RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

L’immunité artistique selon Roman Polanski

Le soutien apporté par l’intelligentsia européenne et le landerneau cinématographique au fugitif Roman Polanski après son arrestation en Suisse pour une affaire de moeurs dévoile leur sens aigu de la solidarité corporatiste en même temps que leur indécente suffisance. Il ne s’agit pas de juger du fond de cette affaire sordide mais de faire le procès de l’arrogance d’une certaine coterie qui prend des licences avec la morale et la justice.

Ils se déclarent tous outrés par tant d’impudence et n’hésitent pas à en faire part publiquement. Bernard Kouchner reconnaît avoir intercédé en faveur de R ; Polanski auprès de son homologue étasunienne quand Frédéric Mitterrand estime « absolument épouvantable » son arrestation « pour une histoire ancienne qui n’a pas vraiment de sens ». Au coeur de ce comité de soutien, on retrouve le facétieux Bernard Henri-Lévy, qui relativise les faits en les qualifiant « d’erreur de jeunesse », lors même que le principal intéressé avait 43 ans au moment des faits. Il se permet même d’admonester Tim Burton pour ne pas avoir profité de la tribune du Festival International du film de Cannes pour exprimer son soutien au cinéaste franco-polonais. Une pétition pour demander la libération de Roman Polanski a déjà réuni plus de cent signataires de premier plan de « la grande famille du cinéma ».

Roman Polanski a fui la justice américaine en 1978, sans jamais y retourner, suite à sa condamnation pour "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans en 1977. Depuis lors, il a continué à pratiquer son art en toute tranquillité et a été de nombreuses fois consacrés par ses paires.

Roman Polanski est exonéré de toute responsabilité judiciaire sous un ramassis d’arguments spécieux et pitoyables :

-  Son génie artistique :
En mettant en relief son talent, ils suggèrent que son statut lui accorde une certaine impunité. Il est évident qu’il doit être jugé indépendamment de ses qualités artistiques.

-  La partialité de la justice :
Sa suspicion envers la justice est invraisemblable sachant qu’il a bénéficié de l’indulgence de la justice qui a retenu à son encontre le chef d’inculpation le plus léger. On lui a permis de plaider coupable pour des faits requalifiés en délit.

-  L’ancienneté des faits :
Roman Polanski a profité de sa libération sous caution pour fuir la justice. Il a depuis lors soigneusement évité le territoire étasunien. Il ne serait pas logique qu’il tire avantage d’une situation qu’il a lui-même créé. La prescription n’est pas applicable le cas échéant.

-  La non-récidive :
Roman Polanski n’a pas été poursuivi pour des faits de récidive. Cette question n’est donc pas pertinente.
De plus, il a confessé lui-même dans son autobiographie « Roman par Polanski » éprouvé d l’attirance pour « les très jeunes femmes ». Il a même concrétisé son penchant pervers avec Nastassja Kinski, lorsque celle-ci était âgée de 15 ans. Une actrice britannique vient dernièrement de déclarer à la justice américaine avoir été "abusée sexuellement" par le cinéaste au début des années 80, alors qu’elle était âgée de 16 ans.

-  Le contexte historique n’est plus le même :
Roman Polanski voudrait diluer sa responsabilité dans le parfum soi-disant libertin des seventies. Quoi qu’il en soit, à l’époque des faits la majorité sexuelle était de 16 ans. Il ne s’agissait pas de plus d’une liaison consentie mais contrainte avec circonstances aggravantes (fourniture d’alcool et de drogue à une mineure de 13 ans).

-  La victime avait déjà eu des relations sexuelles :
Les prétendues moeurs de la victime ne changent en rien la qualification délictuelle des faits. La victime était, vue son âge, dans l’impossibilité technique de consentir à une relation sexuelle.

-  La victime souhaiterait elle-même que l’affaire soit classée :
Le souhait de la victime n’est pas le seul élément à prendre en considération. La justice peut décider de poursuivre une affaire au seul nom de l’intérêt général. Il est avéré, qui plus est, que la victime a abandonné les poursuites moyennant une importante indemnisation que R. Polanski lui a versé.

L’injustice dans cette affaire ne réside pas dans le supposé acharnement de la justice californienne mais dans le soutien sectateur à un violeur fugitif. Il doit au même titre que n’importe quel quidam supporter le poids de ses crimes. Il n’est pas du ressort de ses amis de fortune, écrivaillons ou politichiens, de définir que son exil doré est une peine suffisante au regard de son génie artistique.
Ces bienfaiteurs de l’humanité, gardiens de toutes les causes, garants de la dignité de la femme, n’hésitent pas à se parjurer dès que le coupable est un homme « de leur rang » et dès lors digne de leur compassion sélective.

Monsieur Roman Polanski ne peut peut-être plus se taire mais il sont nombreux à ne plus pouvoir entendre leurs fariboles pathétiques.

URL de cet article 10633
  

Enjeux politiques de l’histoire coloniale
Catherine COQUERY-VIDROVITCH
Notre patrimoine historique « national » doit-il inclure l’histoire de la colonisation et de l’esclavage colonial ? La réponse positive, de bon sens, ne fait pas l’unanimité : soit parce que parler sans tabou du domaine colonial serait « faire repentance », soit parce que l’ignorance ou la négligence entretenues depuis plusieurs générations font qu’il ne vient même pas à l’esprit de beaucoup de nos concitoyens que notre culture nationale héritée n’est pas seulement hexagonale. La culture française (que (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Ce n’est pas de Wikileaks que les Etats-Unis ont peur. Ce n’est pas de Julian Assange qu’ils ont peur. Qu’importe ce que je sais ? Qu’importe ce que Wikileaks sait ? Ce qui importe, c’est ce que VOUS savez." — Julian Assange

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.