RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

N’abandonnez jamais vos rêves !

Le processus de paix se déroulant à Cuba entre les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et les dirigeants colombiens en rappelle un autre que les jeunes connaissent moins. En effet, un certain tabou existe sur l’insurrection au El Salvador parce que le FMLN, la branche politique des insurgés salvadoriens, a été mise et est maintenue sur la liste des organisations terroristes malgré l’exercice d’un pouvoir pacifié par le FMLN lui-même.

Il nous a été demandé un geste de solidarité pour une association d’ex-combattants qui tient un rassemblement afin de faire sortir de l’ombre ces guérilleros laissés à eux-mêmes malgré une aide minimum de l’ONU. Cette aide n’a pas été suffisante pour plusieurs des anciens combattants. Ils tentent donc d’attirer l’attention de leur ancienne organisation politique au pouvoir, le FMLN lui-même.

Nous avons voulu exprimer notre pleine solidarité envers ces gens qui ont mis leur vie en péril pour un nouvel El Salvador. On voit souvent dans les manifestations d’envergures sur la mondialisation une pancarte éloquente. Elle dit : « Pas de paix sans justice ». Bien sûr elle n’implique pas automatiquement la lutte armée, mais elle souligne fortement que les pouvoirs sur la planète ne seront pas laissés en paix et que les différentes manifestations continueront de les interpellés pour la justice selon les vœux des altermondialistes.

Voici donc notre message de solidarité envers ces dévoués guérilleros qui interpellent à leur tour leur gouvernement de manière à obtenir justice pour les sacrifices auxquels la lutte antifasciste dans leur propre pays, dirigé alors par les représentants d’extrême-droite, les a obligés.

Notre titre pour cet article s’inspire d’une phrase de Céline Dion à un journaliste chinois à Shanghai qui lui demandait ce qu’elle souhaitait dire au peuple chinois. Elle n’avait pas hésité longtemps à exprimer son vœu, qui peut aussi s’adresser à tous les peuples, y compris le peuple québécois dont plusieurs membres de l’époque de l’insurrection salvadorienne avaient travaillé ardemment à la solidarité avec le El Salvador.

Guy Roy

Parti communiste du Québec
Site internet : www.pcq.qc.ca

ASALVEC

El Salvador, C.A.

 
Chers camarades,

Dans son livre « La gauche à l’aube du XXI ième siècle » la grande sociologue chilienne Marta Harnecker, vivant à Cuba, rend hommage pendant tout un chapitre à votre lutte. Qu’elle ait été défaite ou qu’elle ait abouti à une paix qui ne vous satisfait pas, Marta Harencker en souligne toute l’âpreté, mais surtout les immenses difficultés qu’elle a eu à surmonter. Elle explique que la contribution du peuple salvadorien a été déterminante pour mettre en cause encore une fois l’hégémonie d’une oligarchie militarisée d’extrême droite cruelle et sanguinaire.

Avec celle des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), l’insurrection salvadorienne a été une des dernières du XX siècle, avec quelques luttes maoïstes encore armées. Mais on ne peut pas dire qu’elle se soit éteinte comme on voudrait le faire croire.

En fait, le El Salvador d’aujourd’hui est impossible à comprendre sans la période historique de la lutte armée du FMLN. Il y a un El Salvador avant et un El Salvador après l’insurrection. Choisissant la résistance armée plutôt que le génocide militaire et politique planifié par l’impérialisme US et l’oligarchie nationale, beaucoup des guérilleros ont ainsi contribué à préparer pour leur peuple la relative période de paix qu’il connaît maintenant. Une violence insidieuse persiste, mais elle est le problème d’une société qui entrevoit son avenir moins militarisé qu’elle n’a pu l’être. Ce problème dont on cible la provenance des É.-U. met encore en cause les forces politiques de droite complaisantes avec le fléau. Mais il reste de ceux qu’il est possible d’endiguer.

La violence fasciste de l’oligarchie elle ne l’était pas. Et il a fallu un engagement courageux de votre part pour y mettre fin. Et plusieurs qui ont connu de près votre lutte pour l’avoir soutenue dans différents pays du monde, ont encore en souvenir les images filmées des zones libérées où soignaient des médecins internationalistes, où enseignaient des professeurs dévoués et où de jeunes militaires, tout aussi internationalistes, se battaient à vos côtés. Le monde vous regardait avec les dernières craintes d’une guerre froide que vous connaissiez très chaude.

J’oserai une leçon que le monde ne devrait pas oublier : devant l’impérialisme US arrogant des Reagan, de cette fin de siècle, il y a une Amérique Latine avant et une Amérique Latine après la cruelle guerre civile au El Salvador. L’affrontement militaire de la guérilla au El Salvador avec une extrême droite, appuyée par les États-Unis, et devant la complaisance de la communauté internationale, a suscité partout les questionnements qu’avait provoqués la guerre d’Espagne en Europe en 1936 au XXe siècle. Ceux qui s’interrogeaient encore sur le sort de la révolution mondiale ont dû prendre parti. Tous ont été mis devant les moyens disponibles de faire reculer la réaction planétaire qui manifestait ses points de résistance militaires au El Salvador.

Devant l’évidente lourdeur de l’appui des États-Unis à l’extrême droite, seulement deux pays, mais surtout ces deux-là, la France et le Mexique, ont considéré la guérilla et le FMLN comme les uniques représentants politiques du peuple salvadorien. On voit bien que des pions se plaçaient sur l’échiquier mondial. Le cycle d’une grande période marquée par des tensions extrêmes semblait vouloir se terminer dans un bain de sang planétaire.

Je ne peux me prononcer sur le sort actuel du El Salvador. Comme à l’époque, son destin est entre les mains du peuple. Comme nous au Québec, nous gardons confiance, qu’une fois les enjeux bien définis, chaque peuple est capable de choisir son destin et le régime politique qu’il adoptera.

Si la population salvadorienne et ses institutions politiques prennent la direction de la voie pacifique, ce ne pourra pas se faire en mettant de côté les valeureux guérilleros qui lui ont ouvert le chemin. Peut-être que si vous vous sentez ignorés dans l’édification du nouvel El Salvador, c’est que le dur sacrifice consenti par ceux d’entre vous qui ont payé le prix fort de la mort a été oublié. Peut-être que le dur sacrifice de ceux qui sont toujours vivants n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Dans des sociétés où ont été conquis des droits démocratiques supérieurs chacun a le droit de faire entendre ses récriminations ou ses griefs. Votre association ne pourrait-elle pas devenir un porte-voix pour réclamer une meilleure reconnaissance par la société salvadorienne des sacrifices consentis durant la guerre ? Votre association ne pourrait-elle pas devenir un moyen de faire rappeler dans quelle situation l’oligarchie avait mis le pays jusqu’à provoquer une juste guerre contre les conditions faites à tous ceux qui osaient poser des questions et réclamer leur dû devant le travail pénible dans une société où le salariat s’exerce sous la contrainte de la répression militaire comme ultime « récompense » ? Des changements légitimes qui se font attendre pourraient émerger de vos revendications pour un meilleur traitement de l’État étant donné que les reculs de la droite devraient avoir élargi les possibilités d’expression de vos attentes pour un meilleur sort.

Le parti communiste du Québec suit attentivement l’évolution de la situation au El Salvador. Nous ne pourrons pas vous exprimer mieux notre solidarité que de saluer avec une grande appréciation le Congrès auquel ASALVEC va participer. Nous considérons avec une grande joie aussi l’exposition au grand jour de ces guérilleros pour lesquels nous avions tant admiré le courage et la valeur. Nous souhaitons ardemment que votre peuple évalue à sa juste valeur vos immenses sacrifices et ceux de vos frères de combats tombés durant la guerre. Peut-être qu’une institution d’État vouée aux souvenirs et à la reconnaissance des faits d’armes de la guérilla pourrait constituer pour la jeunesse une occasion de connaître la vie dans les zones libérées qui annonçaient le nouveau El Salvador ?

Puissiez-vous trouver audience auprès de ceux qui connaissent eux aussi, pour l’avoir vécu, les conditions dans lesquelles se sont déroulés les combats qui font du El Salvador moderne ce qu’il est devenu !

Solidarités communistes,

Guy Roy, porte-parole du parti communiste du Québec (PCQ)


Cher camarade Guy Roy.

Nous vous remercions de vos paroles très encourageantes pour nous, les anciens combattants du FMLN historique et pour notre association ASALVEG. Ça nous fait plaisir que les partis les plus progressistes du monde, comme le PCQ, suivent la situation de notre pays ainsi que la participation des internationalistes dont le sang a abreuvé la campagne salvadorienne, comme vous l’avez déjà exprimé.

À la lecture de votre remarquable article au sujet de la possibilité de jouer un rôle critique dans la société en tant qu’association et pour conserver la ’mémoire historique’, nous en sommes. C’est-à-dire se souvenir des événements passés : les conditions de misère, la brutale répression politique et militaire que notre peuple a enduré, ainsi que la situation actuelle. Je suis bien d’accord avec votre remarque. Il faut redoubler nos efforts. Je dois dire que nous sommes déjà devenus un instrument de lutte pour notre secteur social et pour toute la société. Bien sur, nous avons encore plusieurs difficultés á vaincre, mais l’élection du professeur Sánchez Cerén, comme président du pays, a ouvert la possibilité de nous dépêcher pour l’approbation de notre Loi présentée à l’Assemblée Législative à la fin de l’année 2012. Un triomphe de l’extrême droite aurait compliqué l’état de choses. Nous avons déjà établi un processus de dialogue (tous les associations de vétérans) avec le gouvernement de Funes et nous sommes prêts à le continuer avec le nouveau gouvernement. C’est dommage que les fonctionnaires politiques, y compris la gauche, n’aient pas identifié l’importance de travailler pour les revendications des camarades de l’ancienne guérilla toutes ces années après la fin de la guerre.

Mon cher camarade, nous avons changé la date de notre réunion, j’attendais des nouvelles de la Direction National d’ASALVEG pour vérifier la nouvelle date. C’est pour cela que nous ne vous avons pas envoyé l’invitation officielle. Je m’excuse. Mais nous allons la tenir le mois prochain, peut-être. Je vais traduire et partager votre lettre avec les camarades quand même. J’ai déjà commenté vos paroles et votre intention de visiter le pays. Ils sont enthousiastes. Nous vous offrirons notre amitié et à tous les camarades qui viendront chez nous.

En plus, je veux remercier notre camarade Darío García et son épouse Rosario pour nous avoir présentés au Québec. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de la lutte du peuple québécois pour son indépendance et l’emploi du français comme langue national (Ça me fait plaisir !!)

À bientôt, j’espère !

Referente municipal de Santiago Texacuango
Miembro del Comité Coordinador del Departamento de San Salvador ASALVEG

URL de cet article 25945
   
Comment la mondialisation a tué l’écologie
Aurélien BERNIER
Le débat scientifique sur la réalité du changement climatique a ses imposteurs. Mais, en matière d’environnement, les plus grandes impostures se situent dans le champ politique. Lorsque l’écologie émerge dans le débat public au début des années 1970, les grandes puissances économiques comprennent qu’un danger se profile. Alors que la mondialisation du capitalisme se met en place grâce à la stratégie du libre échange, l’écologie politique pourrait remettre en cause le productivisme, (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« La démocratie et les droits de l’homme ne nous intéressent que très peu. Nous utilisons simplement ces mots pour cacher nos véritables motifs. Si la démocratie et les droits de l’homme nous importaient, nos ennemis seraient l’Indonésie, la Turquie, le Pérou ou la Colombie, par exemple. Parce que la situation à Cuba, comparée à celle de ces pays-là et de la plupart des pays du monde, est paradisiaque »

Wayne Smith, ancien chef de la Section des Intérêts Américains à La Havane (SINA) sous l’administration Reagan

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.