RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
38 

A propos de Gaza et du Nouveau Front Populaire.

Dans le Contrat de législature du Nouveau Front Populaire on trouve, entre autres :

 "Agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas, dont nous rejetons le projet théocratique, et pour la libération des prisonniers politiques palestiniens"

suivi de

 "Permettre l’organisation d’élections libres sous contrôle international pour permettre aux Palestiniens de décider de leur destin".

La question que je me pose est "Et si le Hamas est (ré)élu ?".

Ce genre de "lacune" est un peu la marque de fabrique de la gauche depuis belle lurette. Une réflexion qui s’arrête juste au moment où elle devient cruciale. Une telle question attire généralement des réponses du style "tu voudrais alors soutenir le Hamas ?". Une lacune béante qui ressemble à une carie qu’on ignore en espérant ne jamais devoir rendre visite au dentiste. Dans tes rêves, oui.

Le problème se résout assez facilement en adoptant un principe. Et un principe ne souffre pas d’exceptions, sinon ce n’est pas un principe, c’est... autre chose. Et ce principe qui est le mien s’énonce ainsi : je m’abstiens de juger ou critiquer les formes de résistance endogènes choisies par les peuples opprimés. Point barre.

Je souligne au passage l’importance du mot endogène, car il faut toujours, toujours se méfier des "mouvements de libération" artificiels et importés aux objectifs plus déstabilisateurs que libérateurs.

Et je n’ai rien à faire des réflexions, assez courantes, du genre "qu’aurais-je fait à leur place ?" car moi c’est moi et eux c’est eux. Et il faut un sacré brin d’arrogance pour prétendre se projeter à leur place car la réponse est ultra-simple et sans appel : je n’en sais rien et je ne le saurais jamais. Et vous non plus, d’ailleurs.

Une fois identifiés l’agresseur et l’agressé, on peut cesser de s’offrir le luxe de faire l’intello, le subtil, le mesuré, le rationnel, le distancié et aussi de cesser de faire subir aux mouches les derniers outrages.

Oui, je sais, on peut parfois "avoir du mal" avec certaines étiquettes. C’est sûr qu’avec mes idées à moi, j’aurais "préféré" que la Résistance Palestinienne (majuscules SVP) soit représentée par un bon mouvement laïque, marxiste, révolutionnaire, sachant manier l’humour au point de dézinguer son oppresseur à coups de vannes, de traits d’esprit et de piques saillantes. Mais voilà, j’aimerais aussi une ferme en Afrique, un pied-à-terre au bord d’un lagon, trente ans de moins et un poney pour Noël.

Alors, OLP, Fatah, FPLP, FDLP, Hamas ou Amicale des Joueurs de Fléchettes de Rafah, pour moi c’est tout du CQFD (Ce Qu’ils Font pour se Défendre).

L’Histoire jugera, parce que c’est un peu son truc. Moi, je fais dans le présent avec le peu d’informations que j’ai. Mais l’Histoire ne fait pas que juger, elle nous apprend aussi des choses comme "tout ce qu’on vous a raconté sur tel ou tel mouvement de résistance, par les porte-voix des oppresseurs, est généralement faux, biaisé, partiel et décontextualisé". Et parce que ce qui précède est une règle, le principe sus-mentionné s’impose.

Et parce que c’est un principe, on peut effectivement se retrouver à "défendre" des gens avec lesquels on n’aimerait pas forcément passer des vacances dans un chalet isolé en montagne.

Le dilemme - si dilemme il y a - est du même ordre que d’être contre la peine de mort, par principe, et de se voir accuser en retour de "défendre" un meurtrier d’enfants. Arguments mille fois échangés, échanges mille fois vécus. Je réponds qu’on peut débattre du fondement d’un principe mais pas de ses conséquences qui sont, ou devraient être, intégrés dans le domaine de l’inévitable et donc assumées car, au cas où je ne vous l’aurais pas déjà dit, un principe ne souffre pas d’exceptions sinon ce n’est pas un principe, c’est... autre chose...

Sans parler du fait que passer des vacances dans un chalet isolé en montagne n’est pas du goût de tout le monde.

Ca me fait penser à ces slogans du style "ni Milosevic [ancien dirigeant de l’ex-Yougoslavie], ni l’OTAN" et la réaction de Jean Bricmont (je crois) : maintenant que vous vous êtes débarrassés de Milosevic, comment comptez-vous vous débarrasser de l’OTAN ?

En paraphrasant, ça pourrait donner "une fois débarrassés du Hamas (ou de l’OLP ou du Fatah ou de l’Amicale des...), comment comptez-vous vous débarrasser de l’oppression israélienne ?".

Alors qu’il serait tellement plus simple, et raisonnable, d’inverser la proposition et l’ordre des priorités.

A mon humble avis.

Viktor DEDAJ
"il est rare que mon opinion soit humble"

URL de cet article 39682
   
Même Auteur
Cuba est une île
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur " Cuba est une île. Comment l’aborder ? S’agit-il de procéder à des sondages dans ses eaux alentours de La Havane, là où gisent toujours les épaves des galions naufragés ? Ou encore, aux côtés de l’apôtre José Marti, tirerons-nous une barque sur la petite plage d’Oriente, et de là le suivrons -nous dans la guerre d’indépendance ? Alors, est-ce qu’il l’a gagnée ? C’est compliqué ! L’écriture hésite, se veut pédagogique pour exposer les conséquences de la nomenclature (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"La CIA contrôle tous ceux qui ont une importance dans les principaux médias."

William Colby, ancien directeur de la CIA

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.