouvernements progressistes latino-américains représentent, au contraire de ce que martèle Thomas Cluzel, une alternative ? En diversifiant un champ médiatique asphyxié et discrédité par les logiques du monopole privé, en créant des universités publiques et gratuites pour redémocratiser l’enseignement des communications sociales, en créant ou en renforçant des services publics comme la chaîne latino-américaine Telesur ?

Renoncer à faire vivre l’identité du service public comme résistance à la doxa, n’est-ce pas contribuer à sa destruction ? Ne dit-on pas dans les écoles de commerce que “le client préfère toujours l’original à la copie” ?

Thierry Deronne, Caracas, le 12 mars 2015

En prime, offert par LGS

Notes :

(1) Voir le documentaire d’Oliver Stone : http://youtu.be/tvjIwVjJsXc

(2) Pour tout savoir sur ce réglement légal, le spectre radio-électrique vénézuélien, le cadre légal, le travail de la Commission Nationale des Telecommunications (y compris en faveur des fréquences associatives) : http://www.conatel.gob.ve/

(3) La loi francaise n° 86-1067 du 30 septembre 1986 modifiée et complétée, relative à la liberté de communication (et qu’on aimerait voir appliquée) dit : ARTICLE 29 : … Le CSA veille, sur l’ensemble du territoire, à ce qu’une part suffisante des ressources en fréquences soit attribuée aux services édités par une association et accomplissant une mission de communication sociale de proximité, entendue comme le fait de favoriser les échanges entre les groupes sociaux et culturels, l’expression des différents courants socioculturels, le soutien au développement local, la protection de l’environnement ou la lutte contre l’exclusion…

(4) « Interdiction d’informer au Venezuela » par Thomas Cluzel, http://www.franceculture.fr/emission-revue-de-presse-internationale-interdiction-d-informer-au-venezuela-2015-02-03

(5) Exemple parfait de l’abîme entre le réel vénézuélien et la Caverne de Platon médiatique, l’ONG française Reporters Sans Frontières. Un de ses fondateurs (Robert Ménard, aujourd’hui maire d’extrême-droite) avait dans sa revue « Médias » cosigné un long article sur le thème « La guérilla des altermondialistes contre l’info » : « Les “alters” ont toutes les indulgences pour l’ex-putschiste Hugo Chavez, ce caudillo d’opérette qui ruine son pays mais se contente – pour l’instant ? – de discours à la Castro sans trop de conséquences réelles pour les libertés de ses concitoyens ». Robert Ménard reprochait ensuite à Ignacio Ramonet de « passer sous silence les discours virulents d’Hugo Chavez contre la presse, les débordements et les réactions de ses partisans, l’impunité dont ils bénéficient ». Une position critiquée par l’ex-président et cofondateur de RSF, l’éditeur et journaliste Jean-Claude Guillebaud (Prix Albert Londres) : “Je trouve que sur certains sujets, RSF a été assez imprudent, même si le régime de Chavez n’est pas parfait, je les ai trouvés beaucoup trop proches de la presse anti-Chavez au Venezuela. Il aurait sans doute fallu être plus prudent. Je trouve qu’on les entend très peu sur les Etats-Unis.” La journaliste Naomi Klein s’était elle aussi étonnée que RSF fasse du gouvernement Chavez une menace pour la liberté d’expression alors que le Venezuela est un des rares pays au monde à avoir légalisé les médias associatifs, tout en subissant l’hégémonie de médias privés capables de participer aux tentatives de coup d’État. Rappelons que l’idéologie de RSF est celle des grads groupes privés : la liberté d’expression est, et doit rester, la liberté d’entreprise. L’État ne peut être qu’un obstacle à cette « liberté » puisqu’il fait obstacle à la globalisation. C’est pourquoi RSF valide les versions des médias privés sans critiquer leur participation aux coups d’État contre des gouvernements démocratiquement élus. Voir l’analyse de Luis Alberto REYGADA Lettre ouverte au responsable du Bureau Amérique de Reporters Sans Frontières. Sans oublier l’indispensable enquête de Maxime VIVAS qui décrit les financements de RSF par le milieu anti-castriste de Miami : La face cachée de Reporters sans frontières.

(6) Voir “Courrier International, le produit off-shore du Monde”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/18/courrier-international-le-produit-offshore-du-monde/

(7) Historiquement, leMiami Herald a fait ses comptes : pour des raisons économiques, il n’a aucun intérêt à se mettre à dos l’extrême droite cubaine. Compte tenu de l’évolution de l’opinion publique, il met un peu d’eau dans son rhum et rend au moins compte des débats qui traversent la communauté cubano-américaine. Sa traduction en espagnol, le Nuevo Herald, en revanche, ne change pas. Edulcorant, censurant même certains articles de la maison mère, il publie ce qui s’apparente plus à un tract qu’à un quotidien et sert objectivement de porte-parole à l’extrême droite latino-américaine. Publie des « intellectuels » – tel Andrés Oppenheimer – qu’on retrouve également dans les colonnes du quotidien espagnol « de centre gauche » !! El Pais…

(8) Lire “La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela”, par Ignacio Ramonet, 7 mars 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/07/la-tentative-de-coup-detat-contre-le-venezuela-par-ignacio-ramonet/

(9) Lire “Le Venezuela répond à la tentative de coup d’État”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/01/renforcement-du-pouvoir-citoyen-et-des-droits-sociaux-sanctions-envers-les-etats-unis-le-venezuela-repond-a-la-tentative-de-coup-detat/

(10) La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela, par Ignacio Ramonet, op. Cit.

(11) Voir le site personnel de Paulo Paranagua, très riche en information : https://agentparanagua.wordpress.com/a-propos/

(12) “En France en 2014 toutes les ventes des quotidiens nationaux ont baissé sauf les Echos”, http://rfi.my/1wYGrvV

(13) Lire “Afrique, mère patiente de la révolution bolivarienne”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2012/05/26/afrique-mere-patiente-de-la-revolution-bolivarienne/

(14) “Fin de la concession attribuée à RCTV : Concert de désinformation à la française”, http://www.acrimed.org/article2639.html.

(15) Sur la fermeture de VTV : http://www.acrimed.org/article1899.html

(16) Sur la fermeture de Catia TVe : http://www.acrimed.org/article1175.html.

(17) El Universal : http://www.eluniversal.com/nacional-y-politica/150309/sip-senala-a-venezuela-entre-paises-que-mas-restringen-libertad-de-pre et http://www.eluniversal.com/opinion/150310/camino-a-la-victoria ; El Nacional : http://www.el-nacional.com/mundo/SIP-alerta-control-gobierno-Venezuela_0_587941292.html, http://www.el-nacional.com/angel_oropeza/Maduro-Freud-doble-banda_0_588541334.html et http://www.el-nacional.com/politica/MUD-Venezuela-amenaza-politicas-gobierno_0_589741058.html ; El Correo del Caroni : http://www.correodelcaroni.com/index.php/mas/comunicacion/item/28489-sip-denuncia-acoso-a-la-oposicion-en-venezuela et http://www.correodelcaroni.com/index.php/nacional-2/item/28582-maduro-aprovecha-ataques-del-imperio-para-pedir-habilitante et http://www.correodelcaroni.com/index.php/nacional-2/item/28548-diputados-de-la-unidad-apuestan-a-mediacion-de-la-iglesia-para-liberacion-de-presos-politicos ; Tal Cual : http://www.talcualdigital.com/Nota/visor.aspx?id=114040&tipo=AVA ; El Carabobeño : http://www.el-carabobeno.com/portada/articulo/100467/reuters-sanciones-de-eeuu-podran-ser-la-bendicin-que-buscaba-maduro ; Últimas Noticias : http://www.ultimasnoticias.com.ve/noticias/actualidad/mundo/que-significa-que-eeuu-considere-a-venezuela-una-a.aspx

(18) Pour plus détails sur la nouvelle société propriétaire de “El Universal”, lire : http://misionverdad.com/la-guerra-en-venezuela/quienes-son-los-nuevos-duenos-de-el-universal

(19) Étude de contenus de El Universal, http://misionverdad.com/matrices/censura-la-linea-de-el-universal-no-ha-variado-un-milimetro

(20) Entrevue de Eleazar Diaz Rangel, février 2015, http://globovision.com/diaz-rangel-no-se-puede-hablar-de-presion-gubernamental-sobre-medios/

(21) Lire “Evo Morales et Rafael Correa dénoncent le siège du Venezuela par les médias privés”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/06/20/evo-morales-et-rafael-correa-denoncent-le-siege-du-venezuela-par-les-medias-prives/

(22) Lire “Venezuela : qui étouffe qui ?”, http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-14-Medias-et-Venezuela

(23) Groupe Union Radio, http://www1.unionradio.net/actualidadur/Nota/visorNota.aspx?id=196090&tpCont=1

(24) Sur cette cartélisation de 82 journaux contre le Venezuela, http://www.kienyke.com/noticias/presentan-iniciativa-por-la-libertad-de-prensa-en-venezuela/

(25) Lire “Vénézuéla, médias et terrorisme”, de Luis Britto Garcia, https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/04/13/venezuela-medias-et-terrorisme-par-luis-britto-garcia/

(26) Sur les campagnes de la droite via les réseaux sociaux, voir : “55 cas récents de de manipulations de l’opposition vénézuélienne” (photos) http://www.rebelion.org/noticia.php?id=196246 et de Romain Migus, “Venezuela, coup de projecteur sur les zones d’ombre médiatiques” (photos), https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/02/18/venezuela-coup-de-projecteur-sur-les-zones-dombre-mediatiques-par-romain-migus-caracas/

(27) Lire “La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela”, par Ignacio Ramonet, 7 mars 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/07/la-tentative-de-coup-detat-contre-le-venezuela-par-ignacio-ramonet/

(28) Lire “la presse quotidienne régionale se regroupe sur un air de trust”, http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2013/03/20/la-pqr-se-regroupe-sur-un-air-de-trust_951246

(29) “Vénézuéla, médias et terrorisme”, de Luis Britto Garcia, op.cit.

(30) “Noam Chomsky, Greg Grandin, Michael Moore, Oliver Stone et une douzaine d’experts états-uniens demandent au New York Times d’enquêter sur sa désinformation quotidienne à propos du Venezuela”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/15/noam-chomsky-greg-grandin-oliver-stone-et-une-douzaine-dexperts-etats-uniens-demandent-au-new-york-times-denqueter-sur-sa-desinformation-quotidienne-a-propos-du-venezuela/

(31) A lire sur le site “La Patilla” (site d’opposition) : http://www.lapatilla.com/site/2015/03/06/jesus-chuo-torrealba-samper-vino-a-provocar-a-la-oposicion/

(32) Lire “L’Amérique Latine défend le Venezuela face au décret du président Obama”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/10/lamerique-latine-defend-le-venezuela-face-au-decret-du-president-obama-rapprochement-de-caracas-avec-athenes/

(33) Pour en savoir plus sur cette lutte, voir le site du SNJ Radio France : http://www.snj-rf.com/Defendons-nos-emplois_a1517.html

 https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/12/thomas-cluzel-ou-linterdiction-dinformer-sur-france-culture/

COMMENTAIRES  

12/03/2015 12:27 par babelouest

Que peut-on faire, à part répercuter comme on peut, pour contrer ce tombereau d’immondices que déversent les médias français et "internationaux" ? C’est vraiment abominable, et cela dure, dure....

La Maison Blanche mériterait une bombe de cent mégatonnes au plus profond de ses souterrains (qui existent, n ’en doutons pas). Mais voilà : seul un régime hyperfasciste et illuminé comme celui qui se terre sur Pennsylvania Avenue ose éveiller le soleil de mort aux conséquences millénaires.

12/03/2015 14:18 par erwin

Argumentaire implacable...allez j’envoie çà à ceux parmi mes connaissances pour qui la vérité complète, limpide et sourcée ne suffit pas (encore) à abandonner les réflexes d’acquiescement aux déclarations non justifiées, mensongères et néanmoins péremptoires de nos guignols de l’infos.

Par contre il y a un problème avec cette citation :

Luis Britto Garcia : « En 2014, pas moins de 2896 médias opèrent au Venezuela. 2332 d’entre eux sont des entreprises privées, soit 65,18%

2332 font 80% de 2896, pas 65

Autre problème : je suis un asocial électronique et partant je ne puis laisser le même commentaire sur le blog de Thierry, qui a pourtant, me semble-t-il la possibilité de laisser commenter des internautes non enregistrés.

12/03/2015 15:52 par Clocel

...Radio France...
Il nous manque les voix de Pierre Dac et de Francis Blanche pour nous rendre cette abominable propagande acceptable...
Quelque chose comme les Guignols de l’info qui ont tant fait pour nous rendre les crapules sympathiques...
Dans cet odieux castelet, c’est le flic qui fracasse Guignol pour le bonheur des foules...
La gauche New Age... On pourra pas les tondre tous, ils sont si nombreux, les suppôts de Babylone...

12/03/2015 18:52 par reymans

Ignobles, jusqu’au-boutistes, prêts à tout pour faire taire coute que coute
Tout est bon tant que le peuple n’ouvre pas les yeux
Et pour ceux qui les ouvrent, l’avenir n’est pas des plus réjouissants
RESISTANCE !
Courage aux vénézuéliens

En effet que peut on faire, sinon essayer de dialoguer, essayer de faire enlever des oeilleres...

12/03/2015 18:55 par Maxime Vivas

@Erwin
L’auteur nous prie de corriger ainsi :
Luis Britto Garcia : « En 2014, pas moins de 2896 médias
opèrent au Venezuela. 2332 d’entre eux sont des entreprises privées, soit 80% ; 16,5 % dépendent du secteur communautaire mais restent confinés à une transmission locale ; à peine 3,22% de l’ensemble ressortissent au service public. »

Merci pour votre vigilance. Ce n’est pas ici qu’on pourrait tranquillement publier des erreurs sans avoir (de bonne grâce) à les corriger.

12/03/2015 21:50 par depassage

Des choses qui adviennent, on ne peut que les déplorer ou les féliciter. La liberté d’expression est une de ces choses dont le fait d’advenir même en tant qu’idée est à féliciter. Peut-on féliciter par la même occasion sa réalité en temps que pratique ? C’est moins sûr et on est en droit de se poser la question pourquoi ? En faisant un retour en arrière, on découvre que cette chose qui est la liberté d’expression n’est pas advenue par hasard, mais arrachée par les luttes des peuples à des pouvoirs qui usaient des clercs pour les tromper en monopolisant l’interprétations des faits de la vie, de la politique, de l’économie (où on faisait croire aux petites gens que c’est Dieu qui distribuait les richesses selon sa volonté) et de la spiritualité. Et si on est dans cette situation, c’est que, quelque part les peuples se sont laissé berner par de nouveaux pouvoirs qui usent comme leurs prédécesseurs de nouveaux clercs qui parlent de la liberté d’expression comme cela les arrange et non pas comme il se doit. Les religions sont passées par là et reviennent travesties sous des formes encore plus complexes où la paranoïa, la confusion et à l’ignorance savante se les disputent. Pourra-t-on dire qu’il est temps que les peuples prennent leurs destins en main ? Oui, en s’organisant en opposition crédible et enraciné et non pas en fouettant l’air des lieux de cultes anciens ou modernes.

12/03/2015 22:32 par Jerome

Merci Thierry Deronne.
Prendre parti tout en faisant preuve d’une honnêteté intellectuelle exemplaire, voici une voie étroite mais salutaire pour qui veut rouvrir une perspective émancipatrice à grande échelle.
Que faire ? A minima, relayer cet article par tous les moyens dont nous disposons. A notre petit niveau, nous sommes tous des médias. Et ce n’est pas rien.

12/03/2015 22:36 par Mon nom obligatoire

Excellent comme d’habitude.
Thierry Deronne l’a-t-il envoyé au journaleux en question ?

Quand on voit le récent épisode Pascale Clark & Patrick Cohen #carte de presse #caste médiatique qui se regarde le nombril, on se dit que les journaleux se foutent bien de ce que peuvent penser ou publier les gens d’en bas... mais un jour ou l’autre tout ça leur retombera sur la tête... le jour du grand soir !

Bravo pour l’article

13/03/2015 07:36 par pythagores

C’est très très bien tout ça. Mais un jour ou l’autre, il faudra bien passer à la vitesse supérieure. Imaginez-vous que c’est par la voie électorale que tout changera .? En même temps, encore faudrait-il que le peuple de France se réveille enfin. Du pain et des jeux, toujours et encore... Est-ce là, la Liberté ? Les ordures ne lâcheront jamais sans combattre et tous les moyens sont bons pour eux. Délivrons-nous de l’esprit midinette qui empêche d’agir vraiment, au nom de principes dont la vulgate les sert eux ! qui ne les respectent jamais ! Agissons !!!

13/03/2015 17:38 par Dwaabala

Comment face à une telle hostilité médiatique le pouvoir vénézuélien peut-il gagner des élections et durer ?

13/03/2015 20:26 par Jerome

@Dwaabala

Peut-être grâce à quelque chose qu’on appelle la conscience politique combinée à la réalité (matérielle, sensible) des transformations du Venezuela depuis 1998.
La conscience que ce gouvernement (malgré ses limites et ses contradictions) agit pour la majorité de la population (contrairement aux partis siamois qui se sont partagés le pouvoir pendant 50 ans, avant l’élection d’Hugo Chavez).
La conscience politique (et l’activité transformatrice d’un gouvernement tenant ses engagements) c’est aussi ce qui permettait à l’Unité populaire au Chili de voir ses résultats électoraux progresser d’élection en élection malgré la violence déchaînée par l’opposition putschiste.
1 075 616 de voix pour l’unité populaire le 4 septembre 1970 (36,6 % des 2 936 743 de votants)
1,589,025 de voix pour l’unité populaire le 4 mars 1973 (44.11% des 3,661,898 de votants)

13/03/2015 21:28 par Clocel

@ Dwaabala

"Comment face à une telle hostilité médiatique le pouvoir vénézuélien peut-il gagner des élections et durer ?"

Ça, ça me semble être la bonne nouvelle... Ça peut vouloir dire que lorsqu’un peuple a des couilles et qu’ils les montrent, au bout du bout, c’est lui qui raison, à condition de ne pas s’endormir sur les lauriers des premières victoires...
Ce qu’on a fait lorsque nous avons lâché l’affaire du traité constitutionnel au lendemain du referendum...
Les archontes ne désarment jamais, fous-les à la porte, tu peux être sûr qu’ils reviendront pas la fenêtre.
Tirons les leçons des défaites, elles sont là pour ça, mettons de côté nos petits intérêts personnels à court terme et ça devrait s’éclaircir, devant...
Le pouvoir ne se réclame pas, il s’arrache !

14/03/2015 09:21 par SEPH

La grande majorité des merdias appartiennent à : Patrick Drahi(homme daffaies franco-israëlien) Serge Dassault( vendeur d’arme), Rothschild (banquier et spéculateur).., Arnaud Lagardère, Bernard Arnault, Pierre Bergé, Matthieu Pigasse ( directeur général délégué de la banque Lazard), Xavier Niel, Bouygues, .. Tous des tripatouilleurs de la vérité, qui sont toujours prêts à servir les intérêts de la finance internationale et du capitalisme . Ils ont approuvés les massacres de Gaza (2000 tués), de Libye (plus de 100 000 civils massacrés), ....et ils continuent à déverser leur venin atlantiste et sioniste avec la Syrie, l’Irak, le Yémen, Bahreïn, l’Ukraine,.........
Pour eux , il est indispensable de laver en permanence le cerveau des peuples pour continuer à dominer et à ce goinfrer

14/03/2015 14:31 par SEPH

L’INTERDICTION D’INFORMER EST LE PROPRE DE TOUS LES CENSEURS. Voici une analyse de ce phénomène qui c’est généralisé en occident à partir de deux questions très actuelles :

Qu’est-ce qu’une théorie du complot ?

Qu’est-ce que la vérité ?

par Michel Chossudovsky

"Obama est sur le pied de guerre. La civilisation occidentale serait supposément « menacée par le groupe État islamique ».
La « guerre mondiale au terrorisme » est présentée comme une entreprise humanitaire.
Nous avons une « responsabilité de protéger » et la guerre humanitaire est la solution.
Des méchants rôdent, « il faut les éliminer », a déclaré George W. Bush.
Les médias occidentaux appellent à la guerre : le programme militaire d’Obama est soutenu par un vaste appareil de propagande.
L’un des principaux objectifs de la propagande de guerre est de « fabriquer un ennemi ». Comme la légitimité politique de l’administration Obama vacille, les doutes quant à l’existence de cet « ennemi extérieur », à savoir Al-Qaïda et son réseau de groupes affiliés (appuyés par la CIA) doivent être dissipés.
Le but est d’inculquer tacitement dans la conscience des gens, par la répétition ad nauseam dans les médias, l’idée que les musulmans constituent une menace pour la sécurité du monde occidental.
La guerre humanitaire est menée sur plusieurs fronts : la Russie, la Chine et le Moyen-Orient sont actuellement les cibles principales.

LA XENOPHOBIE ET LE PROGRAMME MILITAIRE
La vague de xénophobie à l’encontre des musulmans ayant balayé l’Europe occidentale est liée à la géopolitique. Elle fait partie d’un programme militaire consistant à diaboliser l’ennemi.
Les pays musulmans possèdent plus de 60 pour cent des réserves totales de pétrole. En revanche, les États-Unis d’Amérique en ont à peine 2 pour cent. L’Irak a cinq fois plus de pétrole que les États-Unis. (Voir Michel Chossudovsky, The “Demonization” of Muslims and the Battle for Oil, Global Research, 4 janvier 2007)
Une part importante du pétrole mondial se trouve dans les pays musulmans. L’objectif de la guerre menée par les États-Unis est de voler et de s’approprier les réserves de pétrole. Afin d’atteindre cet objectif, on vise ces pays en y faisant la guerre, en menant des opérations secrètes, en les déstabilisant économiquement, en changeant les régimes.


L’INQUISITION ETASUNIENNE

Le processus de recherche d’un consensus pour faire la guerre est similaire à l’Inquisition espagnole. Il nécessite la subordination sociale et le consensus politique ne peut pas être remis en question. Dans sa version contemporaine, l’inquisition exige la soumission à l’idée que la guerre est un moyen de diffuser les valeurs occidentales et la démocratie.
La dichotomie du bien contre le mal prévaut. Nous devons pourchasser les méchants.
La guerre c’est la paix.
Le « grand mensonge » est maintenant devenu la vérité… et la vérité est devenue une « théorie du complot ».
Ceux qui se sont engagés à dire la vérité sont qualifiés de « terroristes ».
Selon Paul Craig Roberts (2011) , le concept de théorie du complot « a subi une redéfinition orwellienne » […]
Une « théorie du complot » ne signifie plus un événement expliqué par une conspiration. Maintenant il signifie plutôt toute explication, ou même tout fait, en décalage avec l’explication du gouvernement et celle de ses souteneurs médiatiques […]
Autrement dit, la vérité devenant inconfortable pour le gouvernement et son ministère de la Propagande, la vérité est redéfinie comme une théorie du complot, signifiant qu’il s’agit d’une explication absurde et risible que nous devrions ignorer.
La fiction devient réalité.
Le journalisme d’investigation a été mis au rancart.
L’analyse factuelle des questions sociales, politiques et économiques est une théorie du complot, car elle remet en question un consensus basé sur un mensonge.

QU’EST-CE QUE LA VERITE ?
La véritable menace à la sécurité mondiale émane de l’alliance entre les États-Unis, l’OTAN et Israël, mais les réalités dans un environnement inquisitorial sont bouleversées : les bellicistes oeuvrent pour la paix et les victimes de la guerre sont présentés comme ses protagonistes.
La patrie est menacée.
Les médias, les intellectuels, les scientifiques et les politiciens, en chœur, camouflent la vérité tacite, à savoir que la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN détruit l’humanité.
Quand le mensonge devient vérité, il n’y a pas de retour en arrière.
Lorsque l’on maintient que la guerre est une entreprise humanitaire, la justice et l’ensemble du système juridique international sont bouleversés : le pacifisme et le mouvement antiguerre sont criminalisés. S’opposer à la guerre devient un acte criminel. Entre-temps, les criminels de guerre haut-placés ont ordonné une chasse aux sorcières contre ceux qui contestent leur autorité.
Le grand mensonge doit être exposé pour ce qu’il est et ce qu’il fait.
Il sanctionne le massacre aveugle d’hommes, de femmes et d’enfants.
Il détruit des personnes et des familles. Il détruit l’engagement des humains envers leurs semblables.
Il empêche les gens d’exprimer leur solidarité avec ceux qui souffrent. Il défend la guerre et l’État policier comme étant la seule avenue.
Il détruit le nationalisme et l’internationalisme.
Briser le mensonge, c’est démolir un projet criminel de destruction mondiale, dans lequel la recherche du profit est la force dominante.
Ce programme militaire motivé par le profit détruit les valeurs humaines et transforme les gens en zombies inconscients.


Renversons la vapeur.

Défions les criminels de guerre haut-placés et les puissants lobbies des entreprises qui les soutiennent.
Brisons l’Inquisition étasunienne.
Sapons la croisade militaire des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël.
Fermons les usines d’armement et les bases militaires.
Ramenons les troupes à la maison.
Les membres des forces armées devraient désobéir aux ordres et refuser de participer à une guerre criminelle."
Michel Chossudovsky

Article publié en anglais le 5 mars 2015 : What is a Conspiracy Theory ? What is the Truth ?
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de “Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre”, “La Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial” (best-seller international publié en plus de 10 langues). Contact : crgeditor@yahoo.com

14/03/2015 15:45 par Scalpel

Article implacable du type de ceux auxquels l’indispensable M. Deronne nous a habitués. Grand merci à lui et au GS.
Pas étonnant dans un tel contexte d’omerta qu’un parti fort de 7250 adhérents n’ait même pas droit à une vulgaire page Wiki, parti qui recueillit 2000 voix de plus que le NPA aux européennes, que ce mouvement ait un temps d’antenne de zéro minutes zéro secondes contre 220 minutes pour le gentil facteur de Neuilly et son inoffensive crèmerie.
Ceci dit indépendamment de ce que l’on pense dudit parti.
Quand on milite au sein de ce parti banni on est particulièrement bien placé pour apprécier la teneur réelle de cette "liberté d’expression" si véhémentement proclamée depuis janvier, à condition qu’elle s’inscrive dans le "choc des civilisations" cher aux Folamour yankees.
Rappelons que 55 % du temps d’antenne politique de LCI et 45 % de celui de BFhaine pour ces élections départementales sont dévolus au parti fasciste (et "contre", tout contre l’UE à laquelle il s’adosse confortablement) bien connu. Le "service public" n’est pas loin, et France Culture est actuellement un véritable RMC (Radio Mille Collines).
Je n’ose pas imaginer l’autre RMC ou Europe/RTL...

Question : le coluchien "cause toujours" agonise. A quand le "ferme ta gueule" ?
M’est avis que c’est pour très bientôt.

14/03/2015 19:22 par Dwaabala

@ Clocel & Jerome
Je pense, à mes risques et périls puisque je ne vis pas au Venezuela, que les médias doivent tenir compte de la réalité, et que leur hostilité au régime ne peut se déclarer comme un appel permanent à la guerre civile.

15/03/2015 08:27 par Jerome

@Dwaabala
Je ne suis pas sûr d’avoir totalement compris ton dernier commentaire donc peut-être que ce que je vais répondre paraîtra hors sujet.
Je n’ai jamais vécu au Venezuela, non plus.
Mais, en revanche, j’étais en Argentine le 18 janvier dernier lorsque le juge Alberto Nisman a été retrouvé mort chez lui.
De nombreuses chaines de télévision se sont mises en édition permanente (comme s’il n’y avait plus rien d’autre que la mort de Nisman). Nisman était mort, réalité incontestable.
Mais un fait est une chose et la manière dont on le présente et on en parle en est une autre.
Nisman était mort mais vu que quelques jours auparavant il avait accusé le gouvernement (la Présidente et le Ministre des affaires étrangères, entre autres) de couvrir les auteurs de l’attentat contre l’AMIA, certains commentateurs ont passé leur temps à laisser entendre que le gouvernement (la Présidente, en premier chef) était derrière la mort de Nisman.
L’impayable Lanata (ancien de "Pagina 12", journal de gauche, devenu icône de "Clarin", journal qui est l’équivalent du "Monde" ou d’"el Pais" / tout est dit...), entre autres, nous faisait part de sa science. Il y avait trois hypothèses : Nisman s’était suicidé / Nisman avait été assassiné par les services secrets / Nisman avait été assassiné par le gouvernement. Pour lui, cette hypothèse était la plus plausible.
Hébergé chez une amie (nutritionniste gagnant 14 000 pesos par moi, ce qui est un bon salaire en Argentine puisque le salaire moyen est de l’ordre de 6 000 / 7 000 pesos), épidermiquement hostile à la Présidente (pour mon amie, Cristina Kirchner est une folle...), je faisais observer que l’on ne savait rien sur les véritables raisons de la mort de Nisman, qu’il fallait être prudent (ce qui n’interdisait pas d’être ému) et que d ’autres hypothèses auraient pu être avancées (un assassinat commandité par l’opposition par exemple dans l’espoir d’affaiblir le gouvernement).
Pendant ce temps mon amie m’expliquait que les médias étaient aux mains du pouvoir (NDLR : ce qui est totalement faux puisque la situation en Argentine est comparable à celle du Venezuela : il suffit d’aller dans un kiosque, dans une librairie ou d’allumer un poste de télévision pour voir que l’expression critique contre le gouvernement est totalement libre en Argentine / ce qui n’était pas le cas entre 1976 et 1983, par exemple)
Les médias étaient au pouvoir mais on laissait entendre dans les médias en question que la présidente était responsable (voire coupable) de l’assassinat d’un juge fédéral (laisser entendre et non accuser, c’est l’art de la nuance). Sympa ce pouvoir qui contrôle les médias et qui laisse à ces médias toute latitude pour traiter le pouvoir d’assassin !
Le soir même (18 janvier), une manifestation était organisée devant le palais présidentiel avec des pancartes du style "je suis Nisman" ou "Cristina assassine" (l’art de la nuance était un peu moins maîtrisé)
Depuis l’enquête sur la mort de Nisman continue. Le mystère reste entier.
Seul élément nouveau : l’accusation de Nisman contre le gouvernement a été examinée par plusieurs magistrats et juristes du pays (dont Daniel Rafecas qui n’est pas réputé pour être un partisan du gouvernement, loin s’en faut). Cette accusation ne repose sur rien. Il n’y a pas l’ombre d’une preuve.
Tout cela pour dire que dans un contexte politique tendu (ce qui est le cas en Argentine ou au Venezuela, pays dont les gouvernements ne se contentent pas, malgré leurs limites et contradictions, de servir les intérêts des dominants), contexte dans lequel la plupart des médias privés ont un parti pris anti-gouvernemental, la manière dont on présente et on traite une réalité n’est pas anodine et surtout pas neutre.

15/03/2015 10:09 par reymans

"Quand on milite au sein de ce parti banni on est particulièrement bien placé pour apprécier la teneur réelle de cette "liberté d’expression" si véhémentement proclamée depuis janvier, à condition qu’elle s’inscrive dans le "choc des civilisations" cher aux Folamour yankees."

N’étant pas militant moi même, c’est le genre de retour auxquels je suis attentif, et je vous en remercie
Triste "démocratie"
Il va vraiment falloir que l’on se retrousse les manches pour retourner tout cela, quelle que soit la latitude...

15/03/2015 15:13 par Comité de défense de Paulo Paranagua

Aux administrateurs du Grand Soir,
A l’auteur de l’article,
A tous ceux qui s’en prennent à la liberté d’expression et qui voudraient museler les journalistes,

Le Comité de défense du journaliste Paulo Paranagua dénonce les calomnies publiées à son encontre dans le présent article et précise que le site https://agentparanagua.wordpress.com/ n’est en aucun cas le site personnel de M. Paranagua. Aussi nous enjoignons les défenseurs de la liberté d’expression à ne pas promouvoir ce site qui diffuse une image trompeuse au sujet de l’excellent travail journalistique de M. Paranagua.

Aussi, nous invitons tous les connaisseurs de l’Amérique Latine à s’unir autour de la campagne "Paulo Paranagua n’est pas un agent de la CIA"

[IMAGE]
http://img.over-blog-kiwi.com/1/49/74/01/20150315/ob_81be30_paulo-paranagua-not-cia.jpg

Très cordialement,
Le Comité de défense de Paulo Paranagua
http://paranaguafanclub.over-blog.com/

15/03/2015 19:59 par Jerome

Un Comité de défense du journaliste Paulo Paranagua. Très bien. Vive la liberté d’expression. Et vive la liberté de dire n’importe quoi.
Je propose au Comité de défense du journaliste Paulo Paranagua de devenir membre fondateur de l’association loi 1901 (création à l’étude) ayant pour titre : "Comité pour le droit de répondre dans le journal "Le Monde" aux mensonges proférés par le "journaliste" Paulo Paranagua"
Vu la déontologie irréprochable du Comité susmentionné, je ne doute pas que cette proposition sera acceptée avec enthousiasme !

15/03/2015 22:58 par Dwaabala

Paulo Parnagua n’est pas le fictif Pablo. Il suffit de lire ses quatre derniers titres sur son blog du journal Le Monde :

- Au Venezuela, la dessinatrice de presse Rayma censurée et licenciée
- Le Venezuela, grand exportateur de pétrole, contraint d’importer du brut
- Les Cubains sont demandeurs de plus d’Etats-Unis
- Cuba fait partie de l’échec du socialisme réel

16/03/2015 00:36 par Venezuela Infos

Sur le thème relayé par Paranagua des « caricaturistes censurés au Venezuela » et en particulier celui d’une “dessinatrice licenciée pour un dessin anti-Chavez”, la technique fut , encore et toujours, de profiter de l’image créée par les médias d’un « Vénézuéla sans liberté d’expression » pour attribuer au gouvernement bolivarien le départ de Rayma qui soit-dit en passant n’a jamais caché ses convictions d’extrême droite et racistes. Cette dessinatrice et caricaturiste fait partie de cette classe moyenne de l’Est de Caracas qui n’a jamais pu digérer l’inclusion d’une majorité de vénézuéliens jusque là exclus par l’apartheid social, économique et culturel et qui sous sa plume deviennent des hordes de brutes jamais très éloignées de la race des singes. Anthropologiquement le rêve et le lexique de Rayma idéalise tout ce qui est blanc, européen comme un modèle á suivre alors que la population métisse est associée aux thèmes de la régression du Venezuela, à la violence, à la saleté. Au Venezuela, on appelle ce genre de mentalité le "mantuanismo" ( = colonialité du seizième siècle).

Oui, mais son départ ? En réalité, il est la conséquence de son conflit personnel avec la direction du journal ”EL Universal” (droite). Bien que les médias aient automatiquement adopté la version de Rayma (l’occasion était trop belle), il n’ y a pas eu de censure du gouvernement et ses livres sont disponibles dans toutes les bonnes librairies… Voir son compte Twitter : https://twitter.com/raymacaricatura

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