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Un échec américain en Syrie

Des combattants du mouvements Hazem, au Nord d’Alep, en Syrie, le 11 octobre dernier. Photo : Anadolu Agency

Mercredi, 11 Mars 2015 L'Humanité. La dissolution du mouvement Hazem, sur lequel comptait Washington pour mettre en place une force armée «  modérée  », est un revers pour Obama.

L’information est passée presque inaperçue. Pourtant, l’annonce, le 1er mars, par le mouvement Hazem (alliance de plusieurs groupes armés islamistes dits modérés) de sa «  dissolution et l’intégration de ses combattants au Front du Levant  », front dominé par le groupe salafiste Djeich al-islam (Armée de l’islam) de Zahran Allouch, risque de contrarier la stratégie de Washington en Syrie pour former une force d’opposition modérée. Cette mesure a été prise après que Hazem a été chassé samedi par le Front al-Nosra (branche syrienne d’al-Qaida) d’une ex-base militaire près d’Alep (nord). Au moins 73 combattants de Hazem ont été tués, 80 missiles antichars TOW et d’autres matériels sophistiqués livrés par Washington et ses alliés, dont Paris, sont tombés aux mains des djihadistes. L’effondrement de Hazem signe-t-il la fin de toute opposition islamiste armée dite modérée dans la région d’Alep et d’Idleb (Nord syrien) ? Toujours est-il qu’il intervient après la déconvenue, en novembre dernier, du Front révolutionnaire syrien (FRS, alliance de forces islamistes et d’ex-militaires syriens créée en 2013), soutenu également par les États-Unis et chassé de ses fiefs de Deir Sinbel et du Jabal al-Zawiya (nord de la Syrie, près d’Idlib).

Pour une force d’opposition modérée de 5000 hommes

Le 8 août dernier, quand Barack Obama décide d’intervenir contre l’« État islamique » (EI), tout semble fonctionner selon les plans prévus par Washington. Une coalition internationale à laquelle Paris s’associe se met en place. Écartant l’idée d’envoyer des troupes au sol, Obama entendait mettre en place une force d’opposition modérée de 5 000 hommes dans les prochains mois pour combattre l’« EI ». Sans tarder, Washington jette son dévolu sur Hazem. Ce groupe, que la CIA connaît bien, devait servir de pierre angulaire à la constitution de cette force armée «  modérée  ». L’Arabie saoudite et le Qatar approuvent l’idée. Riyad tentera même, dit-on, de convaincre l’allié américain d’inclure les djihadistes d’al-Nosra et de Djeich al-islam dans sa stratégie. La Turquie, qui se veut un acteur incontournable, et qui n’est pas dans un premier temps favorable aux frappes ciblant l’« EI » qu’elle a laissé faire à Kobané, accepte avec réticence le plan américain. Un accord est signé le 19 février entre Américains et Turcs pour former et armer ces groupes d’opposants dits modérés à compter de la fin mars. L’Arabie et le Qatar acceptent d’abriter les sites d’entraînement.

Mais, patatras ! Hazem disparaît de la carte et donc des plans de Washington. Aux côtés du Front al-Nosra et de l’« EI », les deux principales forces dominant la galaxie islamo-djihadiste syrienne, il ne reste que le Front du Levant, dominé par les salafistes de Djeich al-islam et d’Ahrar Cham, très présents dans la région de Damas et Deraa à proximité de la Jordanie, et plusieurs dizaines de petits groupes d’obédience islamo-nationaliste, qui évoluent au gré du rapport des forces sur le terrain : tantôt ils se battent aux côtés d’al-Nosra comme dans les quartiers est d’Alep et de Damas, tantôt aux côtés de l’« EI » comme dans le camp de Yarmouk (banlieue de Damas) ou à Deir Zor (est du pays). Il y a certes les Kurdes de l’YPG, mais ces derniers ne font pas partie des plans américains.

Sur le terrain, en dépit des frappes aériennes américaines et des dissensions au sein des insurgés, les lignes de front ont peu évolué. Et ce, bien que l’armée de Bachar Al Assad, aidée par le Hezbollah libanais, les pasdarans iraniens et les Hazaras chiites (ces lointains descendants des Mongols de Gengis Khan vivant à cheval sur l’Iran et l’Afghanistan), se targue de marquer des points : le 5 mars, elle a éliminé le chef militaire du Front al-Nosra, Abou Hamam Al Chami, et plus d’une dizaine de ses adjoints à Al-Houbeit près d’Idlib. Le 7 mars, plus à l’est, c’est Abi Ahmed Al Djazraoui, un des chefs militaires de l’« EI », qui a été tué par une frappe syrienne. En septembre dernier, elle avait réussi à décapiter Ahrar Cham, en éliminant son chef Hassan Aboud et une cinquantaine de ses adjoints à Idleb. Mieux, fonte des neiges aidant, l’armée de Bachar s’apprête à lancer une offensive pour desserrer l’étau djihadiste dans la périphérie de Damas, reprendre le contrôle du Golan aux mains du Front al-Nosra et de ses alliés. Dans le nord du pays elle compte chasser les djihadistes des quartiers est d’Alep et reprendre la ville d’Idleb. Mais le succès de cette offensive dépend des choix que fera l’administration Obama qui, d’après John Kerry, n’exclut pas «  une pression militaire  » sur le régime de Damas pour le contraindre à accepter une «  transition politique  », et l’évolution des rapports entre Washington et Téhéran. Elle dépend aussi d’Israël, qui voit d’un bon œil l’installation d’al-Nosra dans le Golan et qui n’hésite pas à frapper l’armée syrienne dès lors qu’elle tente de le déloger comme ce fut le cas le 18 janvier dernier. Autre facteur contraignant pour Damas, la saignée parmi les jeunes alaouites en quatre ans de conflit a provoqué des tensions entre le régime et cette communauté qui fournit le gros des forces de Bachar.

Toujours est-il que l’évolution de la situation sur le terrain avec un léger avantage pour Damas et le fait que la galaxie islamiste, bien que fragmentée, soit dominée par les djihadistes de l’« EI » et d’al-Nosra ne sont pas étrangers à l’inflexion de la position de la Coalition nationale syrienne (opposition en exil) : pour la première fois, elle ne fait plus du départ de Bachar Al-Assad un préalable à une négociation avec le régime de Damas.

Hassane Zerrouky

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