RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Monde commun, écart de revenus , méritocratie, égalité des chances.

Les deux premiers rapports renvoient aux deux seconds : méritocratie et
égalité des chances. Trop d’écart de revenus crée des mondes sociaux
séparés. Deux "France" sont non seulement séparées mais opposées. Cinq
ans après la révolte des banlieues délaissées de la République ces
dernières demeurent éloignées de l’emploi et des richesses alors
qu’ailleurs les riches sont encore plus riches, très riches, trop
riches. Trop signifie que l’égalité des chances ne saurait légitimer une
telle situation.

1) Monde commun et écart de revenus maxi : 1 à 5, 1 à 10, 1 à 40.

Trois grandes propositions d’écart de revenu sont repérables. Proposer
le 1 à 40 signifie ne pas vouloir aller vers un monde commun. Le 1 à 10
qui admet encore de fortes dominations de classe ne produit pas un tel
"effet de monde différent".

Ici la base est le SMIC revendiqué à 1500 euros perçus (net) ce qui
modifie les calculs.

Si le SMIC revendiqué est de 1500 euros (1)

l’écart souhaitable des revenus allant de 1 à 5 passe sur cette base
à 7500 euros . Cette somme constitue la base de départ des revenus des
21 catégories de dirigeants. L’écart de 1 à 5 est clairement
anticapitaliste.

L’écart de 1 à 40 ( 60 000 euros par mois !!!) évoqué il y a peu par
Marianne ne touche que l’hyperclasse mondialisée et protège la
bourgeoisie nationale tant sa composante rentière que capitaliste. Cette
formule légitime ce qu’elle veut combattre. Vouloir un monde commun ne
saurait s’accommoder d’un tel écart.

Un écart de 1 à 10 (1500 à 15 000 euros par mois) parfois proposé
frappe l’hyper-classe et une partie de la bourgeoisie mais protège les
"grands élus", les professions libérales et les capitalistes entre 7500
et 15000 euros. Il s’agit là d’une formule intermédiaire de type
social-démocrate fondée sur une alliance de classe entre le gros du
salariat (moins de 3000 euros) et les cadres supérieurs et une fraction
de la bourgeoisie nationale. Elle est jugée " réalisable " car
susceptible d’être soutenue démocratiquement au plan national.

2) Méritocratie républicaine, néolibéralisme et égalité des chances.

Globalement il est possible de distinguer deux conceptions de la
méritocratie dans les grandes entreprises : d’une part l’une fondée sur
l’arbitraire patronal nommée compétence ou performance et l’autre fondée
sur le diplôme national et la qualification. Les deux peuvent s’inscrire
dans le mode de production capitaliste mais la première est de facture
néolibérale quand la seconde relève de l’Etat social.

La méritocratie comme son nom l’indique défend l’idée de placer sur
les postes de la division hiérarchique du travail les individus
compétents. Mais dans un régime républicain social ces compétences sont
d’une part validées au titre de la qualification (2) et d’autre part ne
seront pas prétexte à sursalaire. Autrement dit la méritocratie
républicaine attribue des fonctions et des postes à des travailleurs
qualifiés, mais pas une affectation très étalée des revenus. S’ajoute un
autre argument : ce serait plutôt le travail pénible qualifié ou non qui
devrait lui être bien payé et gratifié d’un moindre temps de travail.
Tout cela n’épuise pas l’arbitraire mais le limite très fortement. Le
management contemporain "à la performance" et au "mérite" a largement
cassé ce dispositif social.

C’est le système capitaliste qui inverse l’ordre des choses, ce
n’est pas la méritocratie républicaine. Le néolibéralisme a renforcé
cette dynamique inégalitaire. Il a détruit ce que le régime républicain
social avait pu construire contre le capital dans une période favorable.
Cela ne signifie pas que la république sociale d’alors avait
radicalement circonscrit et encore moins éliminé le capitalisme.

L’égalité des chances, discours apparu avec le néolibéralisme, vient
casser l’ascenseur social et légitimer la prédation des riches. Les
néolibéraux ont cassé les normes juridiques protectrices sous le terme
de libéralisation et privatisation. Tous est soumis à la logique
marchande, ce qui intégré au marché comme ce qui ne l’est pas. Les
grandes firmes profitent de cette marchandisation néolibérale. Dans
cette anarchie de marché le thème de l’égalité des chances vient
autoriser les forts à devenir prédateurs et cupides et les faibles à ne
recevoir que la charité et la comùpassion.

Confrontation avec François Dubet. Cet universitaire sympathique et
fort compétent sur ces questions (3), n’a pas le même point de vue. Il
écrit : "L’égalité des chances et la méritocratie qui lui ressemble
comme une soeur sont les seules figures de la justice acceptables dans
une société où nous sommes égaux tout en occupant des positions sociales
inégales". Sont-elles vraiment si ressemblantes ?

Il ajoute : "L’ensemble des recherches sociologiques conduites en France
et ailleurs montre que ni l’école ni le marché du travail ne parviennent
à effacer les effets des inégalités sociales". Surtout pas le marché !
L’école républicaine s’y emploieen vain face au marché.

"L’égalité des chances ne vise pas à produire une société égalitaire,
mais une société dans laquelle chacun peut concourir à égalité dans la
compétition visant à occuper des positions inégales". "Le principe de
l’égalité des chances n’est acceptable que si l’on prend soin de le
situer dans un espace des inégalités sociales elles-mêmes acceptables.
Sans cela, l’égalité des chances peut n’être qu’une idéologie de
vainqueurs justifiant leur succès au nom de leur mérite". Certes.

F Dubet semble ici placer le marché à la place de la logique
méritocratique républicaine : Dans le monde du marché, la croyance est
la même : la prise de risques, les responsabilités et le travail doivent
être sanctionnés parce qu’ils mesurent le mérite de chacun. On croit
d’autant plus à l’égalité des chances et au mérite que l’on pense
souvent que cette forme de justice est efficace : les élites sont les
meilleures possibles, chacun est à la place qui lui convient, chacun a
intérêt à être efficace, ce qui contribue à l’efficience collective et à 
« la richesse des nations ».

L’ambigüité tient au montant de la "sanction" : si très très élevée en
terme de rémunération alors il s’agit du marché mais pas du mérite
puisque la méritocratie ne pose que des affectations de postes mais pas
des affectations financières. Certes il y a une hiérarchie des salaires
et traitements mais cette dernière s’effectue de façon progressive sans
grand saut qui soudainement place les "compétents" dans un autre monde,
celui des grands possédants.

Christian Delarue

1) Des syndicats proposent 1600 euros mensuels pour le smic.

On peut aussi plaider pour un revenu minimal de mi-carrière entre 40 et
45 ans autour de 2000 euros perçu. Une idée à creuser.

2) Le fondement républicain de la qualification.
http://www.lepost.fr/article/2010/01/28/1911604_le-fondement-republica...

3) Redoutable égalité des chances
http://www.communautarisme.net/Redoutable-egalite-des-chances_a668.html
par François Dubet , Libération, 12 janvier 2006

URL de cet article 10000
  

Enjeux politiques de l’histoire coloniale
Catherine COQUERY-VIDROVITCH
Notre patrimoine historique « national » doit-il inclure l’histoire de la colonisation et de l’esclavage colonial ? La réponse positive, de bon sens, ne fait pas l’unanimité : soit parce que parler sans tabou du domaine colonial serait « faire repentance », soit parce que l’ignorance ou la négligence entretenues depuis plusieurs générations font qu’il ne vient même pas à l’esprit de beaucoup de nos concitoyens que notre culture nationale héritée n’est pas seulement hexagonale. La culture française (que (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Nous avons abattu un nombre incroyable de personnes, mais à ma connaissance, aucune ne s’est jamais avérée être une menace"

Stanley McChrystal,
ex Commandant des forces armées U.S en Afganistan
(Propos rapportés par le New York Times, 27/3/2010).

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.