Auteur Marco D’ERAMO

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Quand David cassait les vitrines (Il Manifesto)

Marco D’ERAMO
Dans une ville anglaise une bande de jeunes défonce une vitrine, s’enfuit dans la nuit, et se dirige en courant vers le jardin botanique. La police les suit, en embarque quelques uns dans leurs fourgonnettes et les met au trou. Le problème c’est que nous ne parlons pas d’un épisode survenu ces jours-ci. Et que les jeunes arrêtés ne sont pas des casseurs sous-prolétaires. Non, l’épisode a lieu il y a 24 ans à Oxford et les 10 jeunes gens étaient tous membres du Bullingdon Club, une (…)
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L’ « Obomanie » et la gauche critique

Marco D’ERAMO
« Contre Obama » est le titre de la rubrique d’Alexander Cockburn publiée le 22 octobre par The Nation, l’hebdomadaire le plus important de la gauche américaine (*). Alexander est un représentant atypique de cette gauche. D’abord il est anglais et pas américain, même s’il n’est pas du tout flegmatique, plutôt même polémiste assez véhément, journaliste « méchant ». Son frère Patrick est un journaliste confirmé. Son père Claude, journaliste lui aussi, avait été dénoncé comme communiste par (…)

Violences faites aux femmes : enfer de famille.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, jeudi 21 juin 2007. Mieux seule que mal accompagnée, c’est la morale qu’on peut tirer du dernier rapport du Viminal (siège du ministère de l’Intérieur italien à Rome, NDT) sur la sécurité en Italie. Parce que les chiffrent qui sont le plus impressionnants concernent les femmes : en 2006, un million 150.000 femmes au moins ont subi des violences. Et les femmes qui ont subi des violences au cours de leur vie sont 6 millions 743.000 (une italienne sur trois), dont 5 millions des (…)

Virginia Tech de Blacksburg : les larmes du crocodile.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, jeudi 19 avril 2007. Une seule répétitivité est plus désespérante et plus répétitive que le massacre dans les écoles et les campus étasuniens, c’est la répétitivité monotone des commentaires sur ces homicides. Ce que rappelait Sandro Portelli hier est bien vrai, à savoir que rien d’intelligent ne peut se dire sur un massacre, mais peut-être peut-on dire quelque chose de moins triste sur les réactions à ces massacres. Si quelqu’un se prenait la peine de feuilleter les journaux (…)

L’Amérique pauvre des super riches.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, samedi 31 mars 2007. Georges W. Bush et Dick Cheney sont enfin parvenus à ramener les aiguilles de 80 ans en arrière et à reporter la géographie sociale de l’Amérique avant la Grande Dépression. C’est ce qui émerge des revenus étasuniens en 2005 (dernier rapport disponible) : cette année là , les 300.000 américains (étasuniens, NDT) les plus riches ont déclaré un revenu égal au cumul de celui des 150 millions d’étasuniens les plus pauvres : c’est-à -dire 0,1% (un pour mille) (…)

Un pape hors de l’histoire.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, dimanche 24 mars 2007. Un pape désespéré : ainsi se souviendra-t-on de Benoît XVI. Chacune de ses paroles est inspirée par une vision sombre, quasi wagnérienne, du monde où il lui échoit de vivre et régner : rien ne sauve de la modernité. Il a pour l’univers de la technique une aversion thomiste heideggérienne et, grâce à la technologie de la communication de masse, il ne cesse de dénoncer le nihilisme de la technologie. Le présent paraît être pour lui un désert de sentiments (…)

Saddam Hussein : Malheur aux vaincus.

Marco D’ERAMO
Enquête sur la vidéo de la pendaison de Saddam Hussein, et au-delà qui est responsable de quoi ? par Danielle Bleitrach. Il manifesto, mardi 2 janvier 2007. On nous l’avait montrée comme une pendaison sobre, réglée : la vidéo distribuée par le gouvernement irakien était muette. Mais ensuite est arrivée la bande sonore dans laquelle les gardes et les spectateurs qui n’arrêtent pas de se foutre de Saddam Hussein ; comme des ultras de stade, ils lui crient le nom de Moqtada al-Sadr, (…)

La sale campagne des troupes de Bush.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, Cincinnati (Ohio), vendredi 3 novembre 2006. « Rappelez-moi plus tard dans l’après-midi, comme ça je vous dirai tout sur la récolte de fonds de ce soir » me dit le fonctionnaire du parti républicain de l’Ohio, au téléphone. « Vous voulez dire à quelle heure ? » dis-je. « Trois heures ». A trois heures je rappelle et il me dit que ce sera à six heures au Kona Bistro sur Madison Road, à l’heure du repas, donc. Je me perds à la sortie de l’autoroute I-71, et me retrouve à (…)

"Jésus, bénis Georges Bush, je t’en prie !".

Marco D’ERAMO
Il manifesto, Lancaster (Ohio), 1er novembre 2006. Il faut lever les bras le long du buste, avec les paumes ouvertes vers le haut et vers l’extérieur, à la hauteur des oreilles. Les yeux doivent être clos dans un ravissement extatique, et le corps, debout, onduler avec légèreté, pendant que vous chantez sur le rythme d’une musique douce : « Je ne veux pas rester silencieux, je ne veux pas me taire, sur toute la terre faisons un bruit joyeux pour le Seigneur, Alléluia, alléluia » ; ou bien (…)

USA : Le vent de l’intolérance souffle sur la frontière.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, Los Angeles, dimanche 22 octobre 2006. Dans la plaine centrale de Californie, d’un côté le désert, de l’autre des cultures ininterrompues, immenses étendues de laitues, tomates et vergers. Mais ces jours ci, beaucoup de fruits pourrissent sur pied car la main d’oeuvre se raréfie : les élections du 7 novembre approchent et les exigences de la campagne électorale ont rendu plus strict le contrôle de la frontière avec le Mexique ; et réduit à un petit ruisselet le flux (…)

Notre fantôme - il manifesto.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, dimanche 24 septembre 2006. A l’ère de la communication, l’interstice entre trépas officiel et mort physique se dilate jusqu’à durer des années : et sa virtualité n’en amortit pas les lourds effets politiques, au contraire. On l’avait vu avec le généralissime Francisco Franco (1975) dont on ignorera à jamais la date de décès car, pour faciliter la transition, sa vie officielle fut prolongée au-delà de toute décence. Le gérocrate soviétique Leonid Brejenv survécut aussi à (…)

Oriana Fallaci, conformiste dans le cercle des coléreux - il manifesto.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, 16 septembre 2006. Peut-être Oriana Fallaci est-elle arrivée à éprouver la dernière satisfaction d’une vie qui n’a certes pas lésiné avec elle en reconnaissances, c’est-à -dire voir le pontife romain Benoît XVI lui donner raison et attaquer l’Islam avec une rare violence : il y a deux ans seulement, dans son livre « La force de la raison », Fallaci avait en effet reproché à Karol Wotjyla son ouverture vers les arabes. Ces arabes qui « se multiplient comme des rats » et qui « (…)