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18 commentaires

À propos du mariage homosexuel

Résistance

Ce débat sur le mariage homosexuel nous ferait presque croire qu’il existe vraiment une gauche qui s’oppose avec la plus ferme énergie à la droite. Sur ce point, c’est raté, car la question clive les deux courants. Justement, il se pourrait bien que tout ceci n’ait pas grand-chose à voir, ni avec le mariage, ni avec les homosexuels.

Voyons les termes du débat. Le mariage est une institution en nette perte de vitesse. Les naissances hors mariage qui étaient de 5,9 % en 1965 ont explosé à 54 % en 2010, selon une courbe ascendante qui ne faiblit pas. Initialement marginal, faire des enfants sans être marié devient aujourd’hui la norme !

L’église, qui a voulu faire du mariage un sacrement indissoluble, a dû céder la place à la République, qui n’a guère pu faire faire mieux. Il faut dire que ces derniers temps, la République est bien décevante : les salaires baissent et l’avenir est incertain. Alors, à quoi bon solliciter monsieur le Maire pour vivre ensemble ? En effet, quand on se marie, c’est rarement en vue de mener une vie commune : c’est souvent déjà fait. Alors, on se marie pour un prêt bancaire, pour faire plaisir à sa vieille maman, pour adopter un enfant, pour obtenir la nationalité française (en 2011, 13 % des mariages unissent un couple dont l’un des conjoints est de nationalité étrangère). Ou pour bien d’autres raisons, dont chacun peut citer des exemples.

Alors, le nombre de mariage s’effondre. Selon l’INED, la baisse est de 20 % en seulement 10 ans (de 2001 à 2011). Dans la même période, le nombre de Pacs à été multiplié par 23 ! En 2011, environ 5 % des Pacs unissaient des homosexuels. D’ailleurs, le Pacs offre à peu près les mêmes avantages sociaux que le mariage, à un gros détail près, très sensible pour les couples vieillissants, la pension de réversion n’est pas prévu. Remarquons que modifier le Pacs sur ce point ne soulèverait surement pas un « débat de société » ! Mais on ne parle pas de Pacs mais de mariage pour les homosexuels.

Justement, qui sont-ils ? Le journal Têtu a chargé l’IFOP de mener l’enquête. Il en ressort qu’environ 3,5 % de la population se déclarent homosexuels et qu’aux 2/3, ce sont des hommes. Ils ne sont pas beaucoup plus parisiens, ni cadres supérieurs que la moyenne. La seule spécificité est que les homosexuels ne sont que 50 % à vivre en couple, alors que les hétéros le sont à 70 %.

En somme, on propose aux homosexuels, moins demandeurs que la moyenne, de contracter un mariage que chacun s’accorde à voir comme ringard ! C’est franchement pas sympa ! Parce que, à la différence du Pacs, qui est indifférent à la procréation, le mariage la prévoit.

Alors faisons une hypothèse. Imaginons que le problème ne soit ni le mariage, ni les homosexuels. Mais que ce soit un débat, très vif, au sein même de la bourgeoisie. Une partie de cette bourgeoisie, plutôt parisienne, qui se veut moderne et libérée, trouve que faire des bébés, c’est chouette, mais la grossesse, c’est chiant. Madame est patraque pendant des mois, l’accouchement est vraiment déplaisant, et puis, ça fait tomber les seins. Alors, le mieux, c’est que ce soit la bonne qui s’y colle. Ça va coûter un peu, mais, bon, elle sera si contente de gagner un peu d’argent !

Une autre partie de cette même bourgeoisie, venant des anciennes régions catholiques, comme la Bretagne, l’Alsace ou le Sud-ouest, s’y oppose farouchement. Pour eux, un bébé, ça se fait avec une dame et un monsieur, point à la ligne. Remarquons que ce n’est pas faux ! Mais c’est absolument interdit par la loi, les mères porteuses. D’ailleurs, tout commerce du corps est interdit : on ne peut ni vendre ni acheter un œil, un foie ou un rein. Pas même du sang. Et cette règle est somme toute assez consensuelle.

Et puis, ce n’est pas dans la loi, me direz-vous. D’ailleurs, le Président l’a dit clairement : cette partie est retirée et fera l’objet d’un débat ultérieur. Justement, si c’est retiré, c’est que cela y fut. Et qu’on en reparlera. Mais, allez vous ajouter, la question ne se pose que pour les homosexuels ! Certes, mais imaginons que, pour cette partie de la population, la loi permette les mères porteuses, cette bourgeoisie qui se veut moderne réclamera immédiatement, au nom de l’égalité, que cela lui soit aussi permis.

La meilleure façon de détruire une loi consensuelle, c’est de lui trouver des exceptions.

D.R.

http://www.resistance-politique.fr/article-a-propos-du-mariage-homosexuel-117406024.html

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COMMENTAIRES  

09/05/2013 11:58 par Quidam

"(...) a chargé l’IFOP de mener l’enquête. Il en ressort qu’environ 3,5 % de la population se déclarent homosexuels et qu’aux 2/3, ce sont des hommes. Ils ne sont pas beaucoup plus parisiens, ni cadres supérieurs que la moyenne. La seule spécificité est que les homosexuels ne sont que 50 % à vivre en couple, alors que les hétéros le sont à 70 %. (...)"

Ces chiffres semblent corroborer grosso modo une étude effectuée aux USA par Gary J. Gates du Williams Institute : ’How many people are lesbian, gay, bisexual, and transgender ?’.

Sur les 1.75% éventuellement concernés donc, il sera pittoresque de voir au travers des statistiques officiels combien auront EFFECTIVEMENT opté pour cette très innovante disposition qu’offre cet étrange projet législatif...

On risque fort de tomber dans des pourcentages dignes de la physique quantique qui ne manqueront certainement pas de faire ricaner certains qui se souviendront que l’on aura agité l’opinion pendant une bonne année à ce sujet...

De très mauvais esprits observeront de plus que dans le même temps, le chômage & la pauvreté ne connaissent malheureusement pas des pourcentages du même ordre de grandeur pour le moins que l’on puisse dire...

09/05/2013 14:30 par Quidam

Oops !

j’ai omis de souligner une formule de style que je trouve tout à fait hilarante :

"Ils ne sont pas beaucoup plus parisiens, ni cadres supérieurs que la moyenne."

Ah bon ? Un peu quand même alors ! ;-)

09/05/2013 19:46 par Transes

D’une réflexion politique intéressante, vous n’avez réussi qu’à en profiter pour tenir pour la énième fois des propos homophobes.
Comme si c’étaient les homosexuels qui étaient responsables de cet état de fait, comme s’ils n’étaient pas les victimes de ces manipulations, comme s’ils avaient choisi d’être marginalisés et stigmatisés encore et toujours par les réactionnaires de tout poil et de tous bords, alors qu’ils ne font que revendiquer les mêmes droits que les autres.
Ils ne sont pas nombreux à vouloir se marier ? Vous devriez vous en réjouir, ainsi, votre sacro-saint mariage ne sera pas entaché par des hordes de pervers sexuels.
S’en prendre aux victimes c’est bien dans la mentalité des pauvres petits esprits mesquins et étriqués.
La gauche, du moins, celle qui prétend l’être, est monstrueuse : elle nous envoie, sciemment ou par colossale bêtise, ou les deux, probablement, tout droit dans les griffes de l’extrême-droite.
Mais elle continue de bomber le torse, nom de dieu.
Parce qu’on est des mecs, des vrais, pas des tarlouzes.

09/05/2013 22:13 par Dwaabala

Transes

ils ne font que revendiquer les mêmes droits que les autres

« Ils » c-à-d leur communauté, sans doute ?
De fait, Ils et Elles, la communauté homosexuelle, n’ont plus rien à revendiquer, puisque la loi a été votée... sauf du côté PMA et GPA certainement, ce qui laisse à cette loi un goût d’incomplétude.
La notion de communauté s’accordant mal avecl celle de république, il vaut mieux la faire passer à l’as et dire carrément que c’est la gauche qui a revendiqué et voté ces droits.
Et c’est une grande victoire de l’égalité (les mêmes droits que les autres)... hélas ! seulement partielle pour le moment à cause du manque de détermination de F. Hollande.
Que vient faire l’homophobie là-dedans alors que, politiquement, il s’agit d’être ou ne pas être de gauche ?
En tous cas il y a bien les uns (les unes) et les autres. Ce qui ne fait quand même pas très joli, à cause d’un relent de ségrégationnisme.

.

09/05/2013 22:50 par Quidam

Le PS serait donc la gauche pour vous Dwaabala ??????

09/05/2013 23:31 par Transes

Quand il s’agira du droit de vote de la "communauté des immigrés ET immigrées", puisque vous insistez pour ne laisser personne au bord du chemin (enfin, dans certains cas), j’espère que vous nous ressortirez également cette brillantissime explication.

"Que vient faire l’homophobie là-dedans alors que, politiquement, il s’agit d’être ou ne pas être de gauche ?"

Ah, excusez-moi, je croyais que vous étiez de gauche. Au temps pour moi.
Dans ce cas-là, en effet, je comprends mieux.
A droite, ils ne donnent pas du tout dans l’homophobie. Ce n’est pas le genre de la communauté. Vous avez raison.
C’est juste qu’ils tiennent aux valeurs "travail, famille, patrie".

" En tous cas il y a bien les uns (les unes) et les autres. Ce qui ne fait quand même pas très joli, à cause d’un relent de ségrégationnisme."

Gné ?

10/05/2013 00:02 par Dwaabala

Quidam
Pour ne parler que de ce qui se fait, disons de plus à gauche et mieux, au sommet de cette gauche, où la question après avoir été exposée sommairement sous la forme puisqu’il s’aiment, qu’ils se marient s’est enrichie magiquement du thème de l’égalité qui a tout emporté comme un tsunami, il convient d’admettre qu’on ne discute pas avec l’évidence d’une déferlante : c’est pourquoi, sur cette question fondamentale le PS est un parti de gauche, et si l’on ne veut pas se rallier aux cléricaux, aux réactionnaires, et aux crypto-fascistes, il faut se faire une raison (!) et acclamer le grand bond en avant de l’égalité, voire son couronnement ultime, ce qui manquait encore à la devise républicaine, dans le mariage homosexuel.

10/05/2013 09:03 par gérard

@ Dwaabala

Quand il s’agit d’égalité, du droit égal pour tous, il n’y a rien à discuter ni même à réfléchir (Aie, aie, aie !) : nous vivons un grand moment à cet égard, un point c’est tout, (aie, aie, aie !)

.

Désolé, mais s’il s’agit de faire un bilan sur cette loi, je dirai fiasco total sur toute la ligne, mais en ce qui concerne celui d’avoir redonné du punch à la droite, alors là je dirai chapeau, mes félicitations, quel talent !
@ Transes
Mais dans quel monde de haine vivez-vous, certainement pas en France, votre vocabulaire : "victime, manipulation, homophobie, marginalisé, stigmatisé, réactionnaire, hordes de pervers sexuels, petits esprits mesquins et étriqués, bêtise, griffe de l’extrême-droite"...ouf !
Dois-je vous rappeler qu’au début de cette "histoire", une majorité des français était partisan du mariage homo ? Que l’homophobie si elle subsiste je ne le nie pas, elle n’est pas une réalité en France si monstrueuse que cela ! Qu’il faille la combattre, là je vous suis.
Le Maire de la plus grande ville de France il est quoi ?
Quand j’ai quitté Paris, il y a plus de trente ans, il y avait, dans le bureau où je travaillais, un collègue homosexuel ; ce n’est pas seulement qu’il était intégré, mais que c’était avant tout notre{{}} ami à tout le bureau ! Ce n’est je vous l’accorde qu’un nano-exemple, mais j’en ai rencontré souvent de semblables !
Le mieux est l’ennemi du bien, dit-on...
On serait resté tranquillement au niveau du PACS, en étendant les droits à l’équivalence de ceux de ce "mariage" ("sacrement" que beaucoup d’hétéros renient d’ailleurs), cela n’aurait pas été plus mal, non ?..
Je pense même qu’il aurait été alors possible d’aller plus loin dans "l’évolution".
Et il il ne restait plus ensuite qu’à laisser évoluer tranquillement les mentalités ; mais je ne vais pas refaire le débat.
Juste un dernier point, les homosexuels que cela "gonfle" de passer devant Môssieur le Maire, (comme une bonne partie des hétéros de ma génération), un bon petit pacs bien discret ça n’aurait pas été plus mal, non ?
"Pour vivre heureux, vivons cachés ?"
...c’est raté !

10/05/2013 10:56 par Quidam

Je ne suis pas - comme vous semblez l’être - Dwaabala, un adepte de la méthode Coué ; cette polémique a été lancée par les révisionnistes sociaux-traitres du parti dit "socialiste" avec guillemets précisément pour occuper & tromper l’opinion et pouvoir mener à bien - dans le même temps & en silence - une politique antisociale sans précédent. Le mariage est une institution bourgeoise clef du système capitaliste qu’aucun progressiste marxiste-léniniste digne de ce nom ne peut défendre, il est antisocial & réactionnaire son extension à un groupe ultra-minoritaire de petits bourgeois rêvant de répliquer d’une manière grotesque cette institution bourgeoise réactionnaire est absurde d’un point de vue marxiste-léniniste, vouloir y mêler le concept d’égalité est purement grotesque. Ce projet antisocial de diversion mériterait bien plus l’appellation de "chômage & pauvreté pour tous" car c’est son but & il est en train d’être tranquillement mis en œuvre grâce à la naïveté d’une opinion décérébrée.

10/05/2013 13:42 par Dwaabala

Quidam, je pousserai la méthode Coué jusqu’à être d’accord avec vous et gérard.

10/05/2013 16:04 par eric toutcourt

quand on est contre le mariage tout court, on a le droit de pas etre pour le mariage gay ?

10/05/2013 18:01 par Dwaabala

à eric toutcourt : rien de moins sûr.
En tous cas les rapports homosexuels avant ou hors mariage ne seront plus acceptés d’un très bon oeil.

11/05/2013 00:49 par Transes

Mais pour qui donc roulez-vous tous ? Pourquoi un tel acharnement ?
Qui milite pour les rebelles syriens contre les Syriens eux-mêmes, qui prétend que le Mali est une guerre humanitaire et absout les pédophiles, qui est aux côtés de la droite dure étasunienne pour incarcérer un jeune de 18 ans, etc.
Et quand il s’agit du MPT, vous rappliquez tous immédiatement, et tous d’accord avec la droite la plus abjecte qu’on ait connue, avec les mêmes arguments ignobles ou des arguments ineptes et contradictoires tellement vous ne savez même pas dire pourquoi vous n’êtes pas d’accord, parce que vous seriez obligés d’en exposer les vraies raisons – forcément inavouables.
Et quand on relève l’absurdité de vos propos, soit vous invectivez le commentateur, soit vous éludez le débat en répondant à côté ou en occultant ce qui vous est opposé, soit vous fuyez pour aller pérorer sur un autre fil de discussion.
Vous avez investi le site du GS et vous êtes souvent les premiers à vous précipiter pour écrire des commentaires. Et on ne peut que se poser des questions sur un tel empressement à donner votre avis sur tout.
Car, jamais, vous ne manifestez une position clairement de gauche : vous louvoyez constamment.
Alors, je répète : pour qui roulez-vous ?

Quant à gérard, le promoteur des pédophiles, à ce que j’ai vu par ailleurs, vous êtes navrant.
"Mais dans quel monde de haine vivez-vous, certainement pas en France …"
D’abord, la haine, c’est vous tous qui l’alimentez en France, oui, EN FRANCE, où tous les fachos sont de sortie en ce moment, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué.
Ensuite, accuser les autres de manifester de la "haine", c’est un argument-phare de la droite. Parce que la droite n’a rien d’autre à opposer à une argumentation que de la mauvaise foi et des invectives.

Ah oui, l’homosexuel-alibi qu’on aime bien et qu’on côtoie sans penser qu’il fait des cochonneries au lit avec un congénère, ça, c’est comme les Arabes qu’on connaît, des gens très bien, mais après, il y a tous les autres, qui revendiquent les mêmes droits que nous, alors qu’ils sont en France, CHEZ NOUS, nom de dieu !
Et voilà qu’on nous remet le Pacs sur le tapis, c’était bien mieux, évidemment, et si les couples homos voulaient les avantages que procure le mariage, ils auraient dû demander un super-Pacs et qu’on en finisse avec cette histoire ridicule.Mais non, c’était mariage ou rien.
Donc, vous rendez les homos responsables de la décision d’ouvrir le mariage aux couples homos, alors qu’ils se seraient largement contentés d’avoir accès aux mêmes droits, quel que soit le nom qu’on aurait donné à cette mesure.
Eh, oui, le Pacs, ce serait plus discret, on ne chercherait pas à savoir, nous les normaux, s’ils forment un couple et on pourrait dire que ce sont des "copains" - ou des "collocs" qui ne peuvent pas se loger séparément à cause du prix des loyers.
C’est vrai, c’est sale, ces histoires de coucheries et puis, il y a les enfants qui regardent.
Seulement, s’il s’était agi de PACS amélioré, on aurait eu les mêmes brailleurs.
Non ce n’est pas de la haine que je ressens pour des gens comme vous. C’est du mépris. Du mépris pour toute cette hypocrisie, toute cette mauvaise foi, toute cette morgue que vous affichez pour vos semblables du haut de vos certitudes de clients du café du commerce.

@"Eric tout court", le papiste : ah, vous revoilà, vous aussi ?
Il n’en manque pas un à l’appel, on dirait.
"Quand on est contre le mariage tout court, on a le droit de pas être pour le mariage gay  ?"
Question stupide, mais cela n’a rien d’étonnant.
On se demande combien d’entre vous avez refusé de vous marier par conviction profonde. Probablement aucun, tellement vous êtes accrochés à le préserver tel qu’il est.
Car, ceux qui sont contre le mariage pour eux-mêmes ne s’expriment pas avec virulence contre le fait que d’autres se marient. Ils n’ont jamais manifesté bruyamment et violemment contre.
Sauf, peut-être, marginalement, à une époque révolue et fantasmée.
Sauf, sans doute aussi, les curés, à part quelques-uns un peu plus évolués.
Mariage, pas mariage, chacun (pour peu qu’il soit en couple avec quelqu’un de l’autre sexe, évidemment) fait comme il veut actuellement. Nous avons dépassé ce stade où les couples en concubinage étaient montrés du doigt.
C’est ce qu’on appelle la liberté d’opinion et de choix.
Vous savez ? Ce que vous interdisez aux autres.

11/05/2013 07:36 par legrandsoir

Bon, et si on se calmait, si on argumentait sans prise à partie des autres commentateurs ?
C’est le meilleur moyen d’éviter un de ces cartons rouges qui favorisent le bon déroulement du match.
Et ça incite chacun à lire les commentaires, réputés être un plus.

11/05/2013 10:39 par Sheynat

@ les commentaires des participants à cet échange que je viens de lire, (à part celui de Transe) me semblent donner entièrement raison à l’analyse de Georges Tin : La rhétorique homophobe et ses mutations
Après avoir signalé la sophistication du discours homophobe des dernières années, il en précise son caractère omniprésent et évanescent ; il en dégage les « versions savantes », les « versions profanes », les fondements sexistes, les tendances xénophobes, et... :

Homophobie et haine sociale
Enfin, la rhétorique homophobe s’accorde parfois aux discours de haine sociale : vice bourgeois pour les prolétaires du dix-neuvième siècle, l’homosexualité était pour le bourgeois d’alors le fait des classes laborieuses, toujours immorales, ou de l’aristocratie, forcément décadente.(…)

Dans un autre genre, les débats sur le Pacs ont également suscité des arguments de haine sociale aux accents néo-poujadistes, mettant en cause les homosexuels, leur aisance financière supposée [1] leurs exigences fiscales évidemment démesurées, et cela, bien entendu, au détriment du contribuable. Le slogan plusieurs a été maintes fois entendu :
« Allons-nous payer pour les pédés ? »
Cette logique économique, dont le modèle a été quelque peu oublié, remonte au moins au siècle précédent. Mais aux États-Unis, ces discours ne faiblissent pas : à l’instar des juifs, les homosexuels sont souvent présentés comme une minorité surpuissante dominant Hollywood, les médias, l’économie, la politique.

Voir les commentaires #94175 et #94180, #94204, #94208 ainsi que celui sur un sujet identique le 1/5/13 : #93874 

Ensuite :

Plus subtile, mais non moins efficace, est la double injonction, ou verrouillage alternatif. Cette stratégie rhétorique consiste à proférer successivement des injonctions contradictoires selon les nécessités du temps. Ainsi :
  l’injonction à la normalité fut longtemps un motif privilégié du discours homophobe ;
 mais lorsque d’aventure, certaines associations s’avisèrent de demander la reconnaissance légale du couple homosexuel, cette revendication qui, apparemment, allait dans le sens souhaité fut alors critiquée dans la mesure où elle risquait, disait-on, de mettre en péril la norme sociale.
Le débat sur la parentalité fit apparaître un fonctionnement analogue :
 les homosexuels furent souvent accusés d’être des individus « égoïstes », refusant de participer à la reproduction de l’espèce ;
 mais lorsque certaines lesbiennes réclamèrent le droit à l’insémination artificielle, lorsque les couples homosexuels réclamèrent le droit à l’adoption, ce désir fut également jugé « égoïste », et on leur demanda de « faire le deuil de leur désir d’enfant ».
Bref : qu’ils veuillent des enfants, ou qu’ils n’en veuillent pas, les homosexuels n’en demeurent pas moins égoïstes . Qu’ils obtempèrent ou non aux injonctions, ils se trouvent nécessairement en défaut :
 s’ils vivent au grand jour, on leur demande d’être discrets ;
 mais s’ils sont discrets, c’est qu’il y a là quelque chose de honteux, d’innommable, etc.
La dialectique du débat est toujours verrouillée de tous côtés.

Les commentaires -non argumentés, d’ailleurs, on se croirait sur un chan - #94220 et #94227 illustrent parfaitement ce verrouillage dialectique du débat.

Et enfin :

La dernière stratégie du discours homophobe consiste à se nier soi-même en tant que tel. Cette dénégation, bien connue sous sa forme la plus grossière, « je ne suis pas homophobe, mais... », connaît plusieurs degrés d’expression.(...)
Moins extrêmes, mais bien plus courantes sont les tentatives de minoration. Elles n’ignorent pas vraiment les pratiques homophobes, mais savent les relativiser, de manière aimable et souriante(...)
Dans cette logique, une certaine forme d’optimisme, ou d’ignorance, conduit certaines personnes, parfois même de bonne foi, à se faire les apôtres de la démobilisation, en avançant des formulations aux relents équivoques : selon elles, l’homophobie est le fait de pays lointains, plus ou moins arriérés, ou d’époques révolues. Si elle existe encore, ce ne peut être que de façon résiduelle, et elle sera bientôt résorbée par le progrès moral, bien entendu continu et irréversible, ce qui rend dérisoires, déplacées, voire déplaisantes les incessantes revendications des associations homosexuelles...

Ca, c’est pour le commentaire relativiste suintant la dénégation #94199, qui prend à partie Transe en l’imaginant vivre dans un monde de haine, ailleurs qu’en France. 

Il y a de quoi se demander à force, si vous ne le faites exprès...

Sheynat

11/05/2013 12:11 par rouge de honte

C’est triste.
Un famillier c’est suicidé il y a peu. Le sentiment d’être different, de ne pas être accepté et probablement la volonté désespérée de démontrer une valeur égale aux autres, trop souvent inquisiteurs, ont eux raison de lui.
Il n’y a pas les "normaux" d’un côté et les "anormaux" de l’autre, il y a des êtres qui aiment et qui pensent. Tous ceux qui ont le respect et l’amour ancrés en eux méritent d’être aimés et respectés.

11/05/2013 14:20 par Transes

@ rouge de honte : votre témoignage est très émouvant. Merci de recentrer sur l’humain, ignoré par les théories fumeuses et sciemment cruelles.

@sheynat : eh bien, vous savez trouver les arguments pertinents. Ces citations montrent qu’il y en a qui réfléchissent

11/05/2013 14:22 par Dwaabala

Afin de faire front aux ironophobes, une petite précision de langage.
Le masculin pluriel “ceux” vaut également pour le féminin, fait remarquer quelqu’un.
Exact, ceux n’est masculin que du point de vue grammatical désincarné, mais sémantiquement il est collectif et englobe ceux et celles.
Valable pour tous qui appelle inévitablement et abusivement aujourd’hui et toutes... et pour les pluriels collectifs en général.
Et aussi pour l’homme, le canard, l’autruche etc. De ce point de vue, un enfant d’homme n’existe pas plus qu’un oeuf de canard, ou que l’objet introuvable, le crâne de Voltaire enfant.
Ce scrupule rhétorique qui date du temps de Giscard, c’est lui qui l’avait introduit dans ses interventions, pouvait passer à l’époque pour une délicatesse, une forme de galanterie surannée.
Il est devenu quasi obligé pour qui ne veut se faire illico soupçonner de machisme ; alors que dans le même temps le mouvement législatif, sinon social, impose la non différenciation des sexes. Tout en l’établissant dans le principe de parité.
Les temps sont troublés... mais cela relève d’une analyse que vous faites très bien dans vos articles et commentaires, Ô ! fidèles de @ legrandsoir.
Féminisme outrancier et « théorie du genre » se touchent ici du bout de la langue.

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