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Auteur : Jérôme HENRIQUES

Réformes sociales : le dilemme du prisonnier

Jérôme HENRIQUES

La théorie des jeux est une branche des mathématiques à la base de nombreux principes politiques, économiques, sociologiques. En son sein, le Théorème du Prisonnier trouve nombre d'applications pratiques ... jusqu'aux problèmes sociaux actuels.

Le dilemme du prisonnier est une théorie énoncée par Albert W. Tucker à Princeton en 1950. Tucker suppose deux prisonniers (complices d'un crime) retenus dans des cellules séparées et ne pouvant communiquer. On leur propose alors le choix suivant : si les deux se taisent (aucun ne dénonce l'autre), les deux font un an de prison. si les deux se dénoncent mutuellement, chacun est condamné à 5 ans de prison. si l’un dénonce l’autre et que l'autre se tait, le premier est libre tandis que le second écope de 10 ans de prison. Le choix optimal pour les deux prisonniers est qu'ils se taisent (ils font dans ce cas tous deux un an de prison). Pourtant, les deux choisissent généralement de dénoncer. L'explication tient en fait à une approche individuelle de la situation, chaque prisonnier raisonnant à partir des deux réactions possibles de son complice : soit ce dernier dénonce ... j'ai alors intérêt à dénoncer aussi (pour faire 5 ans de prison au lieu de 10) soit il ne dénonce pas ... et j'ai quand même (...) Lire la suite »

Réforme des retraites : injustice et enfumage ...

Jérôme HENRIQUES

En 1889, au moment où il mettait en place en Allemagne le premier système de retraites au monde, le chancelier Bismarck aurait demandé à son conseiller : "A quel âge faut-il fixer l’âge de la retraite pour qu’on n’ait jamais à la verser ?", ce à quoi le conseiller aurait répondu : "65 ans". Une mesure qui, à une époque où l'espérance de vie était inférieure à 65 ans, permettait à l'état allemand de réaliser quelques économies ...

En France, ce fut le même âge qui fut choisi, en 1910, lors de la discussion du projet de loi relatif au régime des retraites ouvrières et paysannes (ROP). À l’époque, l’espérance de vie des Français ne dépassait pas 45 ans. Ses détracteurs l’avaient alors qualifiée de "Retraite pour les morts". France 2023. Le pays est surendetté (à hauteur de 110 % de son PIB) et emprunte sur les marchés financiers presque 400 milliards par an. Or, pour obtenir des prêts à des taux très favorables, l'État français doit donner des garanties aux marchés financiers. En gros, il doit les assurer de sa solvabilité à terme et leur montrer qu'il ne laisse pas trop déraper ses comptes publics. Premier levier pour alimenter les caisses publiques : l'impôt. Le gouvernement pourrait alors taxer les (super) profits des entreprises, entreprises bénéficiant par ailleurs d'un soutien plus ou moins direct de l'État (prêts garantis, fonds de solidarité, politiques de grands travaux et autres investissements publics). Au lieu de ça, le (...) Lire la suite »

Un TP sur des hamsters suscite la polémique à l’université de Strasbourg

Jérôme HENRIQUES

A l’université de Strasbourg, le master d’écophysiologie, écologie et éthologie est l'un des plus demandé. Il réunit des étudiants passionnés par la biologie, la défense de la biodiversité et les animaux. Sauf que, en ce premier trimestre, cette formation a dû faire face à une fronde d’une partie de ses étudiant(e)s.

Le 8 septembre dernier, sept étudiantes de deuxième année du master, parmi les vingt-deux inscrits, ont refusé de participer à travaux pratiques d’écophysiologie en avançant une impossibilité éthique. Ces travaux pratiques consistaient à inciser des hamsters afin de leur poser une sonde (pour enregistrer leur température en continu), avant de les sacrifier (par asphyxie au CO2) quelques semaines plus tard pour récupérer la sonde et prélever certains tissus. Contactées par les médias, les étudiantes ont indiqué les raisons de leur refus. Selon elles, l’expérience demandée pour ce TP ne respectait pas le principe des "3R" ("Réduire/Remplacer/Raffiner"), à savoir le fondement éthique de l’expérimentation animale. Pour elles, l'expérience se répétant chaque année (et pour un certain nombre d'étudiants), il existait déjà des données, réutilisables, et il leur semblait donc injustifié de sacrifier de nouveaux animaux. Dans un premier temps, les étudiantes ont reçu la note de 0/20, le doyen de l'université défendant (...) Lire la suite »
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Maltraitance animale : un amendement anti-L214 adopté par la commission des finances

Jérôme HENRIQUES

Mercredi 05 octobre, un amendement déposé par les Républicains et adopté en commission des finances (lors de l'examen du projet de budget 2023) par la majorité présidentielle, les Républicains et le Rassemblement National, s'en prend directement à la liberté d'informer. Ainsi, prévoit-il de priver de réduction d'impôt les dons aux "aux associations dont les adhérents sont reconnus coupables d’actes d’intrusion sur les propriétés privées agricoles et établissements industriels." Un moyen de faire taire les lanceurs d'alerte de la cause animale, en tapant directement au portefeuille.

Dans le collimateur, l'association L214, comme l'explique l'auteur du texte lui-même, le député LR Marc Le Fur : "Jusqu’ici les associations antispécistes de type L214 qui encouragent des activistes extrémistes à enfreindre toutes les lois sur la propriété en fracturant les entrées des élevages pouvaient bénéficier d’une déduction d’impôts ... Si en séance, les députés confirment le vote de la commission des finances, la loi ne permettra plus à ces associations de bénéficier de cet avantage fiscal si elles continuent à encourager ce type d’action". La volonté de museler le mouvement animaliste n'est pas nouvelle. Ces dernières années, on a notamment pu le voir à travers la "cellule Demeter", créée en 2019 grâce à l'action conjointe du ministère de l’intérieur et de la FNSEA, ou encore, par la mission d'information parlementaire (suivie d'une proposition de loi) sur les "entraves et obstructions opposées à l'exercice de certaines activités légales", conduite en 2021 sous l'égide du député LR Xavier Breton. Reste (...) Lire la suite »

La "suicide food"

Jérôme HENRIQUES

Vache qui rit, poulets qui dansent le french cancan, cochon qui se découpe lui-même en rondelles tout en s'esclaffant ... Dans certaines publicités, les animaux sont présentés comme s'ils étaient heureux d'être mangés. Une stratégie marketing dénoncée par le blogueur nord-américain Ben Grossblatt qui lui a donné le nom de "suicide food".

Sur son site, le blogueur référence logiquement des publicités étasuniennes. Mais chez nous, les exemples ne manquent pas non plus (cf. les liens en fin d'article). Le but d'une publicité est de vendre du rêve. Dès lors, on peut aisément deviner la difficulté quand le produit à vendre est un morceau d'animal mort. Pour autant, la stratégie habituelle est plutôt celle de l'évitement : faire en sorte que le consommateur ne fasse pas le lien entre l'animal vivant et le morceau de cadavre présent dans son assiette. Une notion théorisée par l'essayiste nord-américaine Carol J. Adams sous l'expression de "référent absent" (cf. La politique sexuelle de la viande, 1990). Ainsi le patron du groupe Bigard, Jean-Paul Bigard, numéro 1 de la viande en France (qui possède Bigard, Charal et Socopa), reconnaissait-il lui-même en ces termes : "L’acte de mort est totalement verrouillé. nous n’avons aucun intérêt à mettre en scène et à ouvrir le début d’une chaîne d’abattage ... Avec les 'Hachés de nos régions', on voit (...) Lire la suite »
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Le saumon, un scandale éthique, écologique et sanitaire

Jérôme HENRIQUES

Le saumon est considéré comme un produit phare des fêtes de fin d'année et une majorité de français s'apprêtent à en consommer. Pourtant, derrière son image festive et conviviale, ce produit cache une réalité bien plus glauque.

60% de la production mondiale provient de l'élevage Il existe deux sortes de saumons : le saumon du Pacifique et le saumon d'Atlantique. Le premier est essentiellement péché en mer (Alaska, Russie, Japon ...) tandis que le second provient essentiellement de fermes d'élevage (Norvège, Chili (1), Royaume-Uni...) (2). A elle seule, la Norvège assure environ 60 % de la production mondiale (totale) et 90% de la production Atlantique. La France, elle, est le deuxième consommateur mondial (après le Japon). Elle importe environ 120 000 à 130 000 tonnes de saumon chaque année, dont 66% en provenance de Norvège. Un poisson migrateur ... dans quelques mètres carrés Les conditions de vie en élevage n'ont pas grand chose à voir avec celles de l'animal sauvage. Déjà, le saumon étant un animal anadrome (vivant naturellement en mer mais remontant les rivières pour pondre), il s'agit de simuler artificiellement cet environnement. Ainsi, les saumons naissent généralement sur la côte, dans une écloserie (en eau (...) Lire la suite »

Air France : dernière grande compagnie aérienne à transporter des animaux vers des laboratoires

Jérôme HENRIQUES

Chaque année, des dizaines de milliers de macaques capturés dans le sud-est asiatique sont expédiés vers des laboratoires occidentaux. Parmi les grandes compagnies aériennes, seule Air France continue de les transporter ...

Les macaques utilisés dans la recherche sont principalement des macaques rhésus et des macaques crabiers (à longue queue). Parmi les principaux fournisseurs, on trouve des pays tels que la Chine, l'île Maurice, le Vietnam, le Laos, le Cambodge, l'Indonésie, les Philippines ..., chacun d'eux exportant plusieurs milliers de singes chaque année. Quant aux pays destinataires, il sont essentiellement européens et nord-américains (Etats-unis, Canada, France, Angleterre, Allemagne, Espagne ...)(1,2,3,4). Dans les pays fournisseurs, les macaques sont généralement capturés par des villageois puis vendus à des fermes d'élevage. Pour ces animaux habitués à vivre en liberté, le choc est brutal. Une thèse vétérinaire écrite en 2005 décrit les différents facteurs de stress au sein de ces élevages : isolement en cage individuelle, regroupement d'individus provenant de groupes sociaux différents, séparation mère-enfant, proximité humaine, manipulations douloureuses (dont le test tuberculinique qui requiert d’insérer (...) Lire la suite »

Yuca condamnée pour avoir contrarié le business des charcutiers

Jérôme HENRIQUES

Le tribunal de commerce de Paris vient de condamner en première instance l'application mobile Yuca pour "actes de dénigrement" et "pratique commerciale déloyale et trompeuse" suite à une plainte déposée un peu plus tôt par la Fédération des Entreprises Françaises de Charcuterie-Traiteur (FICT). En cause, un avis négatif (mise en garde sanitaire) affiché par l'application lors du scan de produits charcutiers et un lien vers une pétition (lancée par Yuca, Foodwatch et la Ligue contre le Cancer) (1) demandant l'arrêt des additifs nitrés (2) dans l'alimentation.

Dans sa décision du 25 mai 2021, le tribunal reprend en grande partie les demandes formulées par la FICT. Notamment, il enjoint la société Yuca de : supprimer le lien vers la pétition, ne plus mentionner que "les additifs nitrés favorisent l’apparition du cancer colorectal et de l’estomac", indiquer par contre qu'ils sont "l'inhibiteur de croissance de la toxine botulique le plus efficace" et mentionner également que les doses actuellement autorisées sont "peu préoccupantes pour la santé humaine" (selon un avis de l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments -EFSA- de 2017). Le tribunal enjoint en outre la société Yuca à verser à la FICT 20.000 € au titre de dommages et intérêts et 10.000 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile (3). La décision a de quoi surprendre. En effet, les informations trouvées sur l'application ne font que reprendre celles déjà avancées par la communauté scientifique. Evoquons pour commencer, le problème général des viandes transformées. En 2015, le Centre (...) Lire la suite »

En Bretagne, l’intimidation des journalistes qui enquêtent dans l’agroalimentaire

Jérôme HENRIQUES

Le mercredi 31 mars, Morgan Large découvre l'une de ses roues de voiture déboulonnée. La journaliste, qui enquête sur l’industrie agroalimentaire dans sa région, dérange. Et ce n'est pas la seule ...

En réalité, les problèmes de Morgan ne datent pas d'hier. Ils remontent à la diffusion en novembre dernier d'un reportage sur France 5, intitulé "Bretagne, une terre sacrifiée" et portant sur les méfaits de l'agriculture intensive. Interviewée, la journaliste y dénonce le problème des rejets toxiques, des algues vertes, des maladies professionnelles, des épidémies mortelles chez les animaux, ou encore, le fait qu’en Bretagne, "on fasse du lait, du poulet ou du cochon qui soient exactement les mêmes qu’en Chine, en Ukraine ou au Brésil". Le soir même, la journaliste est ciblée par la FNSEA qui, dans un tweet défendant les "élevages familiaux en Bretagne", dévoile une photo de son visage (supprimée depuis). Les jours suivants, la journaliste reçoit des appels nocturnes anonymes sur son téléphone fixe ainsi que des messages d'injures sur les réseaux sociaux. Au même moment, les locaux de sa radio sont dégradés. En décembre, la clôture de son champ est défoncée (laissant ainsi ses chevaux divaguer en (...) Lire la suite »

Abattoir de Sobeval : de la cruauté des pratiques au déni des services de l’état

Jérôme HENRIQUES

Le 20 février dernier, l'association de protection animale L214 publie une vidéo révélant les pratiques atroces d'un abattoir de Dordogne. Une révélation largement relayée par les médias mais malheureusement déniée par les pouvoirs publics et conspuée par les acteurs du secteur. Retour sur un imbroglio en plusieurs actes.

Les faits datent de novembre-décembre dernier. Ils se déroulent au sein de l'abattoir Sobeval de Boulazac, en Dordogne, l'un des plus gros abattoirs de veaux de France (450 employés, 700 veaux tués par jour). Un abattoir qui pratique l'abattage standard (les veaux sont étourdis avant d'être tués) mais aussi l'abattage halal et casher (les animaux sont saignés sans étourdissement préalable). Dans les deux cas, la vidéo fait état de manquements graves à la réglementation : à savoir, des étourdissements ratés (animaux mal immobilisés, tirs mal ajustés), des "contrôles de l'inconscience et de l'insensibilité quasi inexistants" et des cas de reprise de conscience avant ou pendant la saignée, sur la chaîne d'abattage (lorsque les animaux sont suspendus par les pattes)(1)(2) ... La préfecture de Dordogne fait une toute autre lecture de ces images. Dans un communiqué publié le 20 février (soit le jour même de la sortie de la vidéo), elle explique qu'il n’y a "pas de mise en évidence de non-conformité à la (...) Lire la suite »
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