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Élections européennes : Que proposent les candidats à la présidence de la Commission ?

Le 25 mai prochain, les citoyens européens seront invités à voter pour élire les membres du futur Parlement européen. Cependant, malgré le fait que l’Union ait pris une place de plus en plus importante dans nos vies, seule une maigre portion de la population est au courant de la composition de ce Parlement et des enjeux qui entourent ces élections.

Récemment, alors qu’elle acquérait de nouvelles compétences, l’Europe a légèrement élargi les pouvoirs du Parlement européen. Cela s’exprime notamment par un rôle renforcé dans le choix du président de la Commission. En effet, alors qu’il était auparavant désigné par le seul Conseil Européen, le président de la Commission doit maintenant réunir une majorité au Parlement et « refléter le résultat des élections ». Cet élargissement du pouvoir parlementaire à la marge ne change évidemment pas grand chose au caractère anti-démocratique du fonctionnement des Institutions Européennes.

Bref, une des conséquences de ce changement est que les partis européens ont désigné leurs prétendants au poste de président de la Commission. Pour la première fois, l’Union fait campagne auprès des Européens et le futur président de la Commission essaie d’attirer leurs votes. Les candidats se déplacent à travers l’Europe et débattent pour convaincre les citoyens de leurs visions. Mais qui sont ces candidats à la présidence de la Commission et quelles sont leurs positions quant à la stratégie économique de l’Union Européenne et à la crise de la dette ? Voici des déclarations reprises des principaux débats de campagne à Maastricht (28 avril), Florence (7 mai) et Bruxelles (15 mai).

Les candidats et leurs prises de position
CANDIDATSPartis européensPartis membresSoutiens
Jean Claude JunkerParti Populaire Européen (PPE)CDH, CD&V, UMP, UDI, CDU, CSUAngela Merkel, Kris Peeters, Nicolas Sarkozy
Guy VerhofstadtAlliance des Libéraux et des Démocrates pour l’Europe (ALDE)MR, OpenVLD, MODEM, FDP, Lib DemDidier Reynders, Nick Clegg, François Bayrou
Martin SchultzParti Socialiste Européen (PSE)Parti Socialiste Belge, Parti Socialiste Français, SPa , Labour, SPDFrançois Hollande, Elio Di Rupo,
Matteo Renzi
Ska Keller & José BovéParti Vert Européen (The Greens)ECOLO, Groen, Europe Ecologie Les Verts, Bündnis 90/Die GrünenDaniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, Isabelle Durant
Aléxis TsíprasParti de la Gauche Européenne (EL)Parti Communiste Belge, Parti de Gauche, Parti Communiste Français, Die LinkeJean-Luc Mélenchon, Cayo Lara, Marisa Mattias

Martin Shultz est le candidat socialiste à la présidence de la Commission. Concernant l’économie, sa priorité affichée lors des débats est la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale. Pour ce qui est de la crise, il affirme que les spéculateurs ont une responsabilité dans celle-ci et qu’il est anormal que les contribuables payent pour leurs pertes alors qu’ils ne bénéficient pas de leurs gains. De ce fait, il se dit opposé à continuer de faire payer les citoyens pour les pertes des banques et soutient que l’austérité n’a fait qu’aggraver la situation de l’Europe. S’il s’oppose à l’austérité, il se déclare tout de même en faveur de la discipline budgétaire. Son groupe a d’ailleurs voté en masse le pacte budgétaire, le fameux TSCG , et s’est félicité de sa ratification. Selon lui, l’Europe doit porter une réelle stratégie de croissance couplée à de la discipline budgétaire pour sortir de la crise actuelle. Par ailleurs, Martin Shultz met également en exergue le rôle de la BCE qui prête aux banques à des taux très faibles pour que cet argent soit utilisé pour spéculer ou pour prêter ensuite aux États. Il se déclare donc pour une réforme de la BCE. Pourtant, les socialistes ont participé à la trajectoire néolibérale de l’Union en votant la plupart du temps aux côtés des libéraux et des conservateurs. Concernant le traité transatlantique de libre-échange entre l’Union et les États-Unis (TAFTA/TTIP), sa position est assez ambiguë. Tout en émettant des réserves, il ne s’oppose pas à l’idée de développer ce « partenariat ».

De son côté, Jean-Claude Junker, représentant la famille politique sortante et ayant été président de l’Eurogroupe, semble s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur et tente plus souvent de justifier ce qui a été fait plutôt que de proposer des alternatives. Quelques petites sorties sont pourtant notables comme son soutien à l’idée d’un salaire minimum européen pour lutter contre le dumping social ou l’affirmation que les banques « doivent changer d’attitude ». Cependant, face à l’opposition à l’austérité affichée par les autres candidats, il se contente de déclarer « ne pas être un fan de l’austérité » et préférer la « rigueur fiscale ». De la même manière, alors que les autres candidats remettent tous en question le fonctionnement et les décisions de la Troïka, celui-ci évite de se prononcer.

À l’opposé du candidat conservateur, Guy Verhofstadt a lui été omniprésent et prolixe lors des débats. Sa position sur la crise est très claire : ne faisons pas de nouvelles dettes ! En effet, il soutient qu’il est nécessaire de sortir du cycle dette-austérité-dette en suivant une nouvelle stratégie économique de croissance. Fermement opposé à l’austérité (du moins dans le discours) et au financement par l’endettement, il propose une stratégie de croissance utilisant mieux la taille de l’Union pour peser sur l’économie mondiale face aux géants américains, chinois et autre. Il souligne également les économies d’échelles qu’il serait possible d’effectuer en rationalisant les stratégies économiques au niveau européen. Concernant la Troïka, il appelle à la limiter à un rôle technique, le pouvoir de décision devant revenir entièrement aux parlements. Par ailleurs, il soutient un élargissement des possibilités de prêts de la BCE pour lui permettre de mieux participer à l’économie réelle. Enfin, il soutient fermement le traité transatlantique de libre-échange en le décrivant comme une opportunité pour booster la croissance européenne.

Pour leurs parts, les candidats écologistes, Ska Keller et José Bové, se sont eux montrés très évasifs sur les questions économiques. Leurs principales prises de position concernent l’opposition à l’austérité, l’opposition à la Troïka et la nécessité de développer une économie verte. Cependant, on notera le réquisitoire de Ska Keller contre le système actuel de la dette (bien qu’elle n’utilise pas ces termes). Elle affirme notamment que la plus importante dette actuelle en Grèce et ailleurs est la dette sociale constituée du dysfonctionnement des systèmes éducatifs et des systèmes sociaux. Elle appelle donc à investir dans le futur contre cette dette sociale. Par ailleurs, les écologistes se démarquent par leurs oppositions au traité transatlantique de libre-échange (TAFTA/TTIP) là où les conservateurs, les libéraux et les socialistes soutiennent le projet. Cela n’a pas empêché le groupe des verts (avec des exceptions) de voter en faveur du TSCG.

Le dernier candidat, Aléxis Tsípras, représente la gauche radicale européenne. Il n’a participé qu’au débat de Bruxelles et s’est exprimé en Grec. Sans surprises, il s’est déclaré farouchement opposé aux politiques d’austérité et a accusé les partis au pouvoir d’avoir utilisé la Grèce comme cobaye des politiques d’austérité les plus dures. Il a souligné que l’Europe devait s’intéresser plus au chômage et à la croissance plutôt qu’aux déficits si elle voulait faire diminuer l’euroscepticisme. Selon lui, ce sont les politiques des partis au pouvoir qui ont poussé l’Europe dans la crise. Après avoir appelé l’Europe à bannir la Troïka, il s’est prononcé pour une solution globale et soutenable à la dette qui doit, selon lui, inclure l’assainissement des banques. Il est également opposé au traité transatlantique.

Qu’en conclure ?

Ce qui précède illustre bien entendu les discours de ces candidats, et non ce que leurs groupes politiques respectifs ont réalisé ou vont réaliser. Alors que sur de nombreux sujets, les candidats à la présidence de la Commission ont souvent des vues assez proches, il existe des différences notables sur les questions économiques. D’abord, les débats montrent assez clairement une opposition entre le candidat conservateur et les autres. Alors que le premier est l’héritier des pratiques antérieures et semble vouloir marcher dans les pas de son prédécesseur, les autres candidats critiquent ouvertement la gestion de la crise par la Commission et déclarent rejeter l’austérité (pour une question d’illégitimité et/ou d’inefficacité). Cependant, si les déclarations des ‘non conservateurs’ vont dans le même sens sur l’austérité, elles divergent sur la question de la discipline budgétaire. Là où le candidat libéral et le candidat socialiste rejettent l’austérité, mais appellent à la discipline budgétaire couplée à une stratégie de croissance, les écologistes mettent l’accent sur la nécessité d’investir pour diminuer la dette sociale. De la même manière, Aléxis Tsípras évite la question budgétaire et appelle plutôt à investir activement dans la lutte contre le chômage et l’injustice sociale. Ensuite, on retrouve également des différences notables sur la question du traité transatlantique de libre-échange. Alors que les socialistes, conservateurs et libéraux soutiennent ce traité, les verts et la gauche radicale y sont opposés. Ce sujet a cependant été assez peu abordé lors des débats et les réponses des candidats sont restées relativement vagues.

En conclusion, si les déclarations des candidats en campagne n’ont rien de révolutionnaire, certaines remettent en cause les modes de fonctionnement actuels de la Troïka et de l’Union sur les questions relatives à la gestion de la crise de la dette. Bien que le futur président ne changera pas le fonctionnement de l’Union, celui-ci possède un certain pouvoir avec le monopole de l’initiative législative qu’il pourra utiliser à bon ou mauvais escient.

Luc Tessan

»» http://cadtm.org/Elections-europeennes-Que
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