Vont-ils réellement tenter d’assassiner le président Duterte ? (New Eastern Outlook)

A l’heure qu’il est, Rodrigo Duterte, le Président des Philippines au franc-parler, fait très probablement partie de la liste noire occulte, prestigieuse et permanente de l’Empire.

La liste est très longue et l’est depuis déjà plusieurs décennies. On pourrait facilement perdre le compte et s’embrouiller : combien de personnalités ont été marquées et secrètement condamnées à mort ? Combien sont effectivement mortes ?

La liste se lit comme un catalogue de leaders mondiaux illustres : de Patrice Lumumba (Zaïre), Mohammad Mossadegh (Iran), Hugo Chavez (Venezuela), Sukarno (Indonésie), Juvénal Habyarimana (Rwanda), Salvador Allende (Chili) à Mouammar Kadhafi (Libye ), Al-Basheer (Soudan) et Fidel Castro (Cuba), pour ne citer que quelques-uns.

Certains ont été directement assassinés ; d’autres ont été « seulement » renversés, tandis que seule une poignée de « listés » ont effectivement réussi à survivre et rester au pouvoir.

Presque tous avaient commis des crimes graves et de nature similaire, dont : défendre des intérêts vitaux de leurs nations et de leur peuple, refuser d’autoriser le pillage effréné des ressources naturelles par les sociétés multinationales, et s’opposer aux principes de l’impérialisme. La simple critique de l’Empire a aussi été souvent punie de mort.

M. Duterte est en train de les commettre tous. Il semble être « coupable de tous les chefs d’accusation ». Il plaide coupable et semble même être fier des accusations portées contre lui.

« Est-ce qu’il en marre de la vie ? » se demandent certains. « A-t-il perdu l’esprit ? Est-il prêt à mourir ? »

Est-il un héros, un nouveau Hugo Chavez asiatique, ou tout simplement un populiste hors de contrôle ?

Ce qui est certain c’est qu’il risque gros et peut-être même tout. Il est en ce moment en train de commettre les péchés les plus impardonnables aux yeux des régimes occidentaux : il est ouvertement insultant envers l’Empire et ses institutions (y compris l’ONU, l’OTAN et l’UE). Il leur crache même à la figure !

Et pour ne rien arranger, il ne se contente pas de paroles ; il prend des mesures décisives ! Il essaie d’aider les pauvres dans son pays, il flirte avec le Parti communiste et les socialistes, et pour comble, il demande l’aide de la Chine et de la Russie.

Ca barde. Régulièrement des personnalités ou des institutions telles que Obama, le Pape, les États-Unis, l’UE et l’ONU se voient conseillées d’aller en enfer, ou sont rebaptisées fils-de-putes !

Et les Philippins adorent ça. Duterte a remporté les élections avec une marge très faible, mais les dernières enquêtes d’opinion lui attribuent un taux de popularité incroyable de 76%. Certains soutiennent donc que si la « démocratie » est réellement la « volonté du peuple » (ou du moins un reflet de la volonté du peuple), alors tout va bien aux Philippines.

Alors qu’Eduardo Climaco Tadem, Maître de Conférences des Etudes Asiatiques (Université de Diliman), est critique de la forme « peu présidentielle » du discours de Duterte, et trouve négative sa politique en matière de « droits civils et politiques », il est néanmoins clairement impressionné par ses réalisations dans plusieurs autres domaines. Comme il me l’a récemment écrit dans une lettre :

« Des initiatives positives ont été prises sur d’autres fronts. La nomination de cadres du Parti Communiste à des postes ministériels pour entreprendre une réforme agraire, le travail sur le social et le développement, et les programmes de lutte contre la pauvreté sont bons. D’autres personnalités de l’aile gauche et progressistes occupent d’autres postes ministériels dans le travail, l’éducation, la santé, la science et l’environnement. Plus important, des initiatives positives ont été prises pour faire avancer la redistribution des terres, mettre fin au travail précaire, entrer en contact et apprendre des programmes de santé de Cuba, et réduire les opérations destructrices sur l’environnement des grandes entreprises minières. En outre, les négociations de paix tant avec le CPP que le MILF / MNLF ont été relancées avec des premiers signes encourageants.

Une politique étrangère indépendante a été annoncée et, à la différence des présidents qui l’ont précédé, Duterte ne se prosterne plus devant les puissances américaines et occidentales. Il est également en train de se réconcilier avec la Chine en prenant une voie différente et moins belliqueuse dans la résolution des conflits territoriaux dans la mer de Chine du sud ... »

En ce qui concerne Washington, Londres et Tokyo, tout ceci est « mauvais », très mauvais. Un tel comportement ne passe jamais inaperçu ni impuni !

Cette fois-ci, la réponse de l’Empire n’a pas tardé.

Le 20 Septembre, 2016, International Business Times a rapporté :

« Le gouvernement des Philippines a affirmé qu’un coup d’Etat était orchestré contre le président Rodrigo Duterte et a dit que l’administration sévissait contre les comploteurs présumés. Un porte-parole du gouvernement a déclaré que certains Américano-philippins de New York avaient ​​l’intention de renverser le dirigeant troublion.

Sans révéler les noms des conspirateurs présumés ni leurs plans, le Secrétaire des Communications du gouvernement philippin Martin Andanar a dit que ceux qui conspiraient contre Duterte devraient « réfléchir à deux fois . J’ai reçu des informations provenant de sources crédibles aux États-Unis. Oui, nous avons des noms, mais je ne veux pas en parler. Nous examinons la situation avec sérieux. Nous enquêtons. » a déclaré le haut fonctionnaire du gouvernement.

Les coups d’état, les complots d’assassinat. Les coups d’états mous, les coups d’état durs : Brésil, Argentine, Bolivie, Venezuela, Syrie, Ukraine, Libye, Paraguay, Honduras et le Soudan, la moitié de l’Afrique... Tous, au cours des dernières années seulement... et maintenant les Philippines ? Bravo, l’Empire donne un coup d’accélérateur ! L’éthique de travail de ses égorgeurs est en nette amélioration.

Le Président Duterte a tout compris. Comme mentionné ci-dessus, il a déjà qualifié le président Obama de « fils de pute », et a récemment suggéré qu’ « il aille en enfer ».

C’est même plus cru que ce que le président Hugo Chavez avait coutume de dire à propos de George W Bush, connu aussi comme « Señor W ». Et le président Chavez, selon de nombreux analystes latino-américains, a fini par payer de sa vie son antagonisme ouvert envers l’Empire et l’impérialisme en général.

La vérité est que l’Empire ne pardonne jamais à ceux qui lui renvoient son propre image. Il tue sans pitié pour les plus infimes gestes de désobéissance ou de rébellion. Son appareil de propagande et sa main droite - les médias – arrivent toujours à élaborer une explication et une justification appropriée. Et l’opinion publique nord-américaine et européenne est totalement complaisante, endoctrinée et passive ; elle ne défend que ses propres intérêts étroits, jamais la victime, surtout si la victime se trouve quelque part dans un pays lointain peuplé de « non-personnes ».

Le grand président indonésien Sukarno fut renversé et détruit (entre autres choses) pour avoir crié publiquement à l’ambassadeur des États-Unis : « Au diable avec votre aide »... Et aussi bien sûr pour avoir défendu les intérêts de son peuple contre l’Empire. Patrice Lumumba fut assassiné pour avoir osé dire que les Africains n’avaient aucune raison d’être reconnaissants envers les colonisateurs.

Duterte dit beaucoup plus. Il est amer et il a d’innombrables raisons de l’être. Les Etats-Unis ont assassiné plus d’un million de Philippins, la plupart à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Dans l’histoire récente, ils ont transformé cette nation autrefois fière et prometteuse en un paillasson, une semi-colonie humiliée, entièrement dépendante des caprices de Washington. Capitaliste et totalement pro-américaines, les Philippines ont évolué, comme l’Indonésie, en un « État défaillant », une catastrophe sociale et une friche intellectuelle.

Le Président Duterte a réussi à mettre en place un cabinet déterminé et cohérent d’intellectuels et bureaucrates.

Comme RT l’a rapporté récemment :

« Le Ministre des Affaires étrangères de Duterte, Perfecto Yasay, qui a parfois tenté de minimiser les commentaires de son patron, a publié une déclaration sur Facebook intitulée « L’Amérique nous a trompé » dans laquelle il dit que, s’il y a « d’innombrables choses pour lesquelles nous serons éternellement reconnaissants envers les Etats-Unis », ils n’ont jamais vraiment respecté l’indépendance des Philippines.

« Après avoir proclamé le 4 Juillet, 1946, que les Philippins avaient été formés de manière adéquate pour l’autodétermination et la gouvernance, les États-Unis ont imposé des chaînes invisibles qui nous ont mené vers la dépendance et la soumission comme des petits frères de couleur incapables d’une véritable indépendance et de liberté, » a dit le Ministre dans la déclaration. »

Ces déclarations sont très rarement répercutées par les grands médias occidentaux, où Duterte et son cabinet sont sans cesse diabolisés et ridiculisés.

Voici les derniers titres sur les Philippines :

« La fille du playboy-baron Antony Moynihan, trafiquante de drogue, abattue aux Philippines » (Daily Mail).

« Le président des Philippines accusé de nourrir un crocodile avec un homme vivant » (Le Journal.ie via Yahoo UK & Ireland News)

« Rapport spécial - dans la guerre de Duterte contre la drogue, les résidents locaux aident à dresser les listes noires » (Reuters)

« Duterte a tué un fonctionnaire de la Justice, déclare un tueur-à-gages devant le Sénat philippin » (AFP)

Rien sur la lutte pour la justice sociale ! Rien sur la lutte contre l’impérialisme occidental.

La guerre contre la drogue ...

Oui, beaucoup de Philippins sont véritablement préoccupés par « le tas de cadavres » et les méthodes de ce gouvernement pourraient être qualifiées de brutales, et même d’intolérables.

Mais la situation n’est pas si simple. Ici, ce n’est pas l’Europe. C’est l’Asie avec sa propre dynamique et ses problèmes culturels. Aux Philippines, le taux de criminalité a atteint des sommets grotesques, inconnus presque partout ailleurs en Asie-Pacifique. Une grande partie de la criminalité est liée à la drogue. Et les gens en ont véritablement marre. Ils exigent une action décisive.

Pendant de nombreuses années, M. Duterte a été maire de Davao, une ville sur l’île de Mindanao. Davao était synonyme de délinquance ; un endroit difficile à vivre, et beaucoup disaient un endroit presque impossible à gouverner.

M. Duterte est honnête. Il admet ouvertement qu’il n’aurait pas duré longtemps comme maire de Davao s’il avait « obéi aux 10 commandements ». Peut-être que personne n’aurait pu.

Il est extrêmement sensible à la critique de son bilan en matière de droits de l’homme. Que cela vienne de l’ONU, de l’UE ou des Etats-Unis, sa réponse est le plus souvent rebelle et cohérente : « Va te faire foutre ! »

Et c’est tout ce qu’on répercutera généralement en Occident.

Ce qui est omis, c’est ce que Rodrigo Duterte explique en général après :

Vous me parlez des droits de l’homme ? Que dire des millions que vous tuez dans le monde, y compris récemment en Irak, en Libye et en Syrie ? Qu’en est-il du peuple philippin que vous avez massacré ? Et qu’en est-il de votre propre peuple, les Afro-Américains qui sont abattus par la police, tous les jours ?

Il ne cache pas sa profonde allergie pour l’hypocrisie occidentale. Pendant des siècles, les États-Unis et l’Europe ont tué des millions, pillé des continents entiers, et maintenant se réservent le droit de juger, de critiquer et bousculer les autres. Directement ou à travers les institutions qu’ils contrôlent, comme les Nations Unies. Encore une fois, sa réponse est clairement Sukarno-esque : « Allez au diable, vous et votre aide ! »

Mais vous ne lirez rien de tout ça dans les pages du New York Times ou The Economist. Pour eux, il n’y a que la « guerre contre la drogue », les « victimes innocentes » et bien sûr « l’homme-fort » Duterte.

Mais la situation évolue rapidement.

Récemment, le président Duterte a ordonné l’arrêt d’un exercice militaire, surnommé le « Philippines Amphibious Landing Exercise » (Phiblex). Il avait commencé le 4 Octobre et devait durer plus d’une semaine. Environ 1.400 soldats US et 500 soldats philippins étaient engagés dans les jeux de guerre, certains dangereusement proches des eaux près des îles contestées en mer de Chine du sud.

Selon plusieurs grands intellectuels philippins, les Etats-Unis ont utilisé les Philippines pour servir leurs ambitions agressives impérialistes dans la région, en confrontant et en provoquant sans cesse la Chine.

Le gouvernement Duterte est déterminé à se rapprocher beaucoup plus de la Chine et à s’éloigner de l’Occident. Il est très probable que les Philippines et la Chine seront en mesure de résoudre tous les désaccords dans un avenir prévisible. A condition que les Etats-Unis puissent être tenus à l’écart de manière permanente.

Pour démontrer sa bonne volonté envers la Chine, et pour démontrer sa nouvelle indépendance politique, Manille envisage également d’annuler l’ensemble des 28 exercices militaires annuels prévus avec les États-Unis.

Le Président Duterte sait parfaitement ce qui est en jeu. Pour marquer ses 100 jours de fonction, il a donné plusieurs discours enflammés, en reconnaissant que l’Occident pouvait tenter de le renverser, et même de le tuer :

« Vous voulez me renverser ? Vous voulez utiliser la CIA ? Allez-y ... Ne vous gênez pas. J’en ai rien à foutre ! Je serais viré ? Parfait. (Dans ce cas), ça fait partie de mon destin. Le destin recouvre tellement de choses. Si je meurs, cela fait partie de mon destin. Ca arrive, que des Présidents soient assassinés. »

C’est vrai. Il leur arrive souvent d’être assassinés.

Mais récemment, l’un après l’autre, des pays du monde entier ont rejoint la coalition anti-impérialiste. Certains sont actifs ; d’autres sont déstabilisés (comme le Brésil), économiquement dévastés (comme le Venezuela) ou entièrement détruites (comme la Syrie). Toutes les nations du refus, de la Russie à la Chine, de la RPDC à l’Iran sont diabolisés par la propagande occidentale et ses médias.

Mais il semble que le monde en a assez. L’Empire est en ruines ; il est pris de panique. Il tue de plus en plus, mais il ne gagne pas.

Les Philippins sont-ils en train de rejoindre cette alliance ? Après seulement 100 jours de pouvoir, il semble que le président Duterte a pris son parti : Plus de servitude ! Plus jamais !

Est-ce qu’il survivra ? Est-ce qu’il continuera sur la même voie ?

Est-il aussi dur-à-cuire qu’il en a l’air ? Il faut avoir des nerfs d’acier pour faire face à l’Empire ! Il faut avoir au moins neuf vies pour survivre aux innombrables et inextricables complots d’assassinat, aux systèmes de propagande sophistiqués, aux supercheries. Est-il prêt pour affronter tout cela ? Il semble que oui.

Les élites de son pays sont totalement inféodées à l’Occident ; comme celles de l’Indonésie et, dans une large mesure, de la Thaïlande et de la Malaisie.

Ce sera un combat difficile. C’est déjà un combat difficile.

Mais la majorité du pays est derrière lui. Pour la première fois dans l’histoire moderne, le peuple Philippin a une chance de prendre son destin en mains, ses propres mains.

Et si l’Occident n’aime pas ce qui se passe à Manille ? Le Président Duterte s’en fiche. Il a déclaré qu’il a déjà préparé beaucoup de contre-questions. Et si l’Occident ne peut pas y répondre :

« Si vous êtes incapables de répondre, fils de pute, rentrez chez vous, bande d’animaux. Je vais vous botter le cul. Ne venez pas me faire chier. Ils ne sont pas plus intelligents que moi, croyez-moi ! »

Il est très probable qu’ils ne le sont pas ; ils ne sont pas plus intelligents que lui. Mais ils sont certainement plus impitoyables, plus brutaux.

De quoi l’accuse-t-on ? D’une « guerre contre la drogue », qui a coûté environ 3000 vies ?

Combien de vies est-ce que l’Occident (ou ces « fils de pute », comme disent de nombreux Philippins ces jours-ci) a prises depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, partout dans le monde ? 40 ou 50 millions ? Ca dépend de la manière de compter : « directement » ou « indirectement ».

L’Empire tentera très probablement d’assassiner le président Duterte, et probablement bientôt, très bientôt.

Pour survivre, pour continuer à avancer, pour continuer à se battre, à défendre son pays meurtri et exploité, il fera très certainement bien d’oublier définitivement les 10 commandements.

Andre Vltchek

Traduction "soyez durs, soyez doux, de toute façon l’Empire s’occupera de vous" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

 http://journal-neo.org/2016/10/17/will-they-really-try-to-kill-president-duterte/

COMMENTAIRES  

19/10/2016 11:30 par aldamir

Citations :

"A travers le monde, chaque jour, un homme, une femme ou un enfant sera déplacé, torturé, assassiné ou "porté disparu", entre les mains de gouvernements ou de groupes politiques armés. Et la plupart du temps, les Etats-Unis en sont complices. "
Amnesty International, 1996

Le plus grand crime depuis la deuxième guerre mondiale a été la politique étrangère des Etats-Unis.
Ramsey ClarkMinistre de la Justice des Etats-Unis sous la présidence de Lyndon Johnson

Georges Bush père : Si les gens devaient découvrir ce que nous avons fait, nous serons pourchassés dans les rues et lynchés. Cité par Sarah McClendon (reporter à la Maison Blanche) dans sa lettre d’infos datée de Juin 1992

Noam Chomsky : Si les lois de Nuremberg étaient appliquées, chaque président des Etats-Unis de l’après -guerre auraient été pendu.

Lesley Stahl ; nous avons entendu dire que 500.000 enfants sont morts en Irak. Ca fait plus qu’à Hiroshima. Et, vous savez, est-ce que cela en valait le prix ?
Madeleine Allbright : » je pense que c’est un choix difficile. Mais le prix-, nous pensons que cela en valait la peine.
Entretien télévisé sur CBS 60 minutes, Mai 1996

20/10/2016 05:13 par BRUNO

Les ennemis de mes ennemis ne sont pas nécessairement mes amis. Comme il est bizarre que l’on ne s’en souvienne pas. Je m’étonne de lire plusieurs articles aussi complaisants sur ce Donald Trump Philippin, ici même.

Pour ma part et au vu des appels au meurtre par télévision interposée que ce sinistre président philippin ne cesse de répercuter
en entrainant des foules en furie à organiser la traque diurne et nocturne des soi-disant " dealers " sans que l’on sache vraiment qui est qui (?) .... puis au lynchage ou à l’assassinat public via une "populasse" aveuglée, je pense que cela augure bien d’un fonctionnement fasciste en bonne et due forme. Qui oserait le nier ?

Inutile d’aller chercher je ne sais quelle " fierté nationale " ou je ne sais quelle " volonté de retrouver une souveraineté" vis à vis de l’Empire criminel planétaire bien connu, pour cautionner des meurtres collectifs aux Philippines. Mussolini, l’inventeur du fascisme réel, lui aussi, voulait redonner une puissance à l’Etat Italien et une sorte de fierté "virile" à un peuple devenu troupeau et simple jouet de plomb dans sa poigne de fer.

Comment pourrions-nous condamner les assassinats publics de la Police nord-américaine lorsqu’elle tire comme des lapins les citoyens noirs américains si nous acceptons la manière de faire du président Duterte ? Comment pourrions-nous condamner les crimes de masse de l’Empire US si nous cautionnions de près ou de loin un pervers patenté si tristement élu par le peuple philippin sur la promesse d’un "nettoyage" grandeur nature. Nous savons comment ce genre de régime commence et comment une certaine catégorie de personnes, " dealers " ou pas, paie les premiers pots cassés avant d’autres personnes sur la liste...

La présidence Duterte s’appuie sur l’organisation de milices au sein de la police et de l’armée via des escadrons de la mort. Pour quel régime futur encore plus dégénéré ?

Ne mangeons pas de ce pain pourri, il n’est décidément pas bon. Comment pourrions-nous vomir ici Robert Menard à Bézier et être complaisant avec un psychopathe Philippin parvenu au pouvoir suprême ?

Cet article suivant est du Figaro, certes, j’aurais pu trouver un équivalent ailleurs mais il se fait déjà très tard. C’est à lire quoi qu’il en soit :

"Philippines : les excès de la lutte anti-drogue du président Duterte " :
http://www.lefigaro.fr/international/2016/10/05/01003-20161005ARTFIG00096-philippines-les-exces-de-la-lutte-anti-drogue-du-president-duterte.php

PS : Je repense à l’article de Andre Vltchek, à cette légèreté de ton pour cautionner l’abominable. A ce détachement personnel qu’il a d’annuler la vie de 3000 personnes comme on envoie une lettre à la poste. Cette vieille façon de banaliser les meurtres de masse sous prétexte que les USA ont fait bien pire en multipliant un même principe d’extermination par dix mille. Comment M.Vltcheck peut-il justifier ces meurtres sous prétexte que d’autres ont fait pareil en proportion plus grande ? Des propos vraiment détestables et finalement répugnants . Faut-il est bien désorienté pour en arriver là.

20/10/2016 08:57 par babelouest

Mon cher Bruno, face aux bulldozers US et autres, les éventails de dentelle sont-ils de mise ? Soyez réaliste, hélas.

20/10/2016 11:51 par manant

@ Bruno
Quand les fauves sont lachés, voudriez-vous leur opposer des chevreaux ? Vous situez vos propos à un niveau moral très honorable, mais dites-nous combien de bataillons il lève dans les rues des capitales occidentales pour crier : "nous sommes tous l’Irak, la Libye, le Yémen, la Somalie…" et j’en passe ?

20/10/2016 15:15 par Yannick

@Bruno :
Moi quand je lis "figaro" le première chose que je pense ce n’est pas : "c’est à lire quoiqu’il en soit" : /

C’est tout le point de l’article de montrer qu’on déforme les propos - voire les actions - du président Duterte.
D’où viennent ces chiffres de + de 3000 morts imputés à sa guerre contre la drogue ? Quand je lis votre commentaire j’ai l’impression que vous êtes sur place chaque nuit et que vous avez vu des hordes enragées de gens armés de machettes, à la recherche de victime potentielles.

J’ai - un peu j’avoue - regardé à gauche droite, et je ne suis tombé que sur des médias traditionnels plus crédibles à mes yeux.

21/10/2016 00:27 par Bruno

"Eventail de dentelle" ?.... je m’étonne surtout de l’incohérence tactique et logique qui voudrait que faire lyncher 3000 dealers par une population déshéritée entame en quoi que ce soit la puissance US ? Quel rapport ? Aucun. Sinon la vieille ruse du " bouc émissaire " si pratique pour pas mal de gouvernements.

Certains ne semblent pas comprendre qu’habituer le peuple à lyncher son voisin de palier sous prétexte de "deal" n’est qu’un prétexte premier pour l’habituer à tuer en vue de projets politiques futurs plus "prononcés". Je ne sais qui agite un sexisme de mauvais aloi ici tandis qu’il secoue " l’éventail " de la naïveté mais c’est vraiment mal considérer les choses : Comment pourrions-nous cautionner les meurtres collectifs aux Philippines via les escadrons de la mort du président Duterte et dénoncer en même temps la sale "Guerre Contre la Drogue" menées par les USA en Amérique Latine ? Une guerre sans fin qui ne fut qu’un prétexte politique pour tenir encore un peu plus longtemps sous le boisseau tout un continent de plus en plus rétif à la laisse de Washington... Sans compter le prétexte parallèle d’un "nettoyage" par les USA des derniers révolutionnaires armés au passage. Cautionner l’un, refuser l’autre ? Sur quels principes ?

22/10/2016 15:03 par Geb.

Comment pourrions-nous cautionner les meurtres collectifs aux Philippines via les escadrons de la mort du président Duterte et dénoncer en même temps la sale "Guerre Contre la Drogue" menées par les USA en Amérique Latine ?

Même si ses méthodes peuvent sembler brutales à travers nos sources d’information sur le sujet avant de condamner faudrait aussi un peu plus de renseignements.

Dans l’optique que les choses se passent réellement comme cela à Manille, et que les "meurtres" soeint bien des "meurtres" tels que décrits par nos médias, (Parce que je suppose que tu n’as aucune autre de source que nous sur le sujet, les médias MSM - sinon "liens" SVP), on pourrait peut-être y souscrire.

Mais hélas, pour fiabilité et la parité de la comparaison, pour la deuxième partie la proposition, nous avons des tonnes de sources alternatives fiables nous prouvant que la "sale Guerre contre la Drogue" des USA en Amérique latine n’a jamais touché un seul responsable de la fabrication ou de la diffusion de cette drogue en question. Cette sale guerre a essentiellement servi à déstabiliser les pays réfractaires à la Doctrine Monroë et à assassiner les révolutionnaires repeints en dealers par leurs assassins.

Aux Philippines la drogue est un des moyens de masse puissants utilisé par les Etats-Unis pour maintenir leur suprématie et tenir les gouvernements successifs à leur botte. S’attaquer à la drogue, d’une façon ou d’une autre c’est s’attaquer à la dominance des USA.

Et c’est pour ça qu’ils gueulent à l’assassin.

Ca personne ne peux le nier, sachant que les principales sources de drogue dures dans le Monde sont controlées à la source par les Narco-trafiquants mis en place par la CIA et le DoD étatsuniens. En Afghanistan, en Colombie, pour les production d’héroïne et de Cocaïne, au Kosovo et au Mexique, pour leur diffusion tout se passe sous le contrôle des autorités américaines qui utilisent cette drogue de même pour maintenir y compris leur propre population sous contrôle.

Rien de nouveau sous le soleil si on remonte à la Guerre de l’Opium, ou l’Occident, qui pourrissait le Peuple chinois sous des quantités massives d’opium démocratisé pour détruire la cohésion impériale et ouvrir des colonies, criait à l’assassin quand l’Empereur exécutait ses dealers, ainsi que quand les Boxers régissaient contre la menace en attaquant ses troupes d’occupations,en rétorquant avec la Politique de la Canonnière.

Je ne sais pas ce que vaut en réalité Duterte, je ne pense pas qu’il soit un grand humaniste comme on le conçoit chez nous qui ne sommes pas asservis et assassinés chaque jours depuis 180 ans, mais je sais surtout qu’on homme qui a été capable de se souvenir des crimes de masses commis par des soudards qui ont écrasé son pays sous prétexte de le "protéger" durant presque deux siècles et de comprendre que ce sont des mafieux... Et qui a réussi à le remettre en mémoire de son peuple décervelé par la propagande US, cet homme ne peut être un "mauvais" homme. Voila aujourd’hui que l’histoire d’un drame génocidaire colonial ressaute au visage des assassins. Alors que l’ensemble de ces assassins croyait avoir réussi à l’enterrer sous ses narratives scélérates...
Le Colonel Frank Delanoe Roosevelt, et ses "Rough Riders", violant, assassinant, incendiant, le Pays Moro et ses populations pour leur apprendre la civilisation, pour le compte de ses patrons de Wall-Street, tu en avais déjà entendu parler ???
Mais non. Pour la Gauche du Monde entier Frankie DR est le POTUS le meilleur de l’Histoire des USA après Abraham Lincoln, (Lincoln qui d’ailleurs pour mon compte ne valait pas mieux que lui).

FDR, celui qui a mis en oeuvre le "Big Deal" qui a "rendu tant de prolos heureux"... Et tant de Consortiums et Banques américaines hyperpuissants.

Quant aux critères de jugement, lorsque ces jugements sont émis par des entités qui ont été à l’initiative du Génocide Indien, du financement des Nazis des Khmers rouges, de Pinochet, du Vietnam, et d’Hiroshima, (Remarque que je fais l’impasse sur ce qui est en cours), leur simple jugement négatif suffit pour que je donne des points d’avance à leur cible.

Avant que Duterte "assassine" autant de monde que la Banque Fédérale et Wall-Sreet l’ont fait ou fait faire en 200 ans, même en 100 000 000 d’années il n’aura pas le temps.

25/10/2016 11:56 par Guy

@Geb
Je suis surpris par votre commentaire sur F.D. Roosevelt et son attitude envers les banquiers.
J’aurais pensé plutôt, à la lecture de l’article que je mets en lien, qu’il fût l’un des rares présidents américains à mener le combat contre l’oligarchie financière. Certes, il aurait peut-être pu profiter de l’occasion pour faire disparaître la FED et redonner la possibilité à l’ administration américaine de battre monnaie. Il n’est pas allé jusque là, pour des raisons que j’ignore car non énoncées dans ce texte qui date de 2000.
On peut penser, bien entendu, que le rédacteur de l’article soit un manipulateur. Ce qui obligerait à relire toute la bibliographie des auteurs cités en source.

http://www.solidariteetprogres.org/roosevelt-new-deal-1932

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