12 

Ukraine et les néo-nazis

Depuis les graves protestations qui ont éclaté en Ukraine en février les médias occidentaux, en particulier aux États-Unis, ont sérieusement minimisé le fait que les suspects habituels - le triumvirat États-Unis / Union européenne / OTAN – sont dans le même camp que les néo-nazis. Aux États-Unis, il a été impossible d’en trouver mention. Je suis sûr que si un sondage sur cette question était réalisé aux États-Unis, il révélerait une ignorance quasi totale sur les nombreuses actions néo-nazies, notamment les appels publics tuer « les Russes, les communistes et les juifs ». Mais la semaine dernière, le sale petit secret a en quelque sorte montré le bout de son nez.

Le 9 Septembre NBCnews.com a indiqué que « la télévision allemande montre des symboles nazis sur les casques des soldats ukrainiens ». La station allemande a montré des images d’un soldat portant un casque de combat avec les « runes SS » des célèbres corps d’élite en uniforme noir d’Hitler. (Les runes sont les lettres d’un alphabet utilisé par les anciens peuples germaniques.) Un deuxième soldat a été montré avec une croix gammée sur son casque.

Le 13, le Washington Post a montré une photo de la chambre d’un membre du bataillon Azov, une des unités paramilitaires ukrainiennes qui combattent les séparatistes pro-russes. Sur le mur au-dessus du lit se trouve une grande croix gammée. Mais ne vous inquiétez pas car le quotidien a cité le chef de peloton qui précise que les soldats adoptent des symboles et des notions extrémistes dans le cadre d’une sorte de « romantisme ».

Pourtant, c’est le président russe Vladimir Poutine qui est comparé à Adolf Hitler par tout le monde, du prince Charles à la princesse Hillary, en raison de l’incorporation de la Crimée dans la Russie. Sur cette question, M. Poutine a déclaré :

Les autorités de Crimée se sont appuyées sur le précédent bien connu du Kosovo, un précédent que nos partenaires occidentaux ont créé eux-mêmes, de leurs propres mains pour ainsi dire. Dans une situation absolument semblable à celle de la Crimée, ils ont jugé que la sécession du Kosovo de la Serbie était légitime, en faisant valoir partout qu’aucune autorisation des autorités centrales du pays n’est nécessaire pour une déclaration unilatérale d’indépendance. Le tribunal international de l’ONU, fondée sur l’article 2 de l’article 1 de la Charte des Nations Unies, s’est déclaré d’accord et dans sa décision du 22 Juillet 2010 a noté ce qui suit, et je cite textuellement : Aucune interdiction générale ne peut être opposée à la pratique de la sécurité Conseil en ce qui concerne les déclarations unilatérales d’indépendance.

Les comparaisons de Poutine avec Hitler sont éclipsées par les histoires de Poutine l’envahisseur (Vlad l’Empaleur ?). Pendant des mois, les médias occidentaux ont battu les tambours sur la Russie ayant (en fait) envahi l’Ukraine. Je recommande la lecture de « Comment savoir si la Russie a envahi l’Ukraine ? » par Dmitry Orlov

Et gardez à l’esprit l’encerclement de la Russie par l’OTAN. Imaginez la Russie installant des bases militaires au Canada et au Mexique, de l’Atlantique au Pacifique. Rappelez-vous ce qu’une base soviétique à Cuba a provoqué.

Les États-Unis ont-ils déjà donné un bon exemple ?

Depuis ce jour fatidique du 11 Septembre 2001, l’objectif principal des relations publiques des États-Unis a été de discréditer l’idée que l’Amérique avait mérité ce qui lui arrivait en raison de ses nombreux actes politiques et militaires d’agression. Voici notre héros préféré à tous, George W. Bush, qui s’exprimait un mois après le 11/9 :

« Comment répondre lorsque je vois que dans certains pays islamiques il y a une haine viscérale de l’Amérique ? Je vais vous dire comment je réponds : je suis étonné. Je suis étonné de voir une telle incompréhension de ce qu’est notre pays que les gens nous haïssent. Je suis - comme la plupart des Américains, je n’arrive tout simplement pas à le croire parce que je sais combien nous sommes bons ».

Merci, George. Maintenant, prenez vos pilules.

Moi et d’autres historiens de la politique étrangère des États-Unis ont documenté en détail les déclarations de terroristes anti-américains qui ont clairement fait savoir que leurs actions étaient menées en représailles de décennies d’abominations internationales de la part de Washington. Mais les responsables et les médias américains ignorent régulièrement ces éléments et s’accrochent à la ligne du parti selon laquelle les terroristes sont tout simplement cruels et rendus fous par la religion ; ce que beaucoup d’entre eux sont, en effet, mais cela ne change rien quant aux faits politiques et historiques.

Cette mentalité américaine semble être bel et bien vivante. Au moins quatre otages détenus en Syrie récemment par des militants de l’État islamique, dont le journaliste américain James Foley, ont été torturés par simulation de noyade pendant leur captivité. Le Washington Post a cité un responsable américain : « l’EI est un groupe qui crucifie régulièrement et décapite les gens. Suggérer qu’il existe une corrélation entre la brutalité de l’EI et les actions passées des États-Unis est ridicule et alimente leur propagande tordue. »

Le Post, cependant, a peut-être légèrement évolué, en ajoutant que les « militants de l’état ​​islamique ... semblent imiter la technique de la CIA de simulations de noyade (waterboarding) pour interroger des terroristes présumés après les attentats du 11 septembre 2001. »

Conférence donnée par William Blum à une journée d’études sur la politique étrangère américaine, American University, Washington, DC, le 6 Septembre 2014

Chacun d’entre vous, j’en suis sûr, a rencontré beaucoup de gens qui soutiennent la politique étrangère des Etats-Unis, et avec qui vous avez débattu à n’en plus finir. Vous soulignez toutes les horreurs, les unes après les autres, du Vietnam à l’Irak. Des bombardements et invasions épouvantables aux violations du droit international et la torture. Mais rien n’y fait. Rien ne les fait douter.

Pourquoi ? Sont-ils tout simplement stupides ? Je pense qu’une meilleure réponse est qu’ils ont des idées préconçues. Consciemment ou inconsciemment, ils ont certaines croyances fondamentales sur les Etats-Unis et sa politique étrangère, et si vous n’abordez pas ces croyances fondamentales, vous pourriez aussi bien parler à un mur.

Le plus fondamental de ces croyances, je pense, est une conviction profonde que peu importe ce que les États-Unis font à l’étranger, peu importe la mauvaise tournure des choses, peu importe l’horreur qui en découle, le gouvernement des États-Unis est malgré tout motivé par de bons sentiments. Les dirigeants américains peuvent certes faire des erreurs, quelques gaffes, ils peuvent mentir, ils peuvent même à l’occasion causer plus de tort que de bien, mais tout ça part d’un bon sentiment. Leurs intentions sont toujours louables, nobles même. La grande majorité des Américains en sont certains.

Frances Fitzgerald, dans sa célèbre étude des manuels scolaires américains, a résumé le message de ces livres : «  Les Etats-Unis ont été une sorte d’Armée du Salut pour le reste du monde : tout au long de l’histoire, ils n’ont pratiquement fait qu’aider les pauvres, les ignorants, et les pays malades. Les États-Unis ont toujours agi de manière désintéressée, toujours avec les objectifs les plus louables ; ils ont toujours donné et jamais pris ».

Et les Américains se demandent sincèrement pourquoi le reste du monde ne voit pas combien l’Amérique a été bienveillante et pleine d’abnégation. Et même beaucoup de gens qui prennent part au mouvement anti-guerre ont du mal à se défaire un peu de cet état d’esprit ; ils manifestent pour stimuler Amérique - l’Amérique qu’ils aiment et adorent et à qui ils font confiance - ils marchent pour encourager cette noble Amérique de revenir sur la voie de bonté.

Beaucoup de citoyens succombent à la propagande du gouvernement américain pour justifier ses actions militaires aussi souvent et aussi naïvement que Charlie Brown succombe pour le ballon de Lucy.

Les Américains sont comme les enfants d’un chef de la mafia qui ne savent pas ce que fait leur père pour gagner sa vie, et ne veulent pas le savoir, mais se demandent ensuite pourquoi quelqu’un a jeté une bombe incendiaire à travers la fenêtre du salon.

Cette croyance fondamentale dans les bonnes intentions de l’Amérique est souvent liée à « l’exceptionnalisme américain ». Examinons combien la politique étrangère des États-Unis a été exceptionnelle. Depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les États-Unis ont :

- Tenté de renverser plus de 50 gouvernements étrangers, dont la plupart avaient été élus démocratiquement.
- Largué des bombes sur les populations de plus de 30 pays.
- Tenté d’assassiner plus de 50 dirigeants étrangers.
- Tenté de supprimer un mouvement populiste ou nationaliste dans 20 pays.
- Grossièrement interféré dans des élections démocratiques dans au moins 30 pays.
- Mené le monde par la torture ; non seulement par la torture appliquée directement par des Américains sur des étrangers, mais aussi par la fourniture de matériel de torture, de manuels de torture, de listes de personnes à torturer, et de conseils personnalisés par des formateurs américains, en particulier en Amérique latine.

C’est en effet exceptionnel. Aucun autre pays dans toute l’histoire ne peut prétendre à un tel bilan.

Alors la prochaine fois que vous vous retrouvez devant un mur... demandez lui ce que États-Unis auraient à faire en politique étrangère pour leur retirer son soutien. Qu’est-ce qui constituerait à ses yeux l’action de trop. Si cette personne mentionne quelque chose de vraiment mauvais, il y a de fortes chances que les États-Unis l’aient déjà fait, peut-être même à plusieurs reprises.

Gardez à l’esprit que notre chère patrie cherche avant tout à dominer le monde. Pour des raisons économiques, des raisons nationalistes, idéologiques, chrétiennes, et autres, l’hégémonie mondiale a depuis longtemps été l’objectif ultime de l’Amérique. Et n’oublions pas les puissants responsables de l’exécutif, dont les salaires, les promotions, les budgets et les futurs emplois bien rémunérés dans le secteur privé, dépendent de la guerre perpétuelle. Ces dirigeants ne sont pas particulièrement préoccupés par les conséquences de leurs guerres sur le monde. Ils ne sont pas forcément mauvais ; ils sont amoraux, comme l’est un psychopathe.

Prenez le Moyen-Orient et l’Asie du Sud. Les habitants de ces zones ont horriblement souffert de l’intégrisme islamique. Ce dont ils ont désespérément besoin sont des gouvernements laïcs, qui respectent les différentes religions. De tels gouvernements ont été effectivement au pouvoir dans un passé récent. Et quel a été le sort de ces gouvernements ?

Eh bien, à la fin des années 1970 et pendant une bonne partie des années 1980, l’Afghanistan a eu un gouvernement laïc qui était relativement progressiste, avec tous les droits pour les femmes, ce qui est difficile à croire, n’est-ce pas ? Mais même un rapport du Pentagone de l’époque a reconnu la réalité des droits des femmes en Afghanistan. Et qu’est-il arrivé à ce gouvernement ? Les Etats-Unis l’ont renversé, ce qui a permis aux talibans de prendre le pouvoir. Gardez donc cela à l’esprit la prochaine fois que vous entendez un responsable américain dire que nous devons rester en Afghanistan pour les droits des femmes.

Après l’Afghanistan, ce fut le tour de l’Irak, une autre société laïque, sous Saddam Hussein. Et les Etats-Unis ont renversé ce gouvernement aussi, et maintenant le pays est envahi par des djihadistes et fondamentalistes fous et sanguinaires de toutes sortes ; et les femmes qui ne sont pas complètement couvertes courent un risque sérieux.

Ensuite, ce fut le tour de la Libye ; encore une fois, un pays laïc, sous Mouammar Kadhafi, qui, comme Saddam Hussein, avait un côté tyrannique mais pouvait aussi de façon importante se montrer bienveillant et faire des choses merveilleuses pour la Libye et l’Afrique. Pour ne citer qu’un exemple, la Libye avait un rang élevé dans l’indice de développement humain des Nations Unies. Alors, bien sûr, les États-Unis ont renversé ce gouvernement aussi. En 2011, avec l’aide de l’OTAN, nous avons bombardé le peuple libyen presque tous les jours pendant plus de six mois. Et, une fois encore, nous avons ouvert la voie aux djihadistes messianiques. Comment tout cela finira pour le peuple de la Libye, Dieu seul le sait, ou peut-être Allah.

Et au cours des trois dernières années, les Etats-Unis ont fait de leur mieux pour renverser le gouvernement laïc de la Syrie. Et devinez quoi ? La Syrie est maintenant une aire de jeux et un champ de bataille pour toutes sortes de fondamentalistes ultra militants, y compris le nouveau préféré de tous, l’État Islamique. La montée de l’EI doit beaucoup à ce que les Etats-Unis ont fait en Irak, en Libye et en Syrie au cours des dernières années.

Nous pouvons ajouter à cette merveilleuse liste le cas de l’ex-Yougoslavie, autre gouvernement laïc renversé par les Etats-Unis, sous le couvert de l’OTAN, en 1999, ce qui a donné lieu à la création de l’État largement musulman du Kosovo, dirigé par l’Armée de libération du Kosovo (UCK). L’UCK était considérée comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France depuis des années, de nombreux rapports faisant état que l’UCK était armé et entraîné par Al-Qaïda, dans les camps d’Al-Qaïda au Pakistan, et ayant même des membres d’Al-Qaïda dans ses rangs luttant contre les Serbes de Yougoslavie. La principale préoccupation de Washington était d’asséner un coup à la Serbie, largement connue comme « le dernier gouvernement communiste en Europe ».

L’UCK est devenue célèbre pour les tortures, la traite des femmes, d’héroïne et d’organes ; encore un allié charmant de l’empire.

Quelqu’un qui nous observerait depuis l’espace pourrait penser que les Etats-Unis sont une puissance islamique qui fait de son mieux pour répandre la bonne parole - Allah Akbar !

Vous pourriez vous demander ce que tous ces gouvernements renversés avaient en commun pour devenir la cible de Washington. La réponse est qu’ils ne pouvaient pas être facilement contrôlés par l’empire ; ils ont refusé d’être des États soumis ; ils étaient nationalistes ; en un mot, ils étaient indépendants ; ce qui constitue un crime grave aux yeux de l’empire.

Donc, parlez de tout cela à notre défenseur hypothétique de la politique étrangère des Etats-Unis et voyez s’il croit encore que les Etats-Unis veulent le bien. S’il se demande depuis combien de temps ça dure, faites-lui remarquer qu’il serait difficile de nommer une seule dictature brutale de la seconde moitié du 20ème siècle qui n’a pas été soutenue par les Etats-Unis ; non seulement soutenue, mais souvent mise au pouvoir et maintenue au pouvoir contre la volonté de la population. Et au cours des dernières années aussi, Washington a soutenu des gouvernements très répressifs, comme l’Arabie saoudite, le Honduras, l’Indonésie, l’Egypte, la Colombie, le Qatar et Israël.

Et que pensent les dirigeants américains de leur propre bilan ? L’ancien secrétaire d’Etat Condoleezza Rice parlait probablement au nom de tout le club privé de notre leadership en politique étrangère lorsqu’elle a écrit en 2000 que, dans la poursuite de leur sécurité nationale, les États-Unis n’avaient plus besoin d’être guidés par « des notions de droit international et des normes » ou des «  institutions telles que les Nations Unies » parce que les Etats-Unis étaient « du bon côté de l’histoire. »

Permettez-moi de vous rappeler la conclusion de Daniel Ellsberg sur les Etats-Unis au Vietnam : « Nous n’étions pas dans le mauvais camp ; nous étions le mauvais camp ».

Eh bien, loin d’être du bon côté de l’histoire, nous avons en fait combattu - je veux dire littéralement engagés dans une guerre - du même côté qu’al-Qaïda et leurs descendants, à plusieurs reprises, à commencer par l’Afghanistan dans les années 1980 et 90, en appui aux Moujahedeen islamiques, ou guerriers saints.

Ils ont ensuite donné une assistance militaire, y compris un bombardement de soutien, en Bosnie et au Kosovo, tous deux soutenus par Al-Qaïda dans les conflits yougoslaves des années 1990.

En Libye, en 2011, Washington et les djihadistes avaient un ennemi commun, le colonel Kadhafi et, comme mentionné, les États-Unis ont bombardé le peuple libyen pendant plus de six mois, ce qui a permis aux djihadistes de contrôler des portions du pays ; et ils en sont désormais à se chamailler pour le reste. Ces alliés de guerre ont montré leur gratitude envers Washington en assassinant l’ambassadeur américain et trois autres Américains, apparemment de la CIA, dans la ville de Benghazi.

Puis, pendant quelques années au milieu et à la fin des années 2000, les États-Unis ont soutenu les militants islamistes dans la région du Caucase de la Russie, une région qui a connu plus que sa part de terreur religieuse qui remonte aux actions tchétchènes des années 1990.

Enfin, en Syrie, en tentant de renverser le gouvernement Assad, les Etats-Unis a combattu du même côté que plusieurs variétés de militants islamistes. A six reprises donc, les États-Unis se sont retrouvés alliés de guerre avec des forces djihadistes.

Je me rends compte que je vous ai donné une image très négative de ce que les Etats-Unis ont fait dans le monde, et c’est peut-être un peu difficile à avaler pour certains d’entre vous. Mais mon but était d’essayer de desserrer l’étau sur votre intelligence et vos émotions, étau avec lequel vous avez grandi - ou pour vous aider à aider les autres à le desserrer – et qui vous assure que votre bien-aimée Amérique veut le bien. La politique étrangère des Etats-Unis n’aurait pas beaucoup de sens pour vous tant que vous croirez à la noblesse de ses intentions ; tant que vous ignorez le modèle cohérent de recherche de la domination mondiale, une visée nationale de très longue date, connue auparavant sous d’autres noms tels que Manifest Destiny, le siècle américain, l’exceptionnalisme américain, la mondialisation, ou, comme Madeleine Albright a dit, « la nation indispensable » ... alors que d’autres, moins aimables, ont utilisé le terme « impérialiste ».

Dans ce contexte, je ne peux résister à donner l’exemple de Bill Clinton. Alors président, en 1995, il s’est senti en devoir de dire : « Quoi que nous puissions penser des décisions politiques de la guerre du Vietnam, les Américains courageux qui ont combattu et qui sont morts avaient de nobles intentions. Ils se sont battus pour la liberté et l’indépendance du peuple vietnamien. » Oui, c’est vraiment comme ça que nos dirigeants parlent. Mais qui sait ce qu’ils croient vraiment ?

Mon espoir est que beaucoup d’entre vous qui ne sont pas actuellement militants contre l’empire et ses guerres se joindront au mouvement anti-guerre comme je l’ai fait en 1965 contre la guerre au Vietnam. C’est ce qui m’a radicalisé, comme tant d’autres. Quand j’entends des gens d’un certain âge expliquer leur processus de perte de foi dans les Etats-Unis, c’est de loin le Vietnam qui est donné comme la cause principale. Je pense que si les pouvoir américains en place avaient su à l’avance comment leur « Oh quelle belle guerre » allait finir, ils n’auraient pas fait cette bévue historique monumentale. Leur invasion de l’Irak en 2003 montre qu’aucune leçon n’a été tirée du Vietnam, mais notre protestation constante contre les guerres et les menaces de guerre en Afghanistan, en Iran, en Syrie, et ailleurs ont peut-être – peut-être ! - enfin ouvert une brèche dans la terrible mentalité de guerre. Je vous invite tous à vous joindre à notre mouvement. Merci.

William Blum

Traduction "cela dit, même un mur dit moins de bêtises que le lecteur moyen du Monde" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

 http://williamblum.org/aer/read/132

COMMENTAIRES  

17/09/2014 10:18 par Dwaabala

À ce tableau, il manque la guerre froide.

17/09/2014 14:06 par DDO

Et le plus beau cas. Avoir déposé le gouvernement démocratiquement élu en Iran avant de remettre le Shah ce qui a provoqué l’arrivée des barbus de Khomeni. Et comme cela ne suffsait pas avoir essayé de renverser ce régime. Bon cela n’a pas marché et la première république islamique est née...

17/09/2014 15:03 par D. Vanhove

Judicieux rappel !... en ces moments où l’OTAN ne cesse d’attiser les braises dans le dossier ukrainien... dont une étincelle pourrait enflammer tte la région, UE comprise...

A se demander d’ailleurs si les citoyens et les médias qui soutiennent aveuglément Kiev et accusent Poutine de manière prsq pavlovienne ont réellement conscience des risques et des enjeux...

En-dehors des Balkans, avoir été épargnés de conflits en Europe de "l’ouest" pdt des décennies a pu faire croire que l’UE était défintivmt à l’abri d’une nlle guerre... et l’idée que l’on s’en fait ne correspond ss doute plus à ce qu’elle risquerait d’être si les choses s’envenimaient vrmt avec la Russie... un peu comme en ’40 quand nos Etats majors n’ont pas jaugé correctemt la puissance de frappes et la machine de guerre de l’Allemagne...

A moins d’être suicidaires, quand je lis que d’aucuns envisagent d’éventuelles frappes nucléaires "ciblées" (non mais, quand même !...) à l’aide de leurs mini-nuke (nvx jouets que certains aimeraient tant tester grandeur nature !), je me demande s’ils ont réellement conscience des retombées que cela entraînerait pour le minuscule continent qu’est l’UE...

La chance des USA est qu’ils sont bien loin de ces multiples foyers qu’ils attisent... tandis que l’UE y est svt au cœur sinon à proximité immédiate...

Mille fois oui, et bien plus encore, aux mouvements anti-guerre !!!

17/09/2014 16:15 par D. Vanhove

Judicieux rappel !... en ces moments où l’OTAN ne cesse d’attiser les braises dans le dossier ukrainien... dont une étincelle pourrait enflammer tte la région, UE comprise...

A se demander d’ailleurs si les citoyens et les médias qui soutiennent aveuglément Kiev et accusent Poutine de manière prsq pavlovienne ont réellement conscience des risques et des enjeux...

En-dehors des Balkans, avoir été épargnés de conflits en Europe de "l’ouest" pdt des décennies a pu faire croire que l’UE était défintivmt à l’abri d’une nlle guerre... et l’idée que l’on s’en fait ne correspond ss doute plus à ce qu’elle risquerait d’être si les choses s’envenimaient vrmt avec la Russie... un peu comme en ’40 quand nos Etats majors n’ont pas jaugé correctemt la puissance de frappes et la machine de guerre de l’Allemagne...

A moins d’être suicidaires, quand je lis que d’aucuns envisagent d’éventuelles frappes nucléaires "ciblées" (non mais, quand même !...) à l’aide de leurs mini-nuke (nvx jouets que certains aimeraient tant tester grandeur nature !), je me demande s’ils ont réellement conscience des retombées que cela entraînerait pour le minuscule continent qu’est l’UE...

La chance des USA est qu’ils sont bien loin de ces multiples foyers qu’ils attisent... tandis que l’UE y est svt au cœur sinon à proximité immédiate...

Mille fois oui, et bien plus encore, aux mouvements anti-guerre !!!

17/09/2014 17:36 par quelle importance mon nom (Qimn)

Vu ce bilan pourtant non exhaustif, on peut vraiment parler de " grand satan " pour nommer ce pays. L’étrangeté schizophrénique réside dans l’islam qui utilise cette métaphore pour dénommer les usa mais qui en même temps combat à ces côtés (!). Cela pose beaucoup de questions. Notamment, pourquoi les sunnites haïssent plus les chiites que les yankees. Si quelqu’un peut éclairer ma lanterne sur ce sujet ...
En tous cas, pour être en contact professionnel avec des américains du nord depuis 15 ans, je peux vous assurer que le tableau peint par William Blum sur ses compatriotes est fort juste. Gens charmants au demeurant mais au cerveau totalement javellisé à la propagande du "camp du bien". Rien ne pourra les faire changer d’avis sur le bon côté de l’histoire. Rien ... Excepté la vérité sur le 11/9. C’est le seul évènement qui rendra la raison au peuple américain en même temps qu’il la fera perdra aux plus stupides et bornés d’entre eux qui sont dans un déni quasi pathologique ...
Si les populations mondiales comprenaient l’importance de cet évènement pour elles-mêmes et la marche du monde en général, elles feraient sans doute beaucoup plus pression sur leur représentation politique pour pousser à une enquête indépendante, au lieu de railler les "complotistes" ... Oui mais voilà. Bêtise quand tu nous tiens, la réflexion fait peur ...

17/09/2014 23:59 par JC

J’aborde un peu la partie philosophique du débat mais c’est parce que j’y tiens en tant que défenseur de la liberté d’expression (pour l’instant je ne vois aucun argument contre). Cet article commence à juger les ukrainiens sur une symbolique nazie en raillant :

Mais ne vous inquiétez pas car le quotidien a cité le chef de peloton qui précise que les soldats adoptent des symboles et des notions extrémistes dans le cadre d’une sorte de « romantisme ».

puis s’insurge de la si bonne image tenace qu’a l’empire états-unien malgré ses actes. C’est incohérent de le présenter comme ça.

Mon propos est de dire : jugeons tout le temps et uniquement les actes (qui peuvent englober les paroles d’incitations aux actes). Les néo-nazis ukrainiens peuvent avoir pour symbole des croix gammées ou des cœurs, peu m’importe, c’est leur droit ! Esthétiquement on peut apprécier un symbole, on peut aussi l’interpréter à sa manière... Ce qui compte c’est si oui ou non ils se comportent en monstre sur le terrain.
Et concernant les États-Unis, vous faites bien de souligner qu’ils ont une image formidable et très positive, alors que les actes sont abominables. Preuve qu’il ne faut surtout pas juger l’image ! On devrait interdire le sigle du dollar, le drapeau étoilé et rayé, le symbole impérial de l’aigle, les symboles démocrates/républicains, etc. dans ce cas ! S’attaquer à un symbole pour faire une action symbolique, oui ok, mais s’attaquer à toute personne qui a une connexion avec le symbole, c’est du fascisme, de la présomption de culpabilité ou du procès d’intention.

Donc pour revenir sur les Ukrainiens, moi aussi je me sers de l’argument du nazisme et des symboles pour faire électrochoc et pour soulever un mensonge, mais dans l’absolu je n’ai pas à m’en prendre aux types en question, pas plus ou pas moins qu’aux autres criminels n’ayant aucune symbolique compromettante, et pour m’adresser à une autre frange dissidente, pas plus qu’aux francs-maçons ou aux sionistes d’ailleurs, dont la qualité n’implique pas qu’ils soient criminels ou criminophiles.

18/09/2014 13:59 par Zarathoustra

C’est bien évidemment occulté dans la presse & les média occidentaux, mais documenté de manière incontestable dans la presse & les média russe. (pour une fois que l’on peut ne pas en dire du mal....)

Voir par exemple RIA Novosti sur le sujet, l’Ukraine c’est aujourd’hui le terrain de jeu des oligarques & des néonazis qui n’hésitent pas à bombarder leur propres concitoyens.

18/09/2014 18:13 par Christophe Louveau

"Gardez à l’esprit que notre chère patrie cherche avant tout à dominer le monde. Pour des raisons économiques, des raisons nationalistes, idéologiques, chrétiennes, et autres, l’hégémonie mondiale a depuis longtemps été l’objectif ultime de l’Amérique." C’est oublier qu’une bonne partie du personnel politique US est, a été et sera viscéralement isolationniste...

on ne peut pas dire que la première caractéristique de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Lybie et de la Syrie ait été leur laïcité.. Vous oubliez notamment d’évoquer l’invasion de l’afhanistan par L’URSS, la déposition du gouvernement d’alors, puis l’élimination de gouvernements qu’ils avaient eux mêmes mis en place...

J’aime bien le "Mouammar Kadhafi, qui, comme Saddam Hussein, avait un côté tyrannique mais pouvait aussi de façon importante se montrer bienveillant et faire des choses merveilleuses pour la Libye et l’Afrique." sans blague ?
au rang de ces "choses merveilleuses" faites par Saddam Hussein, n’oubliez pas de citer le gazage des populations kurdes et l’envahissement du Koweit ou la guerre contre l’Iran...

en ce qui concerne la Serbie, c’est curieux que vous oubliiez aussi les épurations ethniques ...

On ne peut pas dire que les dernières interventions américaines se soient soldées par un progrès pour les populations locales, pour autant, je trouve que vous instruisez uniquement à charge et en idéalisant un poil les adversaires... On peut ainsi rappeler que les américains se sont aussi souvent retrouvés dans le camp des anti-colonialistes et qu’ à leur impérialisme répondait l’impérialisme soviétique ...

18/09/2014 19:22 par legrandsoir

n’oubliez pas de citer le gazage des populations kurdes et l’envahissement du Koweit ou la guerre contre l’Iran...

C’est vrai, d’autant plus qu’il était bien considéré par l’Occident à l’époque - jusqu’à l’invasion du Koweit, entreprise après un faux "feu vert" des Etats-Unis.

18/09/2014 20:48 par Dwaabala

La guerre menée en Afghanistan ne peut se réduire à son invasion par l’URSS, sauf dans une intention tendancieuse.
C’est le dernier conflit armé dans le cadre de la guerre froide, et comme chacun a pu le constater depuis, il faut y aller voir de plus près pour discerner le rôle des uns et des autres.
Le système des comptabilités macabres est assez éprouvé à droite, mais pour ne considérer que la 1ère guerre du Golfe, et sans compter les victimes militaires irakiennes (!), la ruine des infrastructures du pays eut de tels effets sur la population que le rapport d’une mission de l’ONU, dirigée par le sous-secrétaire Martti Ahtisaari et envoyée en mars 1991 pour évaluer les besoins humanitaires de l’Irak, décrivait l’état du pays comme « quasi-apocalyptique ». (Wikipédia) Et les effets catastrophiques s’en faisaient encore sentir 10 ans plus tard, alors que se préparait l’intervention suivante.
Comme cette guerre a été déclenchée par le traquenard tendu par les USA à Sadam Hussein au Koweit, sur cette question comptable aussi il faudrait y aller voir de plus près : il existe les barbares civilisés, et les autres.
Enfin l’interventionnisme en Serbie est non moins patent.
Alors, venir annoncer en tête d’affiche que C’est oublier qu’une bonne partie du personnel politique US est, a été et sera viscéralement isolationniste... est un peu fort. Il ne peut s’agir que d’un lapsus calami. Le commentateur voulait sans doute dire : viscéralement impérialiste.

20/09/2014 23:36 par alain harrison

Bonjour.

La guerre contre l’Irak, il ne faut pas oublier les bombes sales (radioactives) , pour que les US s’en débarrassent.
Comme on dit deux trous d’un coup : une guerre et une poubelle pour leur cochonnerie de bombes sales.
Les US se targuent de leur noblesse (L’ÉLITE et leurs intérêts gargantuesques, le mot n’est pas trop fort).
Le peuple états-uniens est inondé de sectes nées tout au long de leur conquête. Ces croyants fuyaient , semble-t’il, les tyrranies de leur propre confession (le paradoxe*). Un coup rendu aux US, la terre promise, ils on fait du reengineering confessionnaliste. Chacun et chacune (y avait quelques femmes, ha Marie la mère de Dieu si villipendée par les protestants : une vierge enfantant....quand à l’avortement, quel ....) avaient leurs contactes avec dieu lui-même. __voir la série : (sectes) aux US__. Y a pu rien à dire, les US est la terre de la vérité absolue.
Ici, il ne s’agit plus de conditionnement, mais de formattage de sectes.

Au risque de me le faire dire...
Je vous conseille de lire :
Pour donner un sens aux mots : PLUS JAMAIS

Crimes contre l’humanité : L’ultime retour des barbares
Par Fethi Gharbi
Mondialisation.ca, 06 août 2014

« « « En effet, le volk anglo-saxon, dans le cadre de son projet euro-atlantique compte aplanir l’espace allant de l’Europe du nord aux confins de l’Oural. La mondialisation néolibérale a bien besoin d’un espace vital à la hauteur de sa démesure. Tous les volk qui font obstacle seront systématiquement réduits. La tragédie du monde arabe est de se trouver géographiquement et énergétiquement en travers du chemin de cette vaste entreprise de démolition. » » »
http://www.mondialisation.ca/lultime-retour-des-barbares/5394869

Ces deux articles se complètent.
Les faits sont vérifiables.
L’Histoire est la base de notre compréhension de notre histoire humaine tant par ses" bons" côtés(ou moins sombres_ comment qualifier...) que ses côtés les plus sombres.
Nous devons chérir l’Histoire, en prendre soins, la protéger pour les générations à venir qui en auront bien de besoin comme nous à l’heure actuelle (encore plus que jamais) et éloigner les charognards de la finance qui voudraient bien nous rendre amnésiques. Déjà qu’ils nous étourdissent avec leur programmation...

Merci aux auteurs d’articles bien articulés et faisant le résumé-synthèse d’objets historiques. Des informations essentielles (pour comprendre) auxquelles nous, pour la plupart, ne pourrions avoir accès. Et laisser dans l’ignorance.
Merci.
* Paradoxe, ça fait penser à cette notion de double contrainte (double bind), inconciliable en psychologie. Ou encore, la dissonance cognitive.

Tous manipulés tous manipulateurs.
Deux leviers de libération ?

21/09/2014 02:38 par alain harrison

Bonjour.

« « En Libye, en 2011, Washington et les djihadistes avaient un ennemi commun, le colonel Kadhafi et, comme mentionné, les États-Unis ont bombardé le peuple libyen pendant plus de six mois, ce qui a permis aux djihadistes de contrôler des portions du pays ; et ils en sont désormais à se chamailler pour le reste. Ces alliés de guerre ont montré leur gratitude envers Washington en assassinant l’ambassadeur américain et trois autres Américains, apparemment de la CIA, dans la ville de Benghazi. » »

Bien que je sois d’accord que Kadhafi ait fini par être corrompu avec le temps (Busch-fils doit battre des records de temps à ce compte là).
Il n’en demeure pas moins, que la France et d’autres pays faisaient ami-ami avec, le temps qu’il leur apportait.

Mais allez lire cet article, c’est étonant quand on y pense. À quel moment Kadhafi, n’a plus fait l’affaire.

L’article :

Kadhafi entame la distribution directe des revenus pétroliers à 3 millions de Libyens
02-04-2008
Cela a les allures d’une révolution : le colonel Mouamar Kadhafi a décidé d’abolir l’essentiel du gouvernement et de verser 4150 dollars mensuellement à 500 000 ménages libyens afin qu’ils lancent leurs activités.
Par Sana Harb, Alger
« Cette pieuvre qui absorbe les ressources financières, c’est fini, votre argent vous parviendra sans intermédiaire. »
http://www.lesafriques.com/actualite/kadhafi-entame-la-distribution-directe-des-revenus-petroliers-a-3-millions-de-li.html?Itemid=308

Question, question....

(Commentaires désactivés)