RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La guerre hybride entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie

Le 12 juillet 2020 la confrontation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est montée d’un cran. L’origine du conflit remonte à la guerre de 1992 entre l’Azerbaïdjan et l’Artsakh (Haut Karabagh) terminée en 1994 par la victoire des Arméniens avec la signature d’un cessez-le-feu. Depuis lors, des escarmouches fréquentes ont eu lieu sur les lignes de contact entre les deux parties. Jusqu’en 2016 les violations du cessez-le-feu (toujours par l’Azerbaïdjan, la partie arménienne ne faisant que répondre) se limitaient aux lignes de contact autour d’Artsakh.

Depuis 1994 les deux parties se réunissent régulièrement sous la houlette du groupe de Minsk (OSCE) pour trouver une solution pacifique à ce conflit et le respect du droit à l’auto-détermination du peuple de l’Artsakh.

En avril 2016, l’Azerbaïdjan a décidé d’élargir le champ de ses attaques en déclenchant une guerre éclaire de 4 jours sur environ 800 km de frontières incluant non seulement l’Artsakh mais aussi l’Arménie. Ce qui s’est passé le 12 juillet et les jours suivants sont la continuité de cette stratégie de la tension voulue par Bakou pour détourner le mécontentement de plus en plus grandissant de la population à cause de la crise économique (suite à la chute vertigineuse du prix du pétrole) en attisant la flamme patriotique nourrie par la haine anti-arménienne. Bien que l’Azerbaïdjan soit incomparablement plus riche que l’Arménie, le niveau de vie du peuple d’en bas est presque identique que celui d’Arménie. Ceci à cause d’un régime oligarchique corrompu, basé sur le clientélisme du clan Aliyev, répressif contre toutes sortes d’oppositions, politique ou intellectuel. La révolution de velours, (avril 2018) qui a renversé pacifiquement le système oligarchique en Arménie avec un soutien populaire massif, donne aussi des sueurs froides au clan Aliyev qui redoute un mouvement identique en Azerbaïdjan.

Irrité, coincé à l’extérieur par le statu quo à la table des négociations, il vient de limoger le Ministre des Affaires Étrangères Mammedyarov qui était en poste depuis 2004 et, à l’intérieur, le peuple gronde alors qu’Aliyev pense ainsi pouvoir gagner du temps en semant le chaos dans la région. Il est soutenu dans cette stratégie par son allié, la Turquie. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères la Turquie a fait savoir qu’elle aiderait l’Azerbaïdjan si un conflit éclatait, avec l’arrière-pensée de reconquérir l’Artsakh.

Cette guerre d’usure ne se joue pas seulement sur le terrain escarpé du Sud Caucase. L’information, la désinformation, le piratage de sites, l’activisme de trolls mais aussi les nouvelles technologies sont de la partie, ce qui fait de cette confrontation une guerre hybride (cf. le dossier spécial de la revue « Europe et Orient » n° 30-juin 2020). L’article paru dans le journal nationaliste turc « Hürriyet » le 17 juillet « Le monde entier regarde la confrontation Azerbaïdjan-Arménie » (Dünyanın gözü Azerbaycan – Ermenistan sınırındaki çatışmalarda) est un exemple de désinformation de la presse turque sous couvert d’analyse de deux « spécialistes ». Entre autres, ils mettent en avant la thèse classique de « la main de l’étranger qui envenimerait le rapprochement entre deux peuples qui devraient vivre en paix côte à côte ». Les Arméniens en savent quelque chose du « vivre ensemble » avec les Azéris, se souvenant des exemples comme les massacres de Chouchi dans les années 20 (cf. Europe & Orient n° 30, juin 2020), du pogrom de Soumgaït en 1988, de la décapitation d’un officier arménien dans son sommeil par un officier azéri en 2004 à Budapest, de la mutilation des personnes âgées lors de la guerre de 4 jours en avril 2016, etc.

La technologie aussi a changé la donne. Commençant la fabrication des drones-espions il y a quelques années, l’Arménie produit aujourd’hui des drones d’attaques. La précision de la défense antiaérienne a été améliorée et on a vu son efficacité ces derniers jours. Un drone azéri de type Hermes-900 (de fabrication israélienne, l’un des meilleurs du monde à 30 millions de dollars l’unité) a été abattu par les forces arméniennes.

Si une guerre totale devait éclater entre les deux pays, les cibles potentielles sur le territoire d’Azerbaïdjan seraient les raffineries de la mer Caspienne. Aliyev le sait et les Occidentaux aussi qui sont inquiets, puisqu’ils dépendent en partie du pétrole et du gaz azéri. Or, par la voix de leur ministre de la Défense, les Azerbaïdjanais ont agité la menace d’envoyer un missile sur la centrale nucléaire de Metsamor près d’Erevan. Alors que la première hypothèse semble réaliste (cf. « La pensée stratégique arménienne » de Jean Dorian in Europe & Orient n° 29, décembre 2019), faire sauter une centrale de type Tchernobyl en Arménie, qui se trouve à quelques dizaines de kilomètres des frontières turque et géorgienne semble peu probable. Sauf si Dr Folamour du Caucase décide, par désespérance, de passer la ligne rouge.

Varoujan Sirapian
Directeur de la revue Europe & Orient

Relu par Kira

https://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-hybride-entre-lazerbaidjan-et-larmenie

»» https://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-hybride-entre-lazerbaidjan-et-larmenie
URL de cet article 36328
  

Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme
Salim LAMRANI
En juin 2003, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre espagnol, José Marà­a Aznar, l’Union européenne décide d’imposer des sanctions politiques et diplomatiques à Cuba. Cette décision se justifie, officiellement, en raison de la « situation des droits de l’homme » et suite à l’arrestation de 75 personnes considérées comme des « agents au service d’une puissance étrangère » par la justice cubaine et comme des « dissidents » par Bruxelles. Le seul pays du continent américain condamné par l’Union européenne (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"le monde ne se meurt pas, il est en train d’être assassiné et les assassins ont un nom et une adresse"

Utah Philips

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.