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Thème : Louis-Ferdinand Céline

Tuer Bardamu

Benjamin LE LOUARN

Louis Ferdinand Destouches est un incontournable qui ronge. Pour ses partisans, l’auteur du Voyage au bout de la nuit est traité comme un chien crevé, et voué aux gémonies par des coteries jalouses et médiocres. Pourtant, force est de constater que ce Saint-Sébastien hérissé de flèches fascine tous les écrivains – et même l’ensemble de la planète littéraire. L’œuvre de Céline est cette ruine sulfureuse à honorer nécessairement, comme un rituel d’encanaillement, pour tous ceux qui, après lui, entendent explorer le rapport de l’écriture au langage, à la parole et au réel. Il est l’éternel absent qu’on lit honteusement, en frissonnant d’excitation. Une ambiguïté dont on raffole, archétype du mauvais garçon et lieu de tous les transferts, de toutes les projections.

Ce cintré dont se délectent les “jouisseurs” Bien souvent, le tempérament créatif est porté à l’excessivité et à la dispersion. Privé d’un logiciel de réflexivité historique, l’écrivain risque l’éclectisme ou l’irrationalisme. Céline ne se contente pas de partager ce tempérament versatile, ou de flatter chez ses contemporains, et ceux qui vont suivre, cette prédisposition de caractère. Autrement, il ne serait qu’une plume parmi d’autres, bien dans l’ère du temps : contre-révolutionnaire. Plus fondamentalement, Céline procède à une systématisation littéraire du despotisme des pulsions, que viennent compenser des marmonnages compassés. Dans l’exacte mesure où le Céline littéraire n’a aucun surmoi, le Céline réel, païen cosmétique, est un véritable crapaud de bénitier. Dans ses fictions, comme ses “analyses” littéraires, ses pamphlets ou, pire encore, sa correspondance, Louis Ferdinand Céline est toujours prêt à déduire un péché du moindre plaisir de banquet. Cigarettes, alcool, batifolage et fornication, autant de vices (...) Lire la suite »
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Les mots (et les images) sont des pistolets chargés...

Polanski, Céline, dissocier l’homme de l’artiste ?

Maxime VIVAS

En 2002, j’ai publié « La cathédrale au fond du jardin », roman basé sur une histoire vraie et méconnue : le projet d’assassinat de Louis-Ferdinand Céline par Roger Vailland.
Mon livre posait la sempiternelle question qui vient de resurgir à l’occasion de la cérémonie des César.
Le livre a été primé, loué par la critique (1), les droits ont été vendus à un producteur de cinéma et… sa carrière s’est arrêtée tout net pour cause de faillite de l’éditeur et de saisie par un huissier de tous les exemplaires.
En voici le début du chapitre 6 (sur 14). Les quelques passages entre crochets ne figurent pas dans le livre, je les rajoute pour la compréhension du lecteur qui ignore les 5 chapitres précédents.
MV.

« Un après-midi, c’était déjà la fin du printemps, nous étions réunis chez Jeanne [une résistante qui vit dans un appartement en dessous de celui de Céline. Authentique]. Elle nous avait servi une sorte de liquide, chaud et foncé qui ressemblait vaguement à du café. Je me trouvais sur le canapé à côté de la fille aux yeux « océan-sur-la-grève-un-matin-de-tempête » et de Fabrice [pseudo d’un résistant]. Jeanne s’était assise par terre, sur le tapis. Racine [pseudo d’un résistant] arriva peu après. Il avait beaucoup réfléchi, pris sans doute quelques conseils, et il avait évolué. Bref, il était venu spécialement pour nous dire son désaccord [sur le projet d’assassinat]. En vérité, Jeanne qui n’avait jamais été acquise au projet, lui avait parlé de notre réunion et comme il lui répondait qu’il ne voulait pas être mêlé à cette affaire, qu’il désapprouvait maintenant, elle avait ajouté : « J’aimerais que tu viennes leur parler. Il y aura justement le « courrier de province » [une résistante]. Quand Racine entra, je commis (...) Lire la suite »
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Antisémitisme : une inquiétante dérive sémantique

Claire VÉRILHAC

Depuis plusieurs années, une dérive sémantique est en marche qui vise à qualifier de "nouvel antisémitisme" toute critique de l'Etat d'Israël, de sa politique ultranationaliste, d'apartheid et de colonisation. Un amalgame scandaleux pour défendre l'indéfendable et un rapprochement idéologique inquiétant. D'autant qu'une tentative récente de promotion de l’antisémitisme, le vrai, ajoute au malaise

« Je viens de publier un livre abominablement antisémite, je vous l’envoie. Je suis l’ennemi n° 1 des Juifs » C'est par ces mots que Louis Ferdinand Céline assurait la promotion de ses pamphlets où il donnait libre cours à sa haine antijuive. Pas d'ambiguïté donc. Ces textes répugnants : Bagatelles pour un massacre (1937), L’école des cadavres (1938) et Les Beaux draps (1941) ne seront finalement pas republiés (pour l'instant) par Gallimard, éditeur historique de l'écrivain. De nombreuses voix se sont élevées contre la possible réédition de ces propos fous, délirants, immondes. Mais peu se sont interrogées sur le pourquoi aujourd'hui, quelle nécessité ? D'autant que les éditions du temps du nazisme et de la collaboration sont toujours en circulation chez les bouquinistes, sur internet, et en bibliothèque, à la disposition des chercheurs et des historiens qui travaillent sur cette période. Céline nous donne peut-être lui même la réponse : " Que demande toute la foule moderne ? Elle demande à se mettre à (...) Lire la suite »
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